chang damon - i still got a lot of shit to learn, i'll admit it

On dit que t'es le fruit d'un accident. On dit que ta mère elle a vingt-cinq ans de moins que ton père. On dit que celle-ci ne s'intéresse qu'à l'argent. On dit beaucoup de choses, mais la plupart sont vraies. Tu es le résultat d'une relation fondée principalement sur les billets de banque et la superficialité. Malgré la popularité de ta mère dans le domaine du mannequinat et son salaire enviable, ça ne lui a pas suffit. Ça ne l'a pas empêchée de croquer le premier homme ayant abaissé sa garde une seconde de trop pour ensuite le forcer dans un mariage où elle a pu lui soutirer de l'argent pendant plusieurs années. Les rumeurs, autant les vraies que les fausses, tu as pu toutes les entendre en grandissant. Tu as pu le voir le regard de jugement de tes enseignants quand ton âme était encore trop naïve pour voir l'écart malsain de l'âge entre tes parents. Surtout que, ta mère, elle t'a eu à l'âge de vingt-deux ans et un petit calcul mathématique permet de faire comprendre que ton père était assez vieux pour déjà avoir sa famille - ce qui était le cas. Par contre, ce détail, il a été laissé de côté suffisamment longtemps pour que tu sois en plein cœur de l'adolescence quand la nouvelle a refait surface. Plusieurs points de ton physique sont tirés de ta mère américaine, n'ayant que les traits asiatiques de ton paternel chinois, ce qui laisse s'imaginer le portrait de la scène dont tu as été témoin en rentrant de l'école.

C'était un mercredi, tu t'en souviens parce que terminais toujours cette journée par l'exécution d'une partie d'un sport quelconque avec tes amis pour rentrer un peu plus tard à la maison. Mais pas assez pour rater le chaos digne d'un film d'Hollywood avec les débris de porcelaine s'étendant de la cuisine jusqu'au salon, pour voir la rage d'une tempête ayant pris forme humaine dans les traits colériques de ta mère. Rentré trop tôt pour ne pas constater l'étendu de la peur que peut ressentir un homme devant une femme, ton pauvre père acculé au mur en se faisant cracher insultes par-dessus insultes au visage. Il va d'évidence que cette journée s'est soldé par l'annonce d'un divorce, suivi de la procédure qui ne s'est guère étalée sur plusieurs mois. Ta mère l'a bien saigné en justice, au point où il est retourné en Chine pour être bien certain de ne plus jamais avoir à faire avec la femme américaine. Pourtant, ta mère, elle a toujours été et restera jusqu'à ta mort une femme que tu adores plus que tout au monde. Qu'importe l'étape de ta vie, elle n'a pas cessé de te soutenir et t'aimer, te couvrir d'un amour maternel témoignant de son attachement envers toi ce qui fait que tu demeuras toujours derrière elle pour en faire de même.

Vous n'êtes pas resté un foyer monoparental bien longtemps, ta mère rencontrant un nouvel homme lors de ses voyages pour le travail et elle l'épousa moins d'un an après sa rencontre. Ça ne t'a pas vraiment surpris, ce qui t'a pris de court c'est l'annonce qu'elle partait vivre avec lui... au Japon. Du haut de tes dix-sept ans, t'avais pas réellement prévu de quitter la belle ville qu'est New York, cette ville où tu te plaisais dans le plus grand des conforts en jonglant aisément entre études et vie sociale active. Du coup, t'as pas trop eu le choix de suivre, de tout quitter pour recommencer, une réalité qui n'a rien de bien dramatique pour l'âge que tu avais. Une réalité simple sur papier, difficile en pratique. Il t'a fallu apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture. Pour toi qui ne parlait pas un seul mot d'une autre langue que l'anglais, ce ne fût pas la tâche la plus facile, mais t'as réussi avec quelques efforts.

Ton beau-père, il pourrait probablement passer pour le père de ta mère si ce n'était de la nette différence ethnique entre les deux individus, mais il est sympa et tu l'aimes bien. Probablement moins froid que ton paternel biologique dont tu as perdu la trace depuis quatre ans et dont tu ne tiens pas plus que ça à le retrouver. Puis, tu travailles pour le second mari de ta mère, ce-dernier étant au sommet de la hiérarchie d'une importante banque dans laquelle tu as gracieusement pris des parts. Si tu ne vis pas où ton cœur est, tu n'es tout de même pas à plaindre puisque tu n'en es pas malheureux, ayant reconstruit ta vie loin du cliché américain.