SOUS UN MASQUE (PETRA)

Le duel est lancé !
Un dernier jeu de main avec Elly et tu te précipites à entrer dans le lycée. Par chance, aucun gardien ne surveille l'entrée, alors tu arrives à pénétrer les lieux sans soucis. Tu prends un couloir différent de celui d'Elly pour augmenter ta chance de trouver une proie. Tu dois trouver une fille rapidement et lui prendre son numéro de téléphone, horrible comme tu es. Juste avant de pénétrer l'enceinte de cette école, tu es allé avec ton ami chez un coiffeur. Tu t'es fait maquiller, coiffer de manière à devenir bien moche et repoussant. Tu as aussi enfilé un uniforme que tu t'es procuré assez facilement grâce à ton majordome. Il a tout simplement acheté l'uniforme juste pour tes petits caprices, tes petits jeux absurdes pour que tu puisses t'amuser quelques heures. Les tunes qui sont parties dans les vêtements ne sont pas importantes parce que t'en a trop à en faire craquer de compte en banque.

Les gamins sont sûrement en cours parce que les couloirs sont déserts. Tu prends un autre couloir et merde, tu tombes sur un surveillant. Le mec doit être trop lourd parce qu'il t'a aperçu à peine et il se jette aussitôt sur toi. « Excuse-moi jeune homme ! » Dit-il en parlant fort. « Viens me voir tout de suite. » Putain, il n'a pas intérêt à faire tout capoter ce vieux aigri. Tu ne veux pas paraître suspect, alors tu t'avances vers lui calmement. Tu te donnes un air abruti pour compléter le style. « Que fais-tu dans les couloirs ? Tu ne devrais pas être en cours ? » Dit-il en te fusillant des yeux.

Tu cherches une excuse, il faut que tu sois rapide pour ne pas paraître bizarre. «  Si, mais j'ai fait une pause pipi. » Tu ne le lâches pas des yeux, tu insistes sur le regard pour tenter de le mettre mal à l'aise. Cela fonctionne parce qu'après t'avoir inspecté de haut en bas, il te fait un signe de main qui manque d'énergie pour te dire de t'en aller. « Qu'est-ce que t'attends ? Retournes en classe. » Tu t'inclines légèrement avant de prendre un autre couloir assez vite pour t'éloigner de lui.

Ce nouveau couloir est vide. Tu soupires de soulagement. À cause de ce surveillant, tu aurais pu perdre ton défi. Heureusement, tu as su de t'emmerder.

Au loin, près d'un distributeur, tu sembles voir une fille. Sans plus attendre, tu t'approches d'elle. Tu sors de la monnaie qui traîne dans ta poche pour te prendre un chocolat chaud. Tu veux jouer entièrement ton rôle de lycéen parce que sinon tu aurais pris un café. Tu te mets juste derrière elle qui occupe déjà la machine et tu réfléchis à : comment l'aborder. La situation est plus délicate que d'habitude. Tu ne dois pas être rentre dedans. Tu dois être quelqu'un d'autre que Sato Eiji. Tant pis, tu te lances. Tu tapotes son épaule pour qu'elle se retourne. «  Nana ? T'es pas en cours ? » Dis-tu en prenant une voix avec un cheveu sur la langue. Tu fais semblant de la confondre avec une autre élève. Tu fais semblant toi-même d'en être un.

Tous les moyens sont bons pour remplir un peu plus son compte en banque, parce que maman elle lui paye juste ses études, le reste c’est Petra qui doit gérer. Etudiante et génie des langues, elle partage son savoir en donnant des cours de soutien à des lycéens. Maigre revenu pour le travail offert par la demoiselle, mais cela lui suffit présentement. Petra elle aime pas le contact social, mais elle prend sur elle. Petra elle aime pas enseigner, mais elle fait des effort. Ses vinyles ne s’achèterons pas seuls, ils ne viendront pas à elle. C’est de bouche à oreille qu’elle a entendu parler de ce petit job, c’est par piston qu’elle a eu cette place, mais aussi pour son haut niveau en la matière.

