Encore Lui/Elle ?! - Eichi

   
   

Erena était vraiment difficile. Ennuyante aussi. Il n’avait pas envie de la voir. La famille, tout ça, c’était quand même important bien que tous les deux n’étaient pas si proches que cela. Depuis l’histoire avec son frère, Eichi s’était quelque peu détaché de tout le monde, mis à part ses parents, il fuyait les Kamiya en règle général. La raison pour laquelle, il inventait toujours des prétextes pour ne pas venir aux invitations qu’on lui proposait. Dans ces moments là, il était plutôt bon menteur, déclarant d’un côté qu’il avait envie de la voir pour ensuite trouver une excuse pour ne pas le faire. Voilà pourquoi, il était resté plus de trente minutes devant son téléphone afin d’avoir une bonne raison cette fois-ci pour décliner la nouvelle invitation. Sa cousine ne comprenait décidément pas que ce concert en vérité ne l’intéressait pas le moins du monde. Enfin, cela n’avait pas d’importance.

S’étalant sur son planché, il héla l’un de ses chats qui passait par là, le choyant avant de lui ébouriffer gentiment les poils de la tête. Il avait des tas de choses à faire en ville, ce qu’il ne s’était pas gêné de mentionner à Erena d’ailleurs, quitte à lui parler par message, autant qu’il lui raconte sa vie aussi.

Il lui fallut plus d’une bonne demi-heure avant que le jeune homme ne se motive. C’était uniquement lorsqu’il avait senti la fatigue le gagnait peu à peu qu’il avait réalisé que non, il ne devait pas s’endormir là sinon il perdrait sa journée bêtement. Donc, il s’était préparé soigneusement, jouant encore quelque peu avec ses chats puis il était enfin sorti, appréciant le soleil qui rayonnait de plein fouet sur la capitale. Cela se sentait que le printemps était arrivé. Il n’y avait plus aucune trace de neige, le ciel était bleu couvert seulement de quelques nuages alors qu’une légère brise se cognait à ses joues. C’était vraiment agréable.

En premier lieu, Eichi se promena un peu dans son quartier, jetant un coup d’oeil aux vitrines au cas où il repérerait le cadeau idéal pour l’anniversaire de sa mère qui était ce week-end. Rien ne l’attirait pour le moment mais ce n’était pas grave, il avait encore un peu de temps. Ensuite, il s’était rendu au magasin de musique où il y déposa son violon qui s’était cassée et qu’il fallait impérativement réparé. Il en avait profité pour acheter de nouveaux disques, ainsi que celui de Midori Goto, une violoniste japonaise qu’il appréciait beaucoup. Enfin à ce sujet là, le garçon admirait de nombreux musiciens. Cela variait du Mozart à du Chopin, à des artistes plus modernes tels que Lindsey Stirling. Cette fille, il l’adorait et s’il en avait l’opportunité un jour, il souhaiterait la voir en spectacle.

Le sac en main, c’était dans un tout autre quartier que le jeune homme s’était dirigé. Harajuku où l’un des quartier les plus « déjantés » de la capitale. Il avait envie de ramener des jouets à  ses chats et il ne voyait pas de meilleur endroit que là-bas pour trouver ce genre de bêtises. Ah, ses chats... Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour ses bêtes ? Ils avaient même une chambre rien qu’à eux dans sa maison, si cela n’était pas de l’amour, on se demandait alors de quoi il s’agissait.

Alors qu’il marchait sur le trottoir, chantonnant légèrement d’une voix fausse - toujours - avant d’écarquiller les yeux en voyant cet individu courir en furie en sa direction. Par réflex, Eichi s’était décalé, l’esquivant de justesse cependant il n’avait pas vu le reste venir et un air penaud naquit sur sa figure lorsqu’on lui rentra dedans la minute suivante.

- Vous allez bien ? Demanda-t-il quant il lui fit face.

Toutefois, à cet instant précis, son regard croisa celui de la jeune femme et aussitôt ses sourcils se froncèrent en la reconnaissant. Nom de dieu mais ce n’était pas possible... Elle était toujours là, est-ce qu’elle le suivait ou quoi ?!

- On ne t’a jamais dit que c’était mal poli de montrer les gens du doigt ! S’exclama alors le conseiller en repoussant sèchement son index qui le pointait, Je peux savoir pourquoi tu cours comme ça ? Si tu voulais tenter le marathon, t’aurais peut-être du penser à mettre d’autres chaussures.

Un sourire en coin se traça sur ses lèvres tandis que volontairement le jeune homme la narguait. Il avait bien remarqué que son talon s’était cassé et il était hors de question qu’il se fasse du souci pour elle. Elle lui avait assez tapé sur le système à chaque fois qu’ils se rencontraient pour qu’il lui accorde ne serait-ce qu’un semblant d’attention.

