shuddup. + jaehyun

Il voudrait lui dire qu’il voulait le pousser à bout, le faire réagir : raviver l’étincelle qu’il se tue à protéger depuis sa naissance. Qu’il voulait sentir l’affection du cadet envers son aîné, et qu’il y est arrivé. Parce qu’Eizo s’est enfin adoucit, même si ce n’est que pour une nuit, pour quelques minutes qu’il chérit toujours un peu trop. Sa voix, apaisée entre quelques sanglots coincés au fond de la gorge secoue son battant ; ses mots, preuve maladroite d’un amour que l’héritier se tue à refouler. Le garde du corps reste planté devant lui, les traits se décrispant au flot de paroles du gamin perturbé. « Parce que vous me l’avez demandé, et que je ferai toujours tout pour vous satisfaire. » et ce depuis vingt-et-un ans. Bien qu’au fond, l’aîné était conscient que les mots d’Eizo n’étaient rien d’autre que des paroles en l’air, de vaines provocations à l’égard de son aîné pour lui faire peur, peut-être le déstabiliser.
Le coréen ose enfin bouger, s’approche de l’enfant perdu d’un pas incertain pour s’asseoir à sa hauteur, attraper ses joues menues encore enfantines entre ses doigts mûrs et expérimentés. Caresse sa peau de bébé dans une douceur calculée : un seul faux pas et tout pourrait être gâché. Un mot de travers et la colère du cadet salira une nouvelle fois les murs trop décorés. « Ils n’ont rien. Ils ne sont rien. » des paroles tellement sincères qu’elle lui exploserait le cœur. Sa gorge, serrée, ne fait qu’aggraver sa voix déjà trop rauque tandis qu’un pouce délicat chasse les larmes sur ses pommettes. « Je mentirai si je vous disais qu’il n’y a que vous dans mon lit, et j’ai juré de toujours vous dire la vérité. Néanmoins… » une hésitation, peut-être trop longue à cause de son esprit brouillé par leur proximité ; la douce sensation enveloppant le bout de ses doigts humidifiés par les larmes et la respiration chaude et saccadée de son jeune maître. « Ils n’arriveront pas à me charmer. Un seul homme y est parvenu, un homme pour lequel je me suis entiché malgré moi. Un homme qui ne pourra jamais être mien, alors que je suis sien depuis sa naissance… » révélation masquée, Jaehyun sentirait presque ses joues s’empourprer alors que la proximité entre les deux antipodes se fait pesante. La voix, susurrée et hésitante s’échappe en un murmure suave alors que ses yeux s’incrustent dans ceux du gamin. « Et je voudrais terriblement l'embrasser. »

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De nombreuses fois, il avait imaginé ce que pourrait bien donner sa vie sans Jaehyun. S'il venait à mourir avant lui, ou bien qu'il décide de fuir son clan. Et la seule chose dont il s'était rendu compte, c'était qu'il ne le supporterait pas. Il ne pouvait pas envisager une vie sans son aîné. C'est pourquoi, dès qu'il mettait du temps à répondre au téléphone, dès qu'il était ne serait-ce que deux minutes en retard à un rendez-vous, une peur sans pareille s'emparait d'Eizo. Il imaginait toujours le pire. Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait depuis bien longtemps enfermé le garde du corps avec lui dans cette prison presque dorée qu'était sa demeure. Pour qu'il n'en sorte jamais. Pour qu'il ne sois jamais tenté de l'abandonner. Lorsque Jaehyun se mit à sa hauteur et se saisit de son visage, le garçon se laissa faire, ne prenant même pas la peine de se redresser, bien trop fatigué. Profitant de ses caresses, discrètement, les dires de celui-ci lui fit rouler des yeux. « Pfff... Si c'était vraiment le cas, tu n'irais pas les baiser. ». Eizo ne le comprenait pas. Les paroles de son chien étaient en contradiction avec ses actes. Se foutait-il de sa gueule ?! Essayait-il de l'embrouiller pour atténuer ses faits ?! Le châtain était tellement embrigadé dans sa propre folie, dans ses propres craintes, qu'il ne comprit pas la confession de Jaehyun. Il le repoussa même de nouveau pour se cacher encore une fois sous ses draps. « Bah vas y ! Qu'est-ce que t'attends ?! Vas le retrouver ! Vas l'embrasser ! T'étais peut-être même avec lui avant que je t'appelle. Haha.» . Eizo voulait tant que tout cela s'arrête. Que l'homme arrête de jouer ainsi avec lui. Que l'homme arrêté de torturer son esprit et son coeur. Il était fatigué, lassé de tout cela. Lui qui à la base n'avait cherché que du réconfort après sa terreur nocturne, voilà qu'au final il se retrouvait bien plus mal à cause de Jaehyun.

