COMME DES DIEUX (KENDJI)

sais-tu au moins où cette soirée te conduira ? non, bien sûr que non. et pourtant, tu te retrouves là, à ses cotés, comme une vulgaire cadavre que l'on balance de droite à gauche. au fond de toi, tu ne savais même pas pourquoi tu avais accepté sa proposition, mais chose sûre, ça n'était pas par plaisir, encore moins par politesse. eiji faisait certainement parti de ce rare groupe de mec qui avait le don, involontaire bien sûr, de ressembler légèrement à l'enfoiré qui avait fait de toi le monstre que tu es aujourd'hui. c'est une inconscience qui te pousse donc à le suivre dans ce bar dont monsieur avait ses habitudes. tu relookes les nanas sans avoir un réel plaisir à cela, fixant les alentours avec attention avant de reporter ton regard obscur et froid sur celui qui devait bien avoir deux têtes de moins que toi. je pense pas qu'un seul suffise à me mettre la tête à l'envers.. est-ce une plainte ? surement. cherchais-tu à oublier cette personne qui hante tes jours et tes nuits, sans cesse ? évidemment que oui et comme tu l'as si bien dis, ce n'est pas un seul coup qui t'offrira ce plaisir là. j'aurais dû ouvrir mon propre bar plutôt qu'un salon de tatouage, ça aurait été plus utile dans ma vie. dieu seul sait comment tu aurais terminé. alcoolique, dépendant à la baise et à la drogue et certainement bien plus que ça. heureusement, tu ne consomme que très peu de ces choses là actuellement, mais bien souvent, ça ne t'aide en rien.

les mots de ton amis ont une allure de murmure. tu es à ses cotés et pourtant, tu sembles si loin de lui tant sa voix te parait faible. au final, ça n'est rien de tout ça. c'est seulement ton esprit qui est ailleurs. tu fixes alors ces verres qui se déposent un à un sous tes yeux puis vint ton soupir. est-il bon ou mauvais ? ennuie ? nul ne sait. tu te contente seulement de saisir le shot que te tend ton ami. à ses mots, tu hausses les épaules, signe d'indifférence avant de porter le verre à tes lippes, vidant le contenu de ce dernier d'une seule traite alors que tu venais à frapper le verre contre le table. l'alcool brûlait ton intérieur, peu à peu, une faible sensation de bien être prend place avant que tu n'enchaines sur un autre shot. fais attention à ce que ça ne soit pas à toi que je mette cher un peu plus tard. un regard un coin, visant ton vis à vis avant de rire doucement, engloutissant à nouveau ce liquide qui parvient une nouvelle fois à brûler ton intérieur, t'offrant une deuxième vie. si on ne boit que ça, je vais sérieusement me lasser.. honnêtement, l'alcool était loin d'être mon centre d'intérêt favoris ce soir et ça, tout le monde, ou presque, s'en doutait. inutile donc de faire un dessin sur ce qui parait évident.

c'était toujours comme ça. de la drogue par-ci, de la drogue par-là. un coup de reins ici, un coup de reins là bas. eiji et toi formiez un duo représentant l'imagine même du pêché et plus particulièrement celui de la luxure, bien que cela frôle parfois la gourmandise. alors oui, ça n'a rien de saint et non, ça ne t'aidera pas sur une longue durée, mais tu sais qu'à ces cotés, tu auras le bon moment que tu désires, même si ça n'est que temporaire. ce qu'il se glisse sur ta langue est certainement ton ticket d'entrée pour une semblant de nirvana alors tu ne ronchonnes pas, tu le laisse faire comme si il avait carte blanche sur ta personne, ou presque. tu laisses l'alcool, la drogue faire leurs effets alors qu'un faible sourire se dessine sur tes lèvres à l'entente de ses mots. prendre cher, évidemment. c'était ça le deal de toute façon. va falloir que ça bouge si tu veux pas que je m'endorme sur tes cuisses. dormir serait un bien grand mot. profiter serait plus juste. inutile de faire un dessin, eiji comprendra très bien là où tu veux en venir. une certaine façon de déguiser une déclaration sans réellement choquer le reste de la clientèle. tout en finesse. ou presque. glissant ta langue sur tes lèvres, tu te perds dans un soudain moment de concentration, faisant presque peur avant de finalement sourire bêtement, sans réellement savoir le pourquoi du comment. t'as levé des culs en ce moment ou pas ? parce que moi j'ai rien eu cette semaine, c'était d'un chiant ! presque comme un enfant capricieux, tu affiches une faible moue après avoir souffler longuement, montrant ton désespoir. cela dit, y a putain de beau cul qui est venu me demander un tatouage ce matin à la boutique. une chance pour moi, il veut que je m'occupe de sa cuisse. je tenterais pour m'occuper d'autre chose après sa séance, sait-on jamais..

tu as toujours été comme ça. en couple ou non. un peu trop ouvert, un peu trop rentre dedans. un peu trop charmeur parfois, ce qui, à l'époque, a offert quelques crises de jalousie à ton cher et tendre, mais tu en as rien à cirer comme tu le dis si bien. eiji, c'est une sorte de drogue naturelle à tes yeux. il est le genre de gars qu'on est obligé de séduire, même si cela rime à rien. tu veux le posséder, faire de lui ta propriété, mais tu sais que tu ne feras rien de tout ça parce que tu le respectes, peut être même trop. tu n'as pas de sentiments pour lui, seulement une grosse attirance, alors oui, tu joues avec lui. que ça soit sexuel ou non, cela t'arranges parce qu'il connait les bails. il sait comment s'y prendre avec toi, contrairement à d'autre. sois pas jaloux merdeux. car oui, tu l'as sentis sa pointe de jalousie dans ses mots et au fond, même si tu n'en dis rien, ça te flatte parce que tout comme toi, il n'est pas franc lorsqu'il s'agit de sentiments. une raison supplémentaire qui te pousse à le désirer plus qu'il ne le faut. au fond, toi aussi tu étais jaloux de ceux qui pouvaient gouter sa peau à tords et à travers. évite d'offrir tes services à n'importe qui, faudrait pas que tu nous choppes des maladies de merde. la possession en une seule phrase, de façon déguisé, bien entendu. tu te lèves, bien que difficilement car tu commences à partir tellement loin que tu titubes presque, puis tu l'entraines avec toi dans ta soudaine envie de te lever. pourquoi être debout ? tu sais pas. ça c'est fait comme ça, mais bien évidemment, tu n'abandonnes pas ton petit con de merdeux, non. tu l'attires contre toi, collant ton torse à son dos tout en passant l'un de tes bras tatoué autour de ses hanches pour le maintenir. en bon grand possessif, tu glisses tes lèvres au creux de son oreille sans pour autant jouer la provocation, tu cherches seulement à captiver toute son attention. il faudrait peut être que tu me laisses tatouer ta peau un de ces jours.. je pourrais faire une belle oeuvre d'art. je suis le roi de l'aiguille, faut pas avoir peur.