変態 (えいち)

Soit on est chanceux, soit on ne l’est pas. Eichi répondrait sûrement que le concernant cela dépendait des jours ou même parfois, des moments de la journée. Il y avait des moments où on lui souriait sans qu’il ne comprenne pourquoi, qu’on le remercie sans raison ou même qu’on lui ramenait des petits cadeaux. Puis, il y avait ses jours où certaines de ses patientes sortaient de son bureau en déclarant qu’elles porteraient plainte - ce qu’elles faisaient la plupart du temps d’ailleurs - qu’elles le traitaient d’abruti ou de pervers sous prétexte qu’il n’avait juste pas fait preuve de plus de tact. Ce n’était pas de sa faute, on lui a toujours appris dans son enfance à ne pas mentir et être honnête. Sûrement qu’à son propos, le garçon l’était un peu trop. Soit, ça n’avait pas d’importance.

Le fait était que sa journée, aujourd’hui, lui avait paru bien commencer. Il s’était levé de bonne humeur, déjeunant avec ses chats à côté de lui puis était parti se préparer avant de sortir en ville. Il ne travaillait pas ce matin-là cependant cela ne l’empêchait pas pour autant d’avoir d’autres choses à faire. Puis, avec le temps qu’il faisait à l’extérieur, Eichi s’était qu’il ne pouvait pas rester chez lui à flemmarder, que c’était justement le moment pour profiter et aller acheter tout ce dont il avait besoin. Sauf qu’au bout du compte, il aurait certainement mieux fait de rester enfermé dans son appartement, regarder la télévision en compagnie de ses animaux, lire un livre, en bref tout sauf prendre le métro.

Surtout que c’était tout le temps bondé à cette heure-ci, qu’il n’appréciait pas plus que ça la foule, que ça sentait la transpiration et que lui pouvait sentir le ventre du gros vieux derrière lui coller à son corps. Une grimace se forma discrètement sur ses lèvres tandis que désespérément, le conseiller chercha un moyen d’échappatoire à cette situation. Ce n’était pas comme s’il manquait de moyen en plus, il lui aurait mieux valu de prendre un taxi. Oui, ça c’était certain. La seule solution qu’Eichi avait trouvé était d’essayer de bouger de là. Se tourna quelque peu sur lui-même, une main s’agrippa à la barre avant qu’il ne la lâche pour pouvoir passer ailleurs. Hors, il n’avait pas pu faire un mètre, probablement même pas dix centimètres. Par chance - ou pas, cela dépendrait du point de vue - il avait trébuché, légèrement et voulu se rattraper à la première chose présente devant lui. Les fesses d’une jeune fille. Mais quelle bonne idée. Surpris de son propre geste, ses paupières avaient fixé ses doigts, papillonnant subtilement, alors qu’il ne les retira pas pour autant. Il s’était senti carrément penaud si bien qu’en cet instant précis, aucun de ses réflex ne sembla fonctionner.

Ce fut cette inconnue qui le ramena aussitôt à la réalité en se saisissant de son poignet tandis que leurs regards s’échangèrent. S’excuser aurait été la bonne chose à faire néanmoins au lieu de ça, Eichi avait jugé bon de lui afficher un grand sourire. Idiot. Il appréciait moyennement qu’on « l’agresse » comme ça alors qu’il n’y était pour rien. Pour une fois. Il n’avait même pas fait exprès.

- Eh, oh, je t’ai pas tripoté, calme-toi, Soupira le jeune homme, Si vraiment j’avais envie de ploter un cul, t’inquiète, c’est pas le tien que j’aurais choisi !

Et tu crois réellement qu’avec de telles paroles, ça va l’aider à avoir une meilleur estime de toi peut-être ? Non. Il en avait conscience puis de toute façon, rien qu’avec son prénom, il avait déjà une large étiquette donc qu’il s’enfonce un peu plus un peu moins, cela ne changeait pas grand chose.

- Je n’ai peut-être pas toujours des idées biens placés mais j’ai mieux à faire que tripoter une gamine.

De plus, malgré tout ce qu’on pouvait croire, il avait du respect et il n’était pas encore désespéré au point d’aller toucher la première fille qu’il croisait dans le métro. N’importe quoi.

Non, il ne manquait pas de tact et non, il ne pesait pas ses mots non plus. Seulement la réaction de cette jeune femme l’avait réellement énervé. A force d’être jugé constamment, on finit forcément par se braquer. Malheureusement c’était tombé sur elle et Eichi n’en avait que faire qu’elle soit vexée ou autre. Elle avait commencé en le provoquant de la sorte, il ne faisait que répondre à ses agissements voilà tout. C’était enfantin, il en avait conscience toutefois ce n’était pas une nouveauté, ce jeune homme était un grand enfant au fond de lui. Et dire que c’était censé avoir vingt huit ans, triste vie.

Il ne lui avait pas répondu, se contentant d’hausser les épaules alors que cette inconnue se moquait de lui. Ca non plus, le garçon risquait de ne pas apprécier très longtemps, quitte à devoir sortir du métro pour prendre le suivant. Il acceptait les plaisanteries hors là aussi, il y avait des limites à tout et ses pupilles s’étaient écarquillées aussitôt en voyant cette demoiselle pincer les fesses d’un autre homme. Est-ce qu’elle était complètement malade ? Folle serait peut-être plus appropriée. A croire qu’elle était autant perchée que lui bien qu’Eichi ne comprenait pas pourquoi elle avait réagi de la sorte. Si ça l’amusait de tripoter des « culs » et bien qu’elle le fasse, lui il passait. Chacun ses passions après tout. Néanmoins, un soupir traversa ses lèvres lorsque l’inconnu en question, apparemment plutôt énervé, le dévisagea lui. Ô non, ça n’allait pas recommencer. Si déjà il refusait de tripoter une jeune fille, il comptait encore moins toucher aux attributs d’un homme. En soit, ça c’était vite dit lorsqu’on connaissait un minimum la vie privée de ce garçon toutefois, cela ne signifiait pas pour autant qu’il irait ploter les fesses d’un autre. Il aurait pu le faire en vérité, juste pour rigoler et avoir un peu d’adrénaline cependant ce genre d’attitude n’avait pas d’intérêt à ses yeux. Enfin, il ne pouvait pas expliquer ça à cet individu, il le prendrait pour un fou puis ce n’était même pas certain qu’il comprenne ce qu’Eichi souhaitait lui raconter d’ailleurs.

- Quoi ? Lui demanda-t-il alors en haussant les épaules, Vous voulez ma photo peut-être ?

Si on s’attendait à ce qu’il se laisse faire, c’était mal le connaître. Rien ne le terrifiait et la lueur déterminé et froide dans ses prunelles en était la preuve même. Ignorant l’autre homme, il arbora un sourire sarcastique à la demoiselle face à lui avant d’ajouter tout simplement :

- On s’amuse comme on peut après tout, hm ? Réglez vos compte avec cet homme toute seule et fichez-moi la paix.

Bon sang, un « désolé » aurait tellement été plus simple que de monter sur ses grands cheveux comme Eichi le faisait. La fierté, c’était sacré, voilà tout.