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Le cadet, malgré la paranoïa qui le ronge, garde en lui une certaine forme de naïveté dont il devrait se débarrasser pour survivre dans ce monde féroce qu’est le sien. Une candeur qui le rend humain, qui fait doucement sourire l’aîné dans l’obscurité. Il voudrait lui expliquer les raisons de son vagabondage ; lui dire qu’au fond, il ne cherche qu’à oublier le p’tit con qui a dérobé son cœur à la volée. Maladroitement, pensant naïvement que les corps d’autres réussiraient à le détacher de lui. Efforts vains, ne faisant que renforcer ses sentiments interdits. Parce qu’il ne pense qu’à lui. Et lorsqu’il ferme les yeux, à l’apogée du désir, c’est le visage de son bourreau qu’il aperçoit.
Mais il est fatigué. Fatigué de lui expliquer, de parler dans le vide, déballer des paroles que le cadet ne comprendra qu’à moitié. Alors il se contente de secouer la tête, passant une main timide dans les cheveux raides de sa moitié rêvée. Il caresse son crâne torturé, essaye de chasser les vilaines pensées de son esprit corrompu. Souffle un rire aux paroles suivantes, étonnamment attendrissantes aux yeux du garde du corps. Il ne comprendra vraiment jamais.
Et même lorsqu’il se fait faiblement repousser, l’aîné se rapproche une fois de plus ; gestes risqués alors que le cadet se fait de nouveau distant, s’enfouissant sous les draps comme un enfant. Arrache un sourire au coréen qui retient une blague désobligeante. « Non, je n’étais pas avec lui ; je suis parti le rejoindre. » vague révélation. Jaehyun ose ôter les draps du visage de l’enfant pour lui sourire tendrement. Oh, qu’est-ce qu’il va regretter. Mais qu’est-ce que ça fait du bien, de retirer ce poids abominable de ses larges épaules. « Et je suis avec lui en ce moment même. »
Des paroles aussitôt regrettées, Jaehyun s’attend à la colère du cadet ; il l’anticipe même, brisant la proximité fraîchement formée entre les deux opposés. Son sourire trop tendre disparaît pour laisser place à une mâchoire serrée, un visage désolé. Il essaye de se rattraper, tente de s’éloigner du sujet. « Vous devriez essayer de vous rendormir. Une longue journée vous attend demain. »

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Il sentait bien son épuisement, aussi physique que moral, devenir de plus en plus insupportable. Ses gestes étaient plus lents, plus mous. Il peinait à garder les yeux ouverts, mais surtout, saisir le sens de tout ce qu'il se passait, de tout ce qu'il se disait. Il voulait juste dormir. Dans les bras de Jaehyun. Blottit tout contre lui comme il le faisait depuis sa naissance. C'était bien dans ce genre de moment qu'Eizo se détestait d'avoir autorisé son aîné à se prendre un appartement, faignant d'être assez adulte et responsable pour vivre sans lui, surtout la nuit. Car c'était totalement faux. Ne pas sentir la chaleur de son garde de corps, son odeur auprès de lui l'inquiétait. Il percevait le fait de ne pas avoir sa présence à ses côtés comme une inexistence. Ce qui lui était inconcevable. Jaehyun revenait lui découvrir le visage, le châtain le regarda avec des yeux semi-clos, et toujours rougis par ses précédentes larmes. Comment ça, il était avec lui ? Ils n'étaient que deux dans cette pièce ! … Wait. Était-ce lui, cette fameuse personne donc l'homme semblait accro et avait tant envie d'embrasser ?! Sans le vouloir, les joues d'Eizo s’empourprèrent. « O-Oï ! Tu parles trop ! J'comprend plus rien ! Fermes la ! ». Faisant comme s'il n'avait pas, ou que très peu comprit, le garçon se redressa et attrapa le visage de son chien dans ses fines mains, plantant son regard dans le sien. « De toute façon, tu sais que si un jour, tu me déçois ou fais quelque chose qui me sera insupportable, tu le regretteras. T'as de la chance, Jae. Je suis plutôt laxiste. Dans d'autres clans, avec un autre maître, tu n'aurais pas eu droit à tant de libertés. Fais pas le malin, et restes sage. ». Sur ce, ne lui laissant même pas le temps de répondre ou d'agir, il vint embrasser Jaehyun brusquement. L'échange au départ rude se fit de plus en plus désespéré, Eizo recherchant cette sensation d'être unique. Leurs langues se retrouvèrent et se lièrent avec un naturel déconcertant, et il força son aîné à le rejoindre sur son lit bien trop grand pour sa simple silhouette frêle.

