⚜⚜⚜ « C'est ton anniversaire, laisse moi te faire la misère » ▬ Il repeint chaque centimètre de son domicile en chantonnant un air festif. Sa maladresse légendaire n'épargne rien, ni même objets, ni même simili d'êtres vivants que sont les plantes et l'étrange créature quadrupède. Le lait s'échoue sur le sol durant son trajet guilleret, quelques céréales se suicident en passant le bord du bol en pleine tempête. Les écouteurs vissés à ses oreilles décorées, Soren pousse la voix plus fort et ses hanches balancent au rythme d'une mélodie signée par quelques jeunes femmes de la vingtaine. Enfin il enfonce ses fesses dans le canapé et attrape négligemment la télécommande pour allumer la télévision sur une chaîne enfantine, bercé par la voix insupportable de Doraemon. Et il attend l'heure comme le saint graal, alternant ses regards passifs entre l'écran aux couleurs vives et sa montre au cadran trop grand pour son poignet fin. Il s'impatiente, dévoré par l'envie de rejoindre Isao à son travail pour lui offrir aussitôt ses cadeaux, et grogne, peste, ronchonne. Les deux paquets emballés trônent sur la table du salon ; salon qui n'est pas le sien. Logement qui se trouve être celui de son meilleur ami, lequel se souviendra de son passage par les nombreuses tâches qu'il laisse par inadvertance. Les minutes se succèdent et le dos du voyant fusionne avec le dossier du canapé jusqu'au moment fatidique où la porte crisse. Il précipite ses gestes pour poser le bol vide sur la table basse et se hisse sur ses pieds d'un bond, entourant de ses bras le cou d'Isao qui n'a pas encore passé la porte, les cuisses aussitôt vissées à ses hanches pour un câlin forcé. « BON ANNIVERSAIRE !! » Il hurle dans ses oreilles, un peu trop fort, sans modération, mais qu'importe, on ne retiendra que l'intention.
⚜⚜⚜ 19:30, il ferme boutique. Il n'a pas envie de continuer plus aujourd'hui, juste : se reposer. Prendre un an, ça fatigue. Grimpant dans sa voiture, l'orangé prit directement le chemin de sa demeure. Il y retrouverait alors sa tranquillité, sa quiétude, ses animaux et son canapé, sur lequel il s'endormira sûrement trop rapidement, un livre lui tombant sur la gueule. (...) Mais quelle fut sa surprise en ouvrant la porte de chez lui (au passage déjà déverrouillée) pour ensuite se retrouvé assaillit par son meilleur ami ; son animal lui tournant également autour. BON ANNIVERSAIRE !! Un hurlement au creux de son oreille. Il est là, les bras autour des hanches du plus âgé, bête. Surpris. Mais heureux, aussi. Soren... Il n y avait que lui pour lui faire ce genre de surprise. Un sourire orna ses pulpes charnues, alors qu'il le serra encore un peu plus fort, son visage perché dans son cou. Merci Soren... La surprise laisse sa place pour l'émotion ; ce gamin trop émotif. Tu es un ange... Il retient les larmes (parce que pleurer tout de suite serait une marque de sa faiblesse trop pesante), avançant un peu pour pouvoir fermer la porte après avoir appelé sa boule de poile qui s'éloignait déjà. Une fois cette dernière à l'intérieur, le libraire ne lâche pas le dit médium, poussant simplement le bois avec son pied. Ça me fait tellement plaisir que tu sois là!
⚜⚜⚜ « C'est ton anniversaire, laisse moi te faire la misère » ▬ La loi de la réciprocité est telle que deux frangins-qui-ne-le-sont-pas tels qu'Isao et Soren se doivent de partager tout. Grands moments d'une vie, de la journée, émotion, malbouffe... Ou alors n'est-ce valable que pour l'aîné qui n'a aucun scrupule à snaper à son cadet ses plus beaux exploits aux toilettes après un repas mexicain tendu ? En tous les cas et à ses yeux, cette loi pousse ses globes oculaires à picoter affreusement à la vue de l'humidité de celles du rouquin. Il ravale cependant son début de larmichette en clignant du cil et esquisse son affreux sourire rectangulaire, un peu dérangeant, un peu requin, un peu trop Soren. Il lâche enfin son comparse pour étirer ses bras dénués de muscles et tapoter son ventre ballonné par la briquette de lait qu'il a vidé sans une once de respect pour le réfrigérateur du libraire. « Moi aussi ça me fait trop plaisir que tu sois là ! » Il ravale sa salive brièvement et rectifie en bredouillant : « enfin que tu rentres chez toi. Parce que c'est chez toi, soyons d'accords. » Soren balaye la pièce d'un regard avant d'ancrer ses pupilles brillantes sur les deux paquets mal-emballés, rafistolés avec des bouts de papier vagabonds. « Je suis venu chez toi pour pas louper l'heure où tu rentres ! Je me suis dit que tu faisais sans doute un truc avec Hiroki ce soir, alors je vais pas m'éterniser ! Tu bouges pas, tu parles pas, tu me remercies pas, tu respires même pas, mais c'est pas pour te foutre la pression mais je t'ais trouvé deux cadeaux affreusement géniallissimement ouf comme moi ! Tu bouges pas hein ! » Il s'empresse de rompre la distance jusqu'aux fameux cadeaux qu'il manque de faire tomber dans la panique, et tend les piteux présents à Isao, fier comme un paon de ses trouvailles. Rien d'hors du commun en somme, et pourtant une bonne partie de son salaire mensuel. Le casque audio le plus haut de gamme qu'il ait trouvé et, surtout, un bracelet gravé portant le simple prénom de son ami. Et il attend, trop impatient, se retenant de peu de lui intimer, hurler, de déballer dans l'instant.
⚜⚜⚜ Le laissant descendre, l'accompagnant dans son mouvement afin qu'il ne se blesse pas par inadvertance. Moi aussi ça me fait trop plaisir que tu sois là ! Captain Obvious, le voilà suite à ses paroles suivantes. Un rire s'échappe, l'orangé ne sent plus sa fatigue, envolée par la douceur et la joie de son ami. - Ami, pour qui il ferait sûrement tout. Se penchant doucereusement, caressant son chien en guise de bonjour tardif, l'amour dans ses yeux, il se redresse en regardant le plus âgé. Je suis venu chez toi pour pas louper l'heure où tu rentres ! Je me suis dit que tu faisais sans doute un truc avec Hiroki ce soir, alors je vais pas m'éterniser ! Tu bouges pas, tu parles pas, tu me remercies pas, tu respires même pas, mais c'est pas pour te foutre la pression mais je t'ais trouvé deux cadeaux affreusement géniallissimement ouf comme moi ! Tu bouges pas hein ! Levant les main, pinçant ses lèvres en lui faisait comprendre qu'il ne bougeait pas ni quoi que se soit d'autre, comme demandé. Mais il n'aimait pas, les cadeau. Parce qu'il pleurait toujours, trop émotif et trop reconnaissant. Trop enfantin et sûrement toujours trop heureux. Surtout lorsqu'il se trouvait avec Soren. Attrapant avec délicatesse les présents tendus par sa demi-moitié, il se mit au dessus de la table (par précaution) afin de ne rien faire tomber. Oh... Le casque audio. Pour un musicien, c'est l'apogée, surtout vis à vis de la qualité choisit. Oh mais... Fallait pas... Un bracelet qui pourtant, malgré sa simplicité ornera les souvenirs du rouquin, autant que son poignet. Ses bras autours de la nuque de son frère, son visage niché dans son cou, il sourit bêtement, les larmes coulant seules. De bonheur, seulement. Parce qu'il était là. Merci So... Merci beaucoup... Un rictus trop proéminent, bête face à ses joues humides, il se décale légèrement en embrassant sa tempe afin de le remercier une seconde fois. Et non je n'ai rien de prévu ce soir. Reste avec moi.
⚜⚜⚜ « C'est ton anniversaire, laisse moi te faire la misère » ▬ Il n'est peut-être pas le plus franc ni le plus respectueux des amis, le plus doux ni le plus délicat des frères, mais ses sentiments et sa tendresse à l'égard du libraire sont toujours sincères. Face à ses larmes qu'il ne sait retenir et dont il se moque ouvertement par un demi-rire noyé par son propre océan qui étouffe sa gorge, Soren resserre ses bras autour de la taille du rouquin. C'est uniquement lorsque les anniversaires défilent qu'il réalise le temps qui passe, les onze années qui ont fait d'eux des siamois et la difficulté des premiers mois. Et dans ces moments-là, l'émotion le submerge toujours, quoiqu'il soit plus pudique que son ami et plus enclin à ravaler ses larmes derrière un sourire mesquin. « T'es ouf ? C'était obligé. T'as Hiroki maintenant, alors comment je suis sûr que tu ne m'oublies pas, si je suis pas à ton poignet tous les jours ? » Faussement indigné, il ébouriffe les cheveux de son cadet avant de frotter la pointe de son nez contre son cou qu'il a furtivement approché. « C'est pas grand chose, faut pas pousser. Mais je suis heureux que ça te fasse plaisir ! » Il se redresse et s'écarte du plus jeune pour essuyer une unique larme fuyarde sous son œil qu'il fixe ensuite comme si elle fut trop surprenante -et pourtant. Puis il rit, comme toujours, tant l'embarras d'avoir échappé son émotion ronge son être. Et enfin, s'indigne pour de bon cette fois-ci face à la réponse de son interlocuteur. « T'as rien de prévu ? Comment ça, t'as rien de prévu ? Il est complètement inconscient cet enfoiré, on laisse pas mon Sasa tout seul pour son anniversaire putain ! » Soren peste et croise les bras, lève les yeux au ciel, et termine sa course pour ancrer ses pupilles échauffées par la douce colère sur Isao. « Evidemment que je reste avec toi, parce que moi ce soir je suis free free free et même totalement sug-sugar free ! » Et il pousse la chansonnette une nouvelle fois en agitant son bassin, parce qu'une fois de plus, la maudite chanson sugar free qu'il écoutait tantôt a repris le dessus.
⚜⚜⚜ Le voir sourire le rassure, lui fait du bien : instant magique qui pourtant n'a pas toujours était présent. Parce que parfois, Isao se demande comment est-ce qu'ils en sont arrivés là. A s'aimer comme s'ils étaient véritablement de la même famille. A se comprendre, à s'épauler comme s'ils étaient liés par le sang. Mais il ne leur manquait que cela. Et parfois il se revoit enfant à ses côtés - bien que rejeté au début. Les premiers sourires. Les premiers partages et câlins, ont sûrement étaient les plus difficiles émotionnellement tant ils étaient purs. Mais aujourd'hui, ils n'étaient pas pour autant devenus banalité, au contraire... Leur quotidien, souvent ensemble ; le rouquin aime et apprécie chaque secondes passées avec le plus âgé. Même là, sur le canapé, Soren à moitié allongé sur lui ; Isao lui caressant sa chevelure. Habitude, parmi tant d'autre. Alors le voir pleurer, ne serait-ce qu'une légère larme, ne l'avait pas perturbé plus que cela, se sachant fautif. Evidemment que je reste avec toi, parce que moi ce soir je suis free free free et même totalement sug-sugar free ! Les yeux ronds, le libraire regarda alors son ami se dandiner en chantant... Cela le fit rire, naturellement. Oh mon dieu ! Il continue de rire, se tenant un peu le ventre ; voir Soren, le faisais respirer. T'es pas possible toi. Mais, ça te vas bien Reprenant un peu le déhanché pour illustrer ses paroles, il rangea le tout (en ayant bien entendu enfiler son cadeau), désespérant de la saleté de son appartement, à cause de son ami. Je vais t'apprendre à faire le ménage toi ! Tu veux manger dehors ou on mange à la maison ?
⚜⚜⚜ « C'est ton anniversaire, laisse moi te faire la misère » ▬ Il préfère ça, de loin, et si l'envie de danser lui avait pris naturellement sous la mélodie qui se jouait dans sa tête, voir son sourire dessiné lui passait un baume au cœur indéniable. Il se prend d'une vague pensée, amère pour Hiroki, en songeant qu'à sa place il aurait très certainement aimé passer ce jour avec la personne qu'il aime. Mais encore fallait-il qu'il sache aimer autre chose qu'un corps bien dessiné, lui dont les sentiments étaient enfermés à double tour dans un coffre d'acier par crainte de la déception. Coffre qu'il voile d'un drap de mesquinerie et d'inaccessibilité. « Je sais, je suis magique, on me le dit tous les jours ! » Soren gratifie son meilleur ami d'un clin d’œil faussement enjôleur avant de grimacer sec, et soudainement. Il était inconscient de toute la saleté qu'il a laissé derrière lui pour le simple fait qu'il n'y avait pas prêté attention, auquel cas contraire, il se serait sans doute appliqué dans ses déplacements. Pour autant, l'initiative de se servir d'un quelconque aspirateur ou d'une serpillière trop humide en dehors de son propre logement le fit blêmir. « je sais faire le ménage, je suis pas idiot ! Mais... j'économise mes forces, je dois déjà le faire chez moi, et c'est épuisant ! » Il tente de l'affaiblir et de le faire plier à sa cause d'une moue enfantine et d'un regard suppliant, brillant, presque larmoyant. Parce qu'Isao est trop gentil, et qu'il est lui-même trop fourbe pour ne pas en profiter. « Je propose qu'on se fasse livrer un truc devant un film, je paye évidemment, c'est ton anniversaire quoi ! Et après, on sort ? On va pécho en boîte dans des fringues qui vont faire mouiller toutes les pucelles, tu vas tellement briller qu'Hirokiri va regretter de pas être venu ce soir ! » Un rire nouveau lui échappe et, sous la maladresse des mots employés, il veut seulement éloigner la moitié de son ami un temps de ses pensées pour lui permettre de respirer, et profiter.
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