   
   

Dire qu’il pensait passer une journée tranquille, c’était raté à présent. Cette fille était toujours dans les parages, principalement là où lu s’y attendait le moins. En plus, elle avait cette manie de le juger du regard et ça l’horripilait. Leurs rencontres avaient souvent été hasardeuse, le jeune homme ne niait pas le contraire, et son caractère n’avait pas aidé à corriger quoi que ce soit néanmoins si au lieu de l’agresser la première fois, elle l’avait écouté, ils n’en seraient pas là aujourd’hui. Il lui avait pourtant dit que ce n’était pas de sa faute. Il n’aimait pas le monde, il n’aimait pas se sentir coller aux gens dans le métro et il avait cette mauvaise manie de gigoter tout le temps. Des femmes qui l’avaient déjà pris pour un pervers, Eichi avait eu l’occasion d’en croiser plusieurs malheureusement. Hors, s’il appréciait regarder les femmes comme tout homme qui se respecte, il n’en était pas encore au point de tripoter chacune d’entre elle. A croire que ses parents lui avaient donné une sacré malchance en le prénommant ainsi. Quelle idée d’ailleurs. Combien de fois avait-il du répéter qu’il ne s’appelait pas « Ecchi » mais « Eichi » ? Il ne les comptait plus désormais et avec le temps, le garçon avait arrêté de se plaindre à ce propos. C’était devenu une habitude.

- Je ne suis pas un pervers, Se contenta-t-il de répondre en l’observant d’un air blasé.

Cela était inutile de ressasser la même chose puisque sa vis-à-vis ne le croirait pas et en vérité lui-même en avait assez d’essayer de se justifier sur le sujet. Si cela lui faisait tant plaisir de le penser, qu’elle le fasse. Elle était mignonne, le jeune homme ne niait pas le contraire, elle était même plus qu’agréable à regarder cependant ça s’arrêtait là. Plus qu’être pervers, disons plutôt qu’il appréciait les belles choses. Les femmes avaient des formes, certaines plus que d’autres et si on lui avait fait des yeux, c’était pour regarder. Sauf qu’il n’était pas plus que ça désireux de toucher, de goûter au plaisir de la chair ou tout autre intérêt similaire. Cela pouvait surprendre si on lisait dans ses pensées néanmoins il n’avait pas ce genre de besoin. Contempler lui suffisait amplement.

Soufflant discrètement, il se retourna à son tour pour voir ce que cherchait son interlocutrice avant d’hausser les épaules.

- Ca ne sert à rien. Il est sûrement parti depuis longtemps. La prochaine fois, tu n’auras qu’à mettre des basket !

C’était plus fort que lui, il ne pouvait pas résister à se moquer, mimant un sourire amusé avant que ses pupilles ne fixent la chaussure malheureuse étendue sur le sol. Elle avait bien pris chère celle-là... Pas sûr qu’elle soit réparable. Puis, son regard observa ensuite son pied, intrigué, l’obligeant à se gratter nerveusement la tête lorsqu’il remarqua la position de la jeune femme.

- Tu t’es blessée ? L’interrogea-t-il alors plus calmement, Pas question que je te pote si tu ne peux pas marcher !

Ses sourcils se froncèrent machinalement à cette déclaration néanmoins c’était plus par fierté de ne pas vouloir montrer que peut-être il se faisait du souci qu’il avait prononcé ses mots.

   
   

« Moi c’est Eichi, pas Ecchi ! »

Le jeune homme n’avait pu s’empêcher de riposter sur ses mots, grommelant quelque peu dans sa barbe, en ayant marre que même une inconnue se mette à le surnommer ainsi. Il ignorait si cette demoiselle l’avait fait exprès ou non toutefois ses paroles s’étaient échappées toutes seules. Un soupir traversa ses lèvres ensuite alors que ses yeux vaquaient de part et d’autre de la rue dans laquelle ils se trouvaient. Il était certain que cet étudiant s’était déjà fait la malle depuis longtemps et que c’était peine perdue d’essayer de le retrouver maintenant. Principalement quand il observait la jeune femme ainsi que la condition dans laquelle paraissait être sa cheville. Vraiment... Quelle idée de courir en talon aussi. Déjà rien que l’idée de se balader avec des chaussures de trois mètres de haut était stupide mais en plus d’essayer de faire une course avec, ça n’avait aucun sens.

« Je peux très bien marcher toute seule » Ah ! Ah ! Cette phrase que toute personne fière se voit déclarer parce qu’on ne veut pas demander de l’aide. Eichi n’avait pas relevé, arborant un sourire moqueur en la laissant s’éloigner alors qu’il était évident que non, cette mystérieuse inconnue n’allait pas si bien que ce qu’elle essayait de prétendre. S’appuyant contre le mur près de lui, il l’observa avancer sans jamais chercher à la rattraper, secouant sa tête alors qu’il songeait à quel point cette demoiselle était têtu. Elle croyait réellement pouvoir tenir longtemps ainsi ?

- Tu sais, il n’y a pas d’honte à demander de l’aide, La charria le garçon en arrivant à son niveau.

Sans attendre de réponse de sa part, il prit son bras pour l’entourer autour de son cou afin de l’aider à marcher plus correctement.

- C’est inutile de courir après ton gars à présent, surtout avec ton pied dans cet état. Tu vis loin d’ici ? Il faut que tu te soignes avant que cela ne s’aggrave.

