food and us, this is what heaven looks like;

Entre ses cours de droit qui le gardent éveillé toute la nuit et le besoin de s’amuser qui le fait frémir, impossible de tenir en place, Loki n’a pas beaucoup de temps disponible pour faire autre chose. Comme pour passer du temps avec sa colocataire. La petite Haru. Enfin, elle est plus grande que lui. Mais ce n’est que trois centimètres et Loki s’enrage gentiment lorsque le sujet est abordé. Haru, c’est la jeune femme bien trop mignonne et naïve pour faire son âge. Elle est belle aussi. Et Loki est tombé sous son charme. Ce n’était pas un coup de foudre, oh non. Il avait du mal à s’y faire au caractère étrange de sa colocataire la première fois qu’il l’a vu. Et les fois suivantes. Mais après l’incompréhension vient l’attirance. Un crush, comme l’appelle les jeunes d’aujourd’hui. Un crush qui s’est rapidement réduit à une belle amitié entre colocataires. La petite Haru si innocente n’était attirée que par les filles. Et Loki jugeait que c’était pour le mieux. Leur relation n’aurait pas été ce qu’elle est maintenant si elle avait répondu à ses quelques avances.

Voilà quelques temps que Loki n’avait pas pu passer du temps avec sa colocataire. Le fait de la croiser dans l’appartement alors qu’elle se brosse les dents, prête à aller se coucher pendant que lui va à peine se faire à manger parce qu’il travaille trop ne compte pas. Non, ce qu’il veut, c’est passer un bon moment où il s’agit uniquement d’elle et lui, où ils mangeant ensemble, rigolent, regardent un film et rigolent encore. Voilà ce que veut faire Loki. Et aujourd’hui, Loki n’a pas cours, il ne travaille pas, et il n’a pas envie d’aller s’amuser dehors. Alors, il se dit que ce soir, il pourrait enfin passer du temps avec sa petite Haru.

Sortant du lit aux alentours de quinze heures, il envoie un message à sa colocataire pour savoir à quelle heure elle termine les cours. Il lui fallut alors bien une trentaine de minutes pour se réveiller complétement, ses petits yeux s’habituant à la lumière aveuglante du jour. Après avoir enfilé un jean troué et un tee-shirt un peu trop large pour son corps menu, il se rendit dans le salon. Et la plupart de son après-midi se résuma à ranger l'appartement et à étudier. Lorsqu'enfin sa montre indiqua 17h40, il leva la tête de ses cahiers et enfila une veste, n'oubliant pas de prendre son porte-monnaie. Il ferma l'appartement à clé et se rendit au Subway.

Loki et Haru avaient déjà mangé Subway, heureusement pour le jeune homme, sinon il aurait hésité pendant un très long temps avant de savoir quoi prendre pour sa colocataire. Le sac en papier rempli de deux menus Subway sous le bras, il attendait patiemment, ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles. Le dos appuyé contre le mur adjacent à l'entrée de l'université, il tapait son pied sur le sol au rythme de la musique. Et lorsque sa colocataire passa enfin les grilles de l'université, il lui sauta dessus. Littéralement. Ses bras retombèrent sur les épaules menues de la jeune femme, le sac en papier tapant doucement contre son bras. « Surprise ! » dit-il en souriant avec un accent anglais à couper au couteau.

Elle chantonne un air qu'elle a entendu ce midi, des étudiants fort bruyants qui partageaient les nouveaux titres sortis ce mois-ci et elle n'arrive plus à se les sortir de la tête maintenant. Il ne reste qu'une demi-heure avant que sa journée ne soit terminée et elle se demande ce que peuvent bien faire Eisen et Loki aujourd'hui. Oh, pas eux ensemble non, sur cela elle n'aurait aucun doute... mais ce sont les deux seules personnes qu'elle voit plus souvent que ses professeurs, alors elle y pense. Puis, Loki lui a envoyé un message cet après-midi pour lui demander à quelle heure elle finissait, est-ce qu'il compte leur préparer le dîner ? Ça fait quelques mois qu'ils vivent ensemble à présent et ils se sont accommodés aux habitudes de chacun, même si du côté de Haru, ça n'a pas été très difficile. Il lui a certes paru distant les premiers jours et elle a tout fait pour attirer son attention, allant jusqu’à essayer de lui préparer le petit déjeuner ou de le réveiller en douceur le dimanche matin – alors qu’il était rentré au milieu de la nuit… – et toutes sortes de choses qui finalement ne l’avaient pas aidé. Une cuisine en désastre ou un réveil plus bruyant qu’autre chose, elle enchaînait les maladresses et ne faisait que perdre des points à chaque tentative. Pourtant avec le temps, Loki s’est adouci. Il soupire toujours autant, mais il lui sourit tout aussi souvent et elle a appris à lui faire confiance. Vraiment, elle ne comprend pas pourquoi Eisen le critique à tout bout de champs ou le fusille du regard lorsqu’il s’invite à l’improviste, parce qu’elle le trouve gentil et amusant, elle.

