Tranquillement installées sur le toit ; la jeune femme allongée dans les draps épais tente d’entrevoir des étoiles dans le ciel. Il y en a très peu, c’est à l’image de l’espoir qu’elle porte avec elle ces derniers temps. Doucement elle passe la main dans ses cheveux pour décaler une mèche rebelle tandis que d’une autre main, elle agite légèrement sa cigarette pour en faire tomber les cendres. C’est tellement calme ce soir, ces derniers temps elle prétend n’avoir besoin que de ça. Peut être parce qu’elle a entendu beaucoup trop de paroles en trop de temps. Un faible rire s’échappe suite à la conversation qu’elle avait commencé avec Lexa ;
Noa – Tu te souviens du pseudo poète dans le métro qui voulait ton numéro ? Y a des gens vraiment trop louche, on devrait appeler mon chauffeur comme mon manager me dit tout le temps d’ailleurs. Ou alors cette fille qui portait des crocs ! Ils devraient brûler toutes ces chaussures, partout sur terre faire un grand feu ! Ses mains suivent le mouvement, s’élevant au ciel à la hauteur du feu imaginaire.
Elle laisse s’échapper un nuage de nicotine de ses lèvres et alors son sourire amusé s’estompe légèrement. Elle aime ce calme là ; où elles peuvent parler de tout et n’importe quoi sans que ça n’ait de trop d’importance.
Noa – Yuuri me manque, elle dit dans un souffle avant de marquer une pause et ajouter Voilà c’est dit. Yuuri me manque… Elle se redresse et ajoute d'un ton faiblement amusé Bon j'ai droit à la bouteille de vin pour le coup... elle tend sa main droite pour que la jeune femme lui fasse passer
Douce paresse. Les yeux rivés sur le peu d’étoiles que Tokyo daigne offrir à leurs âmes seules. Les lumières lointaines, belles mais inaccessibles, à l’image des personnes nichées dans les cœurs des deux jeunes femmes. Lexa aime ces petits points célestes, les observer, encore plus en compagnie de son amie de toujours. Elles sont souvent ainsi, toutes les deux. Mauvaises, fêtardes…paumées. Beaucoup. Lexa soupira et tourne la tête vers la jolie brune. Elle décolle ses lèvres rosées de la paille qu’elles emprisonnaient jusque là. Attentive à chaque petit mot de Noa. « Vu la qualité des crocs, la fumée du feu risquerait de nous empoisonner. Alors, évitons de mourir trop jeunes. » Elle rit. Un clin d’œil espiègle alors qu’elle se relève sur un coude, confortable au milieu de ses gros draps qu’elles ont entassé sur le grand balcon.
Son sourire disparait à son tour. Elle sent, plus qu’elle ne voit, cette ambiance enfantine s’estomper doucement. Elles aiment leur conversation. Cette façon qu’elles ont de passer d’un sujet à l’autre. Parfois sérieuses, parfois de simples mômes qui aimeraient que le monde soit comment elles le désirent. « On est dans un beau bordel. »
Elle tend la bouteille vers son amie et en profite pour lui subtiliser sa cigarette qu’elle coince entre ses lèvres, juste le temps d’une taffe. « Je l’ai revu l’autre jour… » Elle n’a pas besoin de prononcer un nom pour que Noa sache de qui elle parlait. « Elle est devenue plus belle que dans mes souvenirs…plus mariée aussi… » Un pli soucieux se forme sur son front alors qu’elle se rappelle de cette alliance qu’elle avait directement repéré au doigt de la jeune femme.
Noa – Entre mourir et souffrir je t’avoues que j’hésite encore un peu… Dès demain je lancerai une pétition histoire d’arrêter le massacre visuel. Un soupir quitte ses lèvres, j’avais espéré devenir présidente autrement cela dit.
Elle tend la main histoire d’attraper la bouteille et y plonge une longue paille. Elle a toujours été curieuse de tester de cette façon et les habitudes de Lexa deviennent lentement ses habitudes. Ensuite elle hoche doucement la tête, « beau bordel » c’est peu dire. Noa a l’air si détachée mais ce sujet lui a valu quelques séjours à la maison pour récupérer suite à des soirées un peu trop arrosées. Ce n’est pas aussi insignifiant qu’elle le laisse penser, pourtant elle paierait le prix fort histoire reposer son esprit quelques jours, ne pas penser à lui. « Pourquoi c’est aussi difficile » elle se surprend à penser par moments.
Elle écoute Lexa en retour, elle n’a pas besoin d’en dire plus pour savoir de qui il s’agit. Noa la regarde longuement avec une once d’inquiétude avant de lui tendre la bouteille et répondre ;
Noa – Tiens, finalement toi aussi tu en as grandement besoin. Elle marque une pause le temps que la jeune femme réceptionne la bouteille et puis elle ajoute Tu sais j’ai pas revu Yuuri depuis des mois… Mais il est partout. Et je crois que j’ai pu me passer de penser à lui en partant en voyage ; à ce moment là j’avais l’esprit tellement occupé par tellement de choses que je me suis surprise à ne plus penser à lui, ne plus avoir l’impression de le voir. Je… Je crois qu’après cette soirée, il va falloir qu’on s’occupe, qu’on sorte, qu’on tente d’oublier tout ça… C’est un poison à la longue, alors qu'on est persuadé qu'il s'agit d'un remède...
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