war of the roses. (kiyoko)

tenue ♡  Kabukichō, ce petit bout de terre que tu exècres tant mais qui te sert aussi de domicile. De repère. Là où tu passes pratiquement toute ta vie à courir après ton but ultime, celui d'accomplir la justice.
C'est ton royaume de débauche et de corruption, l'origine même de la décadence, t'as pas besoin d'aller plus loin que le pas de chez toi pour voir tout ce qu'il y a de moche dans l'univers, cette injustice à laquelle tu tentes de remédier depuis ton adolescence.
Alors tu passes tes journées à rôder dans ton quartier, en robe ou mini-jupe bien sûr parce que s'il y aune chose de mieux que combattre le crime, c'est le faire avec style et élégance.
Et tu tends l'oreille, ton regard aiguisé parcourant chaque recoin alors que tu vadrouilles sans cesse. Même les ruelles les plus sombres n'ont plus de secret pour toi, sorte de Daredevil nippone plus mignonne et plus voyante, bien évidemment.
T'as l'impression d'être la souveraine du secteur, tu fais régner la paix et la tranquillité même si en réalité, tu n'es qu'une autre tâche dans ce décor crasseux, bien que tu sois plus rose et plus jolie à voir.
Ca fait à peine dix minutes que t'es dehors et un cri te parvient déjà aux oreilles, elles se redresseraient sans doute sur ta tête si t'étais un chat. Alors tu cours, tes couettes flottent derrière toi et ta jupe se soulève au rythme de tes pas.
Si ton style est aussi coloré que celui d'une magical girl, ton vocabulaire l'est encore plus. « Laisse-la tranquille espèce d'enculé ! » que tu cries à ce voyou qui tient le sac d'une demoiselle dans ses vilaines mains. Il semble pas te prendre au sérieux, mais de toute façon personne le fait jamais.
Tant mieux, ça te facilite la tâche.

putain c’que t’avais flippé. cette main là, tout droit sortie de nulle part comme un pokémon indompté depuis les fourrés, tu l’avais pas du tout captée. sa discrétion avait porté ses fruits et, jusqu’au bout, le suspens qui se solde par une surprise bien réussie.

t’avais toute ta vie dans ce sac à main. il coûtait certainement plus cher que la plupart des restos qui avaient élu domicile de ce côté de la ville, mais sincèrement c'était pas ça qui te préoccupait le plus sur le moment; ni les cartes bancaires ou les papiers d’identité d’ailleurs. toi tu faisais surtout allusion au gros bordel sentimental qui s’y trouvait, soit les on-ne-sait-combien-d’heures de clichés et le précieux polaroid qu’on qualifierait de petit copain te concernant.
enfin, pour dire que tu n’le laisserais pas se barrer comme ça, belles fesses ou non - ouais t’as une belle vue sur ces deux-là, encore trop peu éloignées pour que tu ne puisses pas les mater. et alors que tu t'apprêtais à crawler le plus rapidement possible sans eau ni maillot, la comète l’arrêta net.

t’es assez proche pour l’entendre l’insulter, avec ses couettes ondulées et sa robe de poupée. tu comprends rien d’la scène mais tu continues d’avancer pour t’approcher de cette justicière aux allures de fée. elle t’fait penser à ces animes qui passent à la télé: jeune fille lambda le jour et super-héroïne la nuit. et même si t’étais pas assez stupide pour croire à ce que leurs super pouvoirs puissent réellement exister, rien qu’à regarder cette fille, t’as l’impression de pouvoir déplacer des montagnes rien qu’avec des poses clichées avec effet paillettes, spotlights improvisés et le torse bien bombé.
elle était fabuleuse.
même après qu’le gars lui ait ri au nez.
même après qu’il lui ait retournée le “compliment”.
même après une tentative un peu macho pour la faire dégager.

par contre toi tu te tiens derrière eux comme un boulet, au milieu du trottoir comme si tu t’croyais dans une de tes séries préférées. limite t’en baves; ou sonnée ou choquée.

