La musique aliène les maux et donne un sens aux choses auxquelles il est difficile de croire. Le brun s'avance doucement dans le long corridor qu'est le derrière de la scène, se penchant devant les hommes en costards. Les mains dans les poches de sa veste en jean, il arpente enfin les marches qui mène au devant de la scène. Ce qu'il a côtoyé, sous les projecteurs, les regards braqués sur lui. Mais tout cela est derrière lui et il souhaite tourner cette page, pour son bien être et celui de sa vie personnelle. Gravissant la dernière marche, il aperçut enfin les courbes féminines de la demoiselle ; celle pour qui il était ici, celle pour qui il allait rester en ces lieux ce soir. Marchant tranquillement sur la moquette rouge, il se pencha doucereusement au dessus d'elle ; elle, éprise par l'instrument devant elle. Ne stresse pas. Un petit air doux sur le visage, il avait ses deux mains posées sur son épaule, un rictus agréable sur la commissure de ses lèvres. Il s'essaya à côté d'elle, sur une chaise, croisant ses jambes ainsi que ses bras au niveau de son torse. Alors, tu te sent comment ? Prête ? Donner une représentation, ce n'était pas toujours simple et le jeune homme en avait conscience. Mais sa cadette était jeune malgré son niveau. Et il se souviendrait toujours de la première qu'il l'a vue. Là, à l'écouter, à la regarder et à suivre son doigté sur les touches blanches, noires. Il se souvient encore, parfaitement, de la mélodie, des chaque accords et syncopes. Il se souvient aussi, des sentiments espérés et ressentis. Il se relève finalement, descendant de la scène en sautant afin de pouvoir l'écouter, naturellement, comme s'il était un simple spectateur. Un soutiens qu'il lui donnait par leur même amour, leur même passion pour ce qu'était cet art si farouchement dégradé et mal mené par le monde.
Je ne suis pas stressée, mais je me pose toujours beaucoup de questions. Est-ce que je vais être aussi performante, est-ce que les spectateurs vont continuer a venir, y aura-t-il du monde, vont-ils aimés comme avant ? Je dois me rassurée, si on me propose encore des représentations ainsi, c'est que tout le monde doit en réclamé.
Je regarde le piano, comme hypnotisée. Je sais que j'y arriverai, mais c'est comme une rituel, je l'examine sous toutes ces coutures. Je passe ma main sur les touches sans en pressées une, puis je passe mon pied sur les pédales sans en toucher unes aussi. J'en fais le tour tout en le caressant du bout des doigts, avant de revenir m'asseoir.
Quelques minutes après, je sens deux mains se posées délicatement sur mes épaules. Je relève mon visage pour découvrir Isao me souriant innocemment. Je lui rends donc son sourire et ajoute d'une voix calme.
« Ça va, je m'exerce encore une dernière fois et je pourrais aller me changer. »
Il se lève et descend de scène, pour s'installer au premier rang, comme un simple spectateur, alors qu'il est ici pour entendre ces douces mélodies, comme la première fois que l'on c'est rencontré. Je m'installe, arrange un peu mes cheveux, mon t-shirt, puis fait quelques accord pour m'assurée d'être fin prête. Et j'entame les mélodies les plus fructueuses de ma représentation.
Je me concentre, ne quitte pas mes touches des yeux, je donne toute mon énergie, comme si c'était la dernière fois que je jouais. Oui, c'est ce que mon frère me disait toujours. « Joue du piano comme si chaque fois était la dernière. » Oui, j'aime ce son, cette sensation. Ressentir tout le piano vibré sous mon contrôle. Je m'arrête après une bonne vingtaines de minutes, et lance un regard malicieux à Isao.
« Alors, toujours aussi amoureux de cette mélodie, monsieur Usami !? »
Je descend de la scène pour le rejoindre, et j'admire ce paysage. Je ne me suis que rarement trouvée de ce côté là de la scène, c'est vrai, mais c'est magique. Cet instrument, là, au centre de l'estrade. Solitaire mais puissant, je l'accompagnerai donc plus tard pour lui inspiré de la douceur et de l'animosité.
Il la regarde s'installer convenablement à son piano. Il croise ses jambes, ses doigts également alors que ses mains se sont posées sur ses propres cuisses. Son oreille tend à entendre la mélodie, les accords et les perfections incomprises. Il se perd un peu dans tout cela, trop épris des sensations ressenties. Ses pupilles restent là, sur les doigts fins de la belle. Il doit se concentrer, pour l'aider. La rêverie serait pour plus tard, lorsque le moment sera venu : lorsqu'il ne sera plus seul dans cette immensité. Alors, toujours aussi amoureux de cette mélodie, monsieur Usami !? Un large sourire s'installe sur les pulpes du concerné, alors que sa tête affiche un oui sous un hochement. Toujours autant. Elle lui semble si jeune. Si frêle. Elle est adorablement mignonne et agréable. Cela lui faisait du bien, de retrouver quelqu'un de la sorte. Il la regarde descendre naturellement, déjà sur ses deux jambes. Être d'un côté ou d'un autre d'une scène est différent. En tout point de vue. Observé et se sentir, observé. Deux sensations distinguées. Tu veux voir ma tenue pour ce soir ? Il tourne lentement son visage vers elle, la regardant simplement. Tu dois te changer, de toute manière. Je t'accompagne jusqu'à ta loge. Je serais le premier à voir, comme ça. Il resterait comme d'habitude avec les membres du staff, à discuter de tout, de rien, en attendant la jeune femme. Partant sur le côté de la scène, les mains dans les poches, il contourne le reste pour se retrouver dans les coulisses, rejoignant ainsi les loges de la pianiste. Il se posa sur une chaise, soupirant légèrement ; non par agacement mais par bien être.
Il a quitté ce monde-là, et pourtant, il n'hésite pas une seule seconde a venir m'encourager et me tenir compagnie lors d'une représentation. Je ne suis pas si stressée, mais cela fait toujours un poids. Le partagé avec lui me fait énormément de bien.
Je le suis jusqu'à ma loge. Il soupir en s'installant sur une chaise, pendant que je cherche ma robe et mes chaussures. Je n'ai pas besoin d'aide pour me maquiller et me coiffer, et puis, expliquer à quelqu'un l'image de mon visage que j'ai dans ma tête n'est pas mon point fort, le souci numéro un des perfectionnistes. Je m'approche de lui, la robe posée sur mon corps et ma paire de chaussures dans une main.
« Pas mal hein !? »
Je me retourne et me regarde dans le miroir, j'ai décidé de changer de ce style sobre, robe de soirée tout ça tout ça... Un peu de jeunesse dans ce monde ne fait de mal à personne ! Je pose mes affaires, et m'apprête a me coiffer. L'heure restante va passer plus vite que je ne le voudrais, et si je ne veux pas retarder tout, il faut bien commencer un jour ! Je laisse mes cheveux au naturel, et passe simplement un bandeau dans ceux-ci, faisant un nœud devant. Puis, je m'assois et sort mon maquillage. Lèvres rouges, eyeliner, mascara, anti cernes, fard à paupières... Et je suis prête.
Pour m'habiller, je tire un rideau dans le coin de la pièce. Et une fois ma robe enfilé, je m'aperçois que je n'arrive pas à fermer la fermeture éclair dans le dos. Je ressors alors tenant ma robe.
« Isao, tu veux bien m'aider ? Je n'arrive pas a fermer la fermeture éclair. »
J'avance vers lui timidement. Oui, cela me gêne un peu, mais je préfère que se soit lui qui le fasse, que quelqu'un d'autre pour le coup. J'enfile ensuite mes chaussures, arrange quelques mèches de cheveux, et me regarde dans le miroir aux côtés d'Isao.
« Il reste combien de temps avant que sa commence ? »
acidbrain
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