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Il s’attend au débordement du cadet… Au déchainement de remarques acerbes, rabaissements impétueux dont Jaehyun a fini par s’habituer après tant d’années. Mais il doit être fatigué. Son visage poupin épuisé, ses battements de cils pour essayer de garder les yeux ouverts le trahissent. Rare moment de faiblesse que le maître s’autorise, ou du moins n’arrive pas à contrôler; ses démons sont toujours plus forts que lui, la nuit tombée. Mais Jaehyun est là pour les combattre, comme il chasse tout être nuisible à sa moitié, son amour interdit, inespéré. Dévoilé sans le vouloir.
Eizo feint l’ignorance, et l’ainé n’arrive pas à déceler du bluff ou une sincère ingénuité face à sa révélation fortuite. Ses mots crus cachent une gêne certaine masquée par un comportement brutal, propre au cadet. Il lui ordonne de se taire, et Jaehyun se soumet sans riposter, plissant ses lèvres à la surprise de son ton élevé. Inclinant légèrement la tête, signe de respect, soumission ultime face à cette boule de haine incomprise lui servant de maître.
Il lui dirait qu’il ne le décevra pas ; qu’il ne l’a jamais fait en vingt-et-un ans de service, et qu’il essayera de durer le plus longtemps possible. Mais des lèvres humides viennent se mêler aux siennes tandis qu’il se crispe sous la surprise. C’est brut, c’est violent ; c’est Eizo. Ses touchés sauvages contrastent avec la douceur de l’aîné, créant le parfait mélange lorsque leurs langues se rencontrent dans une valse langoureuse.
Le coréen se retrouve traîné par le métis, s’allongeant au-dessus de lui les bras de part et d’autre de son corps fatigué pour ne pas l’écraser sous son poids bien plus imposant.  Les jumelles se lient ; se délient alors que l’aîné cherche à reprendre son souffle, mordillant délicatement sa lèvre rougie par l’échange. Ses lippes palpitantes trouvent leur chemin sur le cou du cadet, encore humide de larmes coquines. Il y dépose le bout de ses pulpes avant de s’allonger à côté de lui, caressant doucement son bras du bout des doigts. « Reposez-vous… »

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Il avait cette désagréable sensation d'avoir céder une fois de plus face à Jaehyun. Que celui-ci avait obtenu ce qu'il désirait : une non-privation de ses libertés. Il était si faible. Son père aurait été furieux de son comportement. Il l'aurait roué de coups, comme il l'avait fait si souvent lorsque le châtain était plus jeune. Il n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à imposer ses plus puissants caprices. Peut-être qu'au fond, Eizo savait que s'il voulait garder le plus longtemps possible son garde du corps à ses côtés, sans que celui-ci n'ait de mauvaises pensées à son égard, il se devait de lui accorder une vie plus ou moins privée. Qu'il ne pouvait le contraindre à davantage de chaînes, malgré son très fort désir. Alors, par ce baiser, il tentait de retenir Jaehyun. De lui prouver qu'il pouvait être bon, qu'il était même meilleur que tous ces autres. Eizo n'était qu'un gamin ayant sans cesse besoin d'être le premier, pour se trouver une raison de vivre. Et demeurer numéro un dans le cœur et la vie de son aîné était son principal objectif. Leurs langues se déliant, leurs lèvres se séparant, l'héritier ne put retenir une légère grimace de frustration. Il en aurait bien aimé davantage. Mais son corps l'en empêchait. Frissonnant sous la caresse de Jaehyun, il hocha la tête à ses propos et le poussa pour le forcer à s'allonger. Il se colla alors à lui, posant sa tête sur l'épaule du plus âgé, passa une jambe entre les siennes et s'accrocha faiblement à son haut d'une main. Fermant les yeux, Eizo huma son odeur, avant de dire à voix basse : « T'as intérêt à être là à mon réveil. Et à ce que je dorme bien. Sinon, j'te punirai. ». Malgré lui, une discrète mais adorable moue se forma sur son visage angélique marqué par la fatigue. Et Morphée le kidnappa en moins d'une minute, la pièce replongeant alors dans un silence finalement assez rare.

