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fenêtre sur désert. (ft takeshi)

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Lun 7 Mar - 22:01
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fenêtre sur désert
Elle a regardé cinquante fois le soleil en se brûlant. S’est retournée cent soixante sept fois dans son lit.
Les cheveux du matin, le regard gonflé par les cauchemars de sa nuit, elle a pas la force d’aller se transformer en princesse du jour.
Une fois encore.
Puis elle laisse doucement rouler son corps hors du lit, grogne un peu, s’écorche les yeux en décollant ses paupières.
« Y’a quelqu’un ? »
La question est devenu réflexe, peur d’être épiée, peur d’être suivie, peur qu’on la prenne pas surprise.
Tombée de son nid, elle tremble, l’oisillon. Elle force un sourire en admirant le paquet de cigarette qui gît sur sa table de chevet. Elle a pas osé mais elle en crève d’envie. Elle crève d’envie de trouver un nouveau goût ailleurs. Elle fait tourner la chose entre ses doigts. Abandonne. S’en va.
Dévale les escaliers, mollement.
Espère que le nouveau butler s’est tiré assez tôt, elle a négligé sa tenue. Pas de robe en flanelle, pas de jupe plissée. Juste un t-shirt et ses dessous dévoilés.
Puis y'a des bruits qu’elle n’identifie pas. Elle flippe. Perd ses moyens.
« Qui est là ?! » elle sent pas le sol se dérober sous ses pieds, ses jambes cotonneuses s’écrouler sous son poids. Y’a quelqu’un ? qui est là, merde ? elle pense impoliment, ces derniers temps. Des mots qu’elle exècre caressent ses lippes usées.
Ça y est elle va crever.
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Sam 12 Mar - 23:01
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■■■
"“Mademoiselle is a fairy,” he said, whispering mysteriously."

Les rayons mielleux s’écoulèrent sur sa peau salie par les baisers enflammés de l’astre. Un peu trop caramélisée par l’amour que lui portait apollon. Ce dieu aux milles cœurs. Aux milles amours envolés. Cruels et dérangeants, il tirait ses flèches empoisonnées et soudain, le battant cessait sa course. Takeshi était de ceux-là. Ceux qui admiraient à présent dans un ciel nébuleux la foule en délire immerger de leurs rêves. Pas après pas, son ombre, terrible infidèle, le suivait, lui collait à la peau, parfois ne faisant qu’un avec sa chair. Il l’aimait bien, elle lui rappelait un peu quel démon siégeait en son sein abrupt. Un fantôme discret, changeant ses chimères en des milliers d’étoiles accrochées en ses iris enfumées. Il avait encore couru toute la nuit ; les godasses usées par ses valses endiablées. Il avait encore encrassé ses poumons de rires et de nicotines. Il avait encore torturé ses poings de sang et de bleus. Bâtard des rues, il saluait de coups les adversaires, d’une violence létale en ses mots abusés. Trop usités, encore et toujours. Même morphée ne venait plus le visiter ces derniers temps. La lyre brisée en deux, décordée, désarmée. Plus rien n’avait effet sur lui, si ce n’est ce jet d’adrénaline pulsant son corps. Son être aux milles-et-unes plaies.
Pourtant voilà, le p’tit con était encore aimé. L’univers chérissait sa présence entre ses doigts aériens, ses bras, voluptueuses soieries. Le couvrant de millions de baisers, les étoiles l’observaient avec délice, se marginaliser de la société, de tout humain avec qui il pouvait avoir un quelconque contact. La chaleur trop brûlante d’une personne n’était que bûcher pour lui…alors le soleil l’emplissait d’un voile léger, matinal, d’une aurore engourdi. Rougissant à la manière dont Takeshi avait l’habitude de l’observer. Timide jeune fille aux pommettes rosées, dénudée sous la pluie stellaire, les courbes entremêlées dans sa maladresse imparfaite, dans son adorable embarras. Il en souriait, avec un amusement attendri, le ciel l’aimait, ce morveux trop amoureux. Le ciel l’aimait…et parfois il l’oubliait. Il se perdait dans les mousselines charnelles d’une autre, un peu trop humaine, un peu trop fragile. Son parfum se glissant en lui comme les alcools qui lui démangeaient la gorge…ses lèvres déchirant les siennes, violées par la passion qui le consumait, ses doigts appuyant sur les blessures pullulantes. Portant la croix de son obsession, le sisyphe montait les courbes de son regard laiteux, un léthé déchirant ses envies…elle l’oubliait. Elle, aussi. Elle oubliait qu’il avait explosé en de millions d’astres pour pouvoir l’émerveiller, la fasciner…et tout ce qu’il faisait c’était se consumer. Se dévorer, seul, par les faibles lumières qu’il émanait avec peine. Il ne brillait pas, non, tout comme son ombre, il se nourrissait de ses chimères…de ceux des autres.