Petra elle soupire devant cette machine à boissons chaudes ; ce qu’elle pouvait être lente. Elle est en pause Petra, et la belle le mérite bien, après ces petites heures passées auprès de quelques élèves, dont un qui était une vraie calamité, ne comprenant rien aux choses les plus basique de l’anglais. Elle s’est épuisée à lui expliquée mainte et mainte fois les mêmes choses. Et c’est les vingt dernières minutes que son front est tombé, qu’il a eu ce déclic, qu’il a tout compris. Petra prend peu à peu confiance en ses capacités d’enseignante, elle qui n’avait jamais fait ça auparavant. Petra elle est bonne qu’à jouer les adolescentes rebelles, du haut de ses vingt-et-un ans, Petra elle est bonne qu’à foirer ses relations sociales. Petra elle se déteste, elle et son trouble, qui ne fait blesser les autres.

La machine bip, afin de prévenir la demoiselle que sa boisson est prête à être consommée, ce qui la fait sortir de ses pensées et légèrement sursautée. Cependant, pas autant que la main qui se tapote son épaule sans crier gare, ainsi que cette voix masculine qui résonne dans le couloir vide. Sa main se place sur sa poitrine comme pour apaiser les battements de son cœur, son visage se tourne lentement vers la cause de son sursaut. Un jeune homme qui a tout d’un lycéen, visage pourtant totalement inconnu au bataillon, jeune homme au visage quelque peu déroutant, la puberté qui semble le frappé. Petra elle l’examine, son regard se perd sur sa personne avant qu’elle ne se rende compte qu’elle ne lui a pas encore répondu. « Je… Je pense qu’il y a erreur sur la personne. » qu’elle bégaie légèrement. Ses pupilles continuent de l’observée, chevreuil apeuré. « Je ne suis pas Nana. Et je ne suis pas vraiment élève ici. » Mais ses sourcils se froncent, remarquant alors qu’il n’a rien à faire ici, en ce moment même. « Mais vous, vous n’avez pas cours ? »

Lorsque la fille sursaute, tu te demandes si c'est à cause de ta mocheté ou par ta présence soudaine derrière elle. Les deux probablement parce qu'elle te fixe un moment. Elle doit bloquer sur tes faux boutons rouges sur le visage. Le maquillage doit être bien réussi, il faut juste voir la tête qu'elle tire en faisant la rencontre avec ta fausse acné. Tant mieux.

Bien sûr, elle répond négativement à la question. Tu n'attendais rien d'autre de sa part vu que c'était une phrase à la con. Cependant, même si tes interrogations ne mènent nulle part, tu dois parvenir à ce résultat : obtenir son numéro. Pour l'instant, le fait de passer pour un lycéen semble bien fonctionner. À son visage, elle n'a pas l'air de soupçonner le fait que tu sois un "adulte". Elle te demande même pourquoi tu traînes dans les couloirs. D'ailleurs, cette question revient trop régulièrement. Vite, que les gamins soient en pause...

« Je ressors de l'infirmerie. J'ai fait un malaise en classe. » Dis-tu en relevant d'un doigt tes lunettes.
Les mensonges s'accumulent. Un coup, ce sont les toilettes et un coup, c'est l'infirmerie. T'es assez doué pour mentir. Que tu sois dans la peau d'un lycéen ou de l'enfant pourri gâté, friqué et malfamé, tu sais bien voiler la vérité. Tu passes une bonne partie de ton temps à jouer avec la vie. Tu es cette personne qui a besoin pour se sentir vivant de faire des conneries. C'est une des seules choses que tu as trouvée pour t'occuper et pour te motiver à te lever chaque matin. T'es pas du type A(+/-) ou du type O, mais du type D(épressif).

T'en profites que la machine soit libérée pour te servir un chocolat chaud. Sauf que la machine met une plombe à couler. Pendant ce temps-là, tu te retournes vers la fille pour ne pas qu'elle t'échappe des mains. « Mais au fait, t'as dit que tu n'étais pas une élève d'ici. T'es de quel lycée alors ? » Dis-tu en prenant soin de garder ton petit cheveu sur la langue. Pour l'instant, tu ne sais pas vraiment comment tourner la conversation dans le but de pécho son numéro. Cela risque d'être délicat, surtout que cette fille paraît assez distante (du moins pour le moment). « Ils t'ont quand même laissé entrer dans le lycée ? » Encore un peu, encore un petit peu. « Tu es là pour t'inscrire ? » T'es plus bavard que d'habitude. C'est difficile de faire mine d'être sociable.