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Un sourire discret dessine ses lèvres à l’entente de ces fausses menaces alors qu’il ferme les yeux, serrant légèrement le cadet contre lui. Il dormira bien, c’est une promesse qu’il s’est fait à lui-même. L’aura de l’aîné chasse les démons, il l’a compris depuis bien longtemps en remarquant que les crises nocturnes étaient pratiquement inexistantes lorsqu’ils dormaient ensemble. Seuls moments où Eizo s’autorisait à se montrer faible malgré ses ordres toujours secs, ses gestes brutes et son terrible manque de tact.
Jaehyun attend de longues minutes avant d’autoriser Morphée à le kidnapper, désirant entendre la respiration paisible du cadet pour être sûr que ce dernier dorme à poings fermés. Et ses paupières se font lourdes, ses jambes ankylosées entre celles du maître s’enfoncent dans les profondeurs d’un sommeil sans rêve. Il ferme les yeux. Une seule minute, avant que son horloge interne ne le ramène dans le monde réel. Il n’aura que très peu dormi, cette nuit. Ces trois heures de sommeil  semblables à des secondes auront seulement eu l’effet d’encore plus l’assommer.
Sept-heures trente. Le coréen se décale prudemment du morveux, toujours bercé par des rêves qu’il espère plus beaux. Après des années passées à vivre ici, Jaehyun considère la demeure comme sa propre maison ; il y a toujours sa chambre et ses vêtements, uniquement composés de costumes hors de prix mais tous semblables. Il en enfile un après une rapide douche froide, comme on lui a appris. Se dirige dans la cuisine où une vieille domestique vient de commencer un petit déjeuné, le coréen lui sourit amicalement avant de s’incliner en signe de politesse et de respect envers son aînée. « Laissez-moi donc faire, allez vous reposer. » Elle ne riposte pas, se plie devant lui pour le remercier. Le personnel de la famille Inagawa s’entraide souvent ; leurs patrons impétueux et sans clémence leur impose un rythme de vie parfois insupportable, alors, dans le plus grand secret, ils s’autorisent parfois à échanger les rôles.