Néanmoins, le voilà, empereur déchu, abandonnant ses armes, à la merci de ses enfants perdus. Ceux-là…eux qui lui dérobaient des rictus, des étincelles au bout de sa bouche en cœur. Ceux-là pour qui il s’écorchait les genoux, s’égratignaient les paumes, sans mal, sans douleur, avec cette même extasie nocturne qui les prenait. Les mômes rêveurs, abandonnés dans leurs songes trop déments, trop impétueux. Ils n’arriveraient à rien…non, peut-être certains mourront avant même de s’écrier qu’enfin, oui, enfin, ils étaient heureux. Mais ils survivaient, ensemble. Des piqures d’espoirs, droit dans le battant, l’euphorie dionysiaque jaillissant et éclaboussant les parois de leurs veines bleutées…violettes, rosées…comme ces tâches qui embaumaient le ciel de fleurs célestes. Seto…le timide gamin. A la moue désemparée, un peu paumée, les yeux déroulant leur stupeur à chacune des actions terrible du groupe. Il suivait, malgré tout. Suivait le bal des démons, de ces jeunes qui avaient tout perdus, ou qui allaient tout perdre. Cependant, ces derniers temps, la lune illuminait ses traits tirés, sa figure abaissée et Takeshi n’aimait pas cela. Il ne voulait pas qu’il ressente, lui aussi, le trou béant avalant ses organes…ses émotions. Il voulait le voir fleurir, grandir, marcher…le voir soulever les cathédrales astrales et rire, rire, oui, comme un fou à la gueule des gens.
Devant la porte, il hésita…mais son poing s’abattit avec douceur sur la paroi. Quelques minutes d’attente ouvrirent la maisonnée à son corps trop sale. Trop usé par les violences de la rue, les regards trop accusateurs. Inquisiteur, le maitre d’hôtel l’observa mettre ses mains dans ses poches de sa veste…soudainement trop timide et gêné. Mauvais déboulant dans la classe en retard, les mains croûtées, le sourire et les yeux puant l’innocence feinte. « B’jour…euh…j’viens pour voir Yu Seto, m’sieur ».  La face impassible de l’homme le mit quelque-peu dans une situation étrange. « Il n’est pas là, mais il reviendra dans quelques-heures. Voulez-vous rentrer ? ». Une odeur de café et de propre s’amassa à l’entrée de la demeure. Ce qu’il considérait comme le palais de son passé, ce qu’il aurait pu être, ce qu’il a jeté avec vanité. Ironie du sort, à présent il la voulait bien, c’tte demeure. Celle qui pourrait le tenir au chaud en son sein…ce chez-soi qui éclaboussait les yeux des gens. Ce truc immense, imposant, synonyme de capitalisme et hypocrisie. Ce théâtre des mœurs. « J’veux bien, merci. » Il n’attendit pas que le gars lui laisse le passage, mal élevé, les ténèbres des ruelles l’avaient lavé de toutes ses belles manières. Celles qu’on lui avait inculquées par les gifles et les rabaissements. Celles pour qui il avait souffert. L’homme se déroba du hall pour faire ce que Takeshi n’avait décidemment pas écouté…et dieu, ce qu’il en était soulagé. S’aventurant un peu plus dans la maisonnée, ses oreilles bouchées par la symphonie luxueuse d’un tel endroit, cireuses de ses pensées un peu trop jalouses surement, il n’entendit pas la faible voix déroulant les escaliers. Il la vut seulement, petite nymphe...le regard écarquillé, les cils poudreux papillonnant. « J’suis désolé, j’voulais pas… » sa main s’abattit avec précipitation sur ses yeux, l’autre tirant de son pouce en arrière « c’est l’maitre d’hôtel qui m’a fait rentrer. » la vision d’une poupée aux airs candidement aguicheurs…aux courbes dénudées…une aurore, timide aurore, rosissant de gêne et de douceur. Enfant-fée, il ne se sentait pas à sa place, il n’avait pas le droit de corrompre de sa présence infernale, la beauté d’une craintive intimité qu’il venait de violer.


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Lun 14 Mar - 13:02
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fenêtre sur désert
Sa voix avait couvert les bruits l’entourant. Elle n’avait pas entendu l’ombre s’approcher. Elle n’avait pas entendu les portes s’ouvrir puis se refermer. Les voix se mêler. Et le rayon de soleil, gouailleur, dissimulait le visage de son interlocuteur.
Elle rosit.
Qui venait souffler la flamme faiblarde qui se battait en elle, celle résistant à peine aux brises nocturnes ? qui venait bruiter ses silences quotidiens, sa discrète solitude ?
Les paupières mouvementées, elle tentait d’accoutumer ses yeux à la lumière environnante. Elle descend les dernières marches avec peine. L’une d’entre elle se dérobe sous ses nus pieds et de tout son poids, Miuna vint s’écraser au pied des marches.
Les yeux gonflés, les marques violacées sur ses yeux, sa peau marquées à la vue de l’autre, elle tentait tant bien que mal de s’cacher en faisant la coquille au pied des escaliers.
« Takeshi ? »
elle demanda, surprise de le voir ici.
Un ami de son frère. Un ami qu’elle connaissait de vu, de loin, pas spécialement de près. Elle leva son regard pour se frayer un chemin entre les rayons de soleil. Le garçon perdu se cachait les yeux, était dans l’attente, attendait sûrement Seto. Alors son inquiétude voyagea et elle en oublia ce qui l’avait poussée hors de sa chambre. « Qu’est ce qui se passe ? Seto a un problème ? Il est avec toi ? » elle s’accrocha tant bien que mal à ce qui l’entourait pour se redresser, poupée mécanisée, sur ses deux pieds douloureux.
Elle n’avait pas vu Seto depuis plus d’une semaine. Ils avaient échangé des sms. Des images stupides, sans réel sens, via snapchat. Miuna ne s’était pas inquiétée –égoïste. Miuna avait oublié que les problèmes de ce monde ne s’arrêtaient pas aux siens –égocentrique. Alors elle fronça les sourcils et secoua Takeshi de ses bras tremblant.