tenue ♡  Ton accoutrement rose flottant dans l'air pollué de Kabukichō, tu cours comme si ta vie en dépend. Sans hésitation, tu fais face à l'agresseur. Tout ce qu'il a fallu pour te pousser à réagir, c'est le cri que t'as entendu. Tu ne sais pas qui est cette fille ni ce qu'il peut bien y avoir de précieux dans son sac à main, tout ce que tu sais c'est qu'elle a pas l'air de vouloir l'abandonner.
Elle a l'air mortifiée, aussi, forcément, un inconnu qui sort de nulle part pour te déposséder de tout ce que t'as, n'hésitant pas à sortir les menaces pour y arriver sans embrouille, c'est terrifiant.
Et ça te dégoûte. T'oublieras jamais le jour où tu t'es fait arrêter par un mec que tu connais pas, qui t'a tout de suite sorti son poignard, prêt à te découper dans ton uniforme de lycéenne. T'avais rien sur toi à part quelques minables sous, un téléphone aussi vieux que Mère Thérèse et le pendentif de ta sœur qu'il a refusé de te laisser. T'y repenses toujours de temps en temps, et l'indignation que t'as ressentie ce jour-là se ravive aussitôt.
Et tu veux pas que les autres traversent ça. Tu veux pas que cette fille perde quelque chose qui lui tient à cœur, ni le sentiment de paix et de sécurité qu'on devrait tous avoir en déambulant dans les rues de sa ville.

Alors tu te plantes devant cet espèce de voyou avec juste ta robe rose, tes poings et tes lèvres qui ne mâchent pas leurs mots. Il ne te prend pas au sérieux, tente juste de t'écarter en te poussant grossièrement, et ça te laisse le temps d'envoyer violemment ton genou dans ses bijoux de famille. L'avantage de ton apparence fantasque est qu'on ne se doute jamais que t'es capable de te défendre de la sorte, mais en vérité t'es bien plus forte que t'en as l'air.
Tu ramasses le sac qu'il a fait tomber et en attrapes la propriétaire pour la traîner loin pendant qu'il souffre encore à genoux. Tu détales comme une malade, tirant derrière toi la jeune fille sans trop savoir où tu vois. Dans un endroit sûr, sans doute, même s'il n'y en a pas beaucoup à Kabukichō. Tu débouches sur une rue un peu plus peuplée, et tu prends enfin le temps de reprendre ton souffle.

« Tiens, ton sac ! » Ta main lui tend ton accessoire tandis que l'autre tient toujours la sienne fermement. Sait-on jamais, tu n'es pas encore sûre qu'elle sera en sécurité. « Tu vas bien j'espère ? Il t'a pas fait de mal ? Tu veux que je retourne lui casser la gueule ? » T'es pas du genre à abandonner, puis tu surestimes tes capacités alors tu t'engages souvent dans des bagarres plus longtemps qu'il ne le faut. En temps normal tu serais encore en train de t'embrouiller, mais c'est pour la belle demoiselle que tu as jugé plus sage de prendre tes jambes à ton cou.

hrp:

les cheveux au vent, main dans la main, à courir dans la nuit à la seule lumière de la lune, elle qui mène la danse et qui te porte plus que le font actuellement tes jambes, bien que tu sois loin de ne pas faire de sport, tu te crois sincèrement dans un de ces dessins animés des années quatre-vingt-dix. ce mirage humain n’avait rien d’un anime, mais en avait tout simplement l’air. ça lui allait tellement bien au teint. son courage t’avait tout bonnement fait oublier sa brutalité, et ses traits de poupée les mots durs qu’elle avait pu prononcer.

ta main dans la sienne, alors qu’elle te restitue énergiquement tes biens, toi tu la fixes comme une nana instable. tu n’te rends pas compte que ce genre de regard peut déranger, mettre mal à l’aise, rejeter, surtout ici au japon. ta main dans la sienne, alors que ta sauveuse te submerge de questions, tu l’attires légèrement vers toi. le temps d’un instant, d’un souffle, d’un battement, tes lèvres avaient atteint les siennes. les yeux fermés, d’une douceur soudaine sans égale, tu lui laisses un peu de ta personne. sa bouche avait du en connaître des baisers, et toi, à ce moment-là, tu voulais juste ajouter ton nom à sa liste présumée.

