Tout est plus tranquille dans chez cet ami, enfin, tranquille à sa façon ; elle aime bien passer du temps ici, en général il n’y a pas de dragueurs lourdingue ou de crêpage de chignon à ses soirées. Non, c’est tellement calme qu’elle pourrait lire ses bouquins ici tranquillement sans être dérangée par quoi que ce soit. Puis en plus, quand elle a de la chance, il y a des artistes qui viennent jouer ici ; ils sont plutôt doués pour rajouter un plus à cette ambiance cosy.
Ce soir alors, elle est venue seule, ça faisait longtemps qu’elle n’était pas sortie seule tient. L’impression de n’avoir besoin de personne pour bouger était de retour. Ô, bien entendu elle appellerait Moe pour lui dire s’il s’est passé quoi que ce soit, mais elle pouvait imaginer la jeune femme étalée dans son lit, morte de fatigue à cause du travail. Elle ajoutait un fond musical triste à tout ça, se disant à quel point elle travaillait dur.
Elle regarde à travers la fenêtre alors qu’elle est assise sur le canapé, son attention se pose automatiquement sur la source de bruit. Visiblement, ça va être un peu plus agité que d’habitude. Elle se demande qui a bien pu les inviter pour le coup, avant de revenir à une discussion qu’elle ne suivait pas complètement de toute façon. Ô, s’il y a bien un sujet dont Noa a horreur, c’est bien les goûts musicaux, ça peut provoquer des guerres, briser des amitiés, ce qui n’est vraiment pas son truc.
Puis il y a ce visage familier au bout de la pièce, elle l’a souvent vu avec Eiji d’ailleurs, mais ce soir elle ne voit pas le jeune homme dans les parages. Elle a de vagues souvenirs de lui, puis des plus précis. Un rigolo ce bonhomme. Noa lui adresse un faible sourire avant de finalement mettre un terme à cette discussion sans fin pour aller dans le jardin où il y a beaucoup de monde déjà. Distraitement, elle allume une cigarette, les mauvaises habitudes sont revenue il faut croire, même si elle avait arrêté un temps... Peut être sept minutes s'écoulent avant qu'elle décide de rentrer et elle bouscule malencontreusement le jeune homme qu'elle a vu il y a peu.
Noa - Hey, décidément, on ne fait que se croiser elle dit d'un ton faiblement amusé avant de demander Je t'offre un verre ? La maison du proprio est pratiquement ma maison, à savoir, un vrai labyrinthe... C'est la première fois que tu viens ?
Noa, où l'art de parler facilement à n'importe qui, même s'ils ne se connaissent pas tant que ça ?
Il y a des jours sans. Et aujourd'hui est un jour sans. Ouais, le coeur n'est pas du tout à la fête et j'avoue être légèrement déprimé à l'idée que je vais devoir faire ma soirée seule. Dans un long soupire de mécontentement, je laisse traîner ma vielle carcasse dans un bar, une bonne petite ambiance cosy, agréable quand on a pas trop la fois de sauter et danser. J'entre donc avec un petit sourire au barman et m'avance dans la foule. Un groupe se produit. Pas mal. C'est avec un instinct de bon publique, que je tape doucement mon pied sur le plancher. Au moins ça change, c'est plutôt pas mal. Leur refrain rentre vite dans la tête qu'on a presque envie de chanter avec eux. Mais sauf leur respect, je ne vais décidément pas me mettre à chanter un refrain de chanteur à minette.
Ma tête se pose sur le jardin, un bel endroit plutôt bien aménagé et où la foule y règne de prime abord. Oh et puis, de toute façon il faut bien que j'aille fumer, j'ai terriblement envie d'une cigarette. C'est ça d'être vite addictif à quelque chose d'inutile. Lorsque je cherche mon paquet dans ma poche de manteau, je baisse la tête et ne remarque donc pas que je marche droit vers une nana. Nana que je connais depuis quelques jours maintenant. Un sourire vint rapidement s'installer sur mes lèvres.
Ah cette femme... A croire que j'ai vraiment un penchant pour les blondes. La première fois où je l'ai rencontré, elle était accompagné d'Eiji. Enfin, elle s'était plutôt incrustée dans notre bande pour au final tous nous dégager un par un -tous? sauf moi- avec des arguments que je trouvais plutôt pertinents pour le coup. Je plonge mes mains dans les poches de mon manteau et la salut avec un léger clin d'oeil. « J'accepte le verre si tu ne me traite pas de moche comme la dernière fois. » Lui dis-je en la regardant faussement dépité. Il me faut beaucoup plus quand même. Je marche sous la même cadence qu'elle et la reluque de façon assez discrète tout de même. Eiji est un putain de chanceux c'te bâtard qui cache les bails comme ça. « Alors mademoiselle connait les bons plans... C'est par hasard que j'suis tombé ici. Mais t'es une ptite habituée c'est plutôt cool. » Ce bar lui colle presque à la peau. C'est dire, je ne la connais pas vraiment. On s'est toujours croisé et pour ainsi dire presque jamais parlé, je me suis toujours fait des films avec elle alors j'espère que ce soir, tous mes fantasmes seront sur la carte.
Si on y réfléchissait, elle avait des maisons à peu près partout, elle était à l’aise à peu près partout. Bon, évidemment il y avait des degrés de confort et ici ce n’était pas le top du top, ce n’était pas l’appart de sa meilleure amie, ce n’était pas la même chose du tout mais elle aimait passer du temps ici, même toute seule d’ailleurs. La jeune femme tente de se concentrer sur la conversation. Quoi ? « Moche » ? Quand est-ce qu’elle avait- … Elle tentait de se souvenir et en moins d’une minute tout ça a refait surface dans sa mémoire ; dessinant un faible sourire peut être un peu mal à l’aise mais aussi assez amusé par la situation. Ben oui, il était là aussi ce soir là. Elle détourne le regard un instant, tentant de réprimer son sourire avant de croiser les bras len inclinant légèrement la tête sur le côté d’un air faussement déçu ;
Noa – Ben alors, je pensais que tu aurais un minimum d’estime pour comprendre qu’il ne s’agissait pas de toi. Elle se rapproche pour chuchoter, malheureux, aurais-tu vécu dans le déni si longtemps?
C’était un des surnoms d’Eiji ça. Des fois c’était affectueux et des fois quand ils s’embrouillaient c’était simplement là au premier niveau de la tempête. Surnom multifonction. Noa ne parvient plus à se souvenir de ce qu’elle a dit ce soir-là ; au départ, elle était un peu énervée à cause d’un rancart foireux il faut dire. Elle aurait affiché le bonhomme devant ses potes s’il l’avait planté là. Maintenant tout ça est bien loin peut être trop dans sa mémoire. Une fois accoudée au bar, elle commande la première avant de demander tout en pianotant distraitement sur la surface lisse en lino ;
Noa – Bon déjà pour commencer c’est quoi ton p’tit nom ? Enfin ça me dérange un peu de t’appeler « l’ami d’Eiji » mais chacun son truc, pas vrai ?
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