Huit-heures. Il a terminé des plats qu’il dispose minutieusement sur l’immense table toujours trop vide, remontant le nœud de sa cravate serrée, il se recoiffe rapidement dans le miroir avant de se diriger dans l’obscure chambre du cadet. Il soupire une fois en entrant. Une seconde fois devant les rideaux en soie de la fenêtre. Il se prépare mentalement à ce que le cadet ne redevienne qu’une boule de haine, un bourreau acharné et quémandeur qui ne connait que la violence, dans les mots et dans les gestes. Il ferme les yeux ; déglutit. Puis ouvre les rideaux d’une traite, laissant le soleil matinal illuminer la chambre alors qu’il se retourne vers le gamin, droit, en position de travail. Comme si rien ne s’était passé. Comme s’il n’était pas dans ses bras, quelques heures plus tôt. « Il est temps de vous réveiller, Monsieur. Votre petit déjeuner vous attend sur la table. Vous avez une longue journée devant vous, veillez à ne pas trop tarder. »

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Comme à 99% des fois où il dormait avec Jaehyun, sa nuit se passa calmement, sans crise ou réveil brutal. Son visage d'ange était apaisé, et rayonnait d'une douceur rare. Pourquoi donc continuait-il à se mentir ? Il avait besoin de son aîné à ses côtés. Il était son refuge, son jardin d'Éden. Son sommeil fut si profond qu'il ne sentit pas sa source de chaleur s'échapper, pour le laisser seul dans ce si grand lit, dans cette si grande chambre. Ce ne fut que les rayons du soleil venant agresser ses yeux et la voix grave de l'aîné qui l'arrachèrent des bras de Morphée. Eizo se mit a grogné, de frustration et de colère. Il ouvrit péniblement les yeux, seulement à moitié, et distingua Jaehyun, vêtu de l'un de ses beaux costumes sur-mesure. Mais quel con. Il avait rien compris. Ce n'était pas de cela que le châtain parlait quand il lui avait quémandé d'être à ses côtés lors de son réveil. Le coeur du garçon se serra dans sa poitrine, et il se mit dos à son garde du corps, rabattant les draps sur son visage. Eizo n'avait même pas la force d'extérioriser sa déception en engueulant son amant. Il était lassé. Lassé d'être incompris. D'une voix sèche, il répondit un simple « Pas faim. », chose qui n'arrivait jamais à ce ventre sur pattes. Jaehyun lui avait coupé tout appétit. Il voulait juste se rendormir, pour ne pas affronter cette nouvelle journée semblable aux autres. Il avait tant espéré... Mais l'héritier devait se faire une raison : le plus âgé était un robot, qui agissait comme on l'avait si bien programmé. Jamais il ne lui offrirait ce dont il rêvait secrètement. Alors à quoi bon se battre ? À quoi bon se rattacher à lui ? Eizo ne faisait qu'être déçu, constamment, le reste de candeur brûlant en lui ne faisant que le blesser sans cesse. Encore ce matin en était une preuve accablante.

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Il avait hésité à rester, e ouvrant les yeux et découvrant le corps de son cadet blottit contre lui, une confirmation physique qu’il n’avait pas rêvé. Il l’a regardé un moment, souriant devant son visage apaisé, si angélique lors qu’il est dans les bras de Morphée –et les siens. Puis il a soupiré ; s’est levé le plus silencieusement possible. Parce qu’il avait peur. Peur de son imprévisibilité, peur que sa demi-douceur des heures précédentes était seulement contrôlée par ses peurs fallacieuses, ses rêves perfides. Peur du rejet, de la déception constante qui lui colle à la peau. Il est seulement là pour travailler, c’est ce qu’il se répète sans cesse. Un bon garde du corps ne se prélasse pas dans les bras de son maître ; un bon garde du corps se réveille une heure et demie avant lui pour préparer sa journée. Il a suivi sa raison plutôt que son cœur, et il se retrouve à présent devant la frustration d’Eizo qu’il met sur le dos de son humeur peu matinale. Raide comme un piquet devant son lit, il a les mains rabattues devant son bassin. Et il hésite. Il hésite à aller s’asseoir sur le lit, à la place précédemment chauffée par son corps qu’il a dû laisser à contre cœur. A passer une main chancelante dans les cheveux de l’hériter pour lui offrir un semblant de douceur au réveil. Mais il ne bouge pas. Retient quelques soupirs avant de se racler la gorge. « Êtes-vous sûr ? J’ai moi-même préparé votre petit déjeuné favoris. » il espère secrètement que cette précision l’aidera à changer d’avis ; Eizo est glouton de nature, la nourriture est d’ailleurs la seule raison qui le pousse à se réveiller le matin. Jaehyun décèle une certaine morosité chez le cadet, remet la faute sur la nuit agitée qu’il a passé. Néanmoins, guidé sous une pulsion maternelle, il ose demander d’une voix claire mais hésitante. « Est-ce que tout va bien, Monsieur ? » .

