A song of ice and fire feat. Rei

a song of ice and fire

keishi | rei

il bouillonnait rei, il bouillonnait. hier encore, les flics avaient débarqué sur son terrain de jeu. son si précieux terrain de jeu. les combats avaient cessé, l'argent s'était gaspillé. la haine le rongeait. rei devait trouver l'enculé qui se permettait de jouer avec ses nerfs ainsi. il lui ferait un joli portrait, c'était sur. avec le nez pété, l'envie d'appeler à nouveau les condés lui passerait. la bonne résolution.

la tension transcendant son être, les dents serrées, il se dirigeait d'un pas fibreux vers la demeure de keishi. avec son allure de semi mafieux et son regard animal, rei voyait bien que les gens se demandaient ce qu'il pouvait bien foutre dans le quartier si calme de meguro. bien qu'il n'en avait pas l'air, rei était bien un de ces connards remplis de fric alors qu'il ne le méritait pas. crachant dessus, abusant de la bienveillance de ses parents, rei savait déjà qu'il n'aurait jamais un jour à faire la pute pour survivre. un héritier de la fortune familiale, c'est comme ça qu'on appelait ce genre de gars. keishi en faisait d'ailleurs partie de cette espèce.

lui et rei s'étaient rencontrés par pur hasard, si on peut dire ça. une relation improbable puisque mêlant des personnalités opposées. le feu et la glace, rei et keishi, deux mots, deux noms. mais les opposés s'attiraient, rien de nouveau. rei c'était une boule de chaleur constamment déchaînée, alors que keishi c'était un putain de mistral glacial mais qui arrivait justement à canaliser pour un temps ce feu qui l'alimentait h24. et c'était sûrement ça qui avait plu à rei. un gars qui arrivait à l'apaiser, lui, ce sauvage. elles étaient si rares ce genre de personne que c'était impossible que rei le laisse filer entre ses doigts.

mais même après ces apaisantes pensées, impossible pour rei de laisser retomber sa contrariété. elle était à son summum après tout. s'il y avait bien quelque chose qu'il aimait par dessus tout, c'était l'argent. et l'idée d'en avoir perdu à cause d'un tocard en manque de reconnaissance, ça le mettait tout simplement hors de lui. sans même s'en rendre compte, rei était au pied de la porte de keishi. regardant l'heure sur son portable coûtant le prix d'un salaire, il vit qu'il était en retard. pas étonnant, rei avait passé la journée à rechercher l'autre enfoiré. un retard qui ne faisait que l'énerver davantage, il voulait revoir keishi depuis un moment, bien que jamais il ne l'avouerait. sa fierté en premier.

il sonna et keishi fit son apparition quelques secondes après. toujours ce visage sans expression qui donnait parfois à rei envie de le brusquer. « Tiens. » lui dit keishi, en lui donnant son verre. rei pensa directement qu'il avait dû s'apercevoir de l'irritation qui le démangeait. en même temps et contrairement à keishi, c'était facile de lire rei. quand il était énervé, ça se sentait même à cinq kilomètres.

rei prit le verre et passa son nez dessus. whisky, parfait pour un peu le détendre. il le descendit d'un coup sec et partit s'asseoir en direction du canapé comme s'il était chez lui. craquant son cou et ses poings, rei avait besoin d'évacuer la frustration qui logeait dans son corps. et pour la énième fois, c'était keishi qui allait prendre. rei avait juste besoin de s'énerver sur quelqu'un, peu importe qui et même si keishi n'avait rien fait. regardant son verre vide d'un air absent, il commença à le chercher, un petit peu. « ça t'arrive de téléphoner aux gens parfois ? car j'ai clairement l'impression que t'oublies que j'existe. » une connerie, de une. et c'était pas maintenant que ça allait finir, surtout quand rei était lancé. « t'étais sûrement trop occupé à baiser quelqu'un d'autre, mes excuses keishi. » rei était pathétique, il se l'avouait lui-même, mais il avait besoin de ça, comme un camé. besoin de recevoir la haine des autres, quelque chose d'inexplicable que lui-même ne comprenait pas.

