Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

 :: anciens rp Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

let them bloom ~ moeshi

«Invité»
Invité
Anonymous
Lun 4 Avr - 23:36
Invité


■■■
"I have caught myself loving you
Like a little thief
Stealing a loaf of tenderness.
"

Le soleil matinal saupoudrait d’or la route resplendissante. L’aube traçant de ses doigts rosés les premières lueurs fragiles, des enfants nés célestes voletant dans l’air ambiant, caressant la ville aux yeux encore englués de sommeil. Une douceur vibrante dans un cœur morose, fait d’artifices et de corruption. La jeune fille et la mort, pensa l’enfant bohème, l’encens de sa cigarette voguant dans la voiture abimée. Une de ces vieilles choses abandonnée de tous dans un cimetière de carrosseries et moteurs abusés par le temps et les efforts des gens pressés. Il l’avait remarqué, plusieurs fois, en trainant ses pieds ensanglantés par les courses fugaces et enfantines entre les veines de la cité technicolors. Une antiquité dont Hiroki se moquait souvent bien qu’il y passait bien du temps, tâchant l’intérieur de sa violente présence…une tornade de sentiments et pensées dégageant l’ordre et le calme du chemin battit par la vie. Un ouragan dont les rires hantaient encore le métal rouillé de la bagnole ; dont les mots constituaient la carcasse. C’était une sorte de refuge, une caverne dans laquelle ils avaient dessiné leurs idéaux libertins, leurs volages et simples plaisirs de marqueurs noirs, de peinture éclatante. Il y avait des phrases gravées sur le bord de la fenêtre, des bouteilles trainant parterre, roulant dans une symphonie cristalline à chaque mouvement de pneus, de la cendre parsemant le tableau de bord. Le parfum de la jeunesse détruite embrumant les sens, des instants attrapés par les souvenirs faisant écho dans sa tête. Takeshi l’aimait bien sa voiture. Certes détruite, vieille et pouilleuse…mais elle était le tombeau de leurs lumières, leur échappatoire.
L’aurore voilait ses pupilles d’enchantement nostalgique, une mélancolie qu’il embrassait avec adoration, un calme s’échouant dans ses poumons encrassés de froide nicotine. L’écume de ses jours passés moussant dans son esprit apaisé. Les matins se déversaient toujours en lui comme une pluie de constellation ; avec violence et beauté. Sa peau mielleuse fondant sous les timides touchers du soleil printanier…les cerisiers étaient en fleurs, et leur odeur submergeait la voiture, se mêlant aux effluves de cigarettes, d’alcools, de temps abusés par les bassesses terrestres. Les pétales blancs et roses jonchaient la route grisâtre, pavant un chemin au môme, laissant une tendre chaleur bourgeonner en lui. Un sourire éclosant en ses lèvres pâles par un manque de baisers, son pied appuya sur la pédale d’accélération, sentant le moteur ronronner sous lui…sous cette innocente impulsion. La vitre baissée, le vent couronnait sa tête couverte d’une casquette jaune usée. Mémoire d’un morveux d’la rue, comme lui, de cinq ans son cadet, qui n’avait pas réussi à vaincre les armes glaciales de l’hiver…le cadavre jonchant encore, parfois, les pensées vagabondes de Takeshi. Généralement, il tentait de ne pas y penser...d’oublier ceux à qui il avait tendu la main, ceux pour qui ça n’avait pas été assez. Généralement il tentait d’anesthésier la peine sous des rictus provocateurs, de fausses étoiles parsemant ses yeux décolorés…il essayait d’assommer la fureur migrant de son cœur à son regard humide. Des lippes ensanglantées par ses morsures silencieuses, le reflet dans le miroir pleurant encore la figure de ceux qui l’avait quitté. De ces enfants dont la société se foutait complètement, tant que le brave père de famille pouvait encore manger le soir, tant que l’argent servait de pansement aux plus débiles d’entre eux. Des hommes arrachant leur battant sous des ponts salaces, des ombres dévorant les raisons fatiguées…Il s’était promis d’être le flambeau de l’humanité, de tirer de ses doigts sur les murs, les éclabousser de sa colère, dénonçant la fausse prude ouvrant sa bouche pour un peu de blés, les profiteurs qui y explosaient leur semence sans se soucier de la douleur. Pointant la soupe populaire qui n’était plus assez pour calmer et nourrir les ventres enragés. Pauvreté, misère, et sempiternelles larmes qu’on étouffait sous des bidonvilles salaces, cette autre part d’une ville mondiale que l’on enterrait. Il n’était pas seulement une autre brique dans le mur…il était les œuvres rurales qui s’y déversaient, les couleurs d’horreur qui y ruisselaient. Il vivait…vivait pour les autres. Oubliant son existence pour des idéaux utopistes, des rêves titanesques…une volonté têtue berçant son espoir en l’humanité. Le pouvoir n’était pas à prendre, mais à détruire, et les armes de Takeshi étaient brûlantes d’usure quotidienne. Seulement aujourd’hui, le soleil ne verrait plus les bleus et les artères de son enfant. Juste un sommeil morphique dans les bras d’une folle aphrodite ayant suivie la blanche candeur d’un lapin pressé par le temps. La pesanteur oubliant sa force l’espace d’une journée, le cœur viendra à éclore…et à disperser ses pétales dans le vent d’une passion tortueuse.
Il avait déposé des roses chaque jour sur le palier de l’envenimée créature dont les gouttes de sang avaient tâché la main de Takeshi…des fleurs qu’il volait au fleuriste du coin, des mots qu’il dérobait aux livres vieillis qu’il lisait seul dans sa caisse. Des symphonies de poésie pansant ses blessures, taisant ses fantômes…assourdissant le battant, vivace et anxieux, de l’homme animal. Il espérait qu’elle ne se piquerait pas les doigts, la pulpe fragile de ces derniers qu’il aimait tant embrasser lorsqu’elle s’emmêlait à son corps, les nuits après leurs déboires létaux. Les épines ayant transpercé mainte fois sa chair  à lui…rien que les siennes…celle du nymphéa des rues ensoleillées, de ses nocturnes clartés, avait terni sa peau braisée de baisers ensorcelés. Elle le détenait…les soieries de ses robes voluptueuses glissant sur ses membres écaillés. Elle était telle la danse des pissenlits dans les champs fleuris par les rosées du matin, les pâles parachutes se laissant porter par le chant du vent…Elle se déposait sur son corps avec la douceur d’une nymphe aquatique. Un tout auquel Takeshi était drogué. Affreusement drogué ; saoul de la liqueur de ses lippes rosées, comme une danaïde tenant toujours de remplir le vase de ses désirs charnels…de ses désirs platoniques. En vain, elle ne l’appartenait jamais et filait entre ses doigts tels du sable échauffé par la langueur de l’été.
Il arrêta la voiture. Le silence laissant voguer les sifflements joyeux des rossignols accompagnant la délicatesse du printemps. Son être vibrait de la prospérité des choses fragiles…il ferma les paupières…se laissant porter au loin, loin du rivage médiocre de la réalité. Elle descendrait le rejoindre, le message ayant été envoyé depuis le réveil du jour…cinq heure du matin précisément, un temps qui s’allongeait au-dessous de ses yeux, les couleurs d’un ciel encore enfumé par la nuit ondulant sur ses cernes. Il devait être six heures et demi à présent, la senteur du café, payé pour une fois, glissant dans ses sens…la cassette tomba automatiquement, laissant « There is a Light That Never Goes Out » des  Smiths retentir à l’intérieur accompagnant les battements d’un cœur sous un amour immature.

«Invité»
Invité
Anonymous
Mer 6 Avr - 11:18
Invité


■■■
"Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent."

■■■

Seule l'aube dominait lorsque ces funestes mots bourdonnaient en son tympan, synopsis d'une journée à sillonner les routes nippones... Elle ne saisissait guère les motivations exactes du propriétaire de ces dires, les jugeant ne serait-ce qu'un peu trop brusques. Cependant, la voilà à présent surplombant sa literie de matière nuageuse, bien compliquée à s'en détacher, ajustant de finesses retouches à cette discrète couche de cosmétiques usés saupoudrant son épiderme candide. De l'extérieur, les spécimens de la rue émergeaient de leur profond sommeil, élevant le ton afin de le faire savoir au monde entier. Les jeunes bourgeons s'épanouissaient sous les reflets dorés de l'ultime bouton astral. Il n'était que presque six heures du matin, qu'elle se trouvait d'ors et déjà plongée au gouffre d'une précipitation inexpliquée ; probablement causée par la présence d'une compagnie familière à l'étage inférieur, par ailleurs la belle aux cheveux à présent ébènes – peut-être mentionnera-t-il ce fait, s'adonnait à de nombreux songes afin d'imager le garnement patienter sagement au profit de sa venue, au beau milieu de sa voiture souillée de boue, de terre. De fissures, minime épave au capot malmené. Ces pensées lui léguaient vraisemblablement un rictus amusé au creux de ses lippes timidement rosées. Et pourtant, s'il n'y avait que ça.

"D'emblée, nous fûmes passionnément, gauchement, scandaleusement, atrocement amoureux l'un de l'autre."


Le sournois avait délaissé plusieurs offrandes sur le palier de la tourmentée, et la fuite était le signal. Des dons recouverts de pétales parfumées, probablement dérobées... Puisqu'elle connaissait ses vilaines manies sur le bout des doigts, le savait pertinemment voleur. Ce maladroit. Sans aucun doute une tierce façon pour lui de présenter ses excuses ; de racoler les cicatrices dont elle avait pu être l'héritière, ce tournant demeurant encore en ce jour, profondément encré en sa vaste mémoire.
Son cœur avait beau rayonner ; un certain hématome faisait prospérer quelques réminiscences d'une entrevue précédente, dissimulé autant qu'il en était possible. Puisque en ce jour, elle ne souhaitait pas s'en soucier. Omettre sa futile existence. Dénigrer le fait que ces blessures persistaient en sa faible personne, l’insistant parfois à en grimacer de façon abusive. Parce qu'elle n'avouera pas que cela restait douloureux, par moment, quand la folie l'emporte sur la raison. L'unique vision de son reflet la délaissa convaincue que malgré les efforts, elle ne resplendissait probablement pas autant qu'au premier jour. Que durant le crépuscule de leur histoire, emparé d'un lourd tonnerre retentissant souvent.
Ses doigts relevant de la féerie se liaient à sa chevelure telles des lianes que l'on ne tissait plus, se débattant avec cette dernière, à l'aide de cette vieille brosse fermement maintenue entre ses paumes, sa couronne se propageant à la naissance de sa poitrine juvénile, si ce n'est davantage. Défiait les lois de la nature, les vices de son physique aux traits convenablement tracés, dont cette sage ne pouvait se plaindre. Jusqu'à ce qu'il fut temps, pour elle, comme pour lui, de se détourner de son antre tant adulée ; le baume au cœur. Ainsi, le vacarme ne s'agissait que de la pauvre enfant dévalant les escaliers adjacents aux corridors de son habitacle, les voluptés de ses courbes magnifiés par le biais de ce tissu nacré saillant sa peau accessoirement entretenue, dégageant de doux relents aux parois sucrées, enfantines. Quelle délivrance ce fut, lorsque l'oiseau s'échappa des cages le retenant tel un vulgaire vaurien, malsain, guidé par les sonorités frénétiques émanant de l'une de ces caisses-là. La brutalité même au gré d'une matinée printanière, propre au fautive de ce chahut prématuré. Elle le rejoignit enfin, explorait les décombres de son univers à lui. De ses idéologies mal placées.
Rien qu'un sourire afin de le saluer, pauvrement maniéré. Demeurant quelque peu craintive vis-à-vis des gestes à produire ou non, un léger embarras la prit soudainement pour esclave. Comme s'il n'était question que d'une première entrevue, d'un chapitre supplémentaire dont elle n'était décidément pas usée à sillonner ligne par ligne, de ses prunelles ébahies. Il était là, l'objet de de bon nombre de ses rancœurs maladives, de ses manques inavoués, de ses lèvres assoiffée, d'un désir d'attention. « Tu vas mieux ? » Mieux. Car les profondeurs abyssales l'avaient autrefois fait prisonnier, tel un pantin amoché qu'un enfant aurait pu délaisser par mégarde sur le sol de sa chambre à coucher, au beau milieu d'une vague de compagnons boisés. « Merci pour les fleurs, au fait. » En réalité, elle ne saluait que très peu ses actes de sauvageon, plutôt sa délicatesse innée et son inimitable clairvoyance, profanant bon nombre d’antidotes envers les divers remords portés, plus ou moins tenaces selon les tons. Elle accentua le confort de cette soie couvrant ses épaulettes un peu trop fragiles, la brise extérieure étant susceptible de lui accommoder une vilaine grippe. Aussitôt la poupée avait-elle pénétré en son terrain que le cataclysme éparpillé partout lui sautait aux yeux, n'étant toutefois que peu surprise. A l'image du vagabond qu'il était... Dont les cris et les larmes s'étaient bon nombre de fois écroulés dans le puit de ses bras voilés d'une douceur féminine sans nom. Et puis le silence. La pauvre ne savait vers quelle direction s'orienter, que dire, que faire. Lorsqu'il était question de lui, tout paraissait soudainement flou. « C'est mieux comme ça. » lança-t-elle alors, dénudant la tête brune de sa compagnie de cette casquette jaunie et entrecoupant le regard lunaire de l'enfant sauvage. Un doux sourire s'installa alors aux constellations de ses lippes pulpeuses, tandis qu'elle poursuivait innocemment. « Je suis heureuse de te voir, Takeshi. Malgré cette immonde casquette que tu portes, j't'en veux pas de ton manque de goût. » Et elle se confessa finalement, étouffant le ricanement de sa moquerie abusive. Son égoïsme la manipulera définitivement un jour... L'égoïste qu'elle était, se voyait comblée de n'être que la principale actrice de son temps en ces heures à venir.



