HANDS UP

Vous êtes dans un club. Que vous vous apprêtiez à partir ou à rester, il est impossible de prendre la sortie. La police vient d'arriver sur les lieux. Elle recherche deux personnes. Elle vous oblige de vous séparer en deux groupes pour demander vos papiers et vous interroger. Vous êtes bloqués pour un certain temps. Personne n'a le droit de partir avant d'avoir répondu aux questions des messieurs.
participants: mori kiyoko, tetsuya benjiro, higuchi mai et nishinoya sasha

pourquoi.
c'est ce que tu répètes en boucle depuis cinq minutes. à toi-même, au pote qui t'attend de l'autre côté de la porte, aux flics, au club, au monde, à tout le monde. tu comprends pas c'qui se passe, pourquoi le dj commence à baisser le volume (alors que c'est un dj merde), pourquoi les gens se divisent comme la mer dans moïse et les dix commandements, pourquoi ça vient vous déranger en pleine soirée, pourquoi ça demande vos papiers.
surtout que toi tu les as pas, que tu les as oubliés chez toi, que t'y as pas pensé, que c'était pas ta priorité. en fait t'étais venue dans le quartier parce qu'on t'avait invitée, et que benjiro était un chic type malgré les petits regards vicieux qu'il te jetait à chacune de vos rencontres. ouais entre vous c'était un cocktail un peu bizarre. avec votre bonne entente mais aussi ses petites tensions, tu sais pas vraiment comment qualifier votre bancale relation.

en tout cas tu reviens sur tes pas pour le retrouver malgré les gens qui se bousculent. encore au téléphone, tu continues de mettre au courant le gars qui était censé vous rejoindre à l'intérieur, mais qui du coup reste à t'attendre dehors dans la rue comme un con. et tu profites qu'un inconnu se lève de son tabouret de bar pour lui piquer sa place, commençant à avoir mal à cause de tes talons. pourtant aucun signe de benjiro, sûrement parti draguer ou pisser ou à la dérive désorienté.
#sorry dave, we're all stuck here for a while i guess.#

Et merde. Voilà la première pensée qui avait percé à travers le voile brumeux de son esprit, au même moment, d'ailleurs, que les flics s'étaient frayés un chemin à travers le brouillard épais créé par les clopes et autres blunts du coin fumeurs du club. Une fois n'est pas coutume, Mai aurait volontiers ignoré les invectives des flics en fermant les yeux et en se reposant tranquillement sur les genoux de la fille qui caressait doucement ses cheveux – elle ne sait plus trop qui c'est mais elle est à peu près sûre qu'elle n'aura pas besoin de son aide pour chasser les importuns.

Sauf que, par contre, elle n'est pas sûre que ce soit une bonne idée, contextuellement.

Rapidement, une main un peu brusque vient la sortir de sa moitié-torpeur moitié-hébétude pour la guider dans une moitié de la salle principale, maintenant séparée en deux, comme pour organiser une haie d'honneur dirigée envers les enculés qui commencent à embarquer certains habitués et à en forcer d'autres vers l'extérieur. Mai contemple la scène d'un air un peu lointain, le mégot d'un joint encore coincé entre deux doigts plus très assurés et c'est une fois redressée sur ses deux pieds, un peu chancelante alors que le sang redescend enfin de sa tête, qu'elle prend pleine conscience de la situation de merde dans laquelle elle se trouve.

« Papiers, on d'mandera pas une nouvelle fois. »

Merdemerdemerde. Elle cherche nerveusement autour d'elle le sac qu'elle a du abandonner aux pieds de la table près de laquelle ils s'étaient installés, et c'est un de ses compagnons de soirée un peu plus alerte qui le lui tend. Elle se met, comme tous les autres, à fouiller frénétiquement le contenu du sac, mais c'est pas vraiment les papiers qui l'inquiètent. C'est plutôt les sachets qu'elle touche du bout des doigts.