« Hé. Pourquoi t’es ici ? Réponds ! Takeshi ! »
Elle arracha sa main, celle qui lui couvrait les yeux, croisa ses bras et le fixa. L’inerte garçon se tenait devant elle. Sa patience perdue, elle souffla, grognant presque.
Mais s’il était arrivé quelque chose à Seto, il n’avait pas le droit de rester planté là, l’enfant perdu, les yeux bandés, la gorge serrée.
Elle s'écroule à nouveau, ses jambes trop faiblardes pour la porter trop loin. Chaque douleur lui crie au coeur qu'il est trop tôt.

bon désolée mdr ça vaut rien comparé à ton roman baudelairien jpp
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Sam 19 Mar - 21:35
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"“Mademoiselle is a fairy,” he said, whispering mysteriously."

Une voix fluette caressant ses oreilles. Une nuée de pétales vagabondant dans l’air, parfumant son esprit enroué par les pensées, jalouses enfants des sauvages cauchemars. Une petite cloche tintant en une symphonie cristalline dans ses oreilles. L’enfant-fée parlait si doucement, si fragilement, articulait avec intérêt et concentration sa belle bouche pulpeuse. Des fleurs pour mots, semant l’imagination de Takeshi. Il voulait la dessiner, là, comme un fou savant à la quête de l’éternité. Posséder son être dans son carnet déchiré, coloré, tâché par l’aquarelle qu’il usait sans fin. Il était comme ça le morveux…passionné dans ses fougues idées. Mais ses traits n’étaient jamais assez fins pour capturer la candeur, jamais assez précis pour délivrer leur douceur. Il était un raté, un artiste de rue s’accrochant au peu d’espoir qu’il nourrissait. Un artiste de rue anonyme secouant les autorités avec un fou rire démentiel, infernal. Le rimbaud moderne, pissant à la gueule des sages automates qu’avait formés la société affamée. Le ventre toujours criant sa faim pour l’intelligence humaine, la dévorant, la vomissant pour que les hommes se taisent, ne réfléchissent plus. Des rouages et du métal à la place d’une chair et d’un squelette. Un boulon à la place du cœur. Il ne voulait pas de cela l’enfant, il voulait plus. De la chaleur, de la poésie, de la beauté…il voulait Miuna entre les pages vierges de son roman illustré des merveilles encore innocentes de ce monde. Précieuse gamine à la peau de lait, aux lèvres de boutons de roses le questionnant sur qui allait les faire fleurir, aux yeux noirs comme l’ébène le plus luxueux. Tout en elle l’était. Une princesse foulant ces rues trop sales ; il l’aurait porté sur son dos pour que personne ne puisse la corrompre, cette gamine du ciel. Une aube rayonnant ses inquiétudes et timidité à travers un visage de poupée amochée. Une porcelaine fine et miroitant la délicatesse du toucher, des choses infimes que seul un attentif observateur comme Takeshi aurait pu voir. « Takeshi ? » il frissonna, une mélodie aussi rauque ne devait être jouée par un piano volatile, une harpe résonnante. Il n’osait regarder la remarquable créature. Il l’avait bien vu, quelques-fois, de loin, à travers un écran parfois. Ca semblait un peu pervers, mais ça n’était pas comme cela. Autre chose, une admiration, de jolis astres colorant ses pupilles à chaque fois qu’elle perçait son horizon brumeux. « Qu’est ce qui se passe ? Seto a un problème ? Il est avec toi ? » Seto, le blond nuageux, les talons pendant dans l’air, tentant de marcher dans un vide nébuleux. L’inconnu ayant filé dans une dense forêt, perdant le signal, la sonorité d’un cœur triché, perdu et éperdu dans une lave de sentiments. Sa sœur, au milieu d’une plaine déserte, comptant le sable qui fouette son visage, les larmes qui coagule sur ses joues potelées. « Hé. Pourquoi t’es ici ? Réponds ! Takeshi !“ la peur qui lui explose le ventre…la crainte de la voir s’écrouler la jolie nymphette, devant ses pieds salis par la poussière qu’il collectionnait. Le misérable. Bientôt son masque lui fut arraché, et il posa, tremblant, son regard sur elle. Tel un conquérant, un loup dont les canines furent arrachées, il s’agenouilla en la voyant tomber. S’agenouilla, plongeant ses iris dans les canions de son visage…ils étaient plus creusés, plus profonds…ses cils voilant des tâches de peintures veinées sous ses yeux gonflés. « J’suis désolé Miuna. » il ne savait que dire, que faire, à part lui tendre la main et tenter de la relever pour l’assoir sur les escaliers. Doucement, avec une tendresse que lui n’a jamais reçu ou donné ; une gentillesse fissurée, qu’on tente de recoller malgré le désespoir, une illusion de pouvoir. Un songe éphémère. « Je ne sais pas, jsuis venu pour le voir justement, j’m’inquiète pour lui. Il répond pas au téléphone, ni par sms. » Ses doigts se recroquevillèrent entre ses genoux, n’osant plus frôler le petit corps près du sien. Il al bousillerait…comme tout ce qui traine avec lui…peut-être que Seto lui-même était…non. Non, il se refusait d’y croire. Ce gamin. Ce ptit con qui fermait les yeux sur tout si ce n’est ses propres espérances. Bouchant ses oreilles aux menaces, chantant au-dessus des insultes et conseils de vieux. Il n’écoutait rien si ce n’est les battements frêles et gênés de son propre cœur anesthésié. « Dis moi…il t’a dit quoique ce soit ? Si tu as une info Miuna, tu dois me le dire. » C’était le S.O.S d’un marin embourbé par les sirènes de la déchéance. Le hurlement d’un capitaine d’une destinée affublée de balles dont il ne pouvait extraire le feu…Le dépôt des armes d’un enfant trop fatigué de se battre contre ses démons. Miuna était le phare, celle qui pouvait tout illuminer, pourvu qu’elle puisse parler.