merci, prononces-tu finalement, en lui souriant comme l’aurait fait une enfant satisfaite, mon héroïne.

tu lui lâches alors la main pour vérifier le contenu de ton sac, comme si ton acte n’avait pas à être remis en question. ça partait de toute façon d’une bonne attention. et ton sourire s’élargit, rassuré. aucun dommage latéral, à première vue. t’en sors alors ton polaroid, l’inspectes d’un peu plus près avant de le braquer sur la précédente victime de tes dangereuses libertés.

say cheeeeeese. lui souffles-tu avec ton parfait accent d'étrangère.

eDIT:

tenue ♡  Pas s'abattant violemment sur le bitume. Tu cours, tu cours, t'as l'impression de passer ta vie à ça. Courir après les méchants, courir loin d'eux quand ça tourne au vinaigre. T'es habituée à toutes ces courses, tellement que tu penses souvent à te reconvertir en athlète. T'es même pas sûre que ta protégée — si on peut l'appeler comme ça — parvient à tenir le rythme, mais tu continues de la tirer derrière toi, ne t'arrêtant que lorsque la foule qui va et vient devant les échoppes lumineuses te signale que vous pouvez vous arrêter.

Tu reprends ton souffle, lui remets ses affaires, t'enquiers de sa situation. Tu ne lâches pas sa main, tu veux t'assurer qu'elle va bien avant, cette rencontre n'a pas du être des plus agréables pour elle. Puis vous êtes toujours à Kabukichō, tu connais le quartier assez bien pour savoir qu'une rue peuplée n'est pas forcément sûre,  juste légèrement plus que celle où tu viens d'intervenir.
Ta main toujours dans la sienne et la voilà qui t'attire vers elle, ses lèvres rencontrant les tiennes. Yeux écarquillés par surprise, tu les fermes rapidement pour que le moment ne s'échappe pas. Et tu les rouvres aussi vite que le baiser s'achève, pupilles toujours aussi ahuries.

« Je... euh... » Tu balbuties, ne sachant pas quoi répondre à son merci alors qu'elle abandonne déjà ta main pour fouiller son sac. Les jolies filles ont toujours eu tendance à te prendre au dépourvu, et sa beauté t'aveugle encore plus que les halos entremêlés des néons qui éclairent ses traits délicats.
Pleine de surprises, elle sort son polaroid et tu en deviens le sujet. Tu placardes ton plus beau sourire sur tes lèvres, un sourire peut-être un peu trop exagéré, accompagné d'un signe "peace" tellement cliché. « Est-ce que je peux voir ? » Tu  n'attends pas sa réponse pour t'accrocher à son épaule, attendant impatiemment que vos silhouettes apparaissent sur le film. Ta joue frôle la sienne et tu te tournes vers elle, très peu de distance vous séparant. « Moi c'est Mami, au fait ! » Tu inclines doucement ta tête en guise de salut. En temps normal t'aurais fait la révérence telle la bonne japonaise que tu es, mais tu te délectes trop de cette proximité pour vouloir la briser.

hrp:

en secouant doucement la pellicule photo qui venait de sortir, tu la regardes elle, même si ça signifiait avoir un gros plan de ses joues roses de blush et de ses lèvres roses de toi. elle était mignonne c'est sûr, à jouer les supernovas avec toi. peut-être qu'elle l'était vraiment mami. peut-être qu'au fond elle est comme toi, qu'elle vient aussi de vénus ou d'une comète voisine et que ses atouts girly elle ne peut les sortir que la nuit. même qu'elle scintillait dans l'obscurité, véritable étoile dans les ténèbres tokyoites. elle rayonnait encore plus d’aussi près. et en toi ça déclenche des explosions de lumière comme des mini-feux d’artifices sur un gâteau d’anniversaire. d’éclatantes roses qui viennent indéniablement enjoliver les parterres bien fleuris de ton coeur. sentir cette chaleur t’envahir te décroche un de ces sourires - si bien là, dans la minute, à ce moment même. t’en oublirais presque la petite brise qui vient te faire du pied par les trous de ton jean délavé.

