Les vêtements apprêtés, sans une seule poussière venant les tâchés, les cheveux coiffés à la perfection dans une sombre couleur noire qui lui était peu commune, un costard d’une magnificence et délicatesse extrême ornait son corps sculpté à la manière dont on maniait de la porcelaine, les épaules droites, le regard fixe et dénué de chaleur, Keishi était parfaitement parfait, comme à son habitude lorsqu’il sortait.
Un sourire factice lancé par-ci, un compliment par là, le voilà qui se jouait des autres pour entrer dans la norme - après tout, il devait bien se conduire ce soir, pour un gala de charité dans un grand hôtel (qui n'est pas à son père, pour une fois), pour gagner un peu plus d’argent, pour mieux se faire voir, surtout en compagnie de sa belle gazelle, sa promise, cette jolie jeune femme qui aurait pu être une petite sœur. Il la zieuta longuement, sans méchanceté, simplement d’un œil perfectionniste et devant tout le monde, délicatement, tendrement, il réarrangea une belle mèche chocolat de la belle, pour la ranger derrière son oreille. « Toute en beauté ce soir. » Enfin, un vrai sourire, très discret certes, mais Katsumi savait sans doute les percevoir. Il lui tendit sa main pour qu’elle la saisisse et la guida vers un serveur pour s’emparer de coupes de champagnes, dont l’une qu’il lui donna. Enfin seuls, mais toujours entourés, ils pouvaient parler plus aisément, mais toujours discrètement. « J’espère que tu subis pas trop. » Lui ? Il avait tellement l’habitude, c’en était devenu une routine au point que ça ne faisait plus que parti du boulot, et vu que Keishi aimait son travail qui lui rapportait gros, ça ne l’embêtait pas. Mais il se souciait de l’état de la brune, notamment de celui de ses pieds posés sur de longues échasses. Et c’était rare, qu’il se soucie de quelqu’un.
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Mar 12 Avr - 18:37
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■■■ "Frustrated? Yes. Why? Because it is impossible for me to be God."
TENUE + Les paupières lourdes de ses longs cils charbonneux, s’affaissant comme elle l’avait tant de fois observée chez ces étoiles hollywoodiennes, son regard marmoréen se promenait sur les différentes soieries frôlant la salle bondée. Emplie d’une masse festive aux sourires tatoués, aux langues torturées par des compliments faussement placés. Les robes s’entremêlaient, voltigeant dans leur légèreté fantasque, contre les jambes de ces messieurs. Tout était parfait…voilà un mot qui s’était imprégné de sa chair, comme un venin l’étouffant…l’asphyxiant…la tuant à petit feu. Une perfection qu’elle recherchait dans tous les détails de sa misérable vie. Cette existence planifiée, subordonnant les Moires, se jouant d’elles, ces pauvres divinités. Aucun tirage de dés n’était permis, tout était calculé, manipulé. Tout. Jusqu’à même les battements de son cœur chétif, ce moineau emprisonné s’aliénant en un funeste corbeau délivré par les langueurs de la sainte Faucheuse. Ce morceau de chair qu’on tentait de doper d’anesthésiants afin qu’elle ne ressente plus rien. Que son humanité s’efface sous des traits enjolivés par les artifices dont sa peau s’enivrait. Du rouge à lèvres pour couvrir ces lippes jamais aimées, du fond de teint pour voiler la pâleur de ce cadavre mouvant, du mascara pour encadrer ces yeux un peu trop rêveurs par instants. Une poupée que l’on modelait à volonté, faisant d’elle ce que l’on désirait…l’objet central des songes masculins comme féminins. Lorsqu’elle riait ou dansait c’est avec la pensée chérie de la mort entourant sa gorge avec lascivité…cette amante se glissant en son âme hantée. Elle l’était, elle. Possédée par les envies des autres, sacrifiée sur la croix d’une société, l’impie tâchant ses cuisses déchirées par la violence d’une bête enragée. Elle voulait être lavée de ces traitrises humaines, se noyer dans une rivière, être bénie de nouveau, son chapelet lui glissant des mains. Mais elle était maudite. L’indésirable créature aux parures moirant les constellations qu’elle n’arrivait jamais à refléter. On l’avait mordu et à présent, seule la lune berçait sa terrible apparence. Celle d’un monstre affamé, d’une sirène aux chants damnés secouant les océans des âmes en peine. Troublant les marins, les délaissant dans la tempête de l’inquisition qu’elle opérait. Les têtes tombant sous l’écho de ses talons, comme un bleu angélus empoisonné par le crépuscule. Elle se tenait prudente lorsqu’elle expiait ses démons, ayant peut-être peur d’arracher la meilleure partie d’elle-même…elle les préférait en laisse. Comme un Cerbère, surveillant l’accès à son âme, à cette once de pureté que personne n’avait encore craquelé. Cette innocence se retrouvant dans ses paroles de jeune fille en fleur, cette poésie d’une lolita encore vivante sous ses lunettes de soleil en forme de cœur, puisque le sien ne se trouvait plus dans sa poitrine mais au bord de ses lèvres ensanglantées. Sa candeur pudique saupoudrant ses joues de roses quand elle se plongeait dans les gouffres de ces phrases littéraires parsemant ses livres. Dans l’encre s’écoulant de son stylo à plume, à la rédaction de son journal intime…cette timidité d’adolescente…de cette enfance qu’on lui arracha dans les ruelles de la citée morose. « Toute en beauté ce soir. » ses yeux papillonnèrent, l’éveillant de sa rêverie habituelle. Elle avait cette particularité de quitter son corps, s’envoler, chevauchant comme une sorcière ses pensées vivaces, ses jugements impartiaux. Depuis le début de la soirée, les conversations confuses sur les affaires, suspendues de chiffres et nombres sans profondeurs réelles, de commentaires auxquels elle répondait par de simples remerciements ou hochements de tête, avaient bourdonnés à ses oreilles. Son gosier maintenant son silence religieux, ne s’ouvrant que pour feindre un sourire ou un compliment. Relevant sa tête pour croiser le regard de son…futur époux ? Cela restait encore trouble dans son esprit. Elle ne savait jamais comment se conduire auprès de lui, comment le nommer…s’affecter de signes sentimentaux ou rester naturelle…du moins, le peu de nature restant en elle. Tout était une énigme. Un perpétuel questionnement évanouissant le peu de maitrise qu’elle souhaitait avoir sur sa vie. Il était lui-même, parfois, son propre miroir…des gestes dont elle ne connaissait que trop bien la signification, des tons et nuances colorant sa figure familière. Elle avait grandi, pratiquement, auprès de lui. Il était le témoin de ses changements, de sa métamorphose d’enfant acidulée aux lèvres sucrées à cette femme-opium, ivresse de tant d’hommes. Pianotant ses doigts sur son torse, elle arrangea sa veste noire à la matière si précieuse, perfectionnant encore, s’il en était possible, l’allure de celui auquel elle se devait d’appartenir. Katy l’avait trouvé dans le noir, les ténèbres de pensées pugnaces…corrompues par les péchés dont il s’abreuvait allègrement, un sourire carnassier ornant son visage de conquérant. Il était le roi aux mille et une cartes dans ses manches, son trône qu’il bâtissait sur les cadavres de ses adversaires. Rien ne l’arrêtait cet Alexandre moderne aux yeux bridés. Il ne connaissait que la fureur de son désir, que la froideur de son corps façonné par les stéréotypes médiatiques. Hadès…ses doigts ruisselant d’or sur sa frêle personne, sur cette Perséphone, jetée à ses pieds sans que jamais n’ait elle put voir la lumière fragile d’une aube enchanteresse. Elle fut déjà tentatrice perturbée, s’enroulant, serpent luciférien, autour du bras de son promis…chuchotant à ses oreilles attentives les pièces de l’échiquier qu’il fallait bouger. Celles qu’il fallait achever. Ses doigts formant sa couronne, par son alliance, elle le faisait empereur alors qu’il la chérissait de la liqueur des infernales grenades. Ils étaient le couple parfait. Celui qui pouvait détruire Babylone d’un claquement de doigts, un rictus narquois dessinant leur bouche assoiffée de pouvoir. Des monstres à la gueule divine, dont l’eau bénite ne pouvait plus aider, eux…si perdus déjà dans leur démence. Il s’élevait au milieu de cette foule délirante, comme un phare, l’illuminant d’une froide lumière, l’éblouissant, son idéal fait chair. Le gendre que toutes mères souhaitaient avoir, jalousant peut-être quelque-part, leur filles, si jeunes et tellement plus belles qu’elles. La beauté était terreur, enfant malicieux et sordide de la dépravation charnelle…de cette grande Faucheuse. Saisissant la main qu’il lui tendait, celle qui faisait fleurir, comme Déméter au printemps, la mort sur tous les chemins, elle le suivit sans contestation. Et tel un chat…elle se devait de mourir neuf fois. De sa démarche féline, elle déambulait sur la route tracée par son promis, avant qu’il ne s’arrête et ne lui tende une coupe de champagne qu’elle prit mécaniquement. «J’espère que tu subis pas trop. » Elle trempa ses sombres lèvres dans le liquide dorée, laissant les bulles lui exploser contre la peau. Katy n’était pas faible ; elle se le refusait. Une reine fermant les yeux sur la souffrance du peuple, arrachant son battant trop sensible pour mener l’existence qui lui était promise. Lourde dans les bras de ces mâles alléchés par la dangerosité qu’elle manifestait dans son attitude détachée. De diamant était-elle faite…aussi résistante que le minerais, aussi précieuse…aussi éclatante. Elle ne prit pas le temps de lui répondre, Katy choisissait avec attention, toujours, les phrases qu’elle manipulait, de même que celles des autres. Et lorsque son bouclier risquait de se fissurait, elle s’éloignait du champ de bataille attendant patiemment, cette charognard, que les cadavres décorent les sols battues. « Nous formons un couple magnifique selon les dires des invités. » Son regard parcourut la foule avec une moue dédaigneuse. Ils étaient tous terriblement mortels, attachés à tout ce qui pouvait être létale. Ils l’étaient. Ces animaux fantasques, des mythes infectant de leur aura pervertie les pauvres agneaux aux yeux crevés. « Maman le pense aussi. » conclut-elle, comme s’il n’y avait rien à rajouter, juste accepter la vérité. La maternelle s’attachait aux apparences, c’était elle qui avait retenue Katy dans sa chambre afin de lui choisir une robe adéquate. Catholique, certes, mais assez sensuelle pour éveiller un soupçon d’attirance. L’union ne devait être brisée, et les hommes se savaient capricieux…voilà des leçons de vie, que la jeune femme connaissait à présent par cœur. « Je te remercie pour tes chaleureuses attentions, père en aura ouïe, je te l’assure. » Le paternel, chef de la famille, juge des actions de Katy. Un homme dont la richesse le noyait, ce Midas fou d’argent, dans l’inhumanité, attachant le cou de sa fille à sa poigne de fer. Faisant trembler le sol sous sa colère, attirant la crainte rien qu’au murmure du nom Hasa. C’était l’alliance rêvée pour Keishi, surement. Une famille correcte, extrêmement riche, sans passé tumultueux, suivant une éducation religieuse, des dimanches matins passés à l’église. L’après-midi était confection de tartes faites maison pour collecter des fonds à l’association du Christ. Tout le monde portait les Hasa dans son cœur, magnifiant à chaque fois l’image qu’ils renvoyaient déjà. Parfaite. Aucun nuage à l’horizon, un ciel parfaitement pur et bleuté…illuminé par l’astre divin, le désir de pouvoir. Le champagne ruisselant contre sa gorge, Katy observait son futur conjoint avec toute la tendresse qu’elle pouvait afin de tromper les quelques journalistes présents. Demain des photographies d’eux se présenteront dans des magazines féminins ou les banals journaux, dessinant en lettres capitales à quel point l’histoire d’amour de l’illustre Sato et de la sublime jeune Hasa était idyllique. Elle pouvait déjà le pressentir, comme si elle possédait le papier là devant elle « les mondains tourtereaux roucoulent en toute intimité »…peut-être des rumeurs éclabousseront les langues de certains, prétendant connaitre la date de leur mariage…lorsqu’eux-mêmes ne savaient rien. « Je devrais plus sourire, je suis navrée. Je n’aimerais pas que l’on pense que ta future épouse puisse être une dépressive en devenir. » Elle ne put s’empêcher de rire quelque-peu, discrètement, sa main couvrant son sourire. Une plaisanterie quelque peu funeste, un humour à la pointe cadavérique qu’elle appréciait secrètement. Oh oui bien sûr, elle rit tant sa joie et son amour pour cet homme, qu’elle considérait plus comme son grand-frère, lui montait à la gorge. Tant elle était heureuse…oui…vraiment…parfaitement heureuse.
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Mar 12 Avr - 21:04
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perfection is our shield sato hasa katsumi & sato keishi.
tenue + Il l’avait remarquée, cette douce Aphrodite qui s’envolait vers un monde divin, le corps piégé sur Terre, quand ces orbes reprirent une vive couleur à son compliment. Il ne l’avait pas charmée, le ténébreux en était conscient, il l’avait simplement rappelée à la réalité, malheureusement pour elle, pour lui, pour tous ceux qui subissent le poids du réel. Le silence de la brune était précieux. Il rappelait à Keishi à quel point le langage était parfois futile, que le compliment était une parade, que la calomnie était une arme, qu’une langue était bien plus dangereuse qu’un fusil mais aussi bien plus envoûtante qu’un filtre magique. L’être humain était dotée d’une capacité meurtrière dès sa naissance, on ne devrait plus s’étonner face à ses ignominies. Celui qui manie le langage à la perfection est celui qui gouverne le monde. Il est le plus cruel face à l’inculte, soumis, hébété, mais pur.
L’Apollon déformé se laissa magnifier par la main divine. Une déesse se tenait devant elle, partageait son destin avec lui, se donnait à lui d’une manière que personne d’autre ne pouvait comprendre, parce qu’ils étaient autre, bas, parce qu’ils ne flottaient pas, eux. Cléopâtre à la finalité funeste, il se ferait son Antoine contre Auguste. Mais lui, il gagnerait parce que finalement, bien plus qu’un Antoine, il était le Cosmos, le Bigbang, l’univers, toutes ces choses abstraites qui régissent le monde et elle, était la mère créatrice, mère de tous et de toutes choses. Les riches bulles déferlèrent dans son gosier assoiffé, avide d’un pouvoir grandiose. Que savait-il ? Keishi allait pouvoir, réellement, assouvir sa soif une fois qu’il possèderait l’Empire de son père ? N’était-ce pas trop petit ? Son regard noisette se perdit sur la foule qui se condensait dans cet espace. Une foule d’étranger à qui il souriait chaleureusement alors que pourtant, son intérieur était glacé. « Je n’en doute pas. » Un sourcil se haussa, son attention à nouveau portée sur les lèvres de la belle qui, disait-elle, le complimenterait auprès de son père. « Bien. » Après tout, c’était ce qu’il souhaitait, avoir la famille de Katsumi dans sa poche, l’emprisonner en fermant cette poche et ne plus jamais la laisser sortir, parce qu’il avait, pour le moment, besoin du pouvoir Hasa, jusqu’à qu’il devienne sien. Alors c’était bien, qu’elle fasse. Qu’elle l’aide dans son plan à asservir cette famille aimée de tous à se faire manger par une famille de loups affamés. Les brebis Hasa étaient un met qui donnait l’eau à la bouche à la famille Sato, Katsumi, intelligente était-elle, devait bien s’en rendre compte. Keishi lui était reconnaissant, de se laisser manger crue. Un sourire serein anima le visage d’habitude figé du futur CEO, la beauté de cette nymphe l’attendrissait quelques fois, et à ce moment, c’était aussi le cas. « Economises tes sourires, le mystère d’une bouche close fait beaucoup parler. » Le brun s’approcha d’elle pour lui susurrer ce qui pourrait faire croire à une douceur à l’oreille sourde du monde extérieur mais qui n’était que moquerie de la bassesse du peuple inconscient : « Et quand ils nous penseront maudits, nous n’aurons plus qu’à rire d’eux en leur affichant notre plein bonheur…» Il se recula. « En un magnifique sourire. »
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Jeu 14 Avr - 0:39
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■■■ "Frustrated? Yes. Why? Because it is impossible for me to be God."
TENUE + Ses doigts caressèrent le verre ruisselant de fraicheur, apaisant la pulpe de sa chair enflammée. Cette diablesse aux cheveux noués d’un voile de virginité. Bleuté par la couleur puritaine du ciel de son empire déchu…des artifices pour tenter de rattraper l’erreur coulant entre ses cuisses tourmentées. Celles qu’elle souhaitait, tout comme lui l’avait fait auparavant, déchirer par ses ongles…retrouver cette jeunesse par la force de la mort. Se couronner de Salut afin de pouvoir enfin respirer. Tombant à genoux devant la grâce du bel agneau, esclave de la pureté envolée. Cette Terre n’avait pas rassasié le Kraken sommeillant en elle…troublant les eaux calmes du Léthé par des souvenirs enchainés aux monstres de ses pensées. Un purgatoire où elle pourrait jouir enfin de la justice. Qu’ils crèvent tous. Elle seule survivrait, de par ses prières elle se bénissait. De par ses chants célestes, elle se pardonnait. Ou se piégeait…elle ne savait plus très bien. Son âme prit dans un tourbillon d’idées…de tourments. « Economises tes sourires, le mystère d’une bouche close fait beaucoup parler. » Son rire délicat s’enfuit aux vibrations graves de son fiancé. Telle une proie ayant entendu le craquement boisé du chasseur, il battit des ailes pour ne plus revenir. Le visage de Katy se tordit…se manipula afin de retrouver la froideur de son apparence originelle. Les lèvres à peines entrouvertes suggérant l’attente d’un baiser, le regard langoureux et détaché électrifiant toute personne croisant les ondes magnétiques qu’elle renvoyait. Un aimant…un être nucléaire et toxique que l’on avait façonné pour servir Lucifer. Le reptile aux ailes brûlées se rapprocha d’elle, avec la douce élégance d’un souffle amoureux pour se pencher à son oreille et lui susurrait des mots qui lui chatouillèrent la nuque. « Et quand ils nous penseront maudits, nous n’aurons plus qu’à rire d’eux en leur affichant notre plein bonheur…» Maudits…elle se le refuser…Qu’était-ce donc le malheur si ce n’est un tissu de songes non rassasiés, hurlant dans les entrailles de ces abominations humaines. Trop mortelles…trop faibles. Des pourritures gangrenant sa chair divine. Elle se trompait elle-même, effaçant avec vigueur ses fautes de sa mémoire condamnée. Ces sensations de se faire voler une partie d’elle-même, de quitter peu à peu son corps…de ne contrôler qu’une seule chose : le néant. Le vide intérieur croissant en elle. Elle ne souhaitait plus être cela, plus leur ressembler. Elle voulait s’élever au statut de déesse, d’ange et vivre éternellement loin de la souillure de ce bas-monde. Elle crachait son poison à la gueule des gens, avec la méprise qu’elle pourrait être éclaboussée d’eau bénite. Qu’on puisse exorciser le mal la rongeant, ces êtres hantant son crâne. Ces veines s’assombrissant sous la fureur de sa colère, la médisance de sa tristesse. Même cette grande dame, vertu de toutes les créations baudelairiennes, ce maudit spleen se moquait d’elle. Elle suivait la nuit, les yeux aveuglés par des désirs trop immenses. On riait autour d’elle, les murmures salissant sa peau, serpentant sous cette dernière, acidifiant son sang. Une raclure…voilà ce qu’elle était. Une lionne sans canine, rugissant à la noirceur de sa nature…contre sa nature. Elle se refusait humaine, et demeurait statue marmoréenne. Une non-vivante coincée dans un tableau mouvant…Un visage veinée de peine et d’hypocrisie, des masques qu’elle enchainait à ses traits. Elle ne connaissait que trop bien leurs envies, ce qu’ils attendaient tous d’elle, et elle le faisait. Elle était ceci, la perfection incarnée. L’ultime perfection. Cette létale qualité. Elle se dessina indestructible lorsqu’il s’éloigna d’elle, son aura laissant encore leur parfum se confondre. S’entremêler dans une luxure qu’ils se refusaient de goûter. « En un magnifique sourire. » Les rictus…elles ne les connaissaient que teintés de fausseté, de poussière d’or moirant en ces naïves personnes. Elle sombrait…loin, trop loin pour être secourue…elle finirait dans un lit, la mousseline de sa robe sillonnant la beauté d’un corps torturé par les diètes, les vomissements infligés, les coups, le regard noyé dans le chaos de son existence. Si on pouvait encore parler d’existence. Elle survivait. Parmi ces chiens enragés tentant de la déchiqueter de leurs crocs affamés. Ensanglantés par leurs luttes sadiques, s’arrachant les membres entre eux…Ils n’auront aucune pitié pour toi, ma fille…voilà des berceuses qu’elle ne connaissait que trop bien. Maman avait été déçue d’avoir une fille, cela se lisait dans ses yeux alcoolisés peints de sobriété. Elle savait le sort que l’on réservait à ce genre inférieur, ces reines de glaces que l’on fondait afin de s’en abreuver plus facilement. Maman avait toujours su cela au fond. A ses seize ans, elle l’avait compris lorsqu’elle se fit harceler sexuellement par des garçons « Jeunes hommes, vos regards pervers déconcentrent les jeunes filles », voilà une phrase jamais entendue, non, on blâmait les Eve puisque cela était plus facile. Tout était plus facile quand elles étaient les responsables. A vingt ans, elle n’eut de foi que pour cela, jouant la poupée, s’accrochant au bras d’un promis qu’elle n’avait jamais appris à aimer, seulement à satisfaire en faisant taire ses émotions. Et à la naissance de son enfant, elle en fit sa croix. Son lourd fardeau qu’elle se devait de porter à présent, ayant aliéné sa silhouette avant si fluette, ayant illustré ses cuisses de vagues bleutées. L’écume de ses larmes demeurait encore au coin de ses lèvres souriantes, parfois, durant un mince instant, pouvait-on lire la déception et la fatigue de cet Atlas féminin. Une mère que Katy oubliait par égoïsme, ou par crainte de ne voir que son reflet. Qu’un miroir prédisant la chute amère d’un archange empoisonné. L’agneau n’aurait aucune pitié lui non plus, et tous…tous la maudiraient. « Tu as toujours les mots justes…lorsqu’ils me croiront maudite, je n’aurais qu’à leur affliger mon plus beau sourire. » Un mécanisme dans sa voix, dans les rouages de son corps engraissé par des heures d’une éducation stricte et agonisante. Pourtant la voilà, la joueuse. Formant un rictus sur ses lippes embaumées d’une couleur rouge…comme le sang caressant ses mains assassines…ses phrases tranchantes. Elle souriait donc la maudite, puisqu’il se pensait surement déjà empereur de ses peines. Katy ne le détestait pas…non, cet homme qu’elle avait connu depuis son enfance, pour peu qu’elle en ait eut une. Katy avait simplement grandit, elle ne choyait plus autant les paroles de la maternelle. Elle se préférait Lilith, sombre et oubliée de tous, frigorifiant le cœur et l’esprit de ceux qui osaient se souvenir de son apparence. La tentation faite femme…Aphrodite avait tout à lui envier, cette jalouse déesse. « Tu devrais faire comme moi, nous sommes tous damnés. Tous autant que nous sommes, Dieu n’oublie pas les péchés lui, Keishi. » Elle espérait être le Lazare retrouvant les palpitations vivaces de son petit cœur. Une sainte ramenée à la vie, le feu des impies entourant les pans de ses drapées de soies pâles, ses doigts bénissant les démons de son esprit consumé. Fumé par l’homme d’affaire au cigare la violant du regard de l’autre côté de la pièce, par la femme, jalouse, oubliant pour un instant que les portes du paradis se fermaient aux envieux, l’observant du coin de l’œil, par ce journaliste cherchant à extirper une signification dans la mosaïque de ses gestes, par ce mâle fait roi…se tenant devant elle, figure désirable pour certains, dangereuse pour d’autres. Par cet être sur lequel elle souhaitait écouler toutes les horreurs menaçant la vertu primordiale d’une femme de son rang, lequel elle voulait noyer sous l’océan de sa haine…mais elle l’aimait. Voilà la fragilité de son sexe. De son humanité. Espérer et danser au bord du gouffre amer de l’enfer, rire au nez du diable pour se sentir plus vivant, plus libre de sa condition mortelle. Elle, Katy, s’y jetait. Perdant l’équilibre, ne pesant plus ses pas, la funambule des rêves glissait dans la torpeur d’autrui. « Tu peux parfaitement refuser d'y croire, en attendant, il te faudra me suivre lors des messes du Dimanche matin. » Katy connaissait les désirs musqués de son fiancé…elle possédait les mêmes envies. Celles de prendre le trône et d’abattre le vieux Hasa qui roucoula depuis de longues années sur une affaire très fructueuse. Cependant, elle connaissait aussi les penchants masculins, ces promesses qui se noyaient dans un flot de mensonges, de berceuses enthousiasmant le cœur des jeunes enfants…Elle n’en était plus une. Plantée là, sur ses talons aiguilles, prenant racine comme l’arbre du fruit défendu, Maman lui chuchoterait surement de guider ses branches vers le très cher et tendre. De lui offrir l’Eden qu’il attend tant…la jeune demoiselle le souhaitait aussi. Le voir s’élever…elle voulait être la déesse qui le ferait, le modelant selon ses pulsions capricieuses. Cependant, elle restait misérablement humaine, et le pouvoir pétillait dans sa bouche comme l’ivresse de ce champagne doré. « Papa n’en serait pas très content, vois-tu. » Une moue de gamine, la lèvre inférieure pendue, les yeux s’illuminant d’un plaisir enfantin. Elle s’amusait…beaucoup à vrai dire, rentrant dans ce poker pour mâles. Il n’y avait qu’une seule personne que Keishi pouvait craindre, et c’était le vieux Hasa. Les cheveux grisonnants, les rides s’installant, il allait surement crever d’une maladie pulmonaire à force de s’enfiler les cigarettes à la chaine. Alors tous les droits seraient permis…il y avait déjà d’autres hommes d’affaire qui gazouillaient auprès de l’alpha. Le Sato n’était qu’un pion de plus dans l’échiquier. Et la Katy, qu’un moyen, jamais une fin. « Tu ne pensais surement pas, je l’espère, du moins, qu’il n’entende que du bien sur ton aimable figure. » Son regard se pavana de nouveau sur la foule, comme lassé par la situation. « Je t’apprécie énormément, Keishi, néanmoins tu dois comprendre que je ne suis pas un jouet entre tes mains ; je t’en prie. » Elle étouffa un ricanement teinté d’une certaine mélancolie…elle savait ce qu’elle représentait pour lui. Pourtant, elle ne cessait de s’abandonner à quelques supplications innocentes. Katy ne serait jamais importante pour lui, mais elle se voulait au moins certaine de ne pas finir comme sa mère. L’alcool noyant le sang d’une femme épuisée par les jeux de la vie.
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Sam 16 Avr - 19:51
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perfection is our shield sato hasa katsumi & sato keishi.
tenue + Qu’avaient-ils donc de mieux que les autres ? Absolument tout. La jeunesse, le pouvoir, la richesse. Ils étaient divins, cloîtrés dans leur charnelle membrane mais élevés au rang de l’Olympe. Il était son Hadès, son persécuteur, son kidnappeur, son gardien et son promis. Hadès sans Perséphone n’est plus si monstrueux et Perséphone sans Hadès perd de sa superbe. L’un sans l’autre, ça n’était pas logique, moins esthétique. Les deux ensembles formaient un tout plein de pouvoir, un trou qui aspirait l’humain pour le magnifier. Sans eux, vie mortelle. Sans eux, mort ennuyeuse.
Il fallait qu’elle comprenne, cette déesse jalousée de ses comparses féminines, que le sourire était une arme, aiguë, acidulée, venimeuse. Qu’il était la meilleure des façons de piéger le monde. On disait souvent que derrière un sourire, se cachait une âme en peine. Et pourtant, peu de personne dans ce monde irait chercher derrière, elles se contenteraient de rester piégée dans leur hypocrisie, ne voulant s’infliger un souci, qui de base, n’est pas le leur. Alors quand elles aperçoivent un sourire, attaquées, elles rétorquent, par une courbature de leurs lippes vilaines et elles perdent le combat. Elle souriait la déchue, elle souriait face aux portes des enfers qui s’ouvraient peu à peu à elle, parce que s’embarquer dans la famille Sato, c’était choisir le mauvais chemin, la pente vers le souffre plutôt que le sentier éclairé qui mène au paradis. « Tu devrais faire comme moi, nous sommes tous damnés. Tous autant que nous sommes, Dieu n’oublie pas les péchés lui, Keishi. » Pourquoi ? Pourquoi devait-il suivre son exemple ? Se mettre à la merci d’une présence dont on ignorait l’existence ? S’avouer vaincu face à un dieu qu’il voulait être ? Ca n’était pas possible pour lui, ça n’était pas acceptable. C’était lui Zeus, dieu absolu, qui régnait sur d’autres entités extraordinaires, bien plus savoureuses qu’un archange immaculé. Non, il ne pouvait se résoudre à se soumettre, lui, le Roi de l’enfer de l’entre-deux. Et de quoi parlait-elle ? Dans quel contexte devait-il l’imiter. Il ne la comprenait pas, mais il ne cherchait pas non plus à la décrypter. « Je ne souhaite pas payer la faute d’un seul. Ce dieu, je ne lui accorde même pas une majuscule. » Il jouait franc jeu, pour une fois. Les institutions religieuses, hypocrisies à souhait, il haïssait ça. Mais s’il fallait suivre la demoiselle dans cette folie de la croyance, pour le bien de son avenir, il essaierait. Il essaierait… « Ce n’est pas du refus, mais de l’indifférence. » Son regard se perdit sur les multiples lustres qui ornaient le plafond, qui aveuglaient de leur lumière injuste, imposée à leur esprit malmené par leur condition d’humains. Penser religion, quand ça ne concernait pas sa personne céleste, ce n’était pas pour lui. Trop compliqué, pas assez concret, et sans aucun lien avec son objectif. « J’ai d’autres choses à faire. » Néanmoins, il irait aussi, quelques fois mais pas tout le temps. Il trouverait toujours, toujours une excuse, le travail, un séjour spécial… Mais il ne se plierait pas à la volonté d’une entité invisible.
La demoiselle lançait une menace perfide, sa bouche au venin acide jouait de mots acérés, tranchants. Mais qu’en avait-il à faire ? Le ténébreux était un bouclier humain pour lui-même, son corps fait de ronces, où ne poussaient jamais roses, ne laissait rien passer. « Un père ne peut se résoudre à entendre que du bien de son beau-fils. La rivalité deviendrait évidente. Fais donc à ta guise. » Il n’avait pas peur de la famille Hasa, ou alors, bien moins que celle Sato. S’il se fiait à ce que cette famille, celle de sa promise reflétait, une famille sainte, dans la bonté et la croyance idiote, il n’avait rien à craindre. Parce que la souillure qui l’incarne est héréditaire, elle vient de son père, elle s’infiltre en son frère et elle imprégnera sans doute cette famille innocente, malheureusement. La seule chose que Keishi redoutait, c’est que la vie de son père ne dure trop longtemps. Cette beauté au visage de marbre semblait sensible, à jamais dans la tête de l’héritier, il la verrait comme une porcelaine trop facilement cassable. Et pourtant, même en voulant prendre soin d’elle, l’homme avait l’impression qu’un jour, par sa faute elle se brisera. Parce que destinée fatale, parce que la fin justifie les moyens, parce que l’amour ne se choisit pas, parce que trop de raisons agaçantes. « Tu es bien plus qu’un jouet, tu ne te rends simplement pas compte. » Ces mots s’accompagnèrent d’un geste tendre sur la douceur de sa joue, se fichant bien du regard d’autrui. Après tout, ces gestes, ce regard d’amour factice, c’est ce que tout le monde réclamait de sa part. « Nous sommes destinés à prendre le même chemin, après tout. » Et à se piétiner quelques fois quand celui-ci, cruel, se resserrait, sadique. Non, Keishi ne sera jamais vraiment clair avec Katsumi, parce qu’il ne sera jamais clair avec lui-même. C’est peut-être redondant, mais Keishi n’est certain que d’une seule chose : il prendra la place de feu son père, Roi de son monde.
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Dim 17 Avr - 15:51
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TENUE + Elle se souvenait encore de la morsure du malin…son poison évanouissant l’écarlate de ses veines, y plongeant comme de la mousseline dans une eau puritaine. Ses pans drapant les parois bleutées des chaudes artères, les refroidissant de leurs baisers infernaux, glaçant la circulation en ce mouvement alanguis, trainant pour maintenir cette chose en vie. Son visage poupin s’était obscurci ce jour-ci, des nuages électriques masquant l’astre doré. Celui que l’on prenait pour l’ultime était voilé de lourds drapés grisâtres…car tout tombe. Voilà ce que Katy avait retenu de ce funeste instant. Toutes les têtes roulent aux pieds d’un autre, il n’est qu’une question de temps. Même les empereurs antiques ont vu leur cœur être arraché, sacrifié aux joies subalternes des démons mélancoliques. Alexandre mourut…énigmatiquement, le mystère empourprant les joues de tous ses précieux généraux. Katy ne le savait que trop bien, le piédestal était fragile…mieux vaut voir les autres chuter, que de se voir souffrir. Elle avait donc cultivée ce plaisir malsain à embourber dans des sables mouvants, dans une extasie noyée, tous ceux qui se présentaient devant elle, avec une couronne de plomb, bombée d’or, pesant sur leur crâne fragile. Elle était la traitresse, l’assassine aux mots de velours…l’orgue de son être jouant la symphonie d’une mort amusée. L’unique pouvant porter la couronne était elle-même. La seule régente qui se devait de ne pas perdre la tête, la raison oubliée… Cependant elle oubliait souvent, que sa chute avait déjà eu lieu et qu’elle ne tentait que, depuis des années, de remonter, ses ongles s’arrachant au fur et à mesure, le gouffre démoniaque l’absorbant toujours plus. Elle était maudite. Comme tout le monde, ses paumes liées en des prières évanescentes à une voute céleste courbée. Sa tête basculant en arrière, la gorge offerte à la lame aiguisée du croissant lunaire. Les paupières à demi closes et les lèvres entrouvertes frissonnantes sous des choses inaudibles, intimes surement, que l’on souhaitait surement attraper entre ses mains. Les faire siennes pour les réécouter à l’infini, comme si elle les chuchoter aux creux de nos oreilles…comme si son souffle chaud caressait notre orgueil et non celui du Puissant. Elle avait des airs d’amante éternelle, et le confessionnal, un cabaret lascif. L’église n’apparaissait qu’être le berceau renfermant ses secrets les plus profonds…s’était-elle déjà recueillie sur les cuisses du bon Père ? Implorant sa pitié ? Avait-elle déjà demandé…l’existence ? « Tu es bien plus qu’un jouet, tu ne te rends simplement pas compte. » Non Katy n’était pas un jouet…ni un pion, c’est ce qu’ils voulaient tous lui faire croire. C’est ce à quoi ils s’égorgeaient à la réduire, leur sang découlant sur sa poitrine d’ivoire haletante. Babylone écumant à ses orteils dénudés, l’agneau charbonneux prétendait encore à l’innocence pour s’asphyxier de leurs songes effarés. Une chose se condamnant seule, peut-être, dans la torture de son esprit possédé par les péchés funestes secouant son corps. Un exorcisme impossible tant Lucifer se réjouissait de sa nouvelle femme. Hadès frôla sa joue poudrée de rouge, lui déchirant l’échine de légers frissons. Ses paupières papillonnèrent, se détachant du fond bruyant et brouillant de la foule en mouvements, tels des électrons vibrant sous la confrontation d’énergies diverses. Elle n’osait véritablement poser ses yeux sur lui, Perséphone sentant sa peau de marbre chauffer sous le contact humain…humain. Voilà quelque-chose qui l’effrayait. Un homme osant poser ses doigts corrompus sur la pureté de son corps, de sa chair candide. « Nous sommes destinés à prendre le même chemin, après tout. » Ses côtes renfermèrent leur prison sur son cœur anxieux. Transperçant la pulpe rougeoyante, le clouant contre ses os opalins, ceux qui s’étaient engraissés de sempiternels péchés. Des insectes croulèrent en son être, vagabondant et salissant de leurs multiples pattes le cadavre de la jeune fille. La demoiselle et la belle mort…Ses mots pernicieux lui rappelaient sa misérable condition, ou son étrange gloire. Elle aurait voulu sentir les perles froides de son chapelet serrer sa chair, s’emmêler comme un vil reptile tentateur, apaisant de sa langue le feu brûlant en elle sous le tendre geste de son époux. Pouvoir susurrer les paroles protectrices, s’entourer de sel afin de faire fuir les voix qui s’incrustaient à son cerveau dégoulinant de fautes. Mais le même aura mielleux vint de nouveau voiler ses sombres iris mélancoliques et, seuls ses doigts copulèrent entre eux. C’était pittoresque, inquiétant de voir le sucre s’échapper des lippes du grand méchant loup. Elle voulait le faire taire. Non. Leur chemin n’était peut-être pas le même…peut-être qu’elle aurait la chance de revoir le doux printemps, or de son enfer à lui. Hadès tirait encore sur les pans de la robe fleurie de Perséphone, alors que celle-ci tentait de grimper hors de son royaume déchu…elle voyait une faible lumière éclater à ses yeux endormis, habitués à l’obscurité l’ayant tant de fois bercé. Peut-être était-elle plus confortable au milieu du chaos ? Lorsque le néant s’évanouissait en elle et que ses armes se dépossédaient de leur fureur familière. Un serveur passa auprès d’eux, et sans même le prier, elle vida sa coupe de champagne d’une traite et reposa le verre vide sur le plateau, avant d’attraper une autre coupe. Tout cela avec son agilité féline et rapide. Le liquide glissait encore avec difficulté dans sa gorge enflammée. « Souhaites-tu véritablement cela ? » Ses pupilles s’incrustèrent dans son regard à lui, l’homme de ses rêves…l’homme de ses chimères plutôt. De ses cauchemars de velours, de cachemire, trempant ses draps de la rosée charnelle. Absorbant les fantasmes obscurs, cette répulsion et magnétisme comme si elle était liée à ce mâle. Il y avait certes cet anneau saignant son doigt…mais il avait aussi ces murmures dans ses tympans bourdonnant de cris. « On peut peut-être tout arrêter…non écoutes moi, je parle sincèrement. » l’alcool enivrait peut-être sa raison…ou peut-être était-ce cette dernière qui parlait. A vrai dire, elle était dans un trouble immense. Sous un océan où les ondes faisaient rouler ses muscles dans une torpeur incandescente. Rien n’apaisait cet incendie fulgurant rongeant son âme perdue. Abandonnée de tout salut possible. Elle s’y refusait. Elle se détournait tout en se jetant à nouveau aux pieds du bon créateur. Un paradoxe ambulant, dans une robe faite sur-mesure par un grand couturier…elle était une façade, une actrice dont les mots sortaient du script. « Je t’en pris, écoutes moi. Je suis peut-être, certainement, fatiguée. Mais je sais que tu risques de l’être encore plus. Ça ne nous ressemble pas. Ceci est ce qu’ils souhaitent, eux. Ne sommes-nous pas nos propres maitres ? On ne connait même pas la date de notre propre mariage. Que ferons-nous la nuit de noce ? On se regardera dans le blanc des yeux, et après ? Combien de temps jouerons-nous encore ? » A dire vrai, elle pouvait continuer. Une jeune fille bien rangée au regard apaisé par la volupté de la mélancolie, il rentrerait chez lui, sa femme toujours aussi bien apprêtée souriant, interrogeant ses fantômes des endroits où il a pu s’enfuir, des corps qu’il a pu bien aimer…Voilà son rôle, inscrit noir sur blanc dans cette vilaine comédie humaine. Une destinée marionnettiste tirant les ficelles de ses membres éreintés par les jugements d’autrui. « On sait très bien tous deux qu’on ne pourra s’aimer. C’est une offense à l’institution maritale, je ne sais si le Seigneur pourra me le pardonner. » Elle ne savait pas si elle pouvait se le pardonner. De n’être capable de feinter l’amour, de le provoquer, d’évoquer cette flamme bleutée consumant son battant. Elle était faible. Terriblement humaine, non une machine, non une déesse, juste une humaine, esclave de ses doutes et de ses sentiments. Pour peu que les émotions puissent transpercer ses traits. La coupe de champagne croisa une nouvelle fois ses lèvres assombries de rouge à lèvres, les essuyant un peu au passage de ce vernis de couleur ténébreuse, laissant le champagne buller en elle. « Sommes-nous condamnés ? » Il y avait cette démence qui la poussait à rire de ses propres paroles, cette folie infestant son esprit, tonnant à la maladie imprégnant son épiderme marmoréen. Se souvenant surement de ses propres rêves d'enfant...ces amourettes finissant par le mariage de son prince et sa princesse. C'était ridicule, en y repensant, il n'y avait ni prince ni princesse...seulement un roi et sa reine. Seulement Hadès et Perséphone, sempiternellement. Deux personnages aux syllabes toxiques, à la relation asphyxiante, les ronces de leur couronne infiltrant et salissant toutes leurs pensées.