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Shit. Il lui avait préparé son petit déjeuner. Et il savait ô combien Jaehyun était doué derrière les fourneaux. Rien que d'imaginer les plats présents sur la table de la cuisine lui donnait l'eau à la bouche et des gargouillis. La nourriture, c'était véritablement son point faible. Et puis, son aîné connaissant ses nombreuses allergies, Eizo sait qu'il peut avoir une confiance irréprochable dans sa cuisine. Pourtant, il n'avait pas envie de lui faire ce plaisir. Il n'avait pas envie de manger ce petit-déjeuner avec appétit et un immense sourire, comme il en avait l'habitude. Son garde du corps l'avait déçu. Et il était quelqu'un de rancunier. Et d’extrêmement borné. Alors, il prendrait sur lui, bien décidé à sauter ce repas pourtant si important pour la journée à venir. Toujours de dos à Jaehyun, la question de celui-ci le fit grincer des dents. « … Non. Non ça ne va pas non. ». Se redressant dans son lit, le métisse fit face à son amant, les cheveux encore en bataille, et lui lança son oreiller dessus. « Pourquoi tu comprends jamais rien ? Pourquoi faut toujours être explicite pour tu piges les choses, hein ?! Quand je t'ai dit que je te voulais avec moi à mon réveil, c'était pas comme ça ! C'était pas planté comme un débile devant mon lit, dans un costume, à m'annoncer mon petit dej' !! ». Soupirant longuement, Eizo se massa le visage avant de plaquer ses cheveux en arrière, les yeux fermés. « Bref. Laisses tomber. J'en ai marre de me prendre la tête. ». Le garçon s'étira longuement, faisant même craquer son dos. Il se frotta les yeux, à la manière d'un enfant encore ensommeillé. D'un calme qui lui était relativement rare, il prit son téléphone et commença à traîner dessus, se mettant alors à ignorer complètement Jaehyun.

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Il regrette. Il regrette tellement que son palpitant se retrouve chamboulé sous les mots du japonais, chose rare qu’il arrive généralement à contrôler. Un regret qui se retranscrit sur son visage décomposé à l’idée d’avoir pu passer du temps avec lui dans ce lit. Foutu gamin. Morveux imprévisible aux idées trop changeantes, trop lunatiques qui bouffent le garde du corps un peu plus chaque jour. Non, il ne sait plus comment se comporter avec lui et ça lui fait peur. Parce qu’il a toujours su quoi dire et quoi faire en sa présence ; les protocoles à respecter, les règles à suivre, les mots à ne pas prononcer. Il lui retourne la tête –et l’estomac. Et il en reste planté là, les bras maintenant ballants alors qu’il observe le cadet pianoter sur son téléphone. Il fronce les sourcils, des yeux pensifs rivés sur le sol. Une idée un peu bancale lui traverse l’esprit alors qu’il avance vers le lit. Il veut lui montrer la raison de ses réticences, de ses hésitations parfaitement justifiables. Alors il s’assoit près de lui, un peu hésitant au début, avant de poser délicatement sa main sur le téléphone du gamin pour le forcer à le quitter des yeux. Un sourire, peut-être un peu forcé, il s’approche de lui, brise la distance en posant ses lèvres contre son front. Il s’attend à ce que le cadet le repousse, lui crie dessus en lui lançant des coussins au visage. Mais une fois de plus, Eizo est imprévisible. Il pourrait tout aussi bien accepter le geste ; s’en délecter. Jaehyun se retrouverait probablement surprit et pris de court. Mais il ne s’en plaindra jamais.  « Je suis désolé… » il baisse les yeux avant de les relever vers le cadet, posant une main sur le genou de ce dernier encore enfouit dans les draps. « Comprenez-moi … Je ne sais plus comment agir en votre présence…. Je mentirai si je disais que rester avec vous m’aurait déplu ; mais je ne peux pas anticiper vos réactions. J’ai eu peur  du rejet et de la colère que vous auriez pu avoir en me découvrant à vos côtés. Alors oui… J’ai besoin que vous soyez explicite avec moi, parce que vous n’êtes pas conscient de votre imprévisibilité. » ce ne sont pas des reproches ; juste un cœur trop éprit qui parle. « Mais la prochaine fois –si vous le désirez, alors je resterai … »

