Koizumi Sayae - CRAZY²

Des histoires banales. Stupides. Rien de plus que d’habitude, rien de moins. Pas de père, une mère seule, pas même une véritable famille. Une enfance ponctuée de coups et de pleurs, de rires amers. Il avait appris les mots qui blessent. Il avait appris la désinvolture. Les mains dans les poches, le rictus aux lèvres, il avait appris à se déconnecter. Fuir. Il avait appris à supporter les coups et les injures, appris à faire comme si cela n’existait pas. Ignorer les bleus qui marquaient ses bras frêles, les brûlures de cigarette laissées par sa génitrice, les cicatrices laissées par ces hommes qu’elle ramenait. Il avait toujours connu la violence, la douleur. Cela était devenu comme son quotidien. Une vulgaire banalité.

Puis il avait grandi, lui aussi. Mal. Dans cet univers saturé d’alcool et de haine, son être s’était tordu. Et cette personnalité ne pouvait s’accorder à cette société qu’il ne comprenait pas. Tout avait commencé doucement. Des règlements de compte à la sortie de l’école, des poings qui se perdaient joyeusement. Des menaces, de l’intimidation. Quelques piercings de-ci de-là, faire hurler les professeurs. Une remarquable insolence. De la pure provocation. Les coups ne lui faisaient pas peur. Pas plus que les sanctions et les blâmes. Il souriait ironiquement à tout cela, y apposait un regard moqueur.

Le lycée avait marqué son âge d’or. Cheveux décolorés, corps recouvert de tatouages, de piercings, il écoutait d’une oreille distraire les éternelles remontrances. On le détestait : cela lui convenait à merveille. On l’admirait parfois ; il se sentait pousser des ailes. Sécher les cours, fumer dans l’établissement sans même chercher à s’en cacher, trainailler de-ci de-là dans des bandes peu fréquentables...tout était prétexte à la rébellion. Et pourtant. Le schéma familial continuait. Lorsqu’il rentrait après plusieurs jours, les coups ne manquaient pas. Rien de nouveau. Il se permettait pourtant de répondre, rappliquer comme il le pouvait. Il finissait souvent à la porte.
Il en riait.

L’université ne changea en rien son comportement. Toujours aussi bagarreur, toujours aussi fauteur de troubles. Il vivait seul, heureusement. Quand bien même il vivait toujours aussi mal. Et cette violence si familière, il la cherchait toujours.