Everything will be fine, I promise... (Mayu Chan) *Flashback*

C’est mon père qui m’a prévenue. J’ai couru de l’école à l’hôpital avec une boule énorme au ventre, avec la sensation que mon monde s’effondrait au fil des secondes. La triste se fonde de plus en plus avec la colère, alors que j’apprends la raison de l’hospitalisation de Takuma Je me sens ridiculement responsable de cet accident, puisque c’est pour prouver qu’il est digne de moi que Takuma a fait cette course. Néanmoins, même si je suis en colère contre moi-même, je lui en veux. Combien de fois lui ai-je seriné qu’il ne pouvait pas agir comme si son cœur pouvait tenir la route ? Je peux comprendre qu’il veuille être normal, mais ce n’est pas possible dans son cas. Il serait temps qu’il l’accepte.

Arrivée dans la chambre d’hôpital, je le vois là, allongé, vulnérable, et j’ai mal au cœur. Mon père arrive pour m’expliquer ce qu’il en est, et bien que je n’ai que 14 ans, je comprends parfaitement tout ce qu’il me dit. C’était moins une… et il n’allait pas vivre au-dessus de trente ans. Je savais que pour Takuma, la vingtaine et la trentaine représentaient le cœur de toute sa vie d’homme… Je cache bien mal mon inquiétude, même face à mon paternel. Il finit par quitter la pièce et moi, je plante mes ongles dans mes bras en tentant de me maîtriser. Takuma se tire de sa torpeur et je le regarde, lui prends la main puis m’approche de lui. J’ai un faible sourire, je ne sais pas si je dois aborder le sujet ou tout simplement ignorer ce fait alarmant.

« Hey, tu es réveillé. »

Je le décale un peu et monte à côté de lui, posant ma tête contre son épaule, plutôt rassurée de savoir qu’il est encore là et qu’il respire encore. Moi, je me sens mal. J’ai tellement envie de le taper, de lui crier dessus tout ce que je pense, tous ces ressentiments ! Mais cela le rendrait triste, et moi avec.

Nous restons là en silence, mais ce n’est pas le genre de silence qu’on aime. Il est plutôt pesant et je ne le supporte pas. Mais peut-être est-ce plutôt la nouvelle que j’ai appris qui gâche tout cet instant. J’aimerai simplement que ce moment à côté de lui, couché, soit parfait et pas empreint de maladie et de tristesse. Pourtant, c’est le cas…

« Mh, ça va. »

Je ne peux que dire cela, je ne peux pas lui avouer que je souffre alors que de nous deux, c’est lui le malade. Je me sens coupable, responsable même, avec la sensation que tout ceci n’est que de mon fait. Je n’arrive pas à rire à sa blague, elle n’est clairement pas drôle pour moi. J’aimerai lui faire comprendre que cette course ne rime à rien pour moi, que la personne qui aura couru le plus vite ne signifie pas grand-chose. C’est lui que j’aime, il n’a pas besoin de mourir pour ça ! Mais voilà, je préfère me taire pour ne pas le blesser. Ce serait trop dur pour lui comme pour moi, alors je préfère attendre.

Le lève les yeux vers lui, soucieuse de le voir si affaibli et sur le point de pleurer. J’aimerai qu’il soit heureux en ma présence, mais je n’ai que des reproches à lui faire. Je prends alors mon meilleur ton pour lui répondre, espérant qu’il ne le prenne pas mal ou qu’il n’en souffre pas plus.

« Je ne te déteste pas. Et à mes yeux, tu n’as pas à prouver quoique ce soit, Taku. J’aimerai seulement que tu comprennes que tu me suffis tel que tu es, que je ne demande rien d’autre. Aucune preuve, aucun… rien, je t’assure. C’est toi que je veux, ça n’a toujours été que toi et même si tu avais perdu, peu importe… cela n’aurait pas voulu dire que tu n’étais pas bien pour moi ! Tu ne devrais pas écouter les autres garçons, ils ne nous comprennent pas. Toi et moi, c’est plus fort que le reste… »

Je me redresse un peu et lui caresse la joue, avant d’y poser un baiser tout mignon et timide. J’ai eu tellement peur pour lui que le fait de pouvoir le voir bouger les membres, me regarder et sourire, ça me rendait heureuse et soulagée.