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Sam 26 Mar - 18:25
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fenêtre sur désert

Son âme tout entière retenue au-dessus du vide qui l’habite, elle restait là, sur ces escaliers forgés dans leur matériau trop précieux. Son regard autrefois doux, fait d’innocence et de chaleur, était désormais orbes grisâtres et dépouillées. Les iris se balançant, suivant la silhouette du garçon qui en face d’elle mouvait ses lippes au rythme des paroles prononcées.
Miuna a peur. Et froid.
Le contact frigorifiant sur ses jambes dénudées dessine un frisson le long de ses os, faisant trembler son cœur chaud. Miuna lève la tête pour retrouver ses repères perdus au moment où la main l’a attrapée, bout du bras, déplacée, déposée là, comme une fleur trop facile à porter.
Des mots se heurtent à ses tympans bourdonnant –inquiète, répond pas, tu dois me le dire. Miuna ouvre la bouche, lance de vagues regard autour d’elle, regarde ses jambes qu’elle a repliées, instinctivement, contre sa maigre poitrine.
Elle est naïade dans ce torrent de mots et d’événements, trop brusque pour l’être farouche qu’elle est devenue.
Elle est dame d’Artémis surprise dans son intimité silencieuse.
Elle est pomme au cœur noirci.
Comment ne peut-il pas le voir en la regardant de si près de ses yeux inquiets, en posant ses mains tièdes sur sa peau glacée ?
« Je … je … »
Elle croise les bras sur ses épaules nues et s’entasse sur elle même.
L’inquiétude pour Seto s’était déployée trop rapidement dans ses pensées désordonnées. Voir Takeshi l’avait effrayée ; il était là par dépit puisque son alter-ego ne répondait jamais, nulle part. Personne ne viendrait chercher Seto dans la maison familiale en premier ; ici, il n’y avait souvent personne, juste Miuna et rarement ses sœurs trop occupées à parcourir le monde ou remplir des papiers.
Elle n’sait pas trop, la douce enfant, quoi penser de Takeshi. Elle n’sait pas trop quoi penser de ses amis, à Seto. Elle n’sait que trop qu’ils sont là, à vagabonder trop, à rêver trop. Ça la faisait rêver, des fois. Elle aimait demander à Seto ce qu’il faisait.
Puis c’est arrivé.
Alors elle s’est contentée de répondre à Seto par des messages évasifs, mettant le frère au centre d’une discussion sans réel but.

Tu vas bien j’espère.
Oui. Je pense juste un peu à Kai. Il me manque.
Oh.
Il est de retour à Tokyo.
Faut aller lui parler.
C’est vrai.


Puis plus rien. Puis pas de « viens à la maison » ou de « j’passe te voir dans la soirée » ou de « on s’fait un dîner » ou de « viens on va boire un thé ». Juste des commodités que Miuna voulait pas voir évoluer. Juste des commodités balayant l’esprit fraternel qui les lie. Seto lui manque. Elle aurait bien besoin de lui. Mais elle n’a pas envie de l’embêter avec ses soucis s’il est si triste dans son coin. Et le portrait gris qu’elle affiche n’aidera jamais son frère bien-aimé à remonter une pente qu’il a dévalé. Il remarquera, au premier regard, au premier souffle.
Mais peut-être que Takeshi peut l’aider.
Alors elle se déplie. Un peu trop.
« On parlait de son ancien copain »
elle a le souffle trop rapide, les paroles qui s’échappent sans contrôle.
« On parlait de lui et puis, il me disait que ça le rendait triste … enfin, pas vraiment. Juste qu’il y pensait beaucoup. Mais j’suis sûre que ça le rend triste. J’suis sûre qu’il y pense tellement que ça le rend malheureux ! j’pense qu’il l’aime encore trop, qu’il regrette tout ce qu’il a pu faire et … et … »
elle se relève, trop vite, trop brusquement et attrape Takeshi par ses épaules à peine plus larges que les siennes. Son soleil se met à faire des éclairs mais ne brille sûrement pas assez pour éblouir. Ses mots sont pleins de cette bonté, de cette volonté et pourtant, ils sont ternis par cette absence, ce trou béant de l’âme.
« Faut donner de la lumière à Seto. J’ai pas répondu à son dernier message … je m’en veux terriblement. Mais Seto, c’est comme une plante, il a besoin de lumière. Et je … j’peux pas. »
elle secoue la tête, des perles d’eau s’échappent de ses yeux, viennent éclabousser ses joues roses.
« Takeshi, j’suis désolée, mais j’y peux rien. »
sa voix tremblante résonne dans son corps tout entier, carcasse vide de son âme dérobée, elle peut rien faire, elle est comme un cierge éteint, une lumière épuisée. Ceux qui la voyaient soleil ne la verront plus briller ; c’est parce que Miuna n’se sent plus soleil et ses rayons ternes n’atteignent plus les cœurs puisque son cœur à elle décide d’aller s’étouffer dans les bas-fonds de la solitude méritée.
Alors elle se met dans ce sale état parce qu’elle pense à tout ce qu’elle aurait pu faire pour empêcher ça, pour empêcher l’éclipse sans fin qui couvre les faisceaux lumineux de son être. Elle pense qu’elle s’est détruite toute seule et qu’à cause de ça, elle n’peut que pleurer le sort des autres, elle n’peut plus les aider à sortir de ce puits sans fond. Elle a peur pour son frère, elle a peur pour Yoshi, elle a peur pour ses sœurs et ses parents. Alors elle sèche ses larmes, inconsciemment, dans le tee-shirt immaculé d’un Takeshi qui n’avait rien demandé, juste des nouvelles de Seto.
Pauvre gamine esseulée.
Stupide enfant déboussolée.
Elle voudrait courir dans s'enfermer dans ses draps et retrouver ses crayons colorés.
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Mar 5 Avr - 23:39
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"“Mademoiselle is a fairy,” he said, whispering mysteriously."

Takeshi avait toujours apprécié la mer. Déjà enfant, ses premiers souvenirs s’effilaient dans le sable fuyant les rivages dorées, vers l’horizon lointain. Accroupit, les pieds dénudés, l’eau salée taquinait ses petits orteils recroquevillés, elle le voulait aussi…les sirènes de l’envie l’avaient alors appelé. Très tôt, ce désir s’incrusta en lui. Celui de filer, partir…comme un voyou, laissant de fines traces indescriptibles dans l’âme des gens et puis s’enfouir dans l’océan de ses songes éveillés. Une réalité à brûler, un esprit à noyer. Faire taire la voix de la mère qui s’écrasait aussi violemment contre lui que les vagues se précipitant sur les rochers brutalisés. Oublier ce ciel trop grand pour lui qu’il ne pouvait jamais frôler de ses doigts minuscules et puis cet astre doré, qui ne savait aimer sans détester, voilant ses yeux de phosphènes aveuglants. Très tôt, Takeshi avait ce besoin d’exister…en mourant. Des bras l’avait encerclé la taille, l’éloignant des gouffres aquatiques, de ces rêves chatoyants.
Voilà que des années plus tard, les godasses bousillées avaient remplacé la mousseline des plages. Aucune personne n’allait venir le chercher devant les affres de ses pensées maladives, atteintes du syndrome de la folie libertine. Volages, les mots s’échappaient de son être avec acharnement, aboyant férocement, tels des chiens enragés. Les maléfices des naïades avaient été remplacés par le cri aigu des phares rouges et bleus saupoudrant ses traits de provocation et d’une extase juvénile. Pourtant, à cet instant, une seule nymphe sortit sa main de l’eau, entourant sa cheville de ses longs doigts opalins. Une seule captiva de sa voix fluette l’attention du marin solitaire, rival des océans, de Poséidon. La fatalité s’était longtemps entiché à couler sa barque, oubliant quelques fois, que l’unique tempête était logée à l’intérieur de son cœur bourdonnant.
La belle mélancolique se repliait sur elle-même, tout son être se délaissant avec caprice de l’attention du divin. Se repliant dans les ténèbres radioactives émanant du môme nucléaire, se cachant des baisers d’un Apollon ruiné par le terrible amant de ses beaux yeux perlés : le souverain des plaies, Désespoir. Il pouvait voir son halo s’éteindre doucement, alors que son esprit tentait de composer une phrase qui puisse s’échouer à ses oreilles, et peut-être rejoindre l’océan ombrageux de ses sentiments amochés. Une créature dont le sang ruisselait comme de l’or aux mains de Midas, une banalité dont elle s’était surement accoutumée déjà. Mais pas lui. Lui non, il ne pouvait éviter la flèche transperçant sa poitrine haletante…peut-être était-il en proie à de la tendresse…ou à de la faiblesse. Ses frissons dressèrent des collines sur sa peau mielleuse, il aurait voulu la prendre dans ses bras, la serrer contre lui. La pauvre folle valsait avec ses propres démons et lui était le dément spectateur, observant les pieds de l’enfant s’emmêler dans les pans de sa robe déchirée par des danses chaotiques. Réflexives sur des problèmes que Takeshi ne pouvait saisir et surement jamais comprendre. Trop grossier pour atteindre la finesse de ses syllabes, le violon pinçant des cordes, vibrant d’amour et de complexes sous le tambour des lettres déballées. Elle était tel un papillon, le vent l’emportant au gré de ses ardeurs étouffantes, malmenant ses ailes au zéphyr titanesque emportant derrière elle le parfum léger des roses du printemps. Seulement Déméter, mère dépressive, s’en alla égorger son chagrin sous des litres d’alcools…et la funambule des airs frémit, tout comme son silencieux battant devait le faire, engourdit dans ses vagues amertumes. « Je … je … » Ses souffles s’estompaient, voguant dans l’espace les entourant…ils n’étaient pas définis, éphémères, s’évaporant avant que Takeshi ne puisse clairement les distinguer. Elle se perdait la biche, dans le bois sombre de son âme abandonnée. Il ne pouvait s’imaginer les blessures d’une jeune fille de la sorte. Dont la seule