nagakage sora (hack the planet)

save me from the nothing i becamesora c'est l'enfant surprise, l'enfant qu'on n'attendait pas, mais qui est accueillit à bras ouvert, l'enfant qui n'a rien demandé, mais à qui on offre la vie. elle est mignonne l'enfant soleil, elle rayonne par sa joie de vivre, et son caractère vocal quand vient le temps de demander. ses grands yeux de biches qui s'illuminent quand elle s'extasie devant la nouveauté, quand elle supplie pour un nouveau jouet. mais sora, c'est surtout la métisse, l'exotisme, la beauté, l'étrangère, l'intrus. sora elle n'est pas assez japonaise, ses cheveux ne sont pas assez foncés, ses yeux pas assez bridés, son accent pas assez authentique même si elle n'a jamais quitté la péninsule. sora on lui reproche sa différence, on lui reproche sa perfection dans la langue de molière, on se moque de sa prononciation dans celle de shakespeare, on fait semblant de ne pas comprendre lorsque le japonais franchit ses lèvres. sora on déteste sa perfection, ses bonnes notes, son enthousiasme pour apprendre. on vole ses cahiers de cours, on cache ses souliers d'intérieurs. on l'approche avec de fausses intentions pour pousser le couteau, pour l'enfoncer dans ses côtes. on s'amuse de voir sa radiance se ternir, de voir ses lèvres tirer vers le bas. on continue de jouer, de se moquer, jusqu'à ce qu'elle brise en un millier de morceaux, jusqu'à ce que la poupée apprenne à craindre les autres, à craindre ses monstres aux visages humains.



supermassive black holesora elle ne sort plus, sora elle s'est enfermée dans sa chambre et n'en sort que pour manger avec son père. le monde lui fait peur, la race humaine la terrifie. sora elle a pleurer quand sa mère est partie, elle a senti la dernière partie de son être s'arracher et quitter avec celle qui lui a donné la vie. elle a voulu changer son nom de famille pour prendre celui de son paternel, mais elle ne l'a pas fait. elle aurait préféré vivre avec le nom d'un ex-taulard que de garder celui de la traitresse, mais son père l'en a empêcher, pour son avenir qu'il disait... quel avenir qu'elle a pensé. sauf qu'elle lui a fait plaisir, et elle a gardé le nom damné. elle s'est enlisée un peu plus loin dans sa peur, dans sa solitude, dans sa forteresse. elle a disparu de la réalité pour disparaître dans le virtuel.


look around, look around at how lucky we are to be alive right now! sora elle découvre un nouveau monde à travers son ordinateur. elle apprend à vivre à nouveau, à être. elle a toujours peur de quitter les quatre murs de sa demeure, mais son teint retrouve de son éclat. elle se remet à parler sur l'heure du repas. son père n'a aucune idée de ce qu'elle raconte, mais il est heureux de la voir s'extasier pour quelque chose à nouveau, de la voir sortir de son mutisme. sora, elle se donne corps et âme pour sa nouvelle vie faites de quêtes et d'aventure. elle passe des nuits entières à augmenter son niveau, à trouver de nouvelles armes, à reprendre goût à la vie. elle se tente même à écrire sur le chat, à communiquer avec d'autres. elle apprend lentement que le monde n'est pas totalement pourri, qu'il y a peut-être du bon. elle se sent en sécurité derrière l'écran, comme si elle avait une armure pour la protéger des autres. alors elle s'ouvre, un peu. elle se fait des "amis", même si son père ne cesse de lui rappeler que ce ne sont pas réellement des amis si elle ne les a jamais vu. sora, elle revit grâce aux jeux, elle retrouve un semblant de normalité.



hustle me bitch and you best bewaresora, sa vie est chamboulée une fois de plus. son père lui avoue un jour qu'il a rencontré quelqu'un, qu'il l'aime et qu'il veut la marier, que cette femme, elle n'a rien contre ses erreurs de jeunesse et qu'elle le rend heureux. et toi t'as la peur qui te prends au ventre quand il dit qu'elle a un fils un peu plus âgée que toi. ça fait longtemps que t'as pas eu affaire aux jeunes de ton âge, mais tu te rappelles encore les moqueries, la violence, la douleur. sauf qu'il est tellement heureux que t'accepte de les rencontrer, que t'accepte de sortir des quatre murs de la maison pour son bonheur.  ça te surprend. IL te surprend. il n'est pas comme les enfants de tes souvenirs, il est même... agréable. tu donnes ton accord, parce que t'as peur que ton père se mette à te détester si tu refuses. t'es pas encore prête à un tel changement, mais tu ne penses pas l'être un jour, alors autant sauter le pas immédiatement. ça fait maintenant cinq ans qu'ils font partis de ta vie, et ça te surprend encore à quel point rien n'a changé, et tout a changé, à la fois. le futur t'effraies encore, le traumatisme de ton enfance vient toujours te paralyser en présence d'autres personnes, mais tu apprends à redevenir humaine, à apprivoiser tes démons. lorsque tu es avec ta poignée d'amis, on pourrait presque croire que tu es normale, que tu es comme toutes les autres filles de ton âge.