«Invité»
Invité
Anonymous
Jeu 7 Avr - 20:53
Invité


■■■
"I have caught myself loving you
Like a little thief
Stealing a loaf of tenderness.
"

Les particules s’échappaient doucement des sales parois, leur langueur évanouissant la monotonie de l’instant. De minuscules poussières d’or flottant dans l’ionosphère interne d’une voiture encrassée de souvenirs et de luttes ébréchées. Les rayons du soleil les enrobaient, formant le ciel qu’elles portaient, ces Atlas souillons. Son calme souffle se mêlait à eux, roulant dans leur salle de bal illuminée, ruisselante d’ambre atmosphérique. Les danses venaient à s’exciter, sous l’impulsion du tambour charnel rythmant sa fragile respiration. Les pas se rapprochaient, les ciels s’entrechoquaient et bientôt la poussière s’éloignait de son visage encadré de soleil matinal. La jeune Aurore, rose à peine éclose, possédait encore ses joues rougies d’une intimité que le volage Takeshi dérobait…avec l’insolence et la complicité d’un enfant stellaire, pouvant ruiner les bâtisses des dieux dans ses fourbes jeux, ses courses contre les mortels outragés. Cela l’apaisait grandement, cette romance entre l’univers et lui-même, ce moment qu’il trouvait toujours tellement captivant. Parfois, ne dormait-il pas de la nuit pour simplement se retrouver, les pieds léchant le sol d’un toit, au plus haut sommet de la ville tokyote. Il tendait alors ses mains, comme un grand gamin, cherchant à frôler les délicates mousselines de l’aube, sa peau bleutée, son regard doré…ses lèvres rosées. L’épouse de ses journées, hantant son esprit, le quittant dès la maturité de son âge, et mourant dans ses bras, dans un mystique crépuscule. Il n’avait que cela à offrir ; une vie. Tanguant entre les jours et les nuits, les cycles d’une existence au bord du précipice de la folie. Perdre la tête à outrance, ouvrir son gosier et injurier le reste du monde, le prendre pour l’ennemi de son cœur, projeter son âme dans les tourbillons amers de ses sentiments violents…pulsant sous ces derniers. L’extase parfait. Quitter cette enveloppe corporelle, n’être plus qu’un amas de constellations, de poussières d’étoiles. Il cueillait généralement, à cette heure-ci, les mots de la rue, ceux découlant des bouches affamées, de celles condamnées au silence. Il jouait avec les mômes des bidonvilles, volait quelques divers objets pour les redonner, ou les garder, écoutait les mémoires d’un ancien employé maintenant sdf, d’un garçonnet de treize ans, le sourire ensanglanté, riant encore de la manière dont un policier le heurta à terre parce qu’il avait dérobé un magasine pornographique. Son magasine X pour être plus exact. Cependant, à présent, se trouvait-il enfermé dans son propre engin, attendant qu’une apparition daigne l’obséder. Que son halo vienne éclater en millions de phosphènes dans ses sombres yeux. C’était étrange…tout était étrange dans son monde. Elle avait le pouvoir de faire fleurir des roses dans le désert de son cœur enragé…brûlées les terres avaient été par sa haine destructrice…infertile. Pourtant, il suffisait que ses lèvres viennent apaiser l’incendie tortueux, que la liqueur toxique se glisse dans sa gorge, sucrée et acide…comme un sorbet, était-elle. Les ronces de son amour enchainant Takeshi à un parterre encrassé de sang, son sang à lui. Les épines traçant leur passion, leur tornade intime, sur sa chair, ouvrant ses artères, laissant le vin éclabousser son corps perlé de luxure. Toute cette douleur, cette torture pour un peu de son attention, pour pouvoir s’endormir dans ses bras salutaires, sur sa poitrine adorée, protectrice d’une douce flamme valsant en son sein maternel. Des hallelujah échangés entre deux baisers furtifs, profonds et affamés, une Maria pour laquelle il se prosternait, amassant ses prières silencieuses, les écumes de ses plaies ouvertes par les sauvageries de l’extérieur. Il suffisait qu’elle sourit pour que les vagues salées rongent ses muscles détendus, pour que ses cris s’étouffent en des soupirs évanescents.  Une transubstantialisation, aliénant sa fureur en quelque chose de plus précieux…plus dévorant et dangereux à la fois. De l’esclavage volontaire, une soumission sans pareille qu’il détestait avec la plus grande des ardeurs. Qu’il bénissait, venant chercher le pain, sa chair, dans sa misérable bouche, le vin, sa dévotion, découlant dans sa gorge desséchée. Il l’adorait avec véhémence, la muse, chimère de son temps nocturne, brouillard se déposant avec légèreté sur sa vie, voile se déroulant sur la vision fracturée de Takeshi. Un prisme se présentait alors à ses iris charbonneux…et tout paraissait plus diffus. Plus brisé…plus beau aussi. Surtout, surtout plus beau.
Et elle descendit, de son nuage goudronneux. Des nuées volatiles caressant son frêle être, de pâles tissus superflus ondulant sous le contact paresseux d’un vent frais frivole. Son visage marmoréen embrassé de soieries boisées, les bras automnaux de lierres dénudés frémissant sous le souffle céleste, traçant d’obscurs remous contre sa joue…la toile devait être tachée. Un artiste bordélique, ratant la plus sublime de ses œuvres. Ses paupières déclinèrent, de remords et de honte surement, ou de gêne, se comportant comme un timide gamin lors d'un premier rendez-vous. Il lui ouvrit la portière avant même qu’elle n’ait atteinte le métal vieillot de la caisse. Une action qui lui fit bourgeonner un sourire. Il ne put que le rendre, détournant rapidement son regard d’elle pour se concentrer sur l’espace vitré. Un minuscule parking exploré de pétales de cerisiers, trainant leur présence avec une inconscience agréable. Le bitume s’écrasant contre la terre arrosée de fragile rosée…tout était morose. Il aurait pu trouver la vue agréable dans d’autres circonstances, mais ses pensées bourdonnaient auprès de la créature embaumant l’air de son parfum enchanteur. Un opium aux effluves vanillés trafiquant son esprit embrumé. « Tu vas mieux ? » cela se posa dans l’espace comme une plume dérivant sur une eau courante…c’était gracile, et tellement innocent. Un ricanement étouffé par une expiration amusée…teintée d’une terrible mélancolie rongeant son être. Est-ce qu’il allait mieux ? C’était ridicule. Ridicule et tellement, bête. Oui, bête de sa part. Était-elle aussi détachée de la réalité ? Son poing brûlait encore du contact sur sa tendre joue. Il secoua la tête légèrement, sa bouche s’étirant en un rictus désespéré. « T’aurais dû appeler la police, Moe. » Ils auraient dû l’enfermer…ou mieux ! L’abattre. Et faire de son corps criblé de démons son dernier lit. Son funeste tombeau. Ça leur aurait fait plaisir, et ça l’aurait au moins préservé. Il se souvenait encore, avec l’usure habituelle des choses, dans un funeste flou, de sa fuite, tel le voyou qu’il était. Roulant en pleine nuit, faisant rugir le moteur à s’en déchirer la gueule, la face barbouillée de larmes et d’alcool, veinée de colère et de désespoir. Il aurait pu se crasher en pleine route et crever tout seul, sous les flammes avides de cadavres à dévorer. Mais une putain de destinée le préservait sans cesse…peut-être, c’était con d’le penser, mais peut-être pour toujours être à ses côtés. Non ; il ne la méritait pas. Mais il avait tenté d’effacer ses méfaits, par des roses et des poèmes qu’il choisissait avec soin, entre ses draps emplis de vide et de froid. Manquant son apaisante chaleur. « Merci pour les fleurs, au fait. » Il osa enfin la regarder dans les yeux. Rougissant sans doute quelque-peu alors qu’il haussa des épaules. « Pas d’quoi, c’est pas grand-chose t’sais. » Ça ne l’était pas en effet, quelques fleurs dérobées à droite et à gauche, des livres entiers qu’il effleura avec précision. Du temps volé à son gang, cette Pléiade démultipliée, défoncée à la drogue d’une vie excentrique.  Tant qu’il pouvait à présent se délecter des opales chatoyantes dans ses grandes pupilles candides. Des reflets de tant d’instants capturés dans le creux de son âme. Elle; qui paraissait si vieille, ayant vécue coincée entre des pages jaunies par les années écoulées, dans ce corps juvénile, aux courbes encore très enfantines. Il se demandait parfois si elle s’épanouirait encore, un peu plus en chair et en sensualité. Mais il était impossible d’imaginer sa Moe, sa gentille fille, se métamorphoser en femme. Certainement pas. Et peut-être était-ce la raison pour laquelle il aimait tant la couvrir de sa présence masculine, la surprotéger à en étrangler quelqu’un. Il l’observa se mettre à l’aise, dans sa petite robe de poupée de porcelaine, lui convenant à merveille d’ailleurs, et oui, Moe restera sempiternellement Moe. Une gamine tentant de jouer dans l’monde des grands…une gamine ayant grandi trop vite. Ou plutôt, sans même s’en rendre compte. Il se divertissait souvent de sa pudeur lorsqu’il glissait ses mains hâtives contre ses hanches innocentes qu’il avait tant de fois exploré…dont il ne semblait jamais rassasié. « C'est mieux comme ça. » Elle lui arracha, la môme, sa casquette, cercueil de lourdes réminiscences. Un sourire acidulé ornant ses lippes sucrées. « Je suis heureuse de te voir, Takeshi. Malgré cette immonde casquette que tu portes, j't'en veux pas de ton manque de goût. » Ses yeux s’agrandirent, feignant l’outrage qu’il se devait de laver. Il ne put s’empêcher de lâcher un rictus quelque-peu attendri, il était vrai. Rattrapant le poignet de la tendre voleuse, il reprit son bien et le reposa, à l’envers cette fois-ci, sur ses cheveux décoiffés. Une bataille capillaire traduisant, avec ironie, la guérilla qui se déroulait en son cœur. Ce dément perdant s’emmêlant les pieds, tombant quelques-fois, luttant pour la vie…pour que la petite mort qu’elle détenait en elle ne vienne pas le faucher. Son bras droit s’étira afin de fermer la portière du côté passager, coinçant ainsi la demoiselle dans son siège. Ou plutôt formant un cocon, pour qu’il puisse se rapprocher d’elle. « Ma voiture, mes lois, très chère. » murmura-t-il alors que son visage s’était intimement porté au sien. « Et puis, j'pense pas avoir de conseils à recevoir d’une fille qui s'promène les seins en l’air. » son sourire insolent déchirait presque ses lèvres, jetant, par la même occasion, un coup d’œil à sa poitrine révélée, à peine plus bas. Un merdeux la taquinant sur ce qui, clairement pouvait la gêner ou l’intimider. Sa langue caressa le coin de sa bouche, maintenant la jouissance de la voir dans l’embarras se manifester. Elle pouvait très bien être la fortunée reine, découpant sa tête selon ses caprices…cependant il demeurait le roi, dominant de toute sa personne le peu de forces qu’il maintenait sous l’envoutement de l’ingénue Circée.