Il était incroyablement sérieux lorsqu’il parlait si bien que ses yeux se plissaient naturellement, créant de fines rides sur son front. Eichi savait jouer aux idiots, pouvait s’emporter facilement néanmoins il savait également quand il fallait arrêter de se montrer stupide et être un peu serviable de temps en temps. Cette fille ne pouvait pas avancer dans cet état, il n’allait pas l’abandonner ainsi là. Il n’était pas ce genre d’individu sans coeur. Bien qu’en le voyant, on s’en poserait la question parfois.

   
   

Dédoublement de personnalité ? Son problème n’était-il pas plus grave que ça ? Lui-même se rendait compte que son caractère était plus que particulier, qu’il changeait en fonction de ses humeurs, du temps actuel ou même de sa façon de penser. Il était assez imprévisible, ne connaissant pas ses propres réactions sur telle ou telle chose parce que cela dépendait toujours de l’instant dans lequel il le vivait. Il pouvait être désagréable comme la seconde d’après devenir un véritable petit ange. Peut-être parce qu’au plus profond de son âme, Eichi était en vérité une personne au grand coeur. Il n’était pas aussi idiot qu’il ne le montrait, il ne se liait pas non plus aussi aisément que sa personnalité pourrait faire croire et il avait plus de respect que quiconque bien que son comportement faisait très souvent penser le contraire.

Voilà pourquoi plutôt que de s’exciter et d’abandonner la jeune femme seule ici dans son état actuel, de lui-même, il avait opté pour lui donner un coup de main, l’aidant à marcher du mieux qu’il le pouvait.

- Peut-être, Lui répondit alors le garçon d’un sourire amusé, Je suis assez spécial, je le reconnais seulement je ne suis pas non plus ce genre de gars à laisser quelqu’un blessé en bord de route.

Surtout qu’ils se connaissaient d’une étrange manière certes puisqu’elle le prenait constamment pour un pervers toutefois ce n’était pas non plus une raison pour ne pas s’occuper d’elle. Il ignorait pourquoi il réagissait ainsi, pourquoi il tenait tant que ça à lui prêter moins forte si c’était uniquement parce qu’il avait peur de culpabiliser ou s’il s’agissait d’autre chose. Probablement que son inconscient avait ressenti quelque chose que lui-même n’était pas en mesure de voir encore pour le moment. Ce qui expliquerait le fait que le jeune homme s’inquiète avec plus d’intensité à son sujet.

- Donc, je vais te raccompagner et t’aider. Et je ne te laisse pas discuter non plus.

Parce qu’il était le mieux placé pour savoir ce que c’était de vouloir faire le fort, de se braquer puis déclarer qu’on peut se débrouiller sans l’aide de personne. Sauf que c’est faux, ce n’est pas toujours le cas et principalement quand on s’est tordu la cheville.

 
 

Pourquoi l’aidait-il ? Est-ce qu’elle lui posait réellement cette question ? Quelle personne cruelle serait-il s’il la laissait se débrouiller sans l’épauler. Ce n’était pas parce qu’elle le prenait pour un pervers qu’il comptait l’abandonner. Surtout qu’en vérité, Eichi était habitué à ce genre de représailles, particulièrement à cause de son prénom qui était proche d’une toute autre signification. Il n’était pas méchant et s’il paraissait idiot, il avait un bon fond. C’était vrai qu’il pouvait être vraiment énervant parfois, qu’on lui mettrait des claques à cause de ses réactions ou sa façon de penser, qu’il paraissait pour quelqu’un d’immature qui ne réfléchissait pas avant d’agir. Hors, il était bien plus compliqué que cela, paradoxal aussi et il n’allait pas abandonner une demoiselle en détresse. Surtout que c’était arrivé à cause de lui puisqu’il s’était trouvé sur son chemin, mauvais endroit, mauvais moment.

- Pourquoi es-tu si étonné ? L’interrogea le garçon d’un sourire amusé.

C’était vrai après tout, pourquoi cette jeune femme était aussi surprise de son comportement ? Quelle image avait-elle de lui pour penser qu’il l’aurait abandonné sur ce trottoir, qu’il l’aurait laissé se bousiller un peu plus la cheville au lieu de lui porter un coup de main. Il n’était pas si sans coeur...

La redressant un peu, sans la lâcher, il continua à marcher en silence, suivant simplement les pas de la demoiselle afin de se diriger jusque chez elle. Il n’était pas devin après tout, il ignorait où celle-ci habitait.

- Je te l’ai dit pourquoi je t’aide, Reprit-il après un silence, Je ne suis pas un vaurien, ce n’est pas mon genre de partir en laissant quelqu’un blessé. Je me fiche de l’image que tu as de moi, ce n’est pas une raison pour mal agir.

Surtout que si c’était le cas, elle aurait tout à fait le droit de le juger et de le voir comme quelqu’un de mauvais.

- Ca va ?

Puis, c’était une manière comme une autre de prouver que justement, il n’était pas celui que la jeune femme pensait qu’il était.