ひやりとする (司之)

il doit être environ dix-huit heures, et en ce début de soirée rien ne presse. ça doit faire une grosse semaine que tu n’as pas eu comme un semblant de temps libre, et pas besoin de le dire tout haut combien ça fait du bien de pouvoir souffler un peu. de plus, ça faisait longtemps que tu n’étais pas allée voir l’autre salop, et ça te manquait un peu. mais ça, personne ne le sait et ne le saura: tu vas juste t’y taper l’incruste et faire comme d’habitude, procrastiner.
encore au volant, tu finis par te garer près d’un lieu désert, loin d’être le quartier idéal pour tout le monde. tu débarques même dans ce qu'on décrirait comme l'arrière d'une ancienne zone industrielle - un terrain de jeu parfait pour tout ceux qui ont quelque chose à cacher. tu coupes alors le moteur, éteins en même temps la musique, et sors de la voiture en chopant ton bomber au passage. tu checkes si ton flingue n’est pas tombé entre temps sur ton siège, et laisses la bagnole au milieu des ruines, de l'eau sale et de la végétation. silencieusement, tu fais tout ton chemin jusqu’au modeste trou de junno avant de toquer trois fois du poing comme un bourrin, comme si tous les poulets de corée étaient remontés jusqu’à lui.

OUVRE C’EST L’SERVICE TÉLÉPHONE ROSE. ben quoi? son sms disait pas aide-moi stp j’me lasse de ma copine en ligne et d’mes poupées gonflables, non? ça joue les nerds ermites quand ça veut mais dès qu’y a emmerde ou que ça s’emmerde, c’est bon on arrive à se rappeler à quoi servent les gens au final - connard. enfin. sa caravane, elle est plutôt sympathique, si on en oublie tout le bordel technologique et post-apocalyptique qu’elle réussit à planquer depuis des lustres: elle te fait bien rire deux secondes l’épave sans qu’ô jamais tu n’te trouves tentée par une telle vie dans un tel engin. t’avais eu ta dose de fuite auparavant, et t’installer à tokyo t’avait éviter ce genre de précautions à quatre roues.

mais il en met du temps à t’ouvrir, il en met du temps à répondre ne serait-ce qu'une injure affective.
alors tu commences à regarder les environs. t’en viens à faire le tour de la caravane, voir si rien ne cloche, avant de retaper, cette fois-ci contre la paroi même de la cuisine. t’as ton portable en main, un appel en cours, mais tout c'que tu entends c'est sa sonnerie à la con qui retentit seule de l'intérieur. ou il pionçait encore, ou il le faisait exprès, ou son texto était sérieux. dans tous les cas, t'allais lui faire la peau, et t'allais commencer par la porte de cette foutue bicoque. fait chier.