Spoiler:
«Invité»
Invité
Anonymous
Sam 9 Avr - 23:55
Invité


■■■
"Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent."


L'enfant capricieuse qu'elle était chérissait corps et âme ces moments où ils vinrent tous deux à leur rencontre, où ses fins doigts pouvaient frôler les effluves de sa peau laiteuse, faisant abstraction à ce monde les entourant. Captivant deux amants maudits, couvant leurs péchés éternels, les liant par passion. Celle qui foisonnait en eux, ces deux éperdus bien trop tourmentés afin de demeurer stables face à leur perpétuel questionnement. Il n'y avait pas plus déroutant que lorsque leurs souffles, entremêlés, aux relents empoisonnés rythmaient leurs désespérances charnelles. Il n'y avait pas plus enivrant que les lianes que le fou tissait aux trépasses de sa chevelure bien trop longue, pianotant au gré des vestiges de ses courbes harmonieuses, la délaissant, afin de s'engouffrer dans ses méandres voluptueuses... Et elle s'en délectait la fourbe, de ces débris comblant sa solitude, meublant son cœur meurtri d'enfant bohème. Lorsqu'il lui signalait sa présence, elle accourait aussitôt, songeant au réconfort pouvant être apporté à son corps des plus frêles. A l'utopie qu'il était en mesure de créer, l'isolant alors du cadet de ses soucis, de ses inquiétudes grandissantes. La gamine aux multiples caprices, en effet. Ceux persistant afin de le maintenir à ses côtés quelques temps, jusqu'à ce que le bandit à en devenir ne rejoigne la jungle de ses nombreuses luttes acharnées  à nouveau, de ses combats anarchistes. L'imagination de la plus fantasque la poussait parfois à un amas de portraits s'inscrivant en sa mémoire, imageant alors l'aura que pouvait bien dégager l'être aimé lors de situations similaires à celles qu'il endurait chaque jour, en dépit des embûches promises... Attisée par l'irrésistible envie de découvrir cette facette longuement camouflée de sa personne si dévouée au monde, à la société, à ces gens-là à qui l'on promettait tout, mais à qui on ne donnait rien, mis à part quelques décombres. Le cœur intrépide, que la malheureuse parvenait parfois à dompter... Lorsqu'il s'abandonnait, finalement, aux firmaments de ses bras aux voiles semblables à ceux de Morphée. Lorsqu'il la maintenait auprès de son torse perlé, de par toute l'affection portée par la jolie nymphe aux traits soufflés scrupuleusement avec précision ; envoûtant le grand maudit, celui-ci se plongeant par mégarde dans les profondeurs abyssales de ses pupilles noirâtres d'envie... De désir. La pauvresse en crèverait un jour, si cela ne tenait qu'à elle ; car par malheur, la folie d'une passion ardente prenait trop fréquemment le dessus sur la raison. Une raison manipulée par les quelconques futilités de ses gestes à son égard, des mots portés d'une fine poésie qu'il exploitait, sélectionnait avec soin lors de ses tristes solitudes, semblait-il. Oui, il possédait les secrets nécessaires afin de faire chavirer son âme dotée d'une sensibilité indétrônable, et avait beau la souiller ; la miraculée se redressera toujours, tout juste sous son regard ébahi. Il la détruisait afin de mieux la posséder, pour que la bénie ne lui file entre les doigts... Alors, ses lèvres fissurées laissaient échapper un rire débordant de désespoir, ce dernier pratiquement inaudible. L'envoyer valser dans la gueule du loup, afin d'en ressentir les méfaits en retour, elle n'en voyait aucunement l'intérêt. Si ce n'est celui de le laisser pourrir derrière des barreaux le temps d'une aventure nocturne, façonnée de ses larmes et jurons à la chaîne. La brune se contentait simplement d'éviter les dires du garçon. Tout était plus simple comme cela, et aborder ce sujet plus que fâcheux ne rimait à rien, si ce n'est qu'au néant, très vite rattrapée par l'incroyable compassion émergeant en elle lorsque de toute modestie, il affirmait que son cordial geste aux allures florales n'était pas surprenant. Et puis, elle ne comprit que tardivement les réelles intentions de cet homme parfois un peu trop vicieux à son goût, sachant parfaitement se jouer d'elle à sa guise, dès que la moindre envie se faisait ressentir. Emprisonnant sa belle au sein d'un piège furtivement glissé sur son chemin, cette proie facilement atteignable, celle-ci se maudissant d'ailleurs... S'épanouissant avec naïveté sur ce qui paraissait faire office de son territoire à lui. Jusqu'à ce que le trouble ne se fasse ressentir, l’insouciant morveux la provoquant, et faire remarquer ce manque de pudeur soudain. « Merde, j'ai même pas fait gaffe... » confessa-t-elle subitement, les brusques propos contrastant avec son aura enfantine ; non sans être perturbée par la violente proximité de ce visage que ses mains frêles avaient déjà tant de fois exploré, perdant souvent leur chemin d'ailleurs. Elle couvrit tantôt ce surplus d'exposition de sa chair à l'aide de son avant-bras telle une enfant un brin intimidée, ses dents s’emparant de sa lèvre inférieure. Sillonnée d'une once de désir de répondre, ses doigts inoccupés prirent soudainement la peine de s'immiscer parmi la chevelure de celui lui faisant face, parcourant de ses doigts envenimés, la naissance de celle-ci... Ses pupilles défiant les siennes, munies de toute l'innocence du monde... Innocence feintée, exagérée pour ce monsieur. « Dommage que ce ne soit pas volontaire de ma part. Et puis, c'est pas ce que t'es supposé regarder en premier quand tu me vois ! » Un ricanement pudique se fit à l'évidence entendre, la rebelle d'un temps relâchant aussitôt sa prise, l'éloignant presque avec amertume malgré tout, son petit poing s'abattant contre son torse. Ce même rictus amusé et détenu par ses lippes charnues, minutieusement taillées de vieux rose. Bataillant tous deux, comme deux enfants dont le dynamisme fut endiablé... Comme les misérables diablotins qu'ils étaient auparavant, ceux grandissant beaucoup plus vite qu'ils ne l'auraient songé. « Dis-moi, où est-ce qu'on va ? Je suis curieuse. J'veux savoir. » Probablement par pur hasard, une funeste moue s'installa alors au creux de son visage se bataillant avec d'infimes mèches de cheveux boisées, encombrant une partie de celui-ci. Il n'y avait pas plus tentant pour cette Moe aux allures de princesse, que le mystère planant autour de cette entrevue tant espérée... Tant précieuse.



«Invité»
Invité
Anonymous
Mar 12 Avr - 14:24
Invité


■■■
"I have caught myself loving you
Like a little thief
Stealing a loaf of tenderness.
"