boucle d’oreille valait tellement plus que sa vie à lui, misérable pouilleux des égouts de Tokyo. Il était tel un rat, observateur, curieux, sensible, auprès d’une « dame » comme on les appelait, aux cheveux de soie, au teint de porcelaine, au sourire mystérieux. Il ne savait pas très bien ce qu’il devait faire, alors il la regardait se changer doucement devant lui en cette chose, cette boule d’angoisse et de crainte qu’il ne savait calmer. Il ne la connaissait pas après tout, ça n’était pas une gamine de dehors, c’était un animal de compagnie, une chatte que l’on préservait à l’intérieur, que l’on exposait à la vitrine d’une maison paraissant soudainement bien plus froide. Des étiquettes qu’elle se devait surement de suivre chaque jour, des formules précuites qu’il suffisait de réchauffer avec un semblant d’émotion hypocrite. Une poupée que l’on modelait…un jouet pour ces personnes sans cœur. Il eut envie de la prendre par la main, la chaleur de la rage venant grouiller en son ventre. La dérober de tout cela, lui faire voir son monde à lui, certes plus coriace et moins soigné que le sien, mais tout aussi beau et fantasque. Il voulait lui faire découvrir Hwang, le chinois de la coin d’la rue qui lisait dans les étoiles le destin de tous ceux qui le lui priait…puis Saku, la danseuse des draps tokyotes, se parant d’artifices pour faire pâlir les astres…Son univers à lui était constellé de visages différents, peint d’histoires fascinantes, de vies captivantes, éclatant sous les lumières technicolors de la métropole empressée d’achever son existence. Ca paraissait brut vu de l’extérieur, mais il fallait entendre leurs rires hanter les ruelles, leurs sourires communiquer la passion humaine, la chaleur d’un contact, le naturel…l’humanité à l’état pure, comme on n’en trouvait pas ailleurs. Mais elle se déplia, d’elle-même, elle éclot…et Takeshi arrêta le cours de ses pensées vagabondes, « On parlait de son ancien copain ». Son ancien copain…cela résonnait étrangement ; Takeshi ne le connaissait pas véritablement. Voire pas du tout. Son image n’était qu’un flou immense percé par quelques descriptions éparses. « On parlait de lui et puis, il me disait que ça le rendait triste … enfin, pas vraiment. Juste qu’il y pensait beaucoup. Mais j’suis sûre que ça le rend triste. J’suis sûre qu’il y pense tellement que ça le rend malheureux ! j’pense qu’il l’aime encore trop, qu’il regrette tout ce qu’il a pu faire et … et … » La phrase ne semblait plus s’arrêter…elle lâcher ses maux dans l’arène, les regardant avec frayeur se déchirer la gueule. Elle s’accrocha à ses épaules, assez pour le secouer un peu de sa rêverie permanente…de l’enchantement qu’elle possédait sans même le savoir. « Faut donner de la lumière à Seto. J’ai pas répondu à son dernier message … je m’en veux terriblement. Mais Seto, c’est comme une plante, il a besoin de lumière. Et je … j’peux pas. » Il aurait pu rire d’une telle comparaison en temps normal. Mais rien n’était plus normal à ce moment. Pourquoi une jeune riche dépendait du paysan ? Pourquoi voulait-il l’aimer, comme elle le méritait véritablement, avec la chaleur d’un frère, et l’ardeur d’un amant. Juste la protéger…c’était ridicule. Absolument ridicule, pourtant, il en était ainsi. Il se devait de l’emmener loin…lui faire découvrir la mer, l’attirer hors du rivage. « Takeshi, j’suis désolée, mais j’y peux rien. » C'en était plus qu'assez de ce venin la rongeant de l'intérieur. « Prends tes affaires. » Cela lui échappa, ainsi. Il ne contrôlait pas vraiment ses pensées…ni sa bouche, et sa langue avait bien failli lui être arrachée plus d’une fois. « Prends tes affaires, j’t’emmène te changer les idées. On oublie tout. Tout. Juste toi et moi. Personne d’autre. » Un rictus amical se dessina sur ses lèvres. L’imprévisible môme ne connaissait ni la raison dans ses actions, ni la pudeur. Il voulait l’enlever, c’était pourtant une jolie manière de le formuler ! « Prends ce qu’il te faut, ce que tu penses avoir besoin, on s’en fout de combien de temps on partira, à vrai dire…je ne le sais pas moi-même, mais on s’ra nous deux. C’est peut-être une occasion en or à saisir… » Son regard fut plus appuyé et son sourire plus enfantin encore, il lui tendit la main, le Peter pan adulte, trop vieux pour ce genre de conneries… « Je connais de nombreuses filles qui aimeraient être à votre place, jeune demoiselle… » Ses mots se languissaient, il voulait jouer. Et puis, quelque-part aussi la posséder…la fasciner…Il voulait la faire exister.

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Ven 17 Juin - 12:05
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fenêtre sur désert

Comme des satellites, des émotions parasites dansaient autour de son corps tremblant, incapable de faire face à l’attraction de ces comédiennes qui se paraient de jolies pierres colorées. Ces astres mensongers régissant les marées de larmes au coin de ses yeux mouillés. Son corps malingre pliant sous le poids et son âme prisonnière hurlant en elle, enfonçant des aiguilles en son cœur souffreteux. Puis il y avait son visage poupin, son sourire charmant, ses cheveux ébène pour étouffer les cris et tenir à distance tout l’émoi causé par les évènements sales de sa vie propre. Pour ça, elle resterait cygne blanc jusqu’à la dernière note du ballet, aux yeux de ceux qui ne savent voir au delà des filtres.
Mais il y avait ceux qui se faisaient intrus et se faufilaient derrière les filtres pour observer le cygne blessé, le cygne au plumage maculé de tâches. Tantôt bourrasque sur le fil transparent de sa vie, tantôt douce brise venant ébranler ses plans trop sages, ils portaient des masques qu’elle ne savait différencier qu’au dernier moment, lorsqu’ils s’apprêtaient à la pousser violemment ou à la déposer avec délicatesse sur un piédestal qu’elle n’avait jamais voulu. Takeshi regardait les mots trébucher à ses pieds. Miuna s’en débarrassait maladroitement en balbutiant, en se débattant, en pataugeant dans le dédale qu’était son cœur ouvert. Elle ne connaissait de lui qu’un nom et un visage. Qu’une voix pleine de joie, que des pommettes poussées sous ses yeux bridés par des sourires trop grands. S’installait alors ce brusque silence que trois mots vinrent fendre, comme une hache lâchée sur un morceau de bois tendre. « Prends tes affaires. »
La réplique s’heurta à la gamine, interrompant les méandres chaotiques de ses pensées brouillées. Les mots faisaient brouillard mais comme deux grands phares, les yeux de Takeshi perçaient la brume. Éparses, les nuages qui s’attardaient étaient chassés par d’autres palabres prononcés avec l’audace que Seto prêtait toujours à Takeshi, le garçon ardent, l’incandescent munit de son flambeau. Il voulait partager le feu, éclairer un chemin pour Miuna. Si soudaine et alléchante, la proposition se jouait d’elle, se faisait appât qui la guiderait vers une de ces aventures qu’elle n’avait alors vécu qu’à travers d’autres. « Je connais de nombreuses filles qui aimeraient être à votre place, jeune demoiselle… »
Elle sourit, un peu bêtement, comme une enfant. Les yeux encore rougis par les larmes, la tête toujours enfoncée dans les épaules. Farouche, elle posa sa main tant celle de Takeshi, s’attendant peut-être à ce qu’il fasse voler leurs deux corps hors de la villa au décor froid, puis se leva, posant ses pieds nus à plats sur le sol glacé. Un frisson parcouru son échine, faisant trembler son épiderme ; la chaleur de la paume offerte, le froid glacial du parterre carrelé, séisme de sensations.
Miuna ne dit rien, se contenta de disparaître un court instant puis de réapparaître vêtue de vêtements trop larges pour son corps menu. Elle ne souriait déjà plus. Une mèche faisait ténèbres sur son visage immaculé et ses dans ses yeux noirs demeurait d’immenses gouttes d’eau brillant à la surface. Elle n’avait pas de sac, pas de poches pleines, pas de chauffeur qui l’attendait à l’extérieur. Elle était anxieuse et Takeshi faisait désordre. Pourtant il était là et elle croyait en sa magie, celle qu’il exerçait avec d’autres, celle qui chassait les soucis en les recouvrant de poussière de fée.
« Est-ce qu’on va dans les rues ? » Elle dit en cachant ses mains dans les manches de sa robe. « Pourquoi tu m’emmènes ? » N’était-elle pas, après tout, qu’une pleurnicheuse nichée dans ses idiotes pensées, qu’une victime, qu’une enfant gâtée, qu’une pâle copie de ces filles qui s’apitoient sur des problèmes purement fictifs ? Ou avait-il décelé quelque chose de plus profond, de moins superficiel ? « Je viens. »
Elle était là, tout proche, prête à le suivre, prête à vivre autrement, le temps qu’il faudrait.
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Sam 18 Juin - 18:35
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"“Mademoiselle is a fairy,” he said, whispering mysteriously."

Elle était une passerelle entre l’obscurité et la clarté…entre l’ébène de ses cheveux, tranchant contre la porcelaine de sa peau veloutée. Du lait découlant de ses yeux profonds…une poupée tendant les mains vers les étoiles, ses pieds enrobés des eaux perverses du Styx mortuaire. Et pour le restant de ses jours, semblait-elle, devoir s’atteler à une punition des olympiens farouches, voyant ses larmes nourrir les vagues de mousseline, faisant éclore une écume lunaire, scintillante…tout comme ses yeux qui pétillèrent aux paroles sauvages d’un Takeshi troublé. Il ne calculait rien…promenant sa langue d’une folie à une autre, goutant aux pires excentricités qui parfois, ruisselaient de la saveur sanglante. Du fer au fond du gosier, une sucette explosant dans sa bouche, le morveux s’amuser toujours plus à provoquer les plus grands. A les voir perdre leur quiétude abimée…les voir quelque-part revivre dans leurs courses effrénées. Il rajeunissait une ville entière, projetant les lumières de ses rêves, les couleurs de ses idées contre des murs ennuyeux. Miuna était un tableau vierge sur lequel il pouvait accrocher des astres…les voir se mêler à sa chevelure de nuit, cascadant contre ses épaules enfantines…les observer se confondre dans ses pupilles dilatées sous un plaisir malin auquel elle n’avait jamais osé toucher. Ce même plaisir dangereux…cette pomme que Takeshi tendait avec le même sourire espiègle et réconfortant. Comme si le mal n’avait jamais existé, et que jamais, ô grand jamais, ne pourrait-on les juger.
Elle était si douce, un rictus rosant sur ses lèvres humides de mots barbouillés. Si tendre comme le vent d’été qui courrait près des larges forêts luxuriantes, remuant les branches, maitre d’orchestre d’une symphonie enchanteresse. Elle l’était-elle, charmante. Tel un soir estival…tel ce même souffle céleste. Et elle fleurissait sous la gentillesse et l’attention, semblable à une rose. Il sentit bien son petit cœur palpiter lorsqu’elle lui attrapa la main, la chaleur liant leur paume ensemble…il la sentit frémir l’oiseau, le moineau prêt à s’envoler de son nid…l’aile cassée. En vérité, Takeshi avait été quelque-peu surpris. Non pas qu’il ne pensait pas à faire ce qu’il avait énoncé, mais il avait simplement l’habitude de la timidité des jeunes damoiselles en fleur. Celles qui se retournaient, pudiques, ricanant mielleusement avec leurs amies…pensant quelque-part à cet étrange énergumène qui hantera surement leurs pensées. Celui qui ne s’était jamais sorti des brumes nocturnes…les phosphènes de ses songes lui brouillant la vue, ne lui permettant plus véritablement de distinguer le réel de l’imaginaire. La tête dans les nuages, les genoux contre le goudron, les poings sanglants et bleutés. Un pauvre fou qui enlevait les pucelles et les faisait voltiger dans sa galaxie fantasque.
Elle remonta bien vite les escaliers sous le regard ébahi et attendri de Takeshi…voyant la fluidité de son vêtement bruisser contre ses membres légers. Il aurait voulu dessiner à ce moment ce parfait mouvement de hanche, des doigts, encore embués de sa présence, pianotant l’air, des pointes charbonneuses s’amusant avec sa taille fluette. Elle était le parfait érotisme, entre le caché et le montré, un mystère qu’il voulait dérober et emprisonner entre les pages de son carnet de croquis. Faire ces vibrations siennes…mais déjà descendait-elle, toute flottante entre ses vêtements larges. Takeshi se leva immédiatement des marches, les descendit, et se retournant, tendit sa main d’un air majestueux, l’invitant à la prendre et à le suivre sans se soucier du lendemain, ni des répercussions qui feront écho dans son cœur.  « Est-ce qu’on va dans les rues ? » Il l’imita, plongeant ses doigts dans les poches de sa veste en jean, lourds de l’absence de ceux de la petite nymphette aux soucis bien trop candides. Haussant les épaules, il se contenta de lui offrir le rictus du gamin des rues…celui un peu cassé et maladroit de l’Oliver Twist amusé. « Pourquoi tu m’emmènes ? » Un petit rire berça l’espace et le temps, celui du Peter Pan amoché par les coups et la sauvagerie de la vie. Alors quoi n’avait-il pas le droit de désirer se promener en sa compagnie ? C’était un dévoreur d’espoirs, les ingurgitant comme Saturne se nourrissait de la chair de ses enfants. Il avait un goût particulièrement capricieux et recherchait les rêves le splus enfouis…les plus rares et exquis. Il le voyait entre les traits fatigués et juvénile de l’enfant qu’elle rêvait de pouvoir marcher seule…Pouvait-elle seulement se souvenir de la gamine qu’elle était ? Pouvait-il ressusciter cela ? Réveiller ce qu’elle était avant que la société ne lui dicte ses émotions et idées ? « J’n’ai pas l’droit de sortir avec une charmante donzelle ? » Il haussa un sourcil, joueur, aimant taquiner les prudes aux regards hésitants. « Et puis… » il posa son pied contre la première marche, se rapprochant un peu plus de la silhouette fragile « …tu veux pas vivre un peu avant d’crever ? ». Sa voix était devenue plus sombre, plus tentatrice et en même temps, elle résonna comme sincère. Après tout elle mourrait à petit feu dans ces lieux qui paraissaient soudainement funèbres…ceux qui avaient éteint les anges de la poupée désarticulée…qui avaient enterré ses larmes et ses étoiles. Il allait les raccrocher…oui. « Je viens. » Son sourire s’obscurcit sous la malice prenant possession de son corps. Il lui attrapa l’avant-bras et se dirigea prestement vers la sortie sans même lui laisser le temps de réfléchir ou souffler. Il ne lança qu’un simple « Adios Andrew » à l’encontre du domestique simplement parce qu’il avait entendu beaucoup de majordome se nommer « Andrew ». Ils décampèrent comme des morveux dans la rue, lui, l’entrainant à courir un peu plus loin de sa zone de confort, là où ses démons rampaient encore sous son lit duveteux. Lorsqu’il se sentit un peu essoufflé, il ralentit pour finalement marcher en descendant la pente, ses pieds s'amusant à balancer les pierres plus loin. « Alors…tu veux faire quoi ? T’es un peu libre là tu vois, tout l’monde s’en fout de tout ici. » Il replaça ses mains dans ses poches…ils avaient l’air d’amis enfantins qui se demandaient quelle bêtise ils pourraient commettre ensuite. Serait-ce voler les sucettes du marchand ? Jurer devant les vieilles mémères de luxe du quartier ? Ou bien simplement se perdre dans la ville de Tokyo…la ville de toutes les perditions.


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