be mine
De la provocation. Encore, si les gens normaux pouvaient être choqués de la répartie d’Eiji, ça n’était plus le cas de son frère ainé depuis belle lurette. Que du leurre ses paroles, que de la pacotille qui cachait de la tristesse et du doute. Soit, Keishi ne forcerait pas son frère à lui dire comment il s’était blessé la jambe. De toutes manières, ils n’avaient jamais vraiment eu une relation de confident, mais toujours ce fond malsain et brûlant entre eux qui les poussaient à se conduire étrangement, marginalement. Il était certes inquiet, mais plus il restait assis à côté d’Eiji, moins il avait l’impression de le connaître réellement. Et lui ? S’était-il déjà montré tel qu’il était vraiment aux côtés de son petit frère ? Savait-il lui-même d’ailleurs, ce qu’il était au fond ? Un putain d’égoïste, qui réclamait plus qu’il n’en avait et qui finirait par mourir frustré de n’avoir jamais possédé tout. Le cylindre en bouche, le brun ne daigna pas répondre à la provocation de son frère, que répliquer à cela de toutes manières ? Il venait d’abandonner aussi vite qu’un humain tombant d’un gras-de-ciel, il ne tenait pas ses résolutions, il ne se respectait pas, tout ça pour Eiji, risible.
Quand ce dernier se tourna vers Keishi, celui-ci se trouva troublé par son regard noisette mais encore, encore il soulevait son bouclier et arma son visage d’impassibilité. Néanmoins, il ne put garder son calme bien longtemps. Keishi rit. C’était incontrôlable. Un léger rire, ce rire des gens pompettes, mais ici, c’était sans doute dû au stress accumulé ces derniers jours, à leur étreinte de toutes à l’heure et au fait, qu’intérieurement, il se sentait perdu, profondément perdu. Les propos de son petit frère l’amusèrent mais en temps normal, il n’aurait pas ris. Keishi souriait peu, alors le rire… c’était encore bien plus rare. «
Non… Non j’ai pas compris… » affirma-t-il, entre deux rire étouffés. S’il se moquait de son frère ? Oui et non, ou plutôt il n’en savait foutrement rien, stupide rire nerveux. «
Je te savais pas si poète. » reprit-il avant de se calmer enfin. Il écrasa son joins dans le cendrier, le jugeant même du regard, le rendant fautif de tous ces maux silencieux. «
C’est pas juste. » dit-il en tournant le visage vers la baie vitrée, la réflexion de son reflet sans vie le perturbant. C’était pas juste qu’Eiji pense ça, que mourir, c’était rien. S’il mourrait, il laissait Keishi de côté. Et le jeune déchu n’aurait plus d’endroit où se réfugier, d’endroit où il entrerait parfaitement, parce que tout comme lui, dérangé et malsain, mais confortable et chaleureux, juste pour lui. «
Mais bon, tu t’en fous hein. » lui reprocha-t-il.
Keishi savoura cette main douce dans ses cheveux avant qu’un nouveau sourire s’affiche face à la violence que cette dernière infligea à son cuir chevelu. Il avait en sainte horreur qu’on le décoiffe, qu’on joue avec sa crinière noire de geai, et pourtant, il cédait tout à son cadet. Sa peau subit une vague de frissons énorme sous les ordres d’Eiji et son cœur lui, devint fou, fou pour lui. Seulement, Keishi détestait passer après les autres, haïssait qu’on ne voit pas que sa personne, il aimait à ce qu’on le regarde et qu’on se brise pour lui. Allait-il pouvoir tenir cette promesse si Eiji ne faisait pas de lui sa priorité ? Il n’en était pas certain. Sa main se posa sur le poignet de son petit frère pour dégager sa tête de cette douce violence. «
Mes cheveux… » Il s’approcha de lui et posa sa main douce et délicate sur sa joue, son regard d’ainé dans le sien. «
Et toi ? Tu ne toucherais que moi ? » Ou devait-il se mettre à rire une nouvelle fois ? S’il ne lui répondait directement oui, c’était par fierté, mais en réalité, c’était plutôt du désespoir. La peur qu’Eiji ne soit jamais sérieux envers lui.
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