AU MILIEU DES FLEURS.

Il fait nuit. Pas un bruit. Tout le monde a déserté et les lumières sont éteintes. Si vous faisiez une sieste dans un coin inaccessible, si vous grimpiez aux arbres avec des écouteurs sur les oreilles, peut importe, quelle que soit la raison, vous êtes coincés dans ce parc majestueux. Mais il fait nuit. Vide. Et froid. Puis il pleut des gouttes larges et lentes.
Vos chemins se croisent, plus ou moins paniqués, vous vous rentrez dedans.

participants: ikeda kimio, chestia myrtille

des fleurs, à perte de vue. une explosion de couleur. un feu d'artifice d'odeurs. tu souris. tu n'as pas cessé de sourire depuis que tu as mis les pieds sur cette pelouse. littéralement. tu as retiré tes chaussures depuis quelques temps déjà et tu as abandonné les sentiers. c'est si beau. d'un pas léger tu glisses entre les buissons et les arbustes. l'herbe fraîche chatouille tes orteils tandis que l'air caresse ton visage. tu ris. tu ris comme l'enfant que tu es.
peu à peu la nuit tombe. peu à peu tu t'enfonces dans cette jungle disciplinée. tu vois pas le temps passer. dans tes oreilles une mélodie douce. tout l'univers semble avoir disparu depuis déjà si longtemps. il n'y a plus que toi. toi les pivoines, les bancs de lavandes et les autres.

mais le froid se fait sentir. mais ta musique se stop : plus de batterie. mais t'as maintenant du mal à discerner les couleurs. le bleu ciel vire au nuit. elles deviennent fades. t'as ce goût âcre dans la bouche. la réalité qu'on l'appelle. ça ne te plaît pas du tout. alors tu décides qu'il est l'heure de rentrer.

le frotement de l'herbe contre tes talons n'a plus rien de drôle. l'air qui te fouette le visage n'a rien de rassurant. plissant les yeux pour distinguer le plus - loin tes pas n'étaient plus sautillant. tes chaussures avaient regagné tes pieds et tu avançais à présent le coeur battant.

tu as peur. un petit peu. et tu sens la froideur nocturne rougir tes joues. uniquement éclairée par les réverbères aux entrées du jardin tu as du mal à t'y retrouver. tu finis même pas fermer les yeux. histoire d'ouvrir tes autres sens. mais c'est con. très con. et tu finis par le découvrir lorsque ton corps est vivement percuté par quelque chose de dur. tu chutes et totalement paniquée, recule de quels pas. dans un japonais approximatif tu demandes faiblement qui..qui es-tu ?

Il est seul. Allongé de tout son long. Il voit les gens passer quand il a le courage d'ouvrir les yeux. Il les voit parler. Il les voit rire. Pleurer. Vivre. Il s'dit qu'il aimerait bien vivre comme ça, lui aussi. Il s'dit qu'il aimerait bien pouvoir profiter à fond. Mais l'pauvre gosse, il peut pas. Le gentil et doux agneau. Trop gentil pour même essayer de prendre ce qu'il veut. Trop gentil pour réussir à dire non à ce qu'il refuse. Puis il s'dit que finalement, le loup, c'est pas une mauvaise idée de rester à ses côtés. Puisque de toute façon, il pourra jamais avoir celui qu'il veut. Pour dire vrai, ça fait des années qu'il essaye plus. Il ferme les yeux. Il s'imagine des visages. Il replace les traits, millimètre par millimètre. Il sourit. Il fait la gueule. Puis il arrête de réfléchir. Il arrête d'imaginer. Il arrête d'espérer. Il ouvre les yeux. Y'a plus de gens qui passent à côté de lui. Y'a plus de personne qui sourient, rient et pleurent. Il y a plus personne pour lui montrer la belle, la meilleure façon de vivre.

Il fait nuit. Le parc est vide. Et ça pue la mort.

Alors le gosse, le courageux agneau, il sort de sa position confortable. Il se lève. Il manque de tomber de l'arbre sur lequel il est installé. Il est léger. Il tient sur une grosse branche. C'est réconfortant. Comme les mains berçantes d'une mère. Il s'accroche, descend. C'est pas la façon la plus sure de faire. Mais au point où il en est. Il constate rapidement. Il est seul. Alors il se retourne, et il marche à reculons. Parce qu'il est seul. Qu'il peut faire ce qu'il veut. La solitude. Son mot maître. Il aime ça, l'enfant roi. Il percute un truc. Il sait pas c'que s'est. Un arbre. Probablement. C'est ce qu'il se dit. Un arbre. Ou un banc. Hey. Gamin de la nuit. Les arbres, les bancs. Ça parle pas. « qui...qui es-tu ? » Alors il se r'tourne. Et il la voit. L'étrangère. La belle étrangère. La collante. « Myrtille. Qu'est-ce que tu fais là à cette heure ? » Il essaye de simplifier au maximum sa phrase. Elle a l'air effrayé la pauvre biche. Il s'dit qu'aujourd'hui, c'est pas un bon jour. Il sait qu'aujourd'hui, il va pas apprécier sa compagnie.

t'as le cœur qui bat, beaucoup trop vite. t'as les mains qui tremblent, bien trop fort. dans quoi est-ce que tu t'es encore fourré tu vois d'jà les gros titres de demain : "une française perdue assassinée à tokyo". tu restes au sol à le fixer, l'inconnu. myrtille. qu'est-ce que tu fais là à cette heure ? cette voix. cette voix tu la connais ! kimino : le joker ! tu souris, rassurée et tu te relèves rapidement. finalement tu vas p'être vivre un petit peu. soudainement revigorée, tu sautes dans les bras du jeune homme et sans le lâcher tu tente de répondre toujours aussi approximativement. je me promenais puis nuit sans que je m'en rendre contre. le japonais n'a jamais été ton fort d'ailleurs, tu te demandes toujours ce que tu fais ici.. tu secoues la tête comme pour te raisonner et tu le lâches. pardonnes moi.. tu sais pas pourquoi tu t'excuses, mais tu le fais quand même. puis tu souris. sans trop savoir pourquoi non plus. mais tu le fais tout de même. t'es heureuse d'être tomber sur kimino : vous êtes amis et il te ramènera gentiment chez toi. parce que kimino il est adorable et même si parfois il prend cet exaspéré quand tu parles, il t'apprécie, tu en es persuadée.
rassurée, tu t'autorises à lever les yeux vers le ciel, c'est beau. en tirant doucement sur la manche de ta porte de sortie et prise d'un entrain certain, tu lui dis sur-excitée. regardez ! c'est si beau ! toujours la tête vers le ciel tu te dis que tu vas passer une superbe soirée..