It's been a long time Ft Wanni

roppongi ? tu y avais posé les pieds une seule fois de ta vie : pour faire une livraison. ce quartier de riches n'était pas le genre d'endroit où tu avais l'habitude de traîner, encore moins le soir. on y trouvais souvent des soûlards bourrés à te bousculer et à te roter en plein la figure. l'odeur de l'alcool pouvait facilement être la chose que tu détestais le plus. pour toi, l'alcool, ça servait à perdre la raison pour éviter de faire face à ses souffrances intérieures. toi, quand tu souffrais, tu allais chercher la bataille, tu battais ou te faisais battre jusqu'à ce que tu perdes un litre ou deux de sang. l'alcool c'était pour les tapettes. littéralement. comme tu n'étais qu'un vieux fauché, tu avais essayé de te trouver un deuxième job en plus de celui de barista. cela faisait déjà un mois que tu travaillais en tant que chauffeur pour  particuliers. tu t'étais même permis de te payer les frais de location d'un nouvel appart après avoir passé presque deux mois à dormir dans la rue. maintenant, tu étais en route pour prendre un client qui avait l'air bien bourré. en général, c'était de ces personnes que tu gagnais le plus d'argent, tu pouvais mentir quant au prix de la course, et en général, ils sortaient un gros paquet de leurs poches et te le donnaient. quand un connard décidait de ne pas te payer, tu avançais un peu plus loin avec la voiture, le battais, le mettait au volant, vidais son porte feuille et t'en allais en faisant gaffe à ne pas laisser tes empreintes sur le volant. en gros, tu t'en sortais toujours bien. tu arrivais à proximité du lieu du rendez vous et sortais ton téléphone pour avertir ton client de ton arrivée. tu étais penché sur celui ci quand tu sentis un choc violent contre ton épaule. tu faisais tomber ton cellulaire et te baissais pour le rattraper; quelque chose t'en empêche, tu es pris entre les mains de celui qui t'avait bousculé. ton regard remonter de bas en haut. il était mou, sûrement ivre. au fur et à mesure que tu relevais ta tête, tu sentais une forte odeur d'alcool. tu grimaçais. mais cette grimace fut comblée une fois que tes yeux se posèrent sur son visage. tu exprimais en ce moment un dégoût absolu. cette personne, tu l'avais complètement oubliée. elle te regardait de ces yeux qui t'avaient causé tant de mal. tu t'étais juré de lui faire connaître la mort si un jour tu le revoyais, mais tu étais là à présent, debout, incapable, et tu essayais à tout prix de fuir son regard. ah d'accord. il ne se rappelait même plus de toi. en même temps à quoi t'attendais-tu d'un connard de son genre qui t'avait abandonné sans aucune raison, sans même penser qu'il pouvait te blesser. tu l'avais attendu deux ou trois jours, mais ta fierté a pris le dessus, et tu as cessé. toi même, tu l'avais oublié. du moins, tu t'en étais convaincu, parce que là, tu te rendais compte qu'il n'en était absolument pas le cas. tous les souvenirs de lui, de vous, te revenaient à l'esprit. il te lâcha enfin. il te demandait si vous vous connaissiez. pour seule réponse tu te baissais ramasser ton téléphone et la colère prit possession de toi. l'écran de ton cellulaire s'était fissuré. tu te retournais vers l'auteur du désastre, lui jetais un de ces regards de la mort qui tue, et t'en allais, comme si tu ne connaissais pas l'individu. tu avais complètement oublié que tu avais un client qui t'attendait. tu marchais depuis déjà quelques secondes puis t'arrêtais soudainement. ton esprit allait à ton encontre. ton coeur se sentait coupable en le laissant derrière. après un long combat contre toi même, tu te retournais non pas sans regrets et rejoignais Ryosuke. dégoûté de toi même, tu passais son bras autour de ton cou et l'aidais à avancer. son poids était loin de te gêner, ce qui te torturais, c'était cette sensation de son corps contre le sien, cette sensation qui... tu essayais tant bien que mal d'effacer ces pensées de ton esprit.
"Tu habites où ?" demandais-tu le plus froidement possible