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Karma is a bitch ft. Ichiro

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Lun 11 Avr - 19:07
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karma hates you


[tenue+]Boire pour oublier. C’est un peu mon quotidien. Coucher l’est un peu moins. Surement parce que je me sens encore coupable pour ce que j’ai fait il y a trois mois. Peut-être parce que je ne me suis toujours pas habituée au touché d’autres hommes que celui d’Ichiro. Je sais pas. Je veux pas savoir. Juste oublier. Mais c’est trop dur. On n’oublie pas neuf ans comme ça. Pas en un claquement de doigt.

Ce soir j’ai voulu oublier dans les bras de ce type. Un habitué du bar. Ça faisait un moment que je l’avais remarqué. Ou plutôt que j’avais remarqué sa façon de me regarder. Aujourd’hui j’ai déjeuné avec mes parents et ils m’ont parlé d’Ichiro. Alors j’ai eu besoin de me perdre et il a mordu à l’hameçon. Je l’utilise et c’est mal. Je ne fais que des conneries depuis des mois.
A la fin de mon service je l’ai suivi chez lui. On n’a pas quitté l’arrondissement, je pourrais rentrer plus facilement à la maison. Pas question de rester jusqu’au petit-déjeuner. Je préfère fuir lâchement. Dans la pénombre de son appartement je m’abandonne à cet homme. Je le laisse retirer mes vêtements un à un. Et pendant un instant j’oublie. J’oublie tout. Que ce ne sont pas ces mains que je veux sentir caresser ma peau. Que ce ne sont pas ces lèvres que je désire contre les miennes. Il me prend par les hanches et me soulève pour m’amener jusqu’à son lit. C’est ce qui était sans doute prévu. Mais il glisse et me fait tomber avec lui. Je me rattrape tant que bien mal. Ce n’est pas un cri de plaisir qui traverse mais lèvres mais un râle douloureux. Mon poignet gauche me fait atrocement mal.

Voilà comment une heure plus tard je me retrouve assise aux urgences de l’hôpital de Shibuya. Accompagnée par l’idiot qui a mis mon poignet en carafe. Extérieurement mon poignet ne montre aucune séquelle mais la douleur n’est pas une blague. Ça sent l’entorse à plein nez. J’ai beau insister pour qu’il rentre chez lui, il ne veut pas partir. Quelles sont les probabilités pour tomber sur son ex petit-ami à l’hôpital dans lequel il travail ?
Je suis terrorisée à l’idée qu’il nous voit. Qu’est-ce qu’il en penserait ? Je ne veux pas savoir mais je n’arrive pas à penser à autre chose. Tout est de ma faute. J’ai appris par nos amis communs qu’Ichiro couche à droite à gauche depuis notre séparation. Je n’aime pas ça mais je ne peux rien dire. C’est moi qui aie commencé alors que nous étions encore ensemble. C’est de ma faute si on en est arrivé là. Alors je ne peux rien dire et encore moins détester l’idée qu’il y ait d’autres femmes que moi dans sa vie. Je soupire en regardant mon poignet. Je n’écoute plus l’homme qui semble s’inquiéter à mes côtés. Ce n’est qu’un poignet putain. Je voudrais lui dire que je ne veux pas de sa présence. Mais je sais aussi que je vais culpabiliser dès qu’il aura quitté l’hôpital. Fait chier.

AVENGEDINCHAINS
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Mar 12 Avr - 9:45
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karma hates you


Cela fait…. 34h que je suis de service. Honnêtement, tous les étudiants en médecine, ceux qui sont au stade de l’internat et doivent passer des heures et des heures sur leur lieu de travail sans une seule sieste, ne savent pas comment ils font pour survivre. Je ne fais pas exception. En voyant mon visage, on aurait pu croire que j’avais eu une bonne nuit de sommeil, juste la veille. Non. Ma dernière nuit complète date d’il y a longtemps, et je crois que mon corps s’est résigné. Il n’arriverait jamais à récupérer. Toutes les cellules de mon corps travaillent à ce que je sois aussi beau et charmant que d’habitude, m’épargnant les cernes violettes qu’arborent la plupart de mes collègues.