Le soleil endormi filtrait son pâle enchantement éthéré à travers l’entière immensité minuscule de la voiture. Un infini limité qu’ils détenaient en cet instant aux creux de leurs bras enchainés aux désirs de s’entre-nouer. Dans une seconde, leur souffle décryptait l’éternité de leurs rêves charnels, des flanelles de chair se déchirant sous la violence de reins malsains…sous la sauvagerie d’une bouche aimée. Une âme ne parvenant pas à se mêler à l'autre, s’unir afin de compléter leur galaxie mélancolique, des constellations à qui on avait arraché des étoiles, à qui on avait volé une part d’existence. C’était confus, ce qui se lisait dans leurs gestes prudents et délicats, un océan de pensées et de non-dits électrifiant l’air. Des électrons libres voltigeant entre leurs lèvres entrouvertes, une coulée nucléaire déferlant dans leurs veines misérables. Une pauvreté de cœur, se nourrissant de ces instants suspendus, arrosant ses espoirs amoureux de nobles larmes voilées. Cachées au monde entier, tant la plaie que Cupidon laissa ne cicatrisait plus…pullulant du lait de cette Vénus, la terrible jalouse explosant ses ardeurs contre le torse fort du dément Mars. Et tels ses amants interdits, surveillés par les yeux divins, aux chatoiements de démesure céleste, les deux jeunes enfants s’épuisaient dans leur folie mutuelle.
La Nature s’éveillait sous le chant rondouillet des hirondelles estivales, arborant ses robes allumées de doucereuses couleurs. Des roses, aussi parfaits que ceux fleurissant aux joues des jeunes vierges effleurées, des blancs, aux candeurs attendrissantes de peau opaline et fraiche, des verts, luxuriants déployant leur plumage comme les plus belles espèces volatiles…Takeshi aurait pu s’enfermer au sein de son esprit fantasque et décorer une toile de ses peintures rutilantes. Il aurait pu créer un monde de ses doigts d’artistes, se remémorant sa jeunesse sous les branches nostalgiques des saules domestiques. Lorsqu’il pratiquait son art dans un silence monacal, enrobant la pureté du voile blafard sous des traits de pinceaux travaillés et examinés soigneusement. Takeshi avait un don naturel pour la peinture, en particulier, ayant passé des journées entières à pratiquer sa maitrise, à la perfectionner, un détail chiffonnant toujours sa sensibilité. Voire des nuits, lorsque ses parents l’oubliaient allègrement, trop occupés à se soucier de leur chiffre d’affaire que du gamin à l’esprit tourmenté. Seul avait-il grandit, la gouvernante déplorant son mutisme torturé…on l’avait retrouvé, une fois, lors de ses huit ans, la bouche emplie de teinte jaune…la plus heureuse des nuances. L’enfant voulait être heureux. Une solitude qu’il dessinait sur ses œuvres champêtres, ses natures mortes extasiées par les rayons mielleux d’un matin d’automne. Le vent jouant avec ses cheveux, la moue concentrée, il suivait gentiment les pas de ses prédécesseurs, vouant un culte à ces personnes dont les cendres s’agrippaient à ses poumons enflammées d’inspiration. Un poète solitaire des pigments moirant son visage de vie. Des souvenirs ruisselant contre les parois de son crâne d’ivoire…Van Gogh avait bien raison, il n’y a rien de plus beau que la nature, tôt le matin.
Il aurait pu, en effet, grandir en maitre artiste, tant il dominait son art à la perfection. Cependant…les démons de son être ne tardèrent pas à faire un autodafé de ses œuvres, sous ce même saule pleureur…larmoyant sous l’enterrement du gamin et de ses pinceaux. Laissant place à l’homme et ses bombes. En cette scène de bacchanale contrôlée, toute l’ivresse pour l’existence prit possession de son corps…on comprenait alors pourquoi les tempêtes étaient baptisées sous le nom des êtres humains.
Son amour pour la nature n’avait jamais changé néanmoins, comme sa faiblesse pour la peinture. Pourtant, autre chose avait aliéné son comportement. Se glissant dans sa tête, ricochant contre ses pensées floutées d’instincts bestiaux, hantant ses songes éphémères. Elle portait en elle la plus belle des natures…s’illuminant à chaque fois qu’il osait poser un regard émerveillé sur elle. Des cheveux semblables aux branches dénudées, des lippes au cœur des roses à peines écloses, une peau de mousseline céleste, des yeux, aussi profonds que les gouffres terrestres. Elle portait Gaïa et Ouranos…l’univers se mêlant en une personne. Il se souvenait encore, lorsqu’elle remplaça le monde extérieur à son regard contemplatif. Bourgeonnant de sa seizième année, s’échappant de ses classes pour courir les rues avec la nonchalance d’un Oliver Twist illusionné. Il s’était réfugié, alors, dans une librairie, ayant suivi le chemin tracé par les pétales de cerisiers…Comme si la Fatalité le guidait vers les bras de la Faucheuse, elle, si amourachée de cette vie nouvelle gazouillant en lui.
Aujourd’hui, c’est elle qui suivait la crasse des misérables pour le retrouver parmi les pouilleux de cette citée. Elle, qui s’embourbait dans l’aura destructeur de l’Hadès infortuné. Elle coincée par la personne de ce roi affamé par la passion, assoiffé par la liberté. « Merde, j'ai même pas fait gaffe... » un ricanement rauque s’échappa de la gueule du loup. Il n’avait pas véritablement l’habitude d’entendre de tels mots tinter et vibrer sous le son de sa voix fluette. Elle, qui était aussi capricieuse avec les phrases qu’elle déversait de son gosier fruité que la princesse dérangée par le petit pois sous ses immenses matelas. Une précaution quand elle articulait ses syllabes dérangeant parfois le sombre fou qui ne pouvait jamais totalement s’immisçer dans ses idées. Il connaissait parfaitement les faiblesses des gens l’entourant, il avait un talent inné pour enfoncer le couteau dans une blessure sanglante, ou bien l’enlever…mais Moe était un culte à mystères. Si son mutisme n’envahissait pas leurs entrevues furtives, sur le pas de sa porte, avant que l’homme ne s’enfuie vers les problèmes qu’il semait partout, c’était cette attention particulière qui résonnait dans sa gorge. Combien de fois avait-il eu ce désir pervers de l’empoigner ou bien de dévorer de ses canines chaotiques cette partie si tentatrice ? Dépecer pour comprendre et saisir toutes les tonalités subtiles voilant ses sentences fantomatiques.  De frêles apparitions obsédant le gamin perdu sous le flot funèbre de ses questionnements. Elle était un point d’interrogation. Filant entre ses doigts comme le sable du temps qui s’échappait de son emprise désespérée. Un zéphir poussant la voile de son bateau vers des horizons inconnus, exotiques, vers ces parties d’elle-même qu’elle ne connaissait peut-être pas non plus. Vers les secrets profonds de son âme juvénile. « J’pense que j’commence à avoir une certaine influence sur toi. » un de ses sourcils s’arqua, son sourire toujours aussi narquois. Il avait l’attitude d’un enfant joueur, souhaitant s’amuser encore un peu plus longtemps…toujours un peu plus longtemps. Particulièrement lorsqu’il la vit gênée, se couvrir d’une pudeur propre aux dames d’Artémis. Pourvu que la femme-lune ne veuille pas le poursuivre dans des bois tortueux pour ses offenses à l’intimité magique d’une jeune femme se trouvant l’aube de sa beauté érotique. Takeshi était sempiternellement fasciné par cette naïveté enchanteresse, cette candeur dont les femmes étaient seules fourbes détentrices. Tels des astres, elles brillaient sous un ténébreux fond, sans qu’on ne puisse les effleurer, sans qu’on ne puisse en saisir l’essence même. Une course dans laquelle les hommes, ces mortels hallucinés, s’engageaient…poursuivant les volatiles étoiles filantes. Les doigts de la belle papillonnèrent jusqu’à sa nuque, glissant jusqu’à la racine de ses cheveux. Il ne demandait qu’une seule chose, que son cœur endure la peine, lui qui avait esquivé tant de flèches auparavant. Le poison noyant son sang dans une euphorie timide, réchauffant son être comme si elle irradiait, ce soleil évanescent. Son ventre se noua…une pulsion l’obligeant à rapprocher davantage son faciès du sien. Jusqu’à ce que quelques millimètres ne les séparent, qu’il puisse sentir, enfin, sa respiration saccadée contre ses lèvres entrouvertes. Elle vivait…son battant rythmant tous les instants dans lesquels elle s’évanouissait. Elle vivait, là, contre lui, comme un petit oiseau entre ses paumes. Il souhaitait cueillir la baie rosée de son visage, la sentir exploser dans sa bouche et le jus ruisseler dans sa gorge. S’il pouvait seulement la goûter, la savourer ici, peu importe les conséquences de son acte fugace, il n’attendait que cela… « Dommage que ce ne soit pas volontaire de ma part. Et puis, c'est pas ce que t'es supposé regarder en premier quand tu me vois ! » Son petit rire vint cristalliser le sourire du jeune homme ensorcelé. Dommage en effet…Il se mordit la lippe inférieure de ce petit plaisir. Cette simplicité dans leurs jeux d’enfants, comme deux amoureux juvéniles, se découvrant pour la première fois. Se frôlant de si près, leur corps s’emballant, se faisant déchirer par la tempête de leur attente mutuelle, celle accomplit dans l’obscurité de draps baptisés par l’exploration charnelle. La musique n’était plus qu’un bourdonnement à ses oreilles sourdes. Avec cette même chasteté enfantine, elle le repoussa gentiment, le replaçant à sa place, loin de son verger luxuriant. Takeshi s’éloigna d’elle, dans le regret peut-être, mais il ne s’en faisait pas véritablement, il allait l’avoir…il le lui avait toujours répété. « Tu m’appartiendras » qu’il avait crié, encore adolescent, la fureur du désir battant contre le portail immense de son cœur. Tel un personnage shakespearien, il avait défié les Moires et les Divinités du ciel pour l’amour de sa belle. Elles le maudirent, ce morveux indécent…l’abattant non pas d’une tendresse, mais d’une passion ravageuse, rongeant sa personne toute entière.  
Rallumant le moteur, il fit avancer sa voiture vers la destination choisie. Encore un secret pour la demoiselle qui ne tarda pas à s’impatienter. « Dis-moi, où est-ce qu'on va ? Je suis curieuse. J'veux savoir. » Il demeura silencieux, préférant de loin les surprises quotidiennes que lui réservait la vie, que cette existence planifiée entre les pages d’un agenda plein à craquer dont la société était la pauvre victime. Dans son rétroviseur, le donjon de sa princesse s’éloignait…il l’enlevait. Voilà ce qu’il faisait, et cela l’excitait. Le plongeant dans ses fantaisies immatures, ce preux chevalier…ou ce Robin des Bois ! Sa main lâcha quelques instants le volant pour désigner la boite à gants quelque peu défoncée. « Ouvre, y a un truc qui pourrait p’t-être te servir. » Ses yeux ne quittant pas la route, il repensait à ce moment où il avait trouvé le polaroid délaissé. Il avait seulement fallut quelques petits ajustements pour réparer l’engin, Hiroki ayant été l’heureux modèle d’une photographie pour voir si la chose marchait. Bien sûr, l’image était ressortie floue…non pas, forcément, à cause des fumées grisâtres embaumant les mômes…mais surtout parce que Takeshi ne savait abominablement pas prendre de photographies. Moe, de par ses doigts délicats et sa sensibilité naturelle, saurait capturer leur petite aventure journalière. Immortalisant leur bonheur sur du papier glace, moirant d’étincelles artificielles…et tels des papillons, ils ne vivraient qu’un instant…


c'est un désastre trop laid sorry:
«Invité»
Invité
Anonymous
Mar 12 Avr - 23:30
Invité


■■■
"Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent."


Son plus beau souvenir, demeurait, toujours, le précédent... Comme si tous deux n'étaient qu'un instant figé de cette existence qu'ils menaient, les mains dans les poches convenablement cousues de la jeune fille, tandis que celles appartenant au jeune homme n'étaient que les abysses noirâtres de sa lutte perpétuelle à l'encontre de ce monde condamné. Lorsqu'elle ne demeurait qu'une Eve des temps modernes, cette aura angélique couvrant sa tête faite de fleurs de lys l'entourant, tentant en vain de maintenir l'équilibre sur les remparts tokyoïtes. Lui qui l'avait à l'époque recueillie, sa candeur abritée sous sa bestialité de garnement tout juste âgé de seize ans, son cœur qui pullule s'étant par mégarde égaré. Elle devint sa muse, aux traits enchanteresses, bénis de nombreux sortilèges radicaux. La note d'une douce mélodie retentissant haut les cœurs, leur hymne à la joie, deux euphoriques dirigeant dès alors l'orchestre d'une quelconque symphonie. Lui inculquant, à ses idéologies bohèmes, de douces effluves païennes résonnant tout juste au creux de son tympan pénalisé. Ensemble, ils découvrirent ce monde parallèle au leur. Et bien que de décennies différentes et contrées éloignées, tous deux s'étaient néanmoins rencontrés ; s'échangeant quelques mots de par leurs voix à bourgeonnant à peine, façonnées au fil du temps. Elle demeurait en mesure de détenir l'odorat des godasses bousillées du gamin, de sa chevelure ébène en pagaille et de ses joues enneigées, malheureusement tachetées de goudron urbain. Un sale gamin s'aventurant dans la jungle de rêveries d'une fillette insouciante et muette face au monde extérieur, paraissant beaucoup trop repliée dans l'armoire regorgeant de ces diverses existences menées au travers des pages jaunies et malmenées des bouquins dont ses pupilles sillonnaient les grandes lignes avec une certaine aisance. L'artiste savait parfaitement embellir son modèle fétiche, la ravir sous les rayons ensorcelés des plus beaux jours. La raison, témoin de leurs chamailleries enfantines tournait bien souvent les talons, apercevant ces deux grands maudits, leurs poitrines domptées d'une idylle source d'utopie malsaine. Il n'existait pas plus folle lorsque la tentation qu'il représentait embaumait les horizons... Elle qui pourtant, incarnait une sagesse inouïe. Cette fois, rien de plus que de vulgaires gestes aux sous-entendus inadéquats. Ils s'interdisaient afin de mieux se posséder, écartaient le désir de s'unir par le biais de leur chair déjà si souillée de précédents baisers engendrés ; remballer ses quelques vœux fleurissants aux cageots de son âme meurtrie. Vagabonder parmi ce vaste champ d'indifférence, feinter les appels venimeux de cette luxure éphémère... Agir comme deux gamins ne connaissant encore trop rien à la vie, mis à part les sentiments impurs d'une amourette de jeunesse, en toute innocence surjouée, tels des jeunes gens n'étant jamais sevrés. A ses côtés... Elle était vivante. En toute simplicité, les artifices n'étaient jamais nécessaires.
Sa curiosité fut particulièrement aiguisées lorsque son interlocuteur pointa d'un doigt révélateur la boîte à gants, renfermant un certain trésor selon ses dires. A l'évidence, l'adrénaline provoquée par ce ressenti d'en découvrir davantage, tout juste après avoir dévisagé par mégarde sa silhouette masculine de ses yeux globuleux. « Sérieusement ? Tu l'as trouvé où ? J'ai toujours rêvé d'en avoir un, je te jure ! » s'écria l'éternelle enfant d'une sonorité aiguë, s'émerveillant à contre-courant face à cet objet tiraillé entre deux temps, naviguant entre les flots d'antan ainsi que modernes. Jamais la libraire ne se serait doutée que, parmi ce terrain chaotique aux reflets de Takeshi, pouvait somnoler à l’abri des regards indiscrets un tel joyau... Par ailleurs, la concernée ne se fit guère prier afin d’ausculter ce qui se reflétait comme étant une réplique du Saint Graal pour ses pupilles de gamine cloîtrée dans le passé, au sein de cet autrefois qu'elle déterrait de manière fréquente... Ses canines dérobant alors sa lippe inférieure, contrastant à ce vieux rose la magnifiant alors qu'une soudaine idée traversait son esprit déjà si tumultueux. « Idiot, regarde par ici. » Retournant l'objectif du polaroid à leur encontre, abordant un ravageant rictus aux relents moqueurs et capturant ainsi, l'air outragé du conducteur... Son rire se déployait à vive voix, dépourvu de la moindre gêne. Après tout, chaque chose devenait, au gré des années, plus qu'anodin lorsque deux amants se trouvaient écartés du reste du monde un brin trop agité à leur goût... Comme s'ils ne se connaissaient que suffisamment afin de dénigrer toute retenue émanant de leurs gestes. « Pardon c'était trop tentant, mais continue de te concentrer sur la route, s'il te plaît, j'suis encore trop jeune et jolie pour mourir. » L'implorant presque afin de se faire pardonner d'une récente provocation, l'ironie débordant de ces paroles insensées ; à l'image de ces taquineries incessantes entre jeunes adultes dont on éprouvait souvent des doutes quant à une supposée immaturité camouflée face à autrui. Une pose minutieusement interprétée face à l'appareil dont elle ne pouvait plus se lasser, probablement au grand damne de l'auteur de cette fulgurante activité à laquelle elle s'attelait à présent, capturant diverses photographies de sa propre personne, se comportant telle la pire des Narcisses n'ayant jamais vécues en ces terres enflammées. « Tiens, cadeau. Comme ça, même quand tu seras fatigué de voir ma tête, je continuerai à te poursuivre si tu gardes cette photo quelque part. » Ses fins doigts féminins maintenaient fermement l'un de ses nombreux portraits tout juste dérobés à la machine, enfouissant ce dernier aux côtés des jambes du brun alors que le lot dont il provenait trouvait l'antre de sa demeure plus éloigné encore. Réellement, le diablotin qu'elle était s'apaisa finalement, orientant son regard filant vers les extérieurs, vaste panorama se déversant tout juste sous ses yeux ébahis. Entrouvrant cette vitre la condamnant à ne pas profiter du timide vent semant le trouble parmi sa longue chevelure boisée, l'absence d'acteurs participant à la vie urbaine se faisant davantage ressentir... Influençant davantage cette soif de découvrir ce qu'il pouvait se tramer parmi l'envers du décor, cette escapade improvisée. « On s'éloigne de plus en plus de la ville... J'espère que tu sais ce que tu fais, au moins ? » Accoudée grâce à ce débris servant de repos pour son muscle maintenant engourdi de ses antécédents affolés, un furtif soupir s'entremêlait à la bouche charnues d'une demoiselle désespérée d'être la condamnée de bien des secrets à l'existence négligée.




HRP:
«Invité»
Invité
Anonymous
Ven 15 Avr - 14:25
Invité


■■■
"I have caught myself loving you
Like a little thief
Stealing a loaf of tenderness.
"

Le soleil poudré arrosa la voiture amochée…un calme simple, comme la vapeur s’échappant d’un thé aux odeurs fruitées, humidifiant l’âme de Takeshi ; les gouttes s’écoulant sur ses cicatrices, entrant dans les plaies d’un esprit dément par la vanité d’une liberté. Traçant des millions de chemins, caressant les plaies encore ouvertes, semant l’écume de ces nuits où la fumée grisâtre de ses clopes dansait, roulant ses hanches, face à son regard égaré. Vagabond, tout comme le jeune garçon aux mains tatouées d’une présence bien trop mortelle. Bien trop éternelle en ses pensées tumultueuses. Un typhon dévastant la béatitude d’une solitude émancipée. Il était possédé. On l’avait ensorcelé, par une poupée vaudou, contrôlant ses gestes et mouvements, cette folie lui dictant ses lois et ses maitres…il n’y en avait que peu, et ils se résumaient à la fureur et la rage de vivre, ainsi que la mélancolie fleurissant derrière les traces de ses pas s’effaçant tout doucement. Takeshi voulait exister en solitaire, pour mieux complaire à ses désirs d’unité ; un paradoxe. Un non-sens se mouvant dans ses veines bleutées, certaines violacées par les violations de substances anesthésiantes. Un Léthé purgeant ses peines lorsque ses murmures…ses soupirs se retrouvaient trop bruyants dans sa tête. La source en était qu’une vulgaire aiguille aux reflets malins…il préférait de loin l’alcool, mais s’embourber était son activité favorite. Brûler pour pouvoir, de ses cendres, chevaucher le vent et s’envoler. Se tuer pour pouvoir rire à la gueule de la Faucheuse, jouer avec elle, à cette partie d’échec ne menant qu’à la perte…qu’un néant qu’il dessinait de ses doigts heureux, de son visage inconscient. Un fou, perdant toute raison pour un peu de contrôle sur une destinée bien trop longtemps acharnée. Il y avait ces loups qui se débattaient en son sein, hurlant à la pleine lune, affamés par des rêves qu’il consumait. Se nourrissant de la chair de ses songes, s’abreuvant de leur venin, son sang s’entremêlant à l’évasion d’un instant. Peut-être était-ce la raison de ses clichés toujours ratés…toujours floutés…son visage n’était qu’un amas de différentes personnes, de vibrations décadentes, de vagues déferlant sur les souvenirs de ceux qu’il avait conquis. Les photographies ne mentent jamais…elles voient de leur unique œil perçant la justesse d’une réalité illusionnée à travers nos naïves pupilles. Et elles voyaient, elles observaient en Takeshi la terrible horreur grognant dans sa poitrine, détenant son halo mortuaire, blessant la sainteté de son cerveau volcanique. Il n’y avait rien de bon en lui, rien. Et peut-être n’y en aurait-il jamais. Peut-être était-il condamné à poursuivre ses astres moqueurs, écorchant la plante de ses pieds, la terre s’amourachant de ses genoux constellés d’ecchymoses. Ces baisers nocturnes peignant leur passion pour sa peau mielleuse. Oui, il courrait, toujours sans s’arrêter parce qu’il ne savait faire que cela. Ses mains maladroites brisaient toutes choses qu’il saisissait, son cœur était trop grand pour son corps martelé, ses côtes opalines ne retenant plus l’exaltation qui en émanait. Difforme pour d’immenses ambitions…des songes titanesques pesant sur son dos courbé. Brisant l’échine fragilisée par les quotidiens où le ventre grondait, où les paupières ne voulaient que se fermer, où ses bras se refermaient sur des choses qui n’étaient plus…des personnes qui pourrissaient, par la corruption d’un monde déchu, là devant lui.
Le ronronnement monotone de la voiture berçait ses démons, calmant les spasmes violents de ses cauchemars de cachemire. Ils étaient devenus des photographies de famille dans lesquelles il se replongeait durant ses nuits d’insomnies. Ces images qu’il se répétait en soi, se remémorant la sueur glissant le long de son échine, noyant son oreiller de nouvelles torpeurs. Nombre de fois ses draps avaient-ils recueillis le sel de son être, seuls beautés de son corps usé, par le temps, la fatigue et l’angoisse. Puis le sang aussi. Et dans cette boite de métal roulante, il avait trouvé un lieu de sommeil. Parmi la rouille et le cuir rapiécé, il reposait. Dans l’ivresse d’un éreintement complaisant, ses muscles sombraient et son regard se voilait de plaisance. Une chaleur flamboyait en lui, fondant la glace habitant ses articulations figées. Elles n’osaient plus remplir leur fonction depuis cette nuit où elles guidèrent le geste ultime contre la joue d’une innocente. De son innocence faite femme…ce mélange malsain entre la tentation de chair et la pureté d’esprit. Ce violent médicament soignant ses blessures en concentrant ses cris sur l’ouverture de bien d’autres, plus béantes, plus humides encore. Une souffrance dont il n’avait jamais assez. Trainant ses jambes brisées pour qu’elle puisse le recueillir sur ses genoux aimants…contre son corps de mousseline. Il oubliait parfois qu’elle vivait ; ses yeux, fatigués de voir ses bâtisses s’écrouler sous les monstres infernaux d’un amant imposant, s’endurcissaient de voiles lactées, de trous noirs amers, déléguant leur attention vers un monde qu’il ne pouvait frôler. Une vue feutrée qui le fascinait. Pourtant, il la sentait près de lui, là à cet instant. Son énergie embaumant l’intérieur de la caisse cabossée, une émanation engouffrant Takeshi sous un charme violent. « Sérieusement ? Tu l'as trouvé où ? J'ai toujours rêvé d'en avoir un, je te jure ! » Un sourire illumina la face assombrie par la crasse du béton. Moe avait toujours eu cette simplicité, transcrite par les mots enfantins, saccadés qu’elle usait avec engouement sous les ondes de ses sentiments. Elle les choisissait avec attention lorsqu’il en était nécessaire, un caprice de libraire qu’il ne pouvait surement saisir, mais ses syllabes ricochaient sempiternellement contre la candeur qu’elle alimentait. Il pouvait dessiner son expression rien que par la mélodie de sa voix féminine, fluette et ombragée par les pulsions d’un battant esquinté. Même si ses yeux ne quittaient pas la route qui se colorait devant eux, il se gravait ces traits qu’il avait tant de fois explorés de la pulpe de ses doigts désireux. Vifs d’un amour un peu trop maladroit, un peu trop extravagant. Se glissant doucement vers ses lèvres rougeoyant comme du charbon incandescent sous la brûlure de leurs baisers…se souvenant par leur teinte des passions qui les avaient abimées. « C’plus trop magique si j’te révèle mes secrets. » répondit-il malicieusement, comme un enfant rusé en connaissant bien plus que les plus grands autour de lui. On pense souvent que le gamin oublie, qu’il est dupe, mais les mioches se remémorent les troubles du passé, et les cicatrices ne sont que les ruines d’instants envolés. Ils ignorent la précision des vibrations les entourant, mais ne sont aucunement indifférents à ce qui se dégage. Takeshi avait toujours été particulièrement sensible à cela…du haut de ses huit ans, il savait déjà qu’il n’appartiendrait jamais à personne. Un chien errant trouvant une gamelle, et par égoïsme, se l’appropriant. Néanmoins, en effet, il passait à côté des détails fulgurants de son Sort scellé. Son art se déversant en flots impitoyables contre la poitrine juvénile d’une létale compagnie…il souhaitait parfois l’effacer. La gommer de sa tête, de cet univers. Mais qui trompait-il ? Elle implosait comme une galaxie, constellant les drapés de la nocturne Artémis. Il ne pouvait lui échapper…et il en crevait. S’essoufflant, crachant ses poumons sous ses touchers maladifs.
La jeune femme se jeta sur lui, le faisant sursauter par la soudaineté de son action. Une gamine n’écoutant que ses instincts menaçants. A bas les conséquences, qu’ils s’écriaient, bourdonnant aux oreilles sourdes du conducteur concentré. « Idiot, regarde par ici. » « Putain ! Moe ! » Les images se déployaient devant lui, des passants inopportuns se confondant aux couleurs moroses d’une route monotone, des lumières se mêlant à la clarté naturelle. En alerte, tel une bête traquée, observant les alentours avant de ne détourner le visage et complaire à la volonté acerbe de la muse enchantée. Une moue fâchée tâchée d’inquiétude vis-à-vis de leur vie. Il la savait farouche, les cheveux raclant les voilures libertines des vents cristallins, son regard emprisonnant le ciel vaste et plein, ses membres s’adonnant à la danse bucolique accompagnant les chants dionysiaques. Il se savait féroce, prodigieusement attiré par la nymphe fuyante. Cette puissante Daphné s’évaporant de ses bras, son rire tintant, faisant écho aux battements foudroyants de son cœur amoureux. Cependant, l’enfant était grand, âgé de vingt-et-un an,  il levait les mains en l’air montrant au monde ô combien l’intrépide sauvageon menaçait à présent les adultes, ces divinités qu’il avait tant détesté. Il connaissait les dangers qu’ils encouraient…se montrant pour une fois, mature et responsable. « Pardon c'était trop tentant, mais continue de te concentrer sur la route, s'il te plaît, j'suis encore trop jeune et jolie pour mourir. » Cela ne dura qu’un moment, malheureusement, et sitôt l’enfant reprit le dessus sur l’homme. « J’peux pas trop me concentrer sur la route avec une si jolie fille com’tu dis à côté. » Un rictus pseudo-charmeur, une œillade langoureuse avant de retourner rencontrer le béton dur et froid qu’il connaissait tant, s’esclaffant lui-même de sa connerie. Surtout de celle de la gamine qui se contemplait dans les profondeurs d’un verre comme Narcisse lui-même. « Steuplait tombe pas trop amoureuse de toi-même, j’servirai plus à rien moi… ». La voiture tournant à un carrefour, bientôt la ville s’amenuisait dans son rétroviseur. Il l’écrasait enfin. Cette vermine. « Tiens, cadeau. Comme ça, même quand tu seras fatigué de voir ma tête, je continuerai à te poursuivre si tu gardes cette photo quelque part. » Il sentit sa main lui frôler la jambe. Un polaroid déposé auprès de lui. La frugalité d’un moment s’épanouissant naturellement entre le clochard et sa belle. Cet instant où elle frissonnait de plaisir décryptant la photographie, doucereusement heureuse. Elle ne le hantait pas de cette manière, pas aussi joliment. Dans ses chimères luxuriantes, les lianes de sa chevelure écorchaient son visage, sa langue explorant le creux de sa nuque, goutant au nectar de ses lippes…découvrant la saveur de son corps arqué dans ses bras égoïstes. Elle était autre…aliénant sa nature, écaillant l’innocence de son être embrumé de luxure. La jeune demoiselle était une Dame-Lune. S’éclipsant, sombre démone, dans leurs brusques étreintes, s’illuminant sous leurs doux éreintements. « On s'éloigne de plus en plus de la ville... J'espère que tu sais ce que tu fais, au moins ? » Tout défilait si vite ; ils restaient là. Immobiles. Roulant dans une euphorie endormie. Une langueur électrique tatouant leurs membres séchés par le jour. Tout n’était qu’images floues peignant ses vitres. Le monde entier avait l’air si futile. Si fugace. Une faible force intimidant les enfants du cosmos. Un haïku embrassant leur front baissé. Les mains essorées par les batailles d’une nuit se prélassaient sur l’abrupt volant de cuir. Les paupières se balançaient sous ses yeux cernés. De noir…de petites veines bleutés éclaboussant sa peau fragile. Takeshi prenait toujours un malin plaisir à être tout sauf ce que l’on attendait de lui. Adolescent, déjà, il détruisit les attentes de ses parents par cette même rage qui aujourd’hui le faisait crier dans les rues trop occupées. Et pour unique réponse, la jeune demoiselle n’eut que la musique rythmant en vain la voiture. Le son de cette dernière augmentant sous l’opération du garçon. Une de ses mains continua son chemin, se glissant sur la cuisse de la jeune créature perdue au milieu de la brise printanière. « Mad’moiselle devrait être plus patiente. On n’arrive pas au paradis en un simple claqu’ment de doigts ! ».