Mai profite d'un amas de flics autour d'un autre mec un peu plus paumé encore qu'elle pour attirer l'attention de la personne la plus proche d'elle d'un coup de coude. Sa vision a encore du mal à se stabiliser, son visage n'est pas très clair et elle n'est même pas sûre de s'adresser à quelqu'un qu'elle connaît lorsqu'elle lui balance à demi-voix :

« Excuse, et il lui faut un effort surhumain pour poursuivre malgré sa gorge sèche, ils font quoi, là ? 'Faut qu'on parte. »

Ils s'étaient tous décidé de fêter le bouclage du numéro de printemps de chez Nuts et rien ne vaut une bonne virée en boîte. Benji n'était jamais contre, tant que l'alcool et la bonne humeur coulaient à flot. Il commença dans le soft histoire de danser jusqu'au milieu de la nuit, puis il enchaîna avec shots de tequila, vodka, et même du whisky. Un bon mélange qui ne l'épargnait pas puisqu'il se rendit aux toilettes. Oh détrompez-vous, il n'y pas pour sortir le vieux démon de la soulette dans la cuvette, mais seulement pour se soulager un peu. Difficile de ne pas résister à l'appel du pipiroom. Une fois à l'intérieur, Benji ignorait totalement ce qu'il se tramait au sein de la boîte de nuit. Ce dernier était bien trop occupé à siffloter ou plutôt à essayer de viser le trou de la cuvette. Je tangue à droite et ensuite à gauche, le tout avec une vision des plus catastrophique, pour lui, uriner était un véritable challenge. Après chose faite, le jeune rédacteur finit enfin par sortir des toilettes. Il a même profité du lavabo pour se refaire tout beau alors qu'au fond, c'était toujours un homme bien pompette.

Benji déambula dans la boîte à la recherche de son équipe quand soudainement, il fut surpris par l'intervention des forces de l'ordre. Il se mit à se frotter les yeux afin de voir réellement la situation tout en continuant sa petite route. Cependant, il fut interrompu par un coup de coude, ce qui le fit légèrement tanguer. Benji jeta un œil à ses côtés et observa un visage qui lui était totalement étranger. Il se demanda qui était cette fille et pourquoi elle lui posa ce genre de question. Finalement, Benousse était au même point qu'elle. Il n'en savait trop rien... - Ouais je suis d'accord, faut réellement qu'on parte. Lui répondait-il. En effet, l'alcool commençait à le faire tomber dans le mal et c'était plutôt un mauvaise signe au point qu'il vit un visage qui lui était familier. Kiyoko ? Non non... ça doit être juste son imagination !