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Dim 17 Avr - 16:43
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perfection is our shield sato hasa katsumi & sato keishi.
tenue + « Souhaites-tu véritablement cela ? » Que devait-il répondre ? Pourquoi cette perfide aux yeux d’innocence abusée se détournait-elle de la destinée qu’on lui avait prescrite ? Pourquoi, simplement, ne pas avancer sur le chemin que Keishi lui avait tracé ? Car il en était certain, le divin blasé, qu’il était maître, lui, de tout. Qu’il se jouait de son père et non son père de lui. Qu’il parvenait, avec aise, à flotter sur les vagues de la foule, à éviter d’humaniser avec le commun. Keishi dans le déni, la vie infinie, elle était à lui, pour lui, à jamais. Voyait-elle le trouble en lui ? Ses mots qui causaient des maux ? Keishi n’en revenait pas. Voilà pourquoi, malgré tout, il n’abandonnerait jamais sa Perséphone, qu’en tant qu’Hadès, égoïstement, il afficherait ce bijou aux yeux du monde comme étant sa propriété. Parce que la profondeur de l’âme de cette femme n’avait d’égal sur terre comme aux cieux. Son silence répondait pour lui. Qu’en savait-il ? Lui, il voulait son empire, c’est tout. Qu’importe le moyen, qu’importe le supplice. Elle lui infligeait sa tristesse. L’alcool qui s’immisçait dans le corps féminin s’introduisait par décalquage en lui. Il fallait se reprendre. Il n’était pas l’heure de naviguer sur une mer en furie, dans ce pays imaginaire qu’il aimait tant visiter, seul, le cône magique en bouche, l’ambroisie dans le corps. Katsumi n’était pas son élixir d’évasion, elle n’avait pas le droit. Il ne deviendrait jamais l’influencé.
« Je t’en pris, écoutes moi. » Non, j’ai pas envie, garde tes mots perfides pour toi, envenime-toi toi-même, ne me plonge pas dans ton gouffre avec toi. C’est moi qui t’emporte et non l’inverse. Je te renverserai s’il le faut, ne cherche pas à me détruire. S’il comprenait tout de travers, qu’en savait-il. Ce qui était certain, c’est qu’il ne voulait avoir ce genre de conversation, jamais, avec personne. Délier sa langue par des paroles futiles, des phrases sans jamais grand sens, dans l’ironie et la moquerie mais jamais comme ça, jamais. « Tu as trop bu. » Il laissa un blanc s’installer, un blanc souillé par le flot de ses pensées. Des pensées contradictoires, qui se battaient avec férocité, sans respect, sans soucis pour son cerveau lacéré. Qu’as-tu fait ? Ô vilaine sorcière! « On joue à la vie. » Voilà tout. Pourquoi chercher plus loin ? Il ne fallait pas détruire cette illusion. Il était le roi qui dirigeait le gouvernail, le capitaine qui maîtrisait le peuple. Ou inversement. Perturbé.
Tu es ma Perséphone, que tu le veuilles ou non, je suis ton Hadès. L’amour est là, factice et pourtant présent, amour désespéré, Amour confondu avec Besoin. Nécessité vitale. Jamais, ô plus jamais il ne laisserait Démeter s’approcher de l’âme de sa fille. Il fallait qu’il l’endoctrine parce que son cœur était effrayant. « Sommes-nous condamnés ? » Le trouble dans la voix de Keishi était caché, jamais il ne lui révèlerait directement son état d’âme, il devait garder contrôle. Puis toute cette conversation commençait à l’agacer. Pourquoi se souciait-elle de cela ? Bientôt, ils seraient les Gouvernants, les Idoles d’un nouvel empire, les Empereurs admirés et craints de tous, qu’elle cesse de douter. « Tu es condamnée par tes craintes. Moi, je me sens bien. » Auprès d’elle mensonge, mais sans elle, sans cette conscience féminine qui l’emporte parfois sur lui, oui, Keishi se sentait bien, ne doutait de rien. Effet néfaste d’une déesse sur un dieu.
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Sam 30 Avr - 0:04
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TENUE + Il n’y avait de plus amples candeurs que celle par lesquelles les dents claquaient sur des espérances évanouies. Des chimères hantant le crâne maudit. Fissuré par les coups des noires idées, des chants meurtriers, assassins de sourires et de paix. Il n’y avait plus grande naïveté que d’espérer, de confier ses espoirs à des étoiles envolées. Katy s’embourbait dans la boite de Pandore…les maux s’échappant de ses doigts rougies par les laisses de ses démons. Eux qui ne contrôlaient plus leurs pulsions. Une démesure salissant tous ses gestes artificiels. « Tu es condamnée par tes craintes. Moi, je me sens bien. » Il ne lui fallut qu’une seule gorgée pour finir sa coupe, n’y laissant qu’un petit fond. Une survivance apaisant ses nerfs piqués par l’insolence de l’homme. De l’époux…le mari en devenir qu’elle ne savait aimer, ni apprécier. Qu’elle ne savait haïr, ni détester. Ses doigts pressèrent le verre à l’ambroisie bullant. Elle, qui, pétillait encore sur sa langue engourdie par le froid. Il pulsait sur sa chair corrompue, le maudit, léchant les flammes qui arpentaient ses mots ensorcelés. Ceux qui s’échouaient en flots démoniaques, d’acides liqueurs, écumant sur ses lèvres laquées d’un sombre pourpre. Lascive, la féline, les paupières closes telle une ingénue aux robes bouffantes par les malicieuses danses aériennes, s’approcha de son époux. Titubant quelque-peu, une enfant, se suspendant à son cou, ses bras glissant contre sa nuque, le champagne se balançant dans sa main lâche. Le poignet de sa jumelle se tordit, laissant la paume embrasser le marbre du dos masculin. Elle ressemblait à ces peintures, dont on ne cessait de reconnaitre la parfaite maitrise. Ces madones s’accrochant à de nobles anges. Des puritaines suppliantes dans les bras du bon agneau des cieux. Ne pouvait-elle faire aucun mal…ainsi, attendant que son cœur ne daigne réchauffer son corps engourdi par la langueur de sa position. « Jouons encore un peu, dans ce cas… » Une Marie-Madeleine pénitente auprès d’un mensonge transperçant son être. Son souffle s’écoula contre la peau de l’homme, sa bouche entrouverte laissant sa respiration ramper sur sa pâle chair qu’elle ne connaissait pas. Sur cette paroi mystérieuse dont elle ne connaissait rien…jamais le gout n’avait-il ruisselé dans sa gorge, jamais le contact n’avait-il électrifié ses sens, jamais n’a-t-elle vu le battant y palpiter sous la voute charnelle. « Enlace ma taille. » un murmure de vêpres étouffées au creux de son cou parfumé. Il était une cathédrale en ce lieu souillé, recueillant en son sein le corps ébranlé, possédé d’une pauvre âme en perdition. Ces lambeaux de viande pourrissant, incrustés du défaut de la malédiction d’une vie mortelle. Elle se déchirait la poitrine par des soupirs trop marqués, des griffes craquant ses côtes, adorant son frêle cœur violenté. Qui péchait le plus ? Le tentateur ou le tenté ? Les bénédictions l’avaient rendue sans pitié, une femme au regard orageux. Une tempête dans un esprit aux résonnances impies. « Enlace moi…et dis-moi le nom. » son sourire fleurissait comme une blessure se déchirant. Elle voulait être tellement plus qu’elle-même. Se métamorphoser sous son empire, devenir le succube de ses nuits…la nocturne bête lacérant sa poitrine, dévorant son battant, accrochant des étoiles au-dessus du tombeau qu’était sa tête squelettique. La petite mort fauchant ses mots saccadés… « Dis-moi le nom de la personne te hantant lorsque tu me tiens. » être elle…se fondre, changer de peau, remplacer ses os engraissés de péchés par de nouveaux instruments mouvant son