***
La voiture cessa son grognement machinal, amenuisant par le même effet le ronronnement des chants ayant rongé la gorge du jeune homme tout le long du trajet. Le chuintement du silence vrombissait, résonnant entre les parois métalliques, rouillées par les années d’usure. Des histoires s’entrechoquant, tels des électrons libres, pianotant les mémoires de diverses personnes, intriguant et captant l’attention singulière du garçonnet. Le silence n’était qu’une partition de nuances brutales. Il pouvait s’entendre dans une foule de personnes aussi bruyantes qu’un poulailler ou bien pouvait-il le chanter avec les hurlements hagards des balles de plomb. La symphonie en était infinie. Le silence n’était pas un état, mais plutôt une vague qui le noyait, se glissant en lui, emplissant ses poumons, sa chair, son esprit. Il se mêlait à lui, lui échappait aussi. Indomptable était-il, peu importe combien de fois les cristaux s’étaient déposés sur sa langue farouche. Il a toujours eu une saveur différente. Parfois amère lui arrachant des soupirs lassés, mais entre ce vaste champ libre, parmi la nature embaumant son corps, il n’était qu’admirable et tendre. Il lança un coup d’œil à la jeune fille auprès de lui, il ne savait pas très bien si elle s’était endormie pendant le voyage, ou non, lui qui avait été occupé à oxyder sa voix par des mélodies endiablées. Infernales, tout comme lui, tapant de ses paumes sur le volant au rythme de la batterie, reproduisant, tel un enfant, avec sa bouche les divers sons d’une guitare électrique…la voiture avait été sa scène, voyant la naissance d’une rock star et à présent sa chute. « Sa mère, j’ai plus d’voix… », en effet, elle se brisa à mi-chemin ne finissant qu’en un murmure effaré. « Moe, tu dors ? » il se rapprocha calmement de la belle, tangiblement, affectant à son oreille un petit baiser chétif. « On est arrivé, tu peux sortir. » Il ne se fit pas prier pour pousser la portière et dégourdir ses jambes en sautillant un peu. Il faisait bon. L’air ambiant chevauchait les feuillages verdoyants des immenses arbres transpercé par les épées lumineuses de l’astre doré. Le soleil était à son zénith, ce devait bien faire quatre heures qu’ils avaient roulés en s’arrêtant à quelques points pour faire le plein d’essence et surtout, voler quelques marchandises avant de s’enfuir de nouveau sur la route semblables à une Bonnie et un Clyde enfantins. Le diablotin poussant la jeune fille à fourrer sa robe de sweaters, prétendant une grossesse afin de pouvoir dérober et cacher plus aisément les conquêtes du petit mal sur pieds poussiéreux. Il lui lâchait des ricanements, faisant d’elle sa partenaire de crimes, l’outrant aussi, par un tel comportement…il se jouait de la confiance des innocents et crachait au visage de ces commerçants aux revenus déjà assez limités. Mais il se fichait bien de ses réprimandassions ou ses regards inquisiteurs, lui répliquant qu’il devrait peut-être l’embourber dans le gang. S’appuyant sur le capot de la voiture, il attendit, observant l’espace, que la gamine ose se joindre à lui, glissant alors son bras sur ses frêles épaules. « C’est beau, non ? » chuchota-t-il, la gorge encore enflammée. Les couleurs chatoyaient sous la beauté d’Apollon, s’imprégnant d’un halo miroitant face à certaines parties ombragées, les ténèbres se protégeant sous les branches. Une simple petite plaine, entourée d’une muraille d’arbres gigantesque, un espace vert, secret, semblant être un océan d’herbes…le vent se jouant parfois de l’onde ruisselant sur la pointe de cette verdure. « Avant… » il racla son gosier tentant, par une telle invocation, de rallumer son ton…mais c’était peine perdue. « …mon père m’emmenait ici. » un paternel, ce fantôme obscur salissant le paisible tabloïd. « Les dimanches, quand il travaillait pas. » quand il avait le temps de m’aimer... « C’était un p’tit rituel. » un sourire quelque-peu nostalgique frotta ses lèvres, un petit feu sortant de l’allumette, éclairant ses iris enfumées de mémoires tourmentées. Des êtres passant devant eux, en filigranes, s’oubliant dans les vestiges, décombres, d’une enfance envolée. « On passait par là, avant d’reprendre la route pour voir grand-mère…j’l’ai pas trop connu. Elle est morte assez tôt. Mais j’l’aimais bien…c’était une excuse pour pouvoir être avec le daron. » Le berceau verdâtre remua une nouvelle fois sous le zéphir, faisant frémir et chuchoter la nature de millions de souffles différents…comme si l’endroit se retrouvait hanté par les réminiscences du gamin des rues…comme si une nouvelle fois les lieux se retrouvaient habités par la chaleur d’un cœur enfantin, d’une âme fraiche et fleurie courant à travers la prairie de ses petites jambes soignées. Il pouvait encore entendre son rire vibrer en sa poitrine, secouer ses poumons alors que sa mère allongeait les draps pour pouvoir enfin se reposer et s’alimenter un peu, tandis que son père le poursuivait, menaçant son fils de le manger tout cru, prétendant être une bête féroce. La seule bête avait été lui, depuis le départ. Ensommeillée, violentant toutes les fragilités du monde, Takeshi n’était qu’un monstre. Détruisant tout. Enflammant ciel et terre pour montrer sa puissance, l’agilité de se détruire lui-même…et tous les autres avec lui. Un joyeux cortège chaotique traversant l’espace et le temps, comme une comète rougeoyante, comme ses yeux de braise effarouchés.



rip:
«Invité»
Invité
Anonymous
Sam 16 Avr - 1:29
Invité


■■■
"Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent."


Ses iris vagabondaient souvent parmi les différentes merveilles déposées par ci, par là, au travers de sa futile existence. Moe s'émerveillait de tout ce que la nature étant en mesure de tramer en orbite. Elle s'amusait de manière juvénile de ces anecdotes partagés, se devant pourtant d'être enterrées. Elle se perdait souvent par mégarde parmi le feuillage jauni composant les arbustes de ses rêveries littéraires, lorsqu'au détour d'un chemin, elle faisant la connaissance d'étranges créatures manifestant une certaine admiration en son être fantasque. Leur sifflait son arrivée, regrettait son départ. Elle leur faisait également à chaque entrevue nocturne, l'aura stellaire surplombant sa tête, l'unique promesse de les retrouver les soirs suivants, juste là, auprès de sa table de chevet. Elle leur prêtait allégeance, devenait souveraine, telle une protégée d'un autre monde divers, similaire à des contes celtiques. La libraire façonnait avec aisance, ce que son égoïsme désirerait observer aux alentours, par le biais de simple fantaisies dramatiques ou encore, d'une once d'extraversion. Dévorait les joyaux de ces vieux étalages pour le moins poussiéreux, au grand damne de la principale concernée. Tout cela, pour un brin de voyage... Pour que son altruisme ne l'envahisse plus, faisant d'elle le pion d'un jeu de dames dont on ne se souvenait de l'existence que de temps à autre. L'immensité pour le temps médiocre loin des ondes négatives émanant d'une fatale réalité. Par ailleurs, celle-ci s'évanouissait littéralement sous les yeux de la brunette... La proclamant impératrice d'un royaume au titre méconnu, résidant simplement au sein de son mécanisme dérangé. Et parmi ce peuple divin, se trouvait cette grandeur masculine... Lui qui paraissait si médiocre, les cheveux au vent, ses lippes fissurées la peinant presque, et ses poings d'effarouché négligemment amochés. Elle se disait parfois, que son entière existence se trouvait véritablement alimentée d'une flamme ardente lorsque cette dernière se pendait à ses lèvres, lui léguant toute sa pudeur. Rien que pour arpenter les sentiers luxuriant à ses côtés, le regard déshérité de raison, abandonnant à l'occasion. Le moindre chahut au profit de ses bras chaleureux, de sa blancheur cutanée méprisée par les canines d'un grand fou au cœur lourd de reconnaissance et d'affection. L'ultimatum pour l'accueillir au creux de ses draps nacrés, bénir ses péchés de par ses doigts névrosés de trop attendre leur union suprême, la literie demeurant leur dernier tombeau d'un soir. Ces détails afin de se refléter humaine dans les mirages d'antan du garçon se la jouant Peter Pan, doté d'une vivacité similaire. Pour vivre, exister. Se faire entendre. Dérober une part de ce temps qu'il consacrait à sauver une jeunesse à l'abandon, faisant entendre leur mécontentement envers les dirigeants, ces fougueux guerriers modernes brandissant leurs armes imagées de bombes soporifiques et de pétards assourdissants. Elle n'était que la sépulture de cette jolie Nymphe dont il pensait se réfugiait tout juste aux trépasses de sa poitrine, le cœur papillonnant. Elle pendait usuellement à sa branche, les pupilles invoqués par le chat sournois tout droit issu du pays des merveilles, s'adonnant maintes fois à nombreux rituels résonnant tous de la même façon.
La patience n'était vraisemblablement pas le domaine de prédilection de la balle, qui divaguait sans arrêt en pensant peut-être trop naïvement qu'il daignerait lui léguer chaque secret reposant en sa personne. Devinant un léger rictus amusé sillonnant les naufrages de ses lippes déjà tant de fois explorées auparavant, sans aucune amertume. Leur virée prenait des allures enfantines, tous deux baignés en plein cœur d'une envie d'aventure, de retirement. Comme pour échapper à leurs vieux démons s'accrochant éternellement à leurs épaules, tandis que les condamnés aux poignets enchaînés les imploraient de ne pas les livrer à la terreur ; mais de les épargner, comme les amoureux s'élevant au crépuscule de leur vie qu'ils étaient. Adam et Eve sous leur plus beau jour, la pluie scintillante venant saillir sans grand effort leurs silhouettes à la perfection. Deux damnés de l'Histoire, goûtant au fruit défendu... Sacrifiant le peu d'humanisme qu'il leur restait, au profit des pupilles larmoyantes de leur prochain. « Steuplait tombe pas trop amoureuse de toi-même, j'servirai plus à rien moi...  » D'une tonalité immature, de la part de la demoiselle, la langue résidant en sa cavité buccale se trouva emprisonnée par ses canines pointues, étouffant un énième rire mesquin, souhaitant se dissiper parmi les airs environnants. La libraire s'amusant silencieusement des caprices de ce gamin aux airs d'adulte qu'il était, ce morveux indomptable. Ainsi suivirent de quelconques mépris au doux parfum appelé ironie, ainsi qu'une présence familiale sur sa cuisse... Et la môme au métabolisme trop frêle, se laissait envoûter par les méandres de Morphée, ne serait-ce qu'à moitié. Son âme se transposant ailleurs... Sûrement au gouffre se liant à ses folies incessantes, dignes de la pauvre qu'elle était. Et pendant ce temps ; la rébellion s'agitait soudainement sous forme de dires chantonnés non sans soin. Malgré une certaine aigreur, elles ne résonnaient que par le biais de chuchotements incandescents, de toute manière était-elle trop faible afin de s'en soucier. Plus tard s'apprêtait à être meilleur.