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L'étourdie ne savait même plus par quel moyen son être s'était embarqué au sein de ces péripéties nocturnes, embusqué par les relents alcoolisés, les fumées chatouillant ses narines à peine débouchées, par ses semblables légèrement désorientés eux-aussi, en plus de ne plus appartenir au champ de vision de la blonde. Les ondes sonores affligeaient un tel supplice à son appareil auditif, qu'un soudain tournis s'empara d'elle à contre-courant, tout comme l'euphorie propre à ces endroits probablement mal-fréquentés par ceux dont les yeux n'étaient jamais clos que trop tôt... qui se la jouaient pantins d'un soir, s'aventurant au beau milieu de cette marée humaine d'individus dépravés de manière éphémère, au gré de la musique importée par le maître des lieux. Elle n'aurait aucunement songé que cette nuit pleine de frénésie habituelle, prendrait une tournure quelque peu inattendue, rythmée par les plaintes et jurons de cette jeunesse affolée, dont l'amusement ne fut que de trop courte durée, interrompue par la menace sanglante de l'autorité émanant des forces de l'ordre à leur égard.
« Papiers, on d'mandera pas une nouvelle fois. » Son rythme cardiaque ne battait plus que de raison, emportée par une anxiété dont elle n'était aucunement usée jusqu'à lors. Se dispersant au travers de la foule, encombrant les pas d'autrui, elle n'y prêtait que très peu d'attention, voire pas du tout. L'unique chose que la rebelle désirait en l'instant présent, n'était autre que feinter l'ignorance pour ainsi, mieux se faufiler afin de rejoindre l'extérieur qui lui paraissait bien plus avantageux sur le moment, car coupable était-elle de ne posséder aucun document à sa portée, la maladroite. Sans compter le fait que si ces dirigeants de la loi retrouvaient par mégarde son identité, le foyer serait un retour à la case départ pour cette mineure ayant fugué avec audace, à cette époque où l'aventure demeurait encore inconnue à ses yeux. « Poussez-vous putain, j'suis dans la merde. » Priant silencieusement ces divinités envers lesquelles elle n'apportait habituellement aucunement foi, sa silhouette tanguait vers ce groupe de jeunes dont elle ne soupçonnait guère l'existence jusqu'à présent; ceux-ci voilés d'une incompréhension similaire à la sienne, malencontreusement bien trop aisée à distinguer et ce, au dépit des grammes d'alcool s'infiltrant dans sa circulation sanguine. « 'Scusez les gens, vous connaissez pas une autre issue ? Genre, discrète, 'fin vous voyez quoi ? » A dire vrai, elle n'était que trop peu intéressée par les torpeurs dont ces inconnus étaient les victimes, l'égoïsme prenant le dessus, justifié par la tornade impliquée à cette situation des plus loufoques. N'articulant qu'à peine, l'esprit vagabondant d'ors et déjà parmi ces rêveries manipulées par l'alcool... S'appuyant alors, par le biais d'un rebord inondé de verres négligés et souillés. « J'ai déjà essayé de faire du charme au videur, il veut pas nous laisser sortir... » Orientant un énième regard méprisant envers le concerné, suivi par ces hommes en uniformes semblant encore bien trop occupés à se focaliser sur un cas tout aussi féroce. Son imprudence lui jouera des tours, à priori.

après lui avoir demandé d'attendre encore quelques minutes, tu raccroches, posant assez nonchalamment ton portable sur le bar sale de chips et de fonds de verres. toi non plus t'as plus vraiment les idées claires. tu tiens l'alcool, mais t'as les yeux qui commencent à voir double, flou, trouble. accoudée au comptoir, les paupières closes pour quelques secondes histoire de stabiliser un peu l'organe qui te servait jusqu'alors de cerveau, tu finis par relever la tête, ramenée à la réalité par le tintamarre qu'un gars amoché créait avec les policiers. et c'est là que tu crois le reconnaître, benjiro. il est là, entouré de deux nanas, à te regarder avec une gueule à faire peur. comme si il venait de voir marylin monroe ou elvis presley au comptoir. toi tu cherches pas loin: on dirait qu'il essaie d'se convaincre que t'es là et se rappeler pourquoi.

pssssst, chuchotes-tu assez fortement à cause de l'alcool qui embrouille tes idées et tes tympans encore sonnés. t'avais aussi intercepté quelques bribes de c'qui sortait de la bouche de la jolie blonde; tu leur fais un signe assez brouillon d'la main, histoire que t'aies pas à gueuler les brillants projets qui te passaient dans le crâne. j'ai... tu lèves les yeux au ciel, les sourcils froncés, comme si ça t'aidait à tout faire circuler. ... des plans. tu jettes un coup d'oeil au-dessus de leurs épaules, voir si les flics allaient pas cramer votre petit quatuor de comploteurs: t'as l'impression qu'y en a un qui vous mate genre sale, et qu'il l'a mauvaise. tu sais pas si c'est ta vue qui déconne mais c'est comme si il commençait à se rapprocher de vous. ou, on s'fait arrêter pour mieux s'enfuir, ou- encore une pause dans ton discours d'allumée. ou s'jette quelqu'un par terre, état critique, on évacué l'fait, et là on s'enfuit. c'est bon. t'as les nerfs qui débloquent. déjà que sobre tu faisais des fautes grammaticales, alors là avec le dernier verre que tu t'étais enfilée ça allait plus du tout. heureusement que t'as tes yeux bridés et l'alcool comme excuse, sinon l'américaine on l'aurait déjà foutue dehors.