C’est donc à dix-sept heures qu’elle met les pieds dehors, marchant tranquillement dans les couloirs en saluant ses camarades, elle se dirige vers la sortie sans trop savoir ce qu’elle ferait ensuite. Parfois, Eisen l’attend à la sortie comme une enfant qui sort de la maternelle, cela l’a empêché de nombreuses fois de suivre ses camarades au karaoké ou dans un bar à proximité, son grand-frère veillant toujours au grain et elle s’y est faite. Ces temps-ci, il le fait beaucoup moins. Un manque de temps peut-être ? Elle est pensive lorsqu’elle quitte l’enceinte de l’université et c’est avec une surprise non dissimulée qu’elle accueille son colocataire lorsqu’il lui saute littéralement dessus ! Un cri et un sursaut quand il lui attrape les épaules, mais elle rit aussitôt en reconnaissant Loki et en voyant sa bonne humeur. « Tu m’as fait peur ! » Mais au lieu de le frapper ou de le repousser, Haru referme ses bras derrière son dos et lui offre un petit câlin. Elle est tendre et tactile, mieux vaut ne pas lui tendre la perche, car elle ne manque pas d’audace et son naturel l’incite souvent à faire ce genre de choses, même avec de parfaits inconnus pour peu qu’ils se soient montrés gentils avec elle.

Elle s’écarte alors du jeune homme et toujours aussi souriante, remarque le sac qu’il tient fermement. Elle reconnait le logo et désigne ainsi le sac. « C’est pour nous ? Tu n’es pas allé à Subway sans moi, hein ? » Si ça se trouve, il ne reste plus rien dans le sac et il était juste venu la chercher parce qu’il était à côté… mais la logique veut plutôt qu’il ait acheté de quoi manger pour le dîner. Un dîner un peu prématuré, mais elle n’a pas mangé depuis midi alors, l’heure ne compte pas. « T’as eu une bonne journée ? Tu as même eu le temps de venir me chercher, je sis contente de te voir ! Je n’aime pas rentrer seule. » Elle baisse la voix et prend le ton d’une enfant, se pinçant les lèvres en lui jetant ce regard de chien battu qu’elle maîtrise à la perfection, faut dire qu’elle traînait des années d’entraînement derrière elle. Eisen n’y résiste jamais, et Loki était sur la bonne voie aussi à ce propos. Elle lui sourit et lui attrape le bras avant de pointer du doigt la direction de leur quartier. « C’est parti ! »

Cramponné à son dos, ses deux petites mains sur ses épaules frêles, Loki souriait à pleines dents. Il avait senti le sursaut de sa colocataire, et tel un enfant de 5 ans, il était fier de lui de l’avoir réellement surpris. Son sourire s’agrandit encore un peu plus, ses yeux disparaissant derrière ses paupières. « J’y comptais bien. » Il sentit les bras d’Haru se refermer autour de lui alors qu’il n’avait toujours pas lâché ses épaules. Son sourire se fit moins intense mais plus chaleureux. Même si cela ne faisait que quelques mois qu’ils se connaissaient, il s’était bien attaché à sa colocataire, et elle avait déjà une petite place bien à elle dans le cœur de Loki. Au bout de quelques secondes, il décida de la lâcher tout en restant près d’elle. Il prit le sac dans sa main gauche, et voulu passer son bras droit autour des épaules de Haru, avant de se rappeler qu’elle était un peu plus grand que lui. Il baissa alors son bras, soupirant légèrement. Peut-être qu’un jour, il finira par porter des talons pour être au même niveau que tout le monde. C’est pas facile pour un homme de faire seulement 1m60.

Lorsqu’il s’aperçut qu’elle pointait son doigt vers le sac qu’il tenait, il le tendit dans les airs comme s’il était impossible auparavant qu’elle le voit clairement. Un sourire en coin, il lui répondit. « J’ai oublié de le jeter sur le chemin, du coup ça fait 20 minutes que j’me trimballe un sac vide. » Son sourire le trahit un peu, mais il se dit bien que Haru pourrait le croire avec sa naïveté à en fendre le cœur. Alors, presqu’aussitôt, il ouvrit le sac et le tendit vers elle pour qu’elle aperçoive correctement l’intérieur. « Un pour toi et un pour moi. J’espère que t’as faim. » Il referma le sac et laissa à nouveau tomber son bras contre son flanc. Loki hocha la tête lorsqu’elle lui demanda à propos de sa journée. Il allait lui retourner la question lorsqu’elle le regarda avec son regard de chien battu. « J’sais pas comment tu fais ça, mais franchement arrête ça me fend le cœur. » dit-il alors qu’il porte sa main à son cœur, et pliant ses genoux, faisant semblant de tomber sous le charme de Haru. « J’avais pas cours aujourd’hui, alors j’en ai profitais. Je sais que ça fait quelques temps qu’on a pas passé du temps ensemble, entre colocataires, alors j’me suis dit qu’on pourrait y remédier. »

Loki et Haru marchaient tranquillement dans la rue, se rendant à leur appartement. Ils n’habitaient pas très loin de l’université de Haru, c’était assez pratique. Surtout pout Loki qui n’aime pas beaucoup marcher, surtout avec des petites jambes comme les siennes lorsqu’on est à côté de grandes jambes comme celles de sa colocataire. « Et toi, ta journée, ça a été ? »