enveloppe corporelle. « Je n’ai eu qu’une seule coupe de champagne, Keishi, laisses moi au moins m’enivrer correctement. Penses-tu que je ne sais pas ce à quoi tu penses ? » Ses yeux s’ouvrirent, divaguant sur son costume…son si beau costume. Quelle armure élégante qu’il portait là fièrement contre les flèches du stupide Eros…ou Ploutos. Ses sombres cheveux embrumaient de jasmin se mêlaient au tissu obscur, alors que sa joue poudrée de rose se glissait le long de son épaule de mâle, tentant de se rapprocher encore plus de son cou. Un nid dans lequel elle cacherait ses expressions, étouffant ses sentiments en faisant naitre des suppositions dans l’encre de ces bouffons. Faire éclore les fleurs printanières sur ses traits raffinés…voilà ce qu’elle désirait véritablement. Représenter quelque-chose de plus…quelque-chose de bien plus qu’un simple moyen. « Je sais parfaitement…je ne suis pas l’unique et ne le serai jamais. Veux-tu encore jouer ? Ton annulaire saigne d’une richesse qui n’est pas tienne, d’un amour qui n’est pas. » Il perdrait. Il fléchirait le premier. Tout le criait en elle…l’océan de ses passions, le vent de ses pensées, la terre grondant dans son gosier d’animal ensauvagé par des rêves fabuleux. Une brave jeune femme tentant de se battre contre l’oppression d’une société… « brave », voilà une chose que l’on ne disait pas à celles et ceux qui avaient le sort de leur côté. La Fortune avait tourné ses drapées, fouettant ses pommettes, y laissant l’éraflure encore brûlante. Mais toutes les choses naissaient de la mort…et elle le savait…il ferait éclore les plus belles espèces florales de son être damné. Elle tiendrait des prières au chevet de son innocence vendue, de sa croyance funambule, pour assurer encore son salut…s’il était possible de sauver une telle âme. De telles âmes…perdues au milieu du bal des maudits, chantant le luxe comme un ave maria sacré. « Dis-moi Keishi, voudrais-tu bien me tendre encore une coupe s’il-te-plait ? » dit-elle, son regard s’évanouissant dans les ténèbres. Elle pouvait plonger entre les mélodies lyriques d’un Morphée mélancolique. Le champagne n’avait plus le gout de ces soirées d’été, où le satin caressait ses hanches enflammées par des danses cubaines. Il ruisselait comme le crépuscule de cette saison estivale, comme ces soirs où le vent jouait avec ses cheveux, effilant ses pensées…lointaine se sentait-elle. Lointaine et indescriptible était-elle.
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Lun 16 Mai - 16:29
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perfection is our shield sato hasa katsumi & sato keishi.
tenue + Qui de la belle poupée ou du maître illusionniste tirait les ficelles à ce moment ? Lequel des deux gouvernait l’autre ? Les deux se leurraient, à se croire supérieur, plus légers que la masse, moins abrutis que la foule. Mais il n’en était rien : des pions. Les pions de cette divinité cruelle qui de son trône nuage s’amusait à foudroyer l’espoir humain. Accueillant la déchue dans l’antre de son enfer, l’héritier ne bougea pourtant pas d’un millimètre de suite. A vrai dire, s’ils avaient été seuls, loin de cette agitation hypocrite où les manants se pensaient égaux aux seigneurs, loin de cette oppression suffocante des regards indiscrets, s’ils avaient été seuls, sûrement qu’il se serait reculé. Par pitié, sans doute, par peine aussi parce qu’il se le savait, le ténébreux délavé, qu’il infligeait à cette brune pouponne un supplice impardonnable, un qui tuait lentement mais sûrement sans cure, sans remède. Ses bras enlacèrent sa taille, comme elle le lui demanda.
Le trou noir, comme balancé dans l’espace sans oxygène, Keishi manquait d’air soudainement. Lui, le Zeus, la créature olympienne par excellence se faisait détruire par des mots. Des mots perfides qui se changeaient en image, bien concrète. L’hologramme d’un frêle être à l’apparence parfois similaire à la sienne se plantait à la place du corps dénaturé de sa fiancée. Eiji… Cette révélation amer lui laissa un arrière-goût de déchéance. Se savoir malsain ne l’avait jamais dérangé jusqu’alors. Son visage en marbre resta figé sous le poids de du regard de la brune. Regard bien trop religieux, qui se donnait des airs de juge céleste et qui lui infligeait une punition exécrable : celle de s’en vouloir subitement d’être ce qu’il était. D’être né ainsi, jeté d’emblée hors du droit chemin, élevé dans cette cage aux lions où il avait du bouffer ses compères pour grimper en haut du podium… De ne jamais avoir eu d’autres amours que celui d’une sœur et d’un frère et de s’être laissé entraîné dans le gouffre noir du cœur du cadet de la famille… Et même ce sourire factice que lui offrait Katsumi ne parvint pas à l’apaiser.
Les yeux de charognes rivés sur eux, les flashs incessants rendaient cette scène bien trop lumineuse pour que Keishi la sente réelle. Il rêvait, ou plutôt cauchemardait sous l’emprise d’un Morphée asservi au mal féminin, au féminin envieux et désespéré. « Penses-tu que je ne sais pas ce à quoi tu penses ? » Non, elle ne savait pas. Cette minaude au cœur lacéré n’en savait rien. Elle ne connaissait pas l’ampleur d’agacement qui perturbait le palpitant de Keishi, elle ne se doutait pas qu’en ce moment, il souhaitait porter ses mains pécheresse sur son cou vampirique pour le priver d’air, pour l’empêcher de parler encore, d’utiliser son arme ultime qu’est le langage : Katsumi s’en servait bien trop. Un jour, ses mots seront vides de sens. « Je sais parfaitement…je ne suis pas l’unique et ne le serai jamais. Veux-tu encore jouer ? Ton annulaire saigne d’une richesse qui n’est pas tienne, d’un amour qui n’est pas. » Un revers de main délicat vint se déposer délicatement sur la tempe de la belle et parcourut son visage dans une langueur insoutenable, lentement, dans une minutie presque ridicule. Il paraissait ne pas vouloir la briser alors qu’intérieurement, c’était la seule chose qu’il souhaitait parce qu’il commençait à se sentir aculé. Cependant, jamais la brune ne gagnerait et si jamais elle parvenait à se hisser trop haut au goût de l’héritier, ce dernier ferait en sorte qu’elle ne puisse jamais atteindre le somptueux et le confort auxquels elle aspirait. Le prince lui laisserait un trône dévasté et misérable pour qu’elle comprenne, que sans lui, elle n’était rien. « Ils seront miens un jour. » Et qu’importe la véracité de ces propos. Lorsqu’ils signeront ce pacte désenchanté qui les liera jusqu’à la mort, aux yeux de tous, cette richesse et cet amour seront sien et ce, même si au départ il ne les avait jamais souhaité. Pourtant, trop de contradiction dans son cœur malmené, dans ce bout de corps qui enfermait son âme oubliée. Keishi ne lui en voulait déjà plus et sa rancœur disparaissait. Katsumi jouait, lui non. C’est ce qui les différenciait. Katsumi était encore une enfant, perdue, à qui l’on avait ôté le jouet le plus précieux, celui à ne jamais voler et Keishi n’était pas prêt à lui infliger une nouvelle fois une ignominie de ce genre mais que faire lorsqu’on a jamais su réellement gérer de proches relations sociales ? Après tout, il avait déjà bien ruiné l’univers de Kiyo, de cette douce au regard enragé. Alors, comment allait-il faire pour que Katsumi ne voie pas sa galaxie se briser par sa faute ? L’ambition de Keishi le perdra sans doute un jour.
Un léger sourire se dessina sur ses fines lèvres, aussi fines qu’une lame bien aiguisée d’un couteau destiné à donner la mort. Il se donnait en spectacle pour ses charognes, il leur offrait sa carcasse décharnée pour qu’ils la suçotent jusqu’à la moelle. Attention simplement au poison. L’une de ses mains se leva pour qu’un serveur s’approche. Ses doigts raffinés saisirent un verre pour le tendre à la brune. A elle aussi, il jetait sa carcasse faite d’élixir mortel. Comment allait-elle survivre ? Keishi était curieux. « Il faut que tu saches, ma belle, que je ne joue jamais. » Une dernière caresse sur la joue soyeuse de sa promise avant qu’il ne se défasse de l’étreinte illusoire. Il laissa son regard se plonger silencieusement dans les noisettes de Katsumi : il sera vainqueur, de tout et de tous et il acceptera, jusqu’à la fin, la présence de cette venimeuse à ses côtés, puisque c’était le destin qui le voulait. Simplement, il ne se laisserait pas marcher sur les pieds. « Devrions-nous arrêter de faire bande à part ? » Après tout, ils n’étaient pas seuls et il fallait couper court à cette discussion douloureuse. Voilà, voilà ce qu’il pensait tout simplement.
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Dim 12 Juin - 23:08
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■■■ "Frustrated? Yes. Why? Because it is impossible for me to be God."
TENUE + Elle nourrissait son cœur sur les ruines poussiéreuses et décrépies d’une existence au gout vagabond de miel et de lait. Celle où ses petits pieds foulaient les gazons luxuriants de la demeure Hasa…les rayons du soleil se déversant sur son être minuscule et chérit de tous. L’innocence fleurissait sur ses joues rougies par les courses et les jeux, par les bêtises acidulées, ses sourires sucrés ravageant les regards attendris. Elle se sentait vivre en une telle époque bénie des anges. Eux qui s’écrasaient avec violence contre le sol épineux d’une terre malheureuse. Soulevant dans leur chute la poussière, la crasse planant dans l’air ambiant. Et tous, s’incrustèrent dans les pores de Katy…Elle ne pouvait plus soutenir toute seule les astres dansant dans son esprit. Alors elle courrait toujours, toujours plus loin de la réalité, valsant dans son propre ciel, purifiant son corps par des prières apprises par cœur. Elle ne voulait que rentrer à la maison, suivant de ses yeux larmoyants la déchéance de ses archanges…eux, filant comme des étoiles, griffant la pure noirceur de ses paupières closes de leurs feus chatoyants. Ils éclaboussaient de leurs couleurs ses pensées tranquilles, formulant des désirs inarticulés pour une vie qui n’était pas la sienne. Des rêves dangereux, lesquels, de la pulpe de ses doigts, elles frôlaient. Des songes qui lui étaient étrangers, appartenant à des personnes qui ne se souciaient guère véritablement de l’essence même de sa personne. On lui avait fait intégrer des textes, lui tatouant une manière de réfléchir, de raisonner, sans jamais qu’on ne puisse entendre le seul tintement de sa voix fluette. Et Homère l’avait su, les mots vides n’étaient que démons. Crépitant sous sa poitrine, pullulant en son cœur abandonné aux chimères du temps et des douleurs, ces syllabes jamais prononcées démangeaient ses plaies. Elle avait beau gratter, elle ne faisait que se déchirer la peau…ses lèvres avaient été cousues ensemble, le jour où elle sut coudre ses propres idées, la nuit où il lui cria de se taire. Et elle avait ses cris enfouis sous une tonne d’angoisse, arrosés par ses croyances fantasques, celles même qui malmenaient sa vision d’autrui. Ils étaient tous maudits, qu’elle se répétait. Tous sans exception, et quelque-part cherchait-elle seule la salvation à ses maux attendris par les psaumes. On lui avait dévoré l’existence, et elle avait nourrit un sale venin dans son sein encore vierge de toute maternité. Un lait corrompu ne développant que les plus ténébreuses des fleurs. Une langue pourrissant les mots les plus doux, tournant l’amertume en une liqueur apaisante. « Il faut que tu saches, ma belle, que je ne joue jamais. » Mensonge. Voilà que le malin lui-même se plaisait à fuir la vérité. Voilà qu’il n’assumait plus les coups portés. Elle, elle les retenait, la tête droite, le menton relevé. Elle ne se plaignait plus de ces ailes qu’on lui avait violemment arraché. Quelle ironie d’ailleurs, on lui avait déchiqueté les ailes, et on la blâmait encore de ne pas savoir voler. De ne pouvoir veiller sur la race humaine alors qu’elle ne l’était plus elle-même. Egoïste et vaniteuse qu’ils criaient, lâches et idiots qu’elle répliquait. Eux qui se cachaient de leurs fautes derrière des paroles malsaines, des airs effrontés pour paraitre plus forts…pour contrôler, lorsque la damnation salissait les pans de leurs vêtements de luxe. Dans cette valser pour deux, l’univers entier tournoyait avec eux, suivant haletant, du regard, les étincelles jaillirent de leurs yeux rivés l’un sur l’autre. La mort toucha sa joue, qu’elle tentait tant bien que mal de retirer sans paraitre trop brusque, parce qu’il fallait encore nourrir l’humanité de mensonges. Parce qu’ils s’abreuvaient tous du sang des innocents, parce qu’ils s’enivraient tous du poison du sale péché. « Grand fou ! » Elle étouffa un ricanement sous le liquide ambré, étouffant encore une fois tous les hurlements, toutes les passions palpitant contre sa chair calcifiée par l’incendie de sa démence. Oui, des dionysiaques éclataient en elle, des chants sauvages rythmant les pulsations du pauvre cœur. La symphonie de sa haine grandissante marquant la mesure de ses souffles de plus en plus serrés. Peur ou bien colère ? Elle ne savait distinguer les émotions qui la submergeaient. Il refusait de se prêter au jeu, de répondre à ses questions. Il évitait comme un fuyard les flèches qu’elle lançait sans peine. Il refusait la vérité comme un idiot bienheureux. « Te complais-tu autant dans ta couardise ? » Elle allait le brûler. N’en faire que des cendres qu’elle pourrait balancer au vent…ou allait-elle se brûler elle-même ? Voulait-elle véritablement savoir s’il l’aimait ou non ? Elle connaissait la réponse. Voulait-elle connaitre les courbes de ces autres roulants entre ses draps de satin…ceux dont elle ne connaissait pas la chaleur. Voulait-elle véritablement prétendre à la couronne ? « Devrions-nous arrêter de faire bande à part ? » Elle ne souhaitait que faire marche-arrière dans le temps…retrouver ces étés où la candeur berçait encore son existence. Où la poisse d’un homme n’avait pas coulé entre ses cuisses violentées. Où son esprit ne cherchait qu’à vivre, et non survivre. Ses paupières papillonnèrent, les cils charbonneux brouillant le paysage. Soudain les lumières étaient trop fortes en cette nuit ensorcelée, et le monde beaucoup trop étouffant pour un animal comme elle. Les bruits tambourinant contre ses tempes. Une vague d’angoisse roulant sur tout son corps, sa peau lunaire pâlit encore plus, transfigurant son incapacité à s’échapper de cette prison dans laquelle on l’avait poussé. Ou était-ce par un excès de colère que tout à coups, elle se sentit nauséeuse. Elle pensait enfin vomir tous ces mots qu’elle avait enterrés depuis longtemps. Toutes ces pulsions qu’elle avait chassées, ces démons qu’elle avait tenus en laisse. « Pardonne-moi un instant. » Attrapant une seconde coupe dans son autre main, elle se glissa avec élégance et vitesse hors de la foule afin d’atteindre le balcon. Balcon vide par un temps pareil…mais elle ne se souciait guère. L’air frais s’évanouissant contre son corps entier…elle divaguait…perdant toute notion de responsabilités. Elle aurait tout donné pour se volatiliser à la lueur de cet astre argenté, chevaucher les constellations…ou en devenir une, par légende ou par réalité. Avalant sa première coupe avec empressement, elle étouffa des sanglots qu’elle sentait naitre en son sein sous l’amertume de l’alcool. La douleur se faisait plus pressante, quelle pauvre sotte ! Elle avait oublié que le miel était aussi doux qu’amer.
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