Peut-être que cette illusion d’énergie pousse aussi mes supérieurs à me donner encore plus de boulot. Tant pis, après tout, c’est bien ça que je veux faire, non ? Plus je travaille, moins je pense. Plus je travaille, moins j’ai mal. Plus je travaille, plus je m’approche d’un idéal robotique qui me fait de plus en plus envie ces derniers temps. Les sentiments humains me pèsent et j’aimerais trouver un moyen définitif de m’en débarrasser.

En attendant, je cours dans les couloirs, que je connais désormais par cœur. Plus besoin de sortir un petit plan ou de s’arrêter pour regarder un des nombreux panneaux de l’hôpital : c’est ma maison, plus que le minuscule appartement dans lequel je dors de temps à autre, depuis trois mois. Je déteste y rentrer, et me rendre compte du silence, de l’absence, du vide. Le manque se fait encore plus grand et je veux y échapper par tous les moyens possibles, tout pour ne pas me rappeler de ce que j’ai perdu, comme un idiot.

Idiot, idiot, c’est bien le mot que je me répète inlassablement depuis trois mois. Pourtant, je suis conscient que mon intelligence dépasse de loin la moyenne, mais à quoi bon, si elle ne sert pas à garder la personne que j’aime le plus au monde ? à chaque fois que je pense être passé autre chose, son visage s’impose à moi dans toute sa puissance. Elle me hante. Parfois, quand je n’arrive pas à me contrôler, j’imagine ce qu’elle doit être en train de penser : je me rends compte avec désespoir que je ne dois pas habiter une seule de ses pensées, pas une. Je le mérite, après tout.

Et un patient arrive, je m’en occupe, rien qu’un simple rhume, ils sont fous quand même à aller aux urgences pour ça, et je m’assois deux secondes dans le couloir. Je suis de service aux urgences, je me tape le sale boulot car il n’y a pas d’opération à laquelle je peux assister, et les heures me rapportent un peu plus d’argent.. dans la théorie. Les infirmières m’apportent les dossiers et installent les patients dans des salles à part, je vais les visiter.

C’est ce que fait Kimiko, une infirmière que je connais... Très bien. N’importe qui aura compris dans quel sens et je ne souhaite pas l’expliciter, heureusement, nous maintenons de très bons contacts. Elle s’occupe d’Anko, sans que je sois le moins du monde au courant de sa présence, et l’installe dans une salle, seule. Je récupère le dossier, je ne regarde pas le nom, je vois douleur au poignet, et quelques instants plus tard, je pousse la porte de la pièce où mon ancien amour se trouve.

« Hmmm, alors comment vous vous êtes fait ça ? » Je demande, sans relever les yeux de mes feuilles. Je sais que souvent, les patients se sentent intimidés car ils se sont blessés bêtement, ou de manière plus ou moins ridicule. Je prends le tabouret et le fais rouler jusqu’au bord du lit pour m’y asseoir. Enfin, je relève le regard, un doux sourire déjà posé sur mon visage, car je sais rassurer.

Il ne s’évanouit pas tout de suite. Je la fixe un moment, avec un sourire, comme si mon cerveau avait arrêté de fonctionner. Ma  bouche s’assèche et je ne sais pas si je serai capable de sortir seulement un seul mot. C’est bête. Même dans cette situation, je ne le peux pas, tout simplement. Mon visage a l’air parfaitement détendu, j’ai l’air bien, j’ai l’air.. parfait, alors que tout se bouscule dans mon cerveau.

Je m’éclaircis la voix.


