KISA AYATO + TOUGH TIMES THEY KEEP COMING

« Dis... Quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu que tout le temps qui passe ne se rattrape guère ? » Le tourne-disque laisse échapper une douce mélodie qu'Ayato ne comprend guère. Sa mère écoute inlassablement ce disque que son père a ramené d'un pays lointain, elle berce le petit garçon qui allonge sa tête sur ses cuisses maternelles. Sa mère a le regard vague à l'âme. Parfois il la sent tressauter, comme si elle pleurait mais il a si peur de vérifier. Ayato aime la chaleur de la verrière, où le soleil traverse les vitrines et chauffe doucement sa peau. La pièce semble irréaliste, la glycine s’agrippe avec désespoir aux murs, enjambe avec force le lierre tranquille. Il aime l'odeur de la remise, et le bruit de la pluie ; cela l'apaise comme les caresses de sa mère. Cela lui réchauffe son petit muscle battant de chagrin. Son père est reparti le matin même, lui laissant des mots rêches et le souvenir mauvais alors qu'il ne l'avait vu depuis des mois. Papa est peu tendre avec lui, comme avec sa petite sœur, jamais il n'a un bon mot, agréable, et ne semble n'avoir aucune pensée délicate à son égard. Maman l'excuse et lui parle de maladresse, que c'est sa manière propre de manifester ce trop-plein d'angoisse et de joie, un sentiment de parent qu'il ne peut comprendre du haut de ses sept ans. trop jeune pour s'en apercevoir, qu'ils disent tous. Pourtant, Ayato préférerait un papa qu'il le câlinerait comme la paume de sa mère le fait à cet instant, ou même juste un doux sourire. « Je t'interdis de continuer ce sport débile. » lui avait-il lâché, secouant son doigt menaçant. Son cœur déchiré, dernier naufrage, il ne peut plus glisser sur la glace si fine et ne plus avoir la joie de ne pas ressentir son nez, ni ses doigts s'engourdir, pourtant emmitouflés dans des moufles enfantines, lors de ses escapades adorées à la patinoire. Sous le coup, il a pleuré, chose qu'il déteste. Quand papa est là, il se sent si faible qu'il n'arrive plus à contenir ses larmes ou ses cris. Alors que maman essaie de l'apaiser et croit avoir réussi, elle ne voit pas le regard déterminé de son petit bout, qui témoigne d'une force de caractère des kisa. Il en refera, et continuera, même s'il doit se cacher. Sans savoir qu'un petit garçon ne peut tout gérer et que cela l'amènera à des actes bien plus brutaux et dangereux q'une simple interdiction.

« Moi, les mots tendres enrobés de douceur se posent sur ma bouche mais jamais sur mon cœur. » Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots, rien que des mots magiques, tactiques qui sonnent faux, tellement faux. Ayato pensait que cet échange international lui changerait son quotidien, son entourage néfaste et lui remplirait l'esprit de connaissances délicieusement tortueuses. Les meilleurs écoles, il les a arpenté, arborant avec fierté son nom sur le tableau d'honneur. On le regarde avec envie, les têtes miroitantes de désir en entendant son nom kisa, esprits qui le désirent. Au pays du soleil levant, son nom en impose, si bien qu'ayato n'a jamais réellement existé en tant que personne, caché derrière la figure paternelle, écrasante d'exigences envers le fils aîné. exilé dans une école américaine, l'une de ses facultés prestigieuses et dont tout le monde rêve d'accéder, ayato a étudié la finance, loin de ses préférences. Ce qui le fait rêver est la musique et son univers onirique qui le transporte loin. Sa famille ne peut s'opposer, c'est même elle qui lui a permis d'accéder à toutes ces compétences merveilles que sont le solfège et divers instruments tous plus nobles les uns que les autres. il n'est pas nécessaire qu'il succède à son père, cela est tout simplement naturel quand on grandit dans ces milieux-là, comme une évidence qu'on ne cherche pas à contredire. et pour quoi faire ? Dans ce destin tout tracé, se dresse son envie farouche de continuer sur la voie qu'il aime, d'exister par son être. « Une préoccupation de riche ça. » qu'ils scandent tous, l'encourageant à intérioriser ses pensées les plus intimes. Il ne comprend ses mots insensés, comme s'il devait porter la culpabilité du monde sur ses épaules hésitantes.
et dans ce paysage si particulier et incertain, il y a ce papier, une demande expresse, proposition alléchante, de l'un des amis de sa mère, haut placé au sein du conservatoire de tokyo, qu'il connaît depuis ses premiers pas. Une place qui lui reviendrait de droit, comme si l'orchestre l'attendait, sa place.