et puis tu lui montres le produit final. quoi, pas d’nom de super-héros? en riant doucement. c’est beau. dis-tu finalement.

cette nuit
son entrée en scène
son look
son geste
la photo
son sourire
son entrain
son attention
elle.

pour tout,
pour rien.

eDIT:

tenue ♡  douces lèvres qui s'écrasent sur les tiennes au moment où tu t'y attends le moins.
pas que ça te dérange, mais tu as rarement affaire à des personnes aussi spontanées, et surtout qui arrivent à conserver leur délicatesse dans leurs élans d'impulsivité.
ton cœur bat très fort et ce n'est pas à cause de l'adrénaline que te procure le combat contre le crime. si tu as le souffle coupé, c'est bien à cause de cette fille qui te fait face et non pas un résultat de la distance que tu as du courir pour la rejoindre. chose dont tu es plus que satisfaite, pour le coup.

« non, pas encore... j'ai pensé à sailor mami mais je crois que je peux faire mieux. » tu te frottes la nuque, quelque peu gênée par ce manque de pseudonyme malgré toutes les années que tu as passées dans l'game. sans doute trop occupée à survivre pour y réfléchir.
tes pupilles se dilatent devant le film sur lequel tu commences à apparaître, un sourire haussant la commissure de tes lèvres sans que tu t'en rendes compte. ce n'est qu'une photo et, pourtant, le sentiment qui en émane te rend toute chose. ou peut-être que c'est la demoiselle qui te fait cet effet.

tu sais pas trop si c'est son talent de photographe ou ton visage qu'elle complimente mais tu souffles tout de même un « merci ! » enjoué par politesse. tu ne sais pas trop quoi ajouter, mais pas envie que la conversation s'arrête là. pas envie de la laisser filer.
« dis... » tu sais pas pourquoi t'es nerveuse, c'est bizarre, d'habitude t'as assez d'audace pour en donner à toutes les jeunes vierges effarouchées du japon. « ça te dirait d'aller boire un verre ? j'en ai besoin après tout ça, puis on en profitera pour me trouver un nom de super-héroïne digne de moi, aussi. » clin d’œil - pas très - subtile. tu connais même pas son prénom, mais ce sera pour plus tard. tu as autre chose en tête pour l'instant.

hrp:

la photo encore en main, tu caches ton sourire, les sourds éclats de ta voix parvenant jusqu'aux fenêtres éteintes des bâtiments. tu n'as pas pu le garder pour toi celui-là. c’est mignon, tu le pensais si fort que tu n'as pas vraiment calculé s'il s'agissait bien de ton écho intérieur ou de ton actuelle voix. et ça te va parfaitement. un minimum de distance? tu connais pas. tu refuses de connaître, en fait. t'as jamais été bonne pour ça, alors que la nana tu ne l'as croisée que dix minutes plus tôt. mais oui, mami. son prénom lui allait à ravir, et rien qu'à y réfléchir, le concept te réchauffait la poitrine.

sa question cependant te surprend. agréablement. tu fourres ton polaroid et ton nouveau cliché dans ton sac avant de revenir à elle, le regard qui pétille. t'arranges même ta chevelure, passant la main dans ton carré châtain, avant d'acquiescer, radieuse. t'ignores complètement s'il s'agissait d'une façon de faire connaissance ou si c'était plus une approche pour du sexe ensuite, mais sur le moment, tu ne t'attardes pas vraiment sur le motif de son invitation. t'étais au départ sortie pour un karaoké, et si la soirée ne demandait qu'à se prolonger, t'étais d'ceux qui jamais n'oseraient dire non pour de mauvaises raisons.
tu lui tends alors la main. non, pas pour la lui serrer à l'occidentale lorsqu'un marché est conclu par un commun accord. simplement pour la lui tenir. sûrement le geste le plus simple et le plus niais qui soit, mais vrai. l'inciter à te lier à toi de la sorte, c'est lui dire que d'une façon ou d'une autre tu lui fais assez confiance pour lui permettre de te guider dans la nuit. j'adorerais.

eDIT: