Droite ou gauche ? ft. Nomura Aoki

[Droite ou gauche ?
Eisaku & Aoki]

Une robe bleu ciel bien trop courte pour être décente, dévoilant de fines épaules. Une blondeur inhabituel, coupé en un carré court. Elle enfile ses plateformes blanches, après une dernière vérification de son maquillage. Teint ok, fumé des yeux ok, lèvres brunes ok. Elle attrape un sac à main et une veste lambda avant de descendre les trois étages qui la sépare de la rue. Ce soir elle ne voulait pas rester seule à ruminer. Même si elle essayait de se persuader que tout aller bien, que tout était un accident les images la hantaient dès qu’elle fermait les yeux.

S’enfonçant sous l’asphalte Eisaku quitte les lieux familiers pour s’aventurer dans la vie nocturne de la capitale. Le métro est fréquenté, mais cela reste supportable E.le pourrait se croire à Hirosaki. Tokyo l’effraie par sa grandeur, sa diversité. Elle a l’impression qu’ici elle se fera avaler par la masse, qu’elle n’existera plus. La musique dans les oreilles elle se laisse bercer assise contre la fenêtre, puis elle descend. Elle ne s’arrête pas, elle fait semblant de connaître. En réalité elle suit le mouvement de foule. Dehors les rues brillent de milles feux. Les enseignes se battent, cherchent à faire la une et le monde s’agite. Il y a du bruit, c’est vivant. Le flot humain l’emporte dans l’artère principale. Elle ne sait pas où regarder, où poser ses yeux. Là, il y a une lumière qui l’attire comme un papillon de nuit. Bleuté, si brillante. Elle a retenu son attention sans raison particulière.

Eisaku s’est frayée un chemin jusqu’à cette lumière pour s’enterrer à nouveau dans les profondeurs japonaise. C’est un night club. Elle abandonne son sac et sa veste au vestiaire, planquant quelques billets dans son soutien-gorge, tout comme le rouge à lèvre. Il ne lui aura pas fallut longtemps avant de se laisser emporter sur la piste, devenant la marionnette des ondes musicales. Le temps passe, elle s’arrête pour boire une bière, danse, une autre bière, danse, un cocktail à base de vodka, danse. La nuit est rythmée, elle l’enivre au point de lui faire oublier ses soucis, ses joues sont rougies par les efforts et l’alcool. Soudain une envie la prend. Elle se dirige alors vers les toilettes et sans regarder pousse la première porte. Le pictogramme est un homme. Trop saoul pour le voir, elle se contente d’aller à son objectif : une cabine pour faire ses besoins.

Propre elle se lave les mains et décide de retoucher ses lèvres. Sans aucune pudeur elle plonge sa main dans son décolleté sortant son précieux outil : le rouge à lèvre. Soudain elle voit une silhouette derrière elle. Elle sourit, ferme les yeux, les ouvrent : c’est toujours un homme. Que fait donc un homme dans les toilettes des filles ? Elle s’apprête à parler quand un hoquet la prend. Eisaku cache sa bouche coupable d’une de ses mains, tout en inclinant légèrement sa tête pour s’excuser de ce bruit et de l’odeur alcooliser qui doit probablement l’accompagner.

« Toilette… Fille. » articule-t-elle entre deux sursauts provoqués par son hoquet, sa main toujours devant sa bouche pour éviter de paraître trop impolie.

[Droite ou gauche ?
Eisaku & Aoki]

Rien de mieux qu'une soirée avec des amis pour se détendre après une dure journée de bureau à gueuler sur les employés, oui la voix de Aoki avait bien chauffer aujourd'hui et elle allait très certainement encore chauffer ce soir. Assit dans cet espace, un peu reculé de la piste pour éviter d'être embêté par les occupants qui se déhanchaient au rythme de la musique, avec ses amis, le directeur espérait sincèrement s'amuser. Surtout que dans deux jours le directeur devait partir en voyage d'affaire rencontrer un client américain intéressé par leur marque. Si ce client était vraiment conquis, dès son retour Aoki pouvait dire adieu encore à la semaine suivante pour sortir respirer. Ce qui n'était pas grave au fond, car le boulot passait avant tout. Bon peut-être pas avant ses amis et sa famille, mais s'il voulait se montrer digne d'être l'héritier de l'entreprise, il devait montrer ce dont il était capable auprès de son père, mais également auprès des employés. Même si, une fois qu'il serait le président, il comptait bien faire du ménage de tous ses lèche-bottes qui lui sortaient par les yeux. 

Aoki se leva, prenant son verre pour finir d'une traite le reste de son wisky, il se faufila, tapotant sur l'épaule de l'un de ses amis qui lui demandait où il allait.  « Quelques parts où tu ne pourrais pas aller à ma place. » Ah ça c'est sûr ce qu'il allait faire, mise à part lui, personne ne pouvait le faire à sa place. Sourire sur les lèvres, il s'en alla en direction des toilettes, essayant de se frayer un chemin entre les gens. Arriver devant la porte, il la poussa du pied pour rentrer dans l'une des cabines pour y faire ce qu'il avait à faire : vider les litres d'alcool qu'il venait de boire. Il entendit des bruits, des marmots et même un mec râler, mais il n'y prit pas grande attention. 

Finissant ce qu'il faisait, il ressortit fermant sa braguette et doucement se dirigea vers l'évier, mais il s'arrêta lorsqu'une voix féminine retentit. Rapidement, il leva les yeux sur cette silhouette féminine dans une robe bleue très courte, peut-être trop. Encore la main sur la fermeture de sa braguette, ce ne fût qu'une question de secondes avant qu'il percute qu'il y avait réellement une demoiselle dans les toilettes pour homme. Il recula surpris alors qu'il n'était plus que le seul homme dans les yeux. « YAH ! Qu'est-ce que tu fous là ! » Il la regarde de bas en haut. « Une perverse ? » Se dit-il à lui-même sans s'occuper si la demoiselle l'avait entendu ou non. « Vous savez que vous n'avez rien à faire chez les hommes. » Non, le japonais n'avait pas entendu la demoiselle dire à ce type que c'était les toilettes des filles pour comprendre qu'elle s'était trompée.