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Il cherchait constamment chez Jaehyun cette chose que lui-même n'était pas capable -ou quasiment pas- de réaliser. La tendresse. Il essayait toujours, plus ou moins explicitement, de provoquer des geste d'affection chez son aîné. Des caresses, des baisers, des mots doux. Car tout cela, il n'y avait que lui qu'il lui en avait offert. Avec sincérité, tout du moins. Les autres amants qu'il a pu avoir ne comptant pas. Jaehyun avait été son premier baiser, son premier amant. Il créait dans de choses en Eizo qu'il ne devait même pas soupçonné. C'est pour cela, que le garçon était sans cesse déçu par le comportement de son aîné. Car il en attendait trop, beaucoup trop de sa part. C'est de là que provenait la plupart de ses crises de colère. Car son cœur avait mal et ne supportait plus la déception. Le japonais voulait tant lui avouer qu'il rêvait de passer toutes ses nuits dans ses bras et y rester blottit jusqu'au midi. Qu'il rêvait de partir en voyage avec lui, juste tous les deux. Qu'il rêvait d'être le seul et unique pour Jaehyun, et de pouvoir le crier sur les toits. Les yeux rivés sur son téléphone, Eizo sursauta un peu en voyant la grande main de son garde du corps le recouvrir. Tournant la tête vers lui, ses joues se mirent à rosir sous le doux baiser déposé sur son front. Se pinçant les lèvres, il baissa le regard et écouta son aîné sans l'interrompre une seule fois. Les mots du coréen ne le blessèrent nullement. Bien au contraire, ils le touchèrent. Lorsque Jaehyun termina son discours, le garçon laissa un petit blanc s'installer, avant de dire d'une voix presque inaudible. « C'est moi... qui m'excuse. ». C'était bien la première fois qu'Eizo prononçait ces mots. Surtout à l'égard de son garde du corps. Mais il était sincère. Il s'en voulait. D'une timidité étrange, il lui attrapa la main et joua avec ses doigts. « Tu veux bien... apporter le petit-déjeuner ici ? Qu'on le mange ensemble, dans le lit ? ». Il leva alors son visage vers lui, une petite moue complètement craquante y régnant. Le japonais n'était plus cet héritier antipathique et violent. Il était juste un gamin candide à la recherche d'un amour dont on l'avait privé depuis sa naissance.

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Il écarquille les yeux, surpris de sa réaction et de voir son plan tomber à l’eau. Il imaginait le cadet devenir fou contre lui ; l’insulter, comme à son habitude, en le rabaissant pour son erreur pourtant naturelle et prévisible. Et c’est là qu’il lui aurait dit, dans un rictus victorieux « Vous voyez ? C’est exactement de ça dont je vous parlais. »
Il n’en reste pas moins béat, l’euphorie secouant son battant, retournant son estomac comprimé par le néant. En vingt-et-un ans, il peut dire avec certitude qu’il s’agit de la première fois que ces mots franchissent le pas de ses lèvres, il en reste d’ailleurs paralysé durant quelques secondes. Tous les codes bouffés depuis son enfance semblent évaporés, et bien trop d’émotions dessinent ses traits habituellement impartiaux. La bouche entre-ouverte sous la surprise lorsque le gamin attrape sa main, il la fixe un court instant avant de déglutir et relever les yeux vers le prince déchu, un sourire au coin des lèvres qu’il ne semble pas pouvoir retenir. Son professionnalisme voudrait l’obliger à refuser ; lui dire d’une voix tremblante de déception qu’il ne peut pas.
Mais il hoche la tête faiblement en se retenant de se mordre la lèvre. « Très bien. » et il voudrait rire, lui crier que « putain, avec plaisir ! » mais il se contient avec difficulté. Se lève silencieusement pour sortir de la chambre et se diriger vers la cuisine sous les regards suspicieux des employés. Foutu sourire. Reprends-toi, Jaehyun.
Il dispose les différents plats légèrement refroidis sur un plateau d’argent qu’il porte prudemment jusqu’à la chambre. Pousse la porte qu’il n’avait pas totalement fermé avec son bassin pour finalement la fermer avec son pied. Le plateau posé sur les jambes du cadet, il finit par prendre place à ses côtés délicatement pour ne pas tout renverser. « J’ai… j’ai préparé vos plats préférés, vous avez le choix. Dites-moi si vous avez besoin de quelque chose d’autre… » sa voix soudainement hésitante l’éloigne de son statut, casse la distance qu’il est obligé de mettre entre eux. Il reste toujours sur ses gardes, prêt à encaisser une soudaine saute d’humeur.
Ce gosse lui fait tourner la tête, mais putain, qu’est-ce qu’il aime ça. Amour impossible. Amour interdit. Mais personne ne peut les juger, enfermés entre quatre murs. Alors il ose se rapprocher de lui, légèrement mal à l’aise dans son costume, il hésite à enlever sa veste avant de s’en débarrasser, la pose délicatement au pied du lit avant d’attraper un morceau de fruit et l’approcher des lèvres du cadet.
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Il y avait tant de choses qu'il voudrait dire à Jaehyun. Tant de choses qui restaient bloquées dans sa gorge, qui brûlait douloureusement sous l'envie. Mais il n'y arrivait pas. Tout simplement. Car depuis ses tout premiers mots, Eizo a été programmé pour ne jamais dire de gentillesse. Uniquement donner des ordres et dire des horreurs. Pourtant, il connaissait ces mots si doux qui donnent le sourire aux gens et réchauffent les cœurs. Il les avait entendu, au cinéma, à la télévision, dans la rue. Mais jamais ils n'avaient traversé ses lèvres, et jamais ils n'avaient caressé ses oreilles. Pourtant, le garçon venait de s'excuser. Après sincérité. Et il avait l'impression qu'un énorme poids s'était envolé. Il avait réalisé que s'il voulait garder Jaehyun à ses côtés, s'il voulait le faire devenir fidèle, sur le plan sexuel, des efforts étaient nécessaires. Cela serait difficile, il en avait conscience. Mais Eizo avait bien trop besoin de son aîné, il en était bien trop dépendant. Le laissant donc partir chercher le petit-déjeuner, l'héritier plaça bien ses gros oreillers contre sa tête de lit, avant de s'asseoir contre, de façon confortable. Profitant de l'absence de son garde du corps, il se recoiffa un peu et se tapota les joues, histoire d'être plus présentable. Le coréen revenant enfin, les yeux du plus jeune se mirent à briller devant les nombreuses assiettes. Comment aurait-il pu sauter un tel repas ?! Se pinçant les lèvres, Eizo ne prit même pas la peine de répondre, préférant venir capturer le morceau de fruit. Et c'est ainsi qu'il mangea, en compagnie de Jaehyun, tous les deux se nourrissant parfois mutuellement. Rien de tel pour le combler de joie qu'un tel repas. Une fois le plateau complètement libre, le garçon laissa l'homme lui essuyer les lèvres, et prit lui même le plateau, pour le poser au sol. Et enfin, il répondit à sa requête. « Maintenant, j'ai quelque chose à te demander... ». Sans lui laisser le temps de réagir, le japonais vint s'asseoir sur les cuisses du plus âgé, et une fois bien en face de lui, prit son visage entre ses mains, l'admirant en détail un long moment. Il était si beau. Eizo ne se lassait jamais de regarder son garde du corps. Encore moins son visage. Il se sentait extrêmement chanceux d'avoir celui qu'il considérait comme l'homme le plus beau du monde dans sa vie. Puis, lentement, il vint poser ses lèvres sur les siennes, pour un baiser d'une douceur incroyable. Il ne chercha pas à lier leurs langues, ou rendre cet échange plus passionné. Simplement, il profitait du contact de la bouche de Jaehyun contre la sienne. Comme si cela allait être la dernière fois. Finissant par se reculer, tout en s'arrêtant néanmoins à quelques maigres centimètres, Eizo planta son regard dans celui de son amant, et tandis que ses joues s'enflammèrent, osa quémander à voix basse : « … fais moi l'amour. ».

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