AVENGEDINCHAINS
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Mer 13 Avr - 23:20
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karma hates you


[tenue+]Je sursaute quand une infirmière vient me parler. Elle me pose des questions auxquelles je réponds machinalement. Mon ventre se sert quand elle dit que l’interne de garde viendra m’ausculter. Il est interne lui aussi. Je sais bien trop de choses à son sujet. Je voudrais être capable de me rendre dans l’hôpital dans lequel il travaille sans avoir la boule au ventre. Je suis terrorisée ne serait-ce qu’à l’idée de le croiser dans un couloir. Je suis l’infirmière qui nous guide à travers les couloirs de l’hôpital. Avant d’entrer je réussis à convaincre cet homme qui m’accompagne de ne pas me suivre plus loin. Je lui dis que je peux me débrouiller toute seule. Que quelqu’un va venir s’occuper de moi. Que je suis entre de bonnes mains maintenant. Il est tard rentre chez toi maintenant. S’il te plait. Il m’écoute enfin et n’entre pas dans la salle d’examen.

L’infirmière m’installe mais je reste pensive. Je ne pense même pas à comment je vais pouvoir expliquer que je m’apprêtais à coucher avec ce type quand il a glissé et qu’il m’a fait tomber avec lui. Non. La seule chose qui m’obsède est qu’il y a une chance, même infime, que ce soit Ichiro qui passe cette porte. La jeune femme quitte la pièce sans même que je m’en rende compte. Je suis seule avec cette peur qui me ronge. Certains jours j’arrive presque à oublier tout le mal que j’ai pu lui faire. Que j’ai pu nous faire. Mes sentiments pour lui sont une évidence. Je l’aime ça ne fait aucun doute. Mais je dois taire mes sentiments et assumer mes actes. J’ai déconné et voilà où nous en sommes maintenant. Du moins où j’en suis. J’essaie le moins possible d’avoir de ses nouvelles par nos amis communs. Dire que j’avais bêtement douté de mes sentiments à son égard. Je me sens tellement bête. Mais pas autant que lorsque la porte s’ouvre. Je déteste les probabilités.

Ma poitrine se serre et mon cœur ne bat plus. Je m’arrête de respirer.  Ma tête se vide, tout ce qu’il reste est une page blanche. Vierge de toutes pensées ou réactions. Ichiro ne m’a pas encore remarquée ça me laisse du temps pour retrouver mes esprits ou du moins c’est ce que je voudrais. Je suis incapable de répondre à une question aussi simple que celle qu’il vient de me poser. Parce que j’ai tout oublié. Le blanc dans mon esprit ne veut pas partir. Je ne sais même plus ce que je fais assise sur cette table d’examen. J’oublie la douleur dans mon poignet et celle qui me lance dans toute la partie gauche de mon corps. Je ne ressens plus rien. Mes oreilles se mettent à bourdonner quand son regard s’ancre dans le mien. Son sourire s’évanouit et un gouffre abyssal se crée en moi. Je ne veux pas être la fille à qui il ne peut pas sourire.

Je suis partagée entre l’envie de le serrer contre moi et celle de fuir le plus loin possible. Alors je reste immobile, muette. Quelque part, tout au fond, je suis heureuse de le voir. Je me rends compte qu’il m’a manqué bien plus que je ne le croyais. Mais je dois me taire. Pour notre bien à tous les deux.
« Je suis tombée. » Je brise le silence après ce qui m’a semblé être une éternité et détourne enfin les yeux. Ma voix sonne grave et j’ai la gorge sèche. Machinalement je tends mon bras gauche. Mes tremblements trahissent l’attitude stoïque que j’ai tant que mal à me donner. Je m’efforce de garder un visage neutre.« Je crois que c’est une entorse. »

AVENGEDINCHAINS
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Ven 15 Avr - 21:27
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karma hates you


Je suis un gars bien trop rationnel pour croire être dans un rêve, même si j'ai un moment d'arrêt. Je ne pense pas qu'un quelconque Dieu nous donne un signe, ou que c'est juste le karma qui est contre nous. Je ne pense rien. J'essaie juste de réfléchir à ce que je vais pouvoir faire pour supporter cette situation le mieux possible, utiliser ma logique est ce qui est le plus facile. De plus, je sais que la situation doit être aussi dérangeante pour elle que pour moi. Elle ne doit sûrement pas avoir envie de voir ma tête, là, maintenant, et je me sens presque désolé de devoir lui imposer ça. Seulement, je ne peux pas sortir et demander à ce que quelqu'un d'autre s'occupe d'elle. C'était autant une question de fierté que de pratique. Je sais rester calme, et professionnel dans toutes les circonstances.

Elle ne dit rien pendant un moment. J'hésite à reprendre la parole, mais ma gorge semble être à sec et j'ai peur de sortir un son étranglé. J'attends juste. Après tout, je lui ai posé une question, et ce n'est pas parce que j'ai cru la poser à une simple inconnue que cela change les choses. Si elle est là, c'est qu'elle est blessée. Loin de moi l'idée de penser qu'elle serait venue pour me voir : elle est loin d'être le genre de fille niaise que je n'aime pas. Et puis, je sais qu'elle ne chercherait pas à me recontacter maintenant, puisqu'elle n'a pas cherché à le faire avant. Je ne lui en veux pas, j'ai appris depuis longtemps que la rancœur était un sentiment superflu, qui n'amenait strictement rien.

Elle finit par ouvrir la bouche et j'acquiesce religieusement, comme le font la plupart des médecins. ça montre qu'on écoute. Et je ne le fais pas sans honnêteté, je crois bien m'être attaché à chacune des syllabes qui sortirent de sa bouche, aussi rares furent elles. Je me sens tellement stupide, mais je ne le montre pas. Elle tend son bras et même si, dans une situation normale, avec un patient, cela m'aurait paru tout à fait standard, je suis surpris de ce geste et cela se voit, la moitié d'une seconde, sur mon visage.

Le fait se présente à mon esprit très rapidement : je dois la toucher.

C'est normal. Sans la toucher, je ne peux pas vraiment savoir ce qu'elle s'est fait. Mais ce n'est pas n'importe qui. Et cette peau, dont chaque centimètre était imprimé dans mon esprit, n'est pas quelconque. Des souvenirs reviennent à moi sans que je puisse l'empêcher, des images. Mes lèvres, sur son poignet, sur ces veines apparentes, croyant ainsi me rapprocher au plus près d'elle, l'essence même de sa vie. Je me surprends à fixer longuement cette peau, pâle, et les lignes bleues/vertes qui s'en détachent. Puis, je reviens à la réalité.

"Tu.." J'avale ma salive "Vous devez faire attention" Je sais qu'en tant que médecin, ce n'est pas exactement cette phrase là que je dois dire. Là, je dis ce qu'Ichiro, pense, au fond de lui. Quand on habitait ensemble, j'étais un peu fixé sur le fait qu'il puisse lui arriver un moindre mal et prenais peur dès qu'elle maniait un couteau. Elle se moquait de moi, gentiment. La plus grande peur de ma vie reste aujourd'hui qu'elle tombe malade, qu'elle se blesse, ou pire. C'est le seul sentiment qui reste accroché, car il reste matériel. C'est normal, de ne pas vouloir du mal physique à quelqu'un. Que ce soit l'amour de ma vie, ou non.

Je finis par tendre la main "Il se peut que mes doigts soient froids, je m'en excuse d'avance" J'ai l'excuse de la blessure pour ne pas la regarder dans les yeux. J'attrape son poignet délicatement, autant pour ne pas lui faire de mal parce qu'elle me semble, à ce moment précis, de porcelaine. Ou comme un rêve, qui, à force de trop y penser, risquerait d'être oublié à jamais. Je sens des frissons remonter dans mes doigts au seul contact mais rien n'y paraît, je reste stoïque. Je sens ses tremblements. Je les vois. Je ne sais pas comment interpréter ça, en fait, je ne veux juste pas l'interpréter.

Je palpe, gentiment. Un long moment. Puis je finis par acquiescer "Il faudra sûrement faire une radio mais de ce que je sens.. Les os vont bien. Entorse, comme vous avez deviné. C'est probablement une entorse bénigne, de ce que je peux en constater. La chute n'a pas dû être si violente que ça." Je me demande si elle venue seule, et sans trop le vouloir, les mots sortent de ma bouche. "J'espère que vous n'êtes pas venue en voiture, vous ne pouvez pas conduire dans votre état. Est-ce qu'on peut vous ramener ? Quelqu'un vous attend, à l'extérieur ?" Je ne sais pas si elle est en couple, si elle est célibataire, rien. Je n'ai pas cherché à avoir des informations, ce qui est très étrange de ma part. Mais je veux respecter son intimité, au plus possible. Seulement, à la voir devant moi, je ressens une petite douleur dans la poitrine, et ma curiosité maladive me dérange.



AVENGEDINCHAINS
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Mer 20 Avr - 19:48
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karma hates you


[tenue+]Je me sens minuscule face à lui. Toutes les résolutions que j’avais prises ces derniers temps ont été balayées d’un revers de manche. Je me rappelle les débuts de notre relation, quand nous étions encore des adolescents maladroits. La première fois qu’il m’a prise par la main, notre premier baiser, la première nuit dans notre appartement,… Trop de souvenirs. Ils déchirent mon cœur et mon âme. Alors je voudrais tout oublier. Ranger ces souvenirs dans la case « affaire classée ». Mais rien n’y fait.

Ma gorge se serre lorsqu’il me vouvoie. C’est pourtant ce que je veux. N’être plus qu’une étrangère à ses yeux. C’est ma punition et je dois l’accepter à bras ouverts mais ça fait tellement mal. J’acquiesce d’un piteux hochement de tête lorsqu’il me dit de faire attention. Je souffre mais ce n’est pas grave. Il ne faut pas qu’il le voit. Tous les muscles de mon corps travaillent pour faire croire que je vais bien. Je n’allais pas trop mal jusqu’à ce que ma route croise à nouveau la sienne. Je ne veux pas interpréter ses paroles, je sais que mon esprit vagabond se fera une joie de décortiquer chacun de ses mots toute la semaine.

C’est lorsqu’il évoque ses doigts froid que je réalise une chose : il va me toucher. Et j’ai peur. J’ai peur de ne plus pouvoir me contrôler. J’ai peur de ne pas tenir mes résolutions. Je ferme les yeux lorsque ses doigts entre en contact avec mon épiderme. Ma peau se hérisse sous son touché délicat. Je grimace un peu. Je ne fais presque pas attention à la douleur dans mon poignet. Chacun de ses doigts laissent une marque brûlante sur ma peau. C’est mal et je continue de faire semblant. Je n’arrive pas à détourner mon regard de ses mains expertes. Je me souviens de ses caresses. De ses mains chaudes sur mon corps. Ces souvenirs me font frémir. Sa voix, son regard, son touché. Tant de choses qui m’avaient manquées. Quelque part tout au fond de moi je sens un vide se combler et un autre encore plus vaste se former. Je suis pathétique.

Je retiens un soupir de soulagement lorsqu’il arrête. Paradoxalement je meurs d’envie qu’il me touche à nouveau. Oh Ichiro, je me déteste autant que je t’aime. Je voudrais que toutes les contradictions qui m’habitent cessent. Certains jours quand la douleur devient trop lourde, quand le manque se fait trop fort, je prie pour tout oublier. Dans ces moments je serais prête à tout pour ne plus me souvenir que je n’aime qu’une personne et que je l’ai intentionnellement écartée de moi. A cet instant précis tout mon corps crie pour que ça s’arrête. Parce que c’est trop dur. Parce qu’il n’est pas question que je revienne vers lui. Et pourtant…

C’est tout juste si je fais attention lorsqu’il me parle de radio et de l’état de mon poignet. Je ressens tellement de choses qu’une entorse me parait bien superficielle. Mais lorsqu’il me demande si je suis accompagnée tous mes sens sont en alerte. J’ai l’impression de devoir gérer une situation de crise. Je ne peux décemment pas lui dire la vérité. Je n’assume pas le fait que coucher avec d’autres gars que lui. Surement parce que c’est la raison de notre rupture et que je continue de me sentir coupable. Ma culpabilité m’écrase un peu plus chaque jour et cette nuit c’est encore pire. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire putain ?! Il me faut un mensonge réaliste et surtout il faut que j’aie l’air crédible. Je préfèrerais encore faire croire à mon père qu’un inconnu m’a mise en cloque que de dire à Ichiro que j’allais coucher avec le type qui attend derrière la porte.  
« Je me suis fait mal au moment de la fermeture. » Ne pas avoir la voix tremblante me demande beaucoup d’effort. « Un client m’a accompagné à l’hôpital. » Je relève les yeux et affronte son regard parce que si je ne peux pas le faire  il saura. Il comprendra que je mens et ce n’est pas un idiot. Il saura que si je mens c’est que ce type n’est pas qu’un simple client. Il ne me reste plus à prier toutes les divinités que je connaisse pour que personne ne m’attende ou qu’il se taise et ne dise rien. « Je ne sais pas s’il est resté. Sinon je prendrais un taxi. Et vous l’avez dit vous-même docteur ce n’est qu’une entorse bénigne. » Je souris. Ne t’inquiète surtout pas pour moi. S’il te plait. Sinon ce sera trop difficile.  


AVENGEDINCHAINS
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Jeu 21 Avr - 12:40
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karma hates you


Nous sommes bons, à ce jeu, apparemment. Faire comme si rien ne nous touchait. Peut-être était-ce pour cela que notre histoire s’était terminée, après tout ? J’essaie de détecter quelque chose dans son corps, ses expressions. Bien entendu, elle n’est pas totalement neutre et insensible, comme je ne dois pas l’être non plus. Mais personne ne fait un pas de côté, je fais comme avec tout patient, et je suppose qu’elle agit comme avec tout docteur… Je n’en sais rien, au final, j’ai mal à la tête et j’ai envie que cette visite s’achève. Toute la fatigue que j’avais réprimée durant les heures debout me retombe dessus et un méchant mal de tête commence à s’insinuer dans mon crâne. Je ne sais pas si seul le manque de sommeil en est la cause. J’essaie d’arrêter ce cerveau, qui depuis toujours, travaille trop, beaucoup trop, jusqu’à me rendre malade. Il n’y a rien à analyser, je ne dois pas la regarder, je ne dois pas voir les tremblements imperceptibles de ses membres, je ne dois pas examiner la couleur de sa peau, en déduire si elle a quitté le pays, en voyage peut-être avec un nouvel amoureux, ou si elle arbore un bijou que je ne lui ai jamais offert, une quelconque preuve d’amour d’un homme qu’elle aurait rencontré… rencontré peut-être dans son commerce. Un amateur de vins. C’est bête, je n’ai jamais aimé le vin. Et je ne me suis jamais forcé pour lui faire croire que c’était le cas.

Elle en parle, d’ailleurs, de son bar. J’acquiesce doucement de la tête, je ne sais même pas si je la crois ou pas, de toute façon, je n’a pas la place de quelqu’un qui doit ressentir quoi que ce soit face au fait qu’elle me raconte la vérité, ou non. Nous sommes censés être des étrangers, même si cela semble presque être chose impossible. Ce serait mieux si je la haïssais, si rien que de la voir me donnait des envies de meurtre. Mais c’est tout le contraire. J’ai juste envie de la prendre dans mes bras et de chuchoter à son oreille, de caresser ses doux cheveux et de déposer des baisers au creux de sa mâchoire. Elle me manque, tout en elle me manque, et malgré tous les corps que j’ai pu prendre pour la remplacer, jamais n’ais-je ressenti un centième de ce que je peux ressentir rien que là, en sa présence. Elle me tue. Assez littéralement, car j’ai même perdu un peu de poids depuis notre séparation. Ça ne se voit pas trop, au pire ça me rend presque plus séduisant.
Je n’ai rien de plus à lui dire, en tant que médecin. Et ce n’est que ce que je suis pour elle. Je ne veux même pas me considérer comme un « ex », comme je ne la considère pas comme une « ex ». Je trouve ce mot trop réducteur. Comme s’il y en aurait d’autres après elle, ou qu’il y en avait eu d’autres avant elle. Je le sais, au fond, que c’est fini pour moi, j’ai vécu presque 10 ans d’amour et cela sera tout ce que j’aurais dans cette vie.

J’ai l’air perdu dans mes pensées et mon cerveau (ou mon cœur) en profite pour me faire un méchant coup. C’est peut-être le manque de sommeil ou le fait que je ne me souviens pas de mon dernier repas qui joue aussi. « Laisse-moi te ramener » Je suis idiot, bête, stupide, seulement, c’est sorti tout seul, et dieu sait que je ne reviens jamais sur ce qui sort de ma bouche. Fierté inutile qui me tient. Je l’ai tutoyée, en plus, sans m’en rendre compte. Parce que de toute façon, un médecin ne ramène pas un patient chez elle, non ? Non. Seulement le gars qui meurt d’amour et d’inquiétude pour celle qui est tout pour lui. Je ne dis plus rien.



AVENGEDINCHAINS
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Jeu 16 Juin - 18:31
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karma hates you


[tenue+] Ah Ichiro. Si seulement tu me détestais. Si seulement tu pouvais m’insulter. Si seulement tu pouvais me regarder comme une moins que rien. Si seulement je m’étais contrôlée. Si seulement je t’avais parlé de mes sentiments. Les « si seulement » s’amoncèlent et rien n’y fait. Tout ce qu’il me reste c’est une montagne de regrets et une peur panique de ne jamais réussir à passer à autre chose. Je nous souhaite à tous les deux d’aller au de-là de ce qui nous est arrivé. Pourtant tout au fond de moi je ne veux pas qu’il m’oublie. Je voudrais le garder pour moi et qu’il ne regarde aucune autre femme. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour faire taire ce paradoxe qui hurle en moi.

Je suis terrifiée à l’idée que mon mensonge ne marche pas. Il met trop de temps à répondre. Chaque seconde est un véritable supplice. J’ai beau le regarder et le connaître depuis plus de 9 ans, je n’ai aucune idée de ce qu’il peut lui passer par la tête. Je n’ai jamais réussi à le cerner, jamais totalement. La seule chose dont je n’ai jamais douté c’est des sentiments qu’il avait pour moi. Maintenant je ne suis plus sûr de rien. Je ne veux pas savoir. Savoir que je l’aime encore est bien assez difficile. Parce que s’il m’aime toujours je ne sais pas ce que je dois faire. Je l’ai déjà trop fait souffrir. Je n’ai plus assez confiance en moi pour recommencer. Je ne pourrais jamais plus me faire confiance de ce côté-là.

Mes oreilles se mettent à bourdonner à peine a-t-il ouvert la bouche. J’ai envie de pleurer, de rire et de disparaitre. Tout ça en même temps. Je n’entends plus rien. Seulement les battements de mon cœur qui cogne dans ma poitrine. Il me faut un certain temps pour bien intégrer ce qu’il vient de me dire. Je ne veux pas y croire. Pourtant Ichiro reste stoïque et n’essaie pas de me faire croire qu’il ne m’a pas proposé de me raccompagner. J’ai la tête qui tourne à force de réfléchir. Qu’est-ce que je dois dire ? Je le supplie du regard pour qu’il me donne une réponse. J’essaie de lire sur son visage impassible le moindre signe qui pourrait m’aider à décider. Mais rien. Je ne voie rien du tout.

Un silence assourdissant règne dans la salle d’examen. Les secondes passent mais je reste immobile. Incapable de dire le moindre mot. Il n’y a pas de bonne réponse. Je voudrais lui dire oui parce que chaque instant passé avec lui est un cadeau comme un supplice. Je voudrais rester le plus longtemps possible avec lui. Je sais que c’est une mauvaise idée mais la tentation est trop forte. Alors je me mus dans un silence de plomb. Je préfère faire l’autruche plutôt que d’avoir à choisir. Je suis une enfant égoïste. Je ne mérite pas toute l’attention qu’Ichiro me porte.

Cela fait trop longtemps que je suis assise. Un peu machinalement et avec une lenteur extrême je me lève. Je n’ose pas récupérer mes quelques affaires ou encore moins me diriger vers la sortie. Je le regarde à nouveau. S’il te plait fait quelque chose. Dis quelque chose. Je suis dans une impasse.

AVENGEDINCHAINS
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Invité
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Sam 18 Juin - 9:01
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karma hates you


Je ne sais toujours pas pourquoi ces mots sont sortis de ma bouche. Pourquoi mon cerveau veut absolument me faire souffrir, pourquoi mon cerveau ne veut pas se détacher. Le pourra-t-il jamais ? C'est bizarre. Les gens rattachent leurs sentiments au cœur, mais moi qui suis médecin, je sais tous les processus chimiques qui se passent, quand on est amoureux. Même si on ne sait pas exactement comment ça marche, j'imagine les circuits nerveux, et la foutue dopamine. Tout mon corps qui s'affole mais qui n'en montre rien, comme d'habitude. Mon pouls a dû s'élever de plusieurs dizaines de pulsations par minutes. Mais elle n'a pas la main sur ma poitrine, elle ne le sait pas.

Je me vois soudainement lorsque nous étions enlacés dans notre lit, sa joue contre mon torse nu, ma main caressant doucement ses cheveux fins. Un petit sourire posé sur mon visage, car elle ne pouvait précisément pas le voir.

Ma proposition est dangereuse, bien trop dangereuse. Mais j'en suis bien conscient : que je sois loin d'elle ou proche d'elle, je crève toujours d'amour, et sûrement que ça ne s'arrêtera jamais. Je ne sais pas quoi faire de son silence, mais une chose est sûre : elle n'a pas dit non. Si elle l'avait dit, j'aurais sûrement senti mes poumons s'affaisser, mon corps suffoquer, mais elle ne l'a pas fait. Et je sais que si elle ne l'a pas fait, c'est qu'elle ne me voit pas comme un total inconnu. Ce serait le pire.

Elle se lève, et je l'observe minutieusement, comme souhaitant retenir chacun de ses mouvements. Comment ses articulations se plient, comment son corps se met en action pour suivre les ordres de son cerveau. Et elle est debout, je croise toujours son regard, et elle ne fait aucun mouvement pour se diriger vers la sortie. Je n'ai qu'une envie, venir rencontrer ses lèvres, mais mon self control a toujours été légendaire. Même mon regard n'en montre rien, du désir, de l'affection, de la douceur, de l'amour, de la douleur.

Je reste silencieux pendant de longues secondes?Minutes? avant d'attraper doucement son poignet. Je la tire et récupère ses affaires de mon autre main avant de sortir de la salle de consultation dans laquelle nous étions tous les deux. Quelqu'un m'appelle au fond du couloir, me demande ce que je fais mais je ne l'entends même pas, et je réponds encore moins. Mes pas me mènent très vite jusqu'à la sortie la plus proche, parce que j'ai besoin de prendre une grande bouffée d'air, de l'air frais, j'ai l'impression d'étouffer.

Une fois dehors, je lâche son poignet que je tenais toujours avec délicatesse, comme si elle allait se briser. Je me retourne vers elle "Ma voiture n'est pas loin" sont les mots que je prononce. Si elle veut partir, elle le peut, je ne la force à rien, et c'est d'ailleurs pour ça que je ne reprends pas son poignet alors que mes jambes me mènent vers le parking.


AVENGEDINCHAINS
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