a song of ice and fire

keishi | rei

La tension continuait de monter en son être, encore et encore. Comme si rien ne pouvait l'apaiser, pas même les propos acerbes qu'il lançait contre Keishi sans raison. « T’es en crise existentielle ou bien ? » Non, il n'était dans aucune crise existentielle, juste en plein milieu d'une histoire à cause d'un salopard qui s'amusait à jouer avec ses nerfs et son précieux argent. Rei aurait voulu lui balancer ces propos tels qu'ils étaient, mais il n'y parvenait pas. La colère prenait le contrôle de ses paroles et il était incapable de se maîtriser. Dans le fond, il n'avait pas la volonté suffisante pour être franc avec Keishi. Rei le portait certes en grande considération, et c'était d'ailleurs plutôt rare pour l'individu qu'il était, mais même ceci n'était suffisant pour contenir toute la saloperie qui résidait en lui. Il observait Keishi dos à lui, en train de continuer à boire de multiples verres d'alcool. Ce dernier parlait peu mais ses actions en révélaient beaucoup, plus particulièrement quand on le connaissait intimement. Consciencieux qu'il était, Rei pouvait sans aucun mal dire que Keishi se morfondait dans les verres pour rester calme en sa présence. Rei était une flamme vivante, il en avait parfaitement conscience. Il savait à quel point c'était dur de rester sympathique en sa présence. Trop lunatique, trop connard infini sur les bords. Peu importe à quel point on pouvait mettre des efforts pour rester en bons termes avec lui, ça se révélait toujours être un véritable défi. Il sortit de ses songes en entendant Keishi rajouter les mots suivants. « Jaloux ? » Rei cessa de respirer dans ce qui devait être un quart de secondes. Il ne saurait dire si c'était davantage d'étonnement ou tout simplement pour s'empêcher de lancer le verre demeurant dans sa main près de la tête de la personne en face de lui. En général, Keishi ne rentrait jamais dans son jeu, il ne faisait qu'ignorer ses provocations en se disant que Rei finirait par se tranquilliser après avoir débité sa merde habituelle. Alors oui, il était surpris par ce mot. Ce mot qui le faisait grincer des dents tellement il le répugnait. Rei s'empêcha tout simplement de répondre pour éviter de balancer des propos mensongers, qui seraient entièrement cousus par sa fierté mal placée et qui mettraient probablement un terme à leur relation. Il vit Keishi se diriger en sa direction pour s’asseoir à son tour sur le canapé. Le fait qu'il fasse attention de ne pas toucher d'un centimètre Rei avec une geste affectueux ne passa pas inaperçu à sa vision méticuleuse. Comme si Keishi savait que Rei était à l'instant même, une bombe à retardement qui ne faisait qu'attendre que l'on passe un peu trop près d'elle pour qu'elle explose. « J’ai pas que ça à faire. »  conclut Keishi en guise de réponse à sa provocation. Il n'avait pas que ça à faire, vraiment ? Rei eut du mal à avaler cette phrase, elle traversa difficilement dans les parois de sa gorge. Il avait l'impression au travers de celle-ci, que de lui passer ne serait-ce qu'un coup de fil était une perte de temps. Et être une perte de temps aux yeux de quelqu'un pour qui Rei accordait de l'importance, c'était tout simplement inacceptable pour qu'il laisse passer ça tranquillement cette fois-ci. Sur ces pensées, il posa le verre à même le sol et se rapprocha brusquement de Keishi, brisant le dernier espace qu'il y avait entre eux. Rei le regarda dans le blanc des yeux, la provocation clairement lisible dans son regard. «Et t'as pas l'impression de perdre ton temps  Keishi, hein ? » Rei lui attrapa la nuque de dans un geste brusque, pour que leurs visages ne soient plus qu'à quelque centimètres et pour rendre ses mots encore plus poignants, violents. «Tu vois pas que ce tu fais sert à rien ? Tu passes à côté de toutes les bonnes choses de la vie et pourquoi ? Pour un travail strictement inutile puisque t'es qu'un foutu héritier qui sera blindé jusqu'à la fin de sa putain d'existence. »