Benji pensait qu'il déglinguait. Non seulement, il se retrouve avec une nana dont il ne connaissait point, mais en plus, il avait l'impression de voir Kiyoko au loin et pour en remettre une couche, une autre nana pointa le bout de son nez afin de leur demander où était la sortie et surtout, comment il fallait sortir. Tant que notre rédacteur capte ce qu'elle disait, il faisait encore travailler son imagination en voyant encore la fameuse Kiyoko. - Bon les meufs ! C'est moi qui déraille ou y a une folle là-bas qui nous fait signe ? Demanda-t-il aux deux nanas. Il espérait que celles-ci lui confirment au risque sinon de passer pour un fou. Heureusement, il n'était pas timbré puisque cette folle ou plutôt Kiyoko, s'approcha d'eux. - Vous savez quoi ? Suivons cette folle, elle saura nous sortir du pétrin hein ? Leur rétorqua-t-il avant de s'avancer vers la troisième nana.

HEINHEIN mauvaise idée d'aller auprès d'elle ! Ils apprirent vite que Kiyoko et ses plans étaient craignosse. - Mais t'es folle ou quoi ? T'as trop joué avec mes accessoires l’autre fois, ça t'a vite monté au cerveau ! Annonça-t-il sans aucune gêne. D'un côté, il aimait bien taquiner Kiyoko. Enfin bon, ce n'était pas non plus la bonne occasion. - Et vous mesdemoiselles ? D'autres idées ? Leur demandait-il dans l'espoir que l'une d'entre elles annonce une bonne nouvelle. Malheureusement, ils n'avaient peu de temps devant. En effet, les flics ne tardaient pas à venir les emmerder. Ce n'était pas bon ça... Surtout que Ben avait des substances illégales sur lui. Vous savez cette poudre magique qui vous fait vivre une nuit de folie.

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Bordel de merde. Elle savait même plus vers qui orienter son regard, la pauvre effarouchée. Envers la brune l'interpellant ? L'autre fille complètement pétée ? Ce mec sorti de nulle part ? Ou vers les flics qui les guettaient du coin de la rétine, ces derniers prêts à bondir sur eux au moindre faux pas ? Ouais, c'était carrément le comble pour cette bande de jeunes qui ne se connaissaient pas tous, mais qui pourtant, semblaient être liés d'un commun accord ; celui de prendre la fuite, et rapidement si possible, avant que la justice ne leur tombe dessus. Le pire, c'est que le chrono tournait, plus vite qu'ils ne le pensaient, mais qu'aucun plan de secours paraissait pointait le bout de son nez. Malheur. Si seulement le bon Dieu pouvait pardonner toutes ses conneries, pour lui attirer ne serait-ce qu'une once de chance là, tout de suite, ce serait pas de refus. « Pourquoi tu nous regardes ? J'crois qu'on a l'air aussi paumées que toi ou elle. » C'était pas dans ses intentions de paraître mauvaise; juste que l'alcool prenait souvent le dessus sur la pauvre gamine écervelée, tandis que ses camarades improvisés avaient pas l'air plus futés qu'elle. La soirée promettait d'être longue. « On a pas le temps de réfléchir là, j'crois bien, ces putains de flics vont pas tarder à venir nous contrôler et on est morts, les gars. Morts. » Et si personne ne se décidait à faire le premier pas, on pouvait compter sur la blonde pour entreprendre la chose. « Elle a pas tord, on a pas d'autre choix que de fuir. Quelqu'un fait diversion, histoire qu'on se rapproche de la sortie ? A moins qu'Einstein débarque et que quelqu'un trouve une meilleure idée. » Et encore, même les prières les plus sincères ne seraient probablement pas suffisantes...