***


Seul le chahut du silence se voyait couronné roi. Comme si le monde qui chevauchait son habituelle tournure, prenait dorénavant fin. Contrastant avec les vacarmes en provenance de ces deux êtres éperdus... Emprisonné au sein de leur cage thoracique respective, vaguant envers d'horizons inconnus. La princesse aux muscles engourdis émergeait enfin... Grand heureusement que le sommeil n'avait pas eu totalement raison d'elle, autrement, ce ne serait pas aussi aisé de faire face aux événements accourant à vive allure, valsant au gré des échos produits par une voix rauque submergeant le creux de son appareil auditif. Et c'est que la rude capricieuse se mit à grogner opiniâtrement comme l'éternelle têtue qu'elle incarnait, assurant avec très peu de conviction à son vis-à-vis qu'elle ne sommeillait guère... Si ce n'est que la gamine se trouvait à mi-chemin entre ses déboires envolés en fumée, et l'actuel contexte la rattrapant à une vitesse inquiétante. Puisque la verdure chatoyante régnait à l'unanimité, attisant la corne visuelle dont elle disposait de par sa palette de déclinaisons variées... Elle se mit à songer à quel point cette spirale faite de nature pouvait se métamorphoser en véritable havre de paix, richesse inouïe en raison d'une plume ne demandant qu'à déborder d'imagination. Jurant sous l’œil avisé des divinités pouvant être les uniques gardiens de ses mœurs et péchés que le panorama ambiant suffisait à regorger sa faiblesse d'un entrain soudain ; la divine enfant s'élançant aux côtés d'un amant désespéré... Accueillant, une fois encore, ses plaies demeurant profondes. Il se heurtait à la lourde tâche que représentait celle d'embaumer le présent d'une satanée sonde de réminiscences. L'âme épuisée d'en être l'unique témoin ; œuvrant afin de panser par ses mains de Marie, le désespoir d'antan de ce voyou encore hanté d'images aux couleurs ternes... Elle le devinait la sournoise, de par les pupilles ensoleillées du détenteur de son affection abusive mise à rude épreuve, oculaires qui nageaient parmi le liquide sacré du jardin de ses rêves. Renommant un amas de mots que Moe ne pensait qu'en train de reposer, sereinement, au sein de leur dernier cercueil, leur sonorité pourtant embrassés de pierres ne laissant aucunement chance à leurs méfaits de se détourner de leur attention. « [...] On passait par là, avant d’reprendre la route pour voir grand-mère…j’l’ai pas trop connu. Elle est morte assez tôt. Mais j’l’aimais bien…c’était une excuse pour pouvoir être avec le daron. » La tromperie ne gagnait point en de tels termes si bien qu'elle pouvait facilement deviner, sans le moindre coup d’œil jeté inconsciemment, ce présumé sourire aux modalités nostalgiques étirant les constellations des lèvres charnues du brun... La jeune fille se demandait bien souvent, à des temps las, à quoi pouvait-ils bien ressembler. Eux. Ces gens ayant partagé de fines pièces gravées en la mémoire du vagabond telles des sucreries collant aux dents, ces personnes l'ayant déchiré... Façonné l'érudit que Takeshi était à présent, tiraillé entre convictions profondes et désespoir planant. Cependant, seul son mutisme se manifestait d'ors et déjà attristée par les paroles s'arrachant presque à la gorge rougie d'un amour tenace. En toute honnêteté, il ne s'agissait rien de plus qu'une pluie de questionnement se multipliant en l'esprit tourmenté de la libraire, rebutée par un embarras la rendant méconnaissable. Elle ne possédait rien de concret à lui léguer... Si ce n'est que son éternelle empathie que la concernée ne prenait plus la peine de citer, ou encore, les bienfaits émanant peut-être de son être enveloppé d'un amer goût propre à ces femmes éperdues plus qu'il n'était permis. « Dis-moi. Si tout cela n'était pas arrivé... Tu penses que nos chemins se seraient croisés ? » Qu'il ne se méprenne pas ; à l'évidence, la maladroite ne tentait définitivement pas de détourner cet abandon maltraitant depuis tant d'années déjà son proche au passé si tumultueux en un acte positif. Cependant, sa curiosité maladive la poussait à propager ses nombreuses interrogations la rongeant malgré tous les efforts commis afin de repousser ces parasites. Ce qu'il serait advenu de lui, d'elle, d'eux, si le vaurien avait agis avec rigueur à l'époque, sans défier les lois des aînés veillant sur l'adolescent farouche qu'il était à une époque bien distincte de leur vie. S'il n'avait pas souillé par mégarde et ce lors d'une journée anodine, le parquet boisé de cette librairie avec ses godasses malmenées et plongées de vices rendant les eaux impures... Si les choses n'avaient point pris une telle envergure des plus dramatiques, tout banalement. « Enfin... Oublie, c'était vraiment idiot comme question. Faut croire que ton affreuse casquette me déconcentrera jusqu'au bout. » Le comportement mesquin de la fautive de telles accusations perdurant encore maintenant se manifestant aux barrières de ses lippes fleuries fut bien rapidement camouflé de la paume de sa main frêle ; essayant tant bien que mal de réintégrer en sa personne dissipée, le peu d'entendement y demeurant, délaissé. « C'est rien. » murmura-t-elle tandis que son corps d'ange déchu se monopolisant subitement face à la silhouette masculine lui faisant dorénavant face. « Si c'est trop difficile pour toi d'en parler, ne le fais pas. » La libraire se voulant rassurante, s'emparait sans précédent de la nuque du nippon, parsemée d'une pâleur sans nom... Ses bras affaiblis s'y prélassant alors, l'encerclant de façon à ce qu'il n'ose point s'en désintéresser. « Je te laisserai pas tomber, et tu le sais. » Peut-être était-ce bien réel, la folie l'emportait souvent sur la raison... L’Empereur de ce défaut domptant cette mortelle au cœur qui pullule d'enchaînements effrénés, l'organe vitale de sa carcasse vivante tambourinant frénétiquement contre sa poitrine juvénile. Elle qui pourtant se trouvait habituellement couronnée reine... Les aveux faisait que en sorte que face à ce qui composait ses songes les plus permanents, face au firmament de ses désirs inavoués dont l'unique gardien demeurait résidant dans les cieux bleuâtres de la nuit ; la pauvresse n'était rien. Si ce n'est que le pantin d'une passion assourdissante ou une vulgaire poupée de chiffon malpropre avec laquelle le plus vigoureux était en mesure de s'amuser autant qu'il le désirait. Une sensibilité innée lui permettant de le sentir vibrer là, tout juste contre elle, leurs souffles s'interposant une fois encore... En quête d'une quelconque délectation marginale. L'euphorie de leurs corps s'entremêlant, la pulpe des doigts de la nymphe s'emmêlant à l'épiderme nacrée du tendre amant... Tissant les lianes de ses caprices au crépuscule de sa chevelure, l'imbibant de marques d'affection les possédant sans attendre. « Takeshi... Embrasse-moi. » Qu'elle lui suggérait par le biais d'un souffle se perdant au creux des tympans de celui incarnant la tentation. Et elle se mit à se morfondre de ses fiévreuses exigences à l'érotisme finement tracé, ce rictus taquin scotché à sa chair rosée, ne la lâchant plus. Narguant avec une ample satisfaction, les attentes de son interlocuteur... S'immisçant au sein de son propre piège, dans l'unique but de feinter cette candeur inexpliquée. Soit. Que le Diable l'emporte au fin fond des abysses colossales faites d'or et d'argent ; elle ne s'en souciait plus, puisqu'ils étaient en sa possession. Le seul souhait habitant en elle n'était que les déboires de ce besoin d'être avec lui... Au point d'en dériver.




HRP:
«Invité»
Invité
Anonymous
Sam 16 Avr - 21:11
Invité


■■■
"It was love at first sight, at last sight, at ever and ever sight."

« Dis-moi. Si tout cela n'était pas arrivé... Tu penses que nos chemins se seraient croisés ? » Des questions plus grandes qu’eux secouaient leur esprit enroué par le silence les embaumant. Des pensées semées au gré de ces danses naturelles, sous le souffle décadent d’un vent printanier. Aussi léger que les envolées manifestes des papillons guettant le nectar des fleurs épanouies sous l’amour de l’astre doré. Takeshi ne se posait jamais ce genre d’interrogations…en vérité, il tirait sur toutes les difficultés en poussant sa destinée en avant. Ses idées n’erraient pas dans les trépas des possibilités, ce qui était fait, était fait. Il avait appris à ne pas courir derrière l’impossible, si ce n’est que ses rêves rendaient la folie réaliste. Roulant sur ses doigts languissants, il s’imaginait pouvoir conquérir l’univers de par ses paroles prophétiques. Guider le peuple, comme un berger, surveillant ses agneaux pour en faire une meute déchaînée. Des loups dont le ventre grondait sous les effluves ferreux du sang ennemi. Ses armes étaient sa conviction et son audace, la tentation claquant sa langue, assombrissant ses yeux noirs, deux grands univers constellés de songes et de démons. Il en était un, un monstre dont les côtes fleurissaient, ouvrant les pétales du malin à son cerveau tatoué de peines qu’il évitait. Fuyant soigneusement ce qui pourrait le heurter, il contrôlait sa peine. Sa mort. Il contrôlait tout, et ne pouvait se résoudre à être dépendant de quelque-chose…ou bien de quelqu’un. Un paradoxe, lorsqu’il était le premier à jeter les dés, tester sa chance, pour l’excitation d’un moment, pour que ses veines éclatées lui rappellent qu’il est toujours vivant. Et qu’il doit encore courir. « Enfin... Oublie, c'était vraiment idiot comme question. Faut croire que ton affreuse casquette me déconcentrera jusqu'au bout. » Il osa sourire lorsqu’il n’en avait pas véritablement envie. C’est simplement qu’elle pouvait faire fleurir un jardin d’Eden sur son corps pourri. Faire de lui l’engrais de son paradis terrestre, il n’en aurait rien à foutre tant qu’il pourrait être son cadavre chéri. Enlevant sa casquette, il la déposa derrière lui…ça n’était pas sa casquette, mais celle d’un mort, et ça lui pesait parfois. Il l’adorer, certes, l’arborer avec fierté, cette ruine d’un enfant abandonné de tous, à la merci des forces obscures régissant l’hiver. La reine des neiges ayant arraché son cœur, emporté le gamin, aimant se faire mère.  « C'est rien. » Elle quitta son bras pour se poster devant lui, fracturant les rayons du soleil qui l’avaient léché jusque-là. Tel un prisme, le miel déroulant sa couleur ambrée sur ses cheveux boisés formant un halo autour de son visage poupin. « Si c'est trop difficile pour toi d'en parler, ne le fais pas. » il haussa les épaules, il en avait simplement marre…marre d’être possédé par des chimères n’ayant aucune pitié. Aucune compassion pour son être déjà assez abîmé. « C’pas ça…c’est juste que…aucun gamin ne doit subir l’abandon, aucun ne doit être seul, c’pas dans l’ordre des choses. C’pas c’qui doit arriver quand t’es môme. » L’ordre des choses…il s’en branlait bien lui, de ces lois, de ces règles régissant l’univers. Il les renversait…il était juste égoïste, ne supportant pas l’idée qu’on est pu se passer de lui. Que les regards de ses parents aient pu se dissiper et l’oublier. Le laissant seul, dans sa chambre, les larmes roulant silencieusement sur ses joues parce qu’il ne fallait pas ébruiter ses peines. Parce qu’ils allaient le laisser entre les mains d’un autre être, un psychologue ou un docteur, pour cet enfant doté de mutisme. De souffrance, d’écorchures trop profondes. Alors que tout ce dont’il avait besoin était d'eux. De leurs doigts ébouriffant sa tignasse, leur sourire se posant sur ses œuvres, au lieu de le renier et prétendre à l’amour lorsque les caméras étaient braquées. Menaçantes, pointant et criblant toutes les fautes de critiques farouches de la part des terribles mœurs souveraines. « Je te laisserai pas tomber, et tu le sais. » La vérité était qu’il n’en savait rien. Elle pouvait lui mentir, à l’instant présent, se jouer de sa personne et il serait le premier à la déclarer innocente face aux accusations des anges. Un déchu vouant un culte démoniaque à une pauvre mortelle, se détournant de la bonté de quelconques saints. Il pouvait mener une croisade contre les hérétiques, ceux qui la condamnaient aux précipices de la douleur. S’écrouler à ses pieds, voilà tout ce qu’il savait faire dans la subordination de son âme. Il ne savait l’aimer correctement, avec tout son cœur. Lui, il la détestait de toute son âme ultime. La haïssant tellement qu’elle en devenait une drogue, piquant ses veines, attisant sa rage, sa fureur…sa passion. Il n’y arrivait pas autrement qu’avec brutalité. Ils pouvaient prétendre être des enfants, la candeur que Takeshi dépeignait sur son visage miséreux n’était qu’abus à la virginité véritable. Lui se savait perdu. Et c’est dans cette même infernale chute, que Lucifer avait arraché ses ailes…Qu’elle le suive dans les gouffres de la perdition. Qu’elle ne le laisse jamais tomber, elle. « Takeshi... Embrasse-moi. » Il secoua la tête instinctivement. Non, elle savait très bien ce qu’il était. Il aurait peut-être préféré qu’elle parte, le laissant ici, entouré de ses sombres amis du passé. A qui pouvait-il mentir ? Lui, l’hypocrite n’arrivait plus à se jouer de lui-même. Il ne voulait pas qu’elle parte. Qu’elle le laisse, le soleil éblouissant sa vue funeste, décrépie par ses réminiscences affligeantes. Il la voulait entière… « Moe, tu sais pas... » Elle ne savait peut-être rien. Ridicule et stupide qu’elle était, la naïveté de son faciès irritant le jeune homme. Pourtant aussi fourbe qu’il était, il se sentit défaillir, quelque-chose en lui se brisa. Comme une chaîne craquelant de son battant anesthésié. Ses bras masculins, taillés par les diableries et les combats de rue, lui entourèrent la taille, son visage se camouflant dans sa nuque lassée de pâles dentelles. Son souffle cognant sa peau d’albâtre, chauffant de cette terrible manière son faciès qui s’enfouissait toujours plus profondément dans les abysses de sa chair voilée. Elle avait l’odeur des délices enfantins et des rosées de sueur ruisselant sur l’aube d’un corps joviale. Une émanation qui emplissait ses poumons de vitalité tordant son ventre d’anxiété. Il avait envie…envie de la prendre. De la serrer si fort dans son emprise puissante qu’il la détruirait, tordant son petit être féminin. Elle fonderait en lui et leur âme se retrouverait…ou peut-être se volatiliserait-elle. Comme une brume, troublant l’esprit de Takeshi, lui révélant l’affreuse vérité ; celle qu’elle n’était qu’un mirage. Il avait peur…peur de la perdre, qu’elle s’en aille, disparaisse sans qu’il ne puisse jamais la rattraper. Elle paraissait irréelle, une apparition se mêlant à celles de son esprit prisonniers de ses mémoires embrouillées. Il avait besoin de la sentir. Ses lèvres se pressèrent contre la chair dénudée, sur sa mâchoire la constellant de baisers électrifiant sa peau ivoirienne jusqu’à atteindre les lippes rosées de la malicieuse nymphe. Il l’embrassa timidement, doucement effleurant à peine sa chair. Aphrodite se déversait par bruine sur leur corps entremêlé, cette tendresse craintive que Takeshi possédait au contact de leur épiderme. Son cœur tambourinait néanmoins contre ses côtes, ces dernières perçant le membre amoureux, s’indignant de sa course indomptée. Recherchant dans ses pas, quelque-chose qu'il ne pouvait nommer.
Les rêves l’avaient rendu sauvage.
Sa langue serpenta sur la peau fragile, sensible, explorant son être, se battant contre les mouvements déraillés de leur bouche. Approfondissant toujours plus sa présence, souhaitant valser jusqu’à ses os, être la galaxie de sa moelle. Il avait besoin d’elle pour calmer le feu grandissant en lui, cet incendie consumant son âme. Bercer la marche de son cœur effaré…Il avait simplement besoin d’elle, là. Maintenant. Comme un éperdu, comme un pécheur cherchant le Salut éternel.
Ses mains vagabondèrent, se déliant de ses bras langoureux, pour glisser doucereusement jusqu’à ses courbes lascives prolongeant les frissons précédents. Des vibrations dans son corps, remuant son âme, portant son battant dans une nocive position. C’était maladif, ce besoin de la tenir aussi près de lui, de la confondre entre ses doigts corrompus. La sentir fondre sous ses touchers brûlants, roussissant sa peau nacrée aux effluves sucrés, enivrants. Il se perdait dans un néant qu’il ne pouvait plus contrôler…à vrai dire, il ne maîtrisait plus rien. Ses paupières s’étaient refermées, le plongeant dans le chaos de ses désirs pulsionnels, aiguisant ses autres sens, comme une bête en traque. Attendant que la proie se fragilise, se coince seule dans le piège de ses chimères tentatrices. Celles qui leur chuchoter les méfaits de l’être humain, leur frêle position, soumis à des vagues de chaleur dévastatrice. Le reste s’effondrait autour d’eux. Autour de ce cocon qu’ils formaient par candeur ou par péché. Il s’en foutait royalement, tout n’était que rouille et poussière d’étoiles. Une existence se consumant, puant sous les brutaux baisers. Sous cette fièvre abominable lui prenant la chair. Il l’agrippa subitement, dans la précipitation de ses demandes, et la souleva sans aucune difficulté tant son dos avait porté plus lourds fardeaux. Sans oser briser l’afflux de médecine découlant de ses lèvres salutaires, destructrices, il pivota et la déposa sur le capot de la voiture sans plus aucune commodité. Maladroitement, désespérément à vrai dire, il ne se souciait plus de la blesser ou non. Tout ce qu’il souhaitait c’était la posséder, là, dans l’apogée de leur passion abusive. Ces esclaves d’une torpeur voluptueuse. Cette mousseline d’Aphrodite enrobant son battant, l’asphyxiant sous ses gestes primates. Ses paumes, n’ayant pas quitté la chair de la candide, se pressèrent encore plus, ses ongles s’enfonçant, la forçant à écarter les cuisses afin que son bassin puisse violemment se coller au sien. La concupiscence était la pire des frénésies aliénant Takeshi…de tous les péchés, il en était le plus soumis. Il sentait son être se décomposer, ses atomes vibrant à la rencontre d’une énergie familièrement étrangère, les particules s’entremêlant comme miel et lait entre les mains du Seigneur. Son cœur s’extasiait, tambourinant contre ses côtes, cette maudite prison dans lequel il avait moisi tant d’années. Le poison polluait ses artères, routes de la léthargie, imbibant tout son être de cette envie de plus en plus grandissante en son bas-ventre. Il ne pourrait être délivré du venin que par l'absorption et l’assimilation de chaque particule d'âme et de chair; ce remède malheureux qui l’enfonçait dans la plus grande des malédictions. Jamais n’avait-il détaché ses lippes des siennes, sa langue explorant les tréfonds de sa bouche mielleuse, celle qui le suppliait par des murmures s’infiltrant dans son esprit secoué. Un rictus satisfait, carnassier, venant troubler leur baiser désordonné. Affamé de leurs contacts agités, longuement amoureux, n’osant certainement enflammer l’autre de peur de n’aimer que des cendres…de la voir s’envoler, évanescente chose. Pourtant il se sentait partir, s’arracher avec un voluptueux plaisir de son sein haletant. Une de ses mains avait quitté le berceau charnel de ses hanches pour attraper sa gorge essoufflée brisant ce qui le priva bientôt d’oxygène. L’air pur et bénéfique lava ses poumons, les apaisant de l’ardeur du souffle de la diablesse. De cette manière, il l’obligea à s’allonger contre les parois métalliques et rafraîchissantes de la voiture vieillie par tant d’histoires vibrant en elle…aujourd’hui une autre s’inscrirait par l’incandescence de ses gestes et la sauvagerie de ses besoins. Ses doigts s’enroulèrent sur les poignets de la belle nymphette, soulevant ses paumes hors de son corps masculin. Il les tint d’une poigne ferme au-dessus du visage opalin de la demoiselle. Il fallait être un fou mélancolique ou posséder toutes les luxures dans les creux de son échine courbée, pour desceller la concupiscence dans ses traits innocents. Peut-être était-elle inconsciente, ne sachant l’immensité de son pouvoir néfaste, celui poignardant Takeshi, l’appelant en des ébats fantasques, souhaitant la posséder, se mêler à elle…la posséder, oui, en lui, la détenir pour ne plus jamais la laisser partir. « Ne t’ai-je pas dit d’attendre pour le paradis ? » son murmure autoritaire contrastait avec l’harmonie qui les entourait…la pureté d’un paysage verdoyant, chatoyant sous l’immense soleil. Ils étaient le chaos. Les chevaliers de l’Apocalypse venant pourrir la terre de leurs chants poussifs. Les ficelles des violons accompagnant la symphonie d’Eros, s’arquèrent, frissonnant sous les prières saccadées, palpitantes d’un ivre battant. Takeshi se pencha, son torse frôlant la poitrine juvénile de la captive, il souhaitait la dévorer, il n’y avait que cela de sincère à cet instant…que cette faim abusive tourmentant ses reins. Il l’emmènerait avec lui, en son Enfer hanté par leurs soupirs alanguis. Ses lèvres rencontrèrent de nouveau celle de son amante, un magnétisme, un aimant impossible à résister, cette fois de manière plus chétive, plus joueuse aussi. Sa langue frôlant ses lippes rougies par leur récent échange, tanguant entre l’intérieur de sa bouche et l’extérieur encore humide. Sa chaude respiration embuant sa peau délicate…perlant des gemmes aphrodisiaques. Il se glissait à la frontière entre son âme et son charnel…à la limite, il la pousserait jusqu’à ses limites…sans même l’épargner, la capricieuse.



slt ça va ?:
«Invité»
Invité
Anonymous
Lun 18 Avr - 14:23
Invité

■■■
"Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent."


«Invité»
Invité
Anonymous
Sam 23 Avr - 2:43
Invité


■■■

dsl:
«Contenu sponsorisé»
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
EMOJIS & CIE